エピソード

  • Karité, quatre pays producteurs ferment leurs exportations d'amandes brutes
    2025/06/18

    La nouvelle campagne de karité vient de débuter en Afrique de l'Ouest. Il s'agit de la collecte de fruits dont on extrait une amande, qui est transformée en beurre de karité et en d'autres dérivés utilisés par l'industrie agroalimentaire. Cette campagne débute dans un contexte inédit : jamais autant de pays producteurs n'ont règlementé leurs exportations.

    Tout a commencé l'automne dernier, quand le Mali et le Burkina Faso ont interdit l'exportation des noix brutes et des amandes de karité. Deux autres pays ont suivi cette année le mouvement, la Côte d'Ivoire et le Togo. Le Ghana a lui décidé de conditionner ses exportations à une autorisation supplémentaire qui n'existait pas auparavant. Les flux d'approvisionnement vont donc devoir encore cette année s'adapter.

    La fermeture du Mali et du Burkina, les deux principaux fournisseurs du marché, avait eu un effet immédiat sur les prix dans les pays qui restaient ouverts aux achats. Ils ont ainsi plus que triplé au Bénin, pour atteindre 600, voire 800 FCFA le kilo d'amande et sont globalement restés très hauts durant toute la saison passée.

    « Quatre pays qui n'exportent plus, ça ne s'est jamais vu, donc l'impact est difficile à imaginer », explique un expert de la filière. Ce qui est certain, c'est que ces restrictions vont accroître la pression sur les vendeurs qui sont moins nombreux, et exacerber la concurrence entre intermédiaires qui vont chercher à mettre la main le plus tôt possible sur la nouvelle récolte alors que la demande internationale pour le beurre de karité augmente.

    Hausse des prix du beurre de karité

    Cette hausse de la demande est liée à l'explosion des prix du beurre de cacao auquel le beurre de karité peut, plus ou moins, se substituer. Elle a inévitablement fait grimper les prix du beurre de karité.

    Les besoins en karité s'ajoutent à « des stocks historiquement bas » d'amandes, selon le dernier bulletin d'analyse agricole N'Kalo. Ce contexte devrait encore cette année profiter aux collectrices qui ramassent les noix brutes, surtout celles des pays où les exportations sont libres et les prix susceptibles d'augmenter, comme cela a été le cas l'année dernière.

    Effets difficiles à évaluer

    Peu de chiffres sont disponibles pour savoir si au Mali et au Burkina Faso les usines ont pu produire plus et exporter plus de beurre de karité suite aux nouvelles restrictions à l'exportation.

    Mais a priori, les filières locales ont eu moins de problème à se fournir à bon prix, rien ne dit en revanche qu'elles aient réussi à augmenter leur capacité de production – que ce soit d'un point de vue structurel ou économique, car acheter plus sous-entend avoir une trésorerie suffisante.

    Une chose est sûre, la mesure prise à l'automne dernier a provoqué d'énormes disparités entre les pays producteurs d'Afrique de l'Ouest, ce qui pourrait encore être le cas cette année.

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  • Pourquoi le pétrole grimpe mais ne flambe pas (encore)
    2025/06/17

    La guerre entre Israël et l'Iran pousse les prix du pétrole à la hausse. Dans les premières heures du conflit, le cours du baril a pris près de 10 % par rapport à ce qu'il était une semaine plus tôt. Malgré tout, on n'observe pas à ce stade d'explosion des prix comme on pouvait le craindre.

    Les experts sont prudemment optimistes : les marchés ont certes réagi après les premières frappes israéliennes, mais malgré des bombardements visant les infrastructures pétrolières et gazières iraniennes durant le week-end, ils ne se sont pas emballés. Les cours du pétrole ont même brièvement baissé à l'ouverture lundi avant de remonter légèrement mardi face à la crainte d'un engagement américain. La situation est fragile et il faut s'attendre à de nouveaux soubresauts dans les prochains jours. Malgré tout, un pétrole entre 70 et 80 $ n'a rien d'inhabituel, c'était d'ailleurs le prix en début d'année.

    Les capacités d'exportation iraniennes préservées

    Plusieurs raisons expliquent que les marchés gardent la tête froide : d'abord, Israël a pris soin pour l'instant de ne pas frapper les raffineries et les dépôts de carburant destinés à l'exportation du pétrole iranien. Les frappes de l'État hébreu visent d'abord à affaiblir l'approvisionnement interne. Ensuite, les opérations militaires israéliennes interviennent après que l'OPEP+, l'alliance des producteurs de pétrole, ait annoncé à la surprise générale début mai une hausse importante de ses quotas de production. Après une longue période de restriction auto-imposée pour soutenir les cours, cette décision portée notamment par l'Arabie saoudite avait été perçue comme une faveur faite à Donald Trump, lui qui rêve d'un pétrole faible. À défaut, ces nouveaux quotas permettent au moins de contenir la hausse actuelle, car d'ici la fin de l'année, cette surproduction des pays de l'OPEP+ devrait représenter autant que la production iranienne destinée à l'exportation.

    Personne, pas même l'Iran, n'a intérêt à fermer le détroit d'Ormuz

    Autrement dit : le pétrole iranien devient moins vital pour l'économie mondiale. Reste que ce pétrole - comme une grande partie du gaz naturel liquéfié consommé dans le monde - circule toujours par le détroit d'Ormuz, à portée de tir donc des Iraniens. De quoi faire grimper les cours des assurances pour les navires pétroliers, ce qui finira forcément par se ressentir sur le prix à la pompe. Mais là encore, les experts sont relativement optimistes. D'abord parce que fermer le détroit d'Ormuz affecterait aussi les capacités de la République islamique à exporter son pétrole, au risque de fâcher son principal client : la Chine. Ensuite, les conséquences seraient telles pour l'économie mondiale que le régime iranien s'exposerait à des représailles considérables, au point de menacer la survie même du régime. « Bloquer le détroit d'Ormuz reviendrait à déclencher l'arme atomique » pour l'Iran, estime un expert. Un scénario qui paraît encore loin.

    À lire aussiÉdition spéciale: la guerre entre Israël et l’Iran fait craindre un embrasement de la région

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  • La chute continue pour les prix du porc chinois, faute de demande
    2025/06/16

    Les éleveurs de porc en difficulté en Chine. Leur activité n'est plus rentable en raison de la chute des prix qui sont à leur plus bas, depuis près d'un an, alors que la production a retrouvé ses niveaux d'avant peste porcine.

    En raison de la crise économique qui perdure, la Chine consomme globalement moins, et moins de viande porcine, alors que la production n'a pas diminué, au contraire : les élevages qui avaient perdu un tiers de leurs animaux en raison de la peste porcine -de 2018 à 2020-, se sont reconstitués. Ce décalage entre offre et demande a fait baisser les prix de 10 à 20 % depuis janvier et de 50 % depuis 2020. À titre d'exemple, il faut compter environ 14 yuans le kilo vif -animal vivant-, bien loin du record des 35 yuans en 2020.

    Le nombre de truies serait supérieur, selon l'agence Bloomberg, à 40 millions, un seuil au-delà duquel l'État, réputé pour ses politiques interventionnistes, se donne la possibilité d'agir sur la production.

    Limiter la production pour faire remonter les prix

    Depuis plus de deux ans, le gouvernement chinois essaie de réguler la production porcine pour qu’elle s’adapte à la consommation, explique Jean-Paul Simier, économiste de la filière viande, et pour que les prix remontent. Aujourd'hui, les éleveurs perdent environ 70 yuans, soit 10 dollars par animal, selon Bloomberg. Pour tenter d'enrayer la chute des prix, la Commission nationale du développement et de la réforme, l’agence de planification de l’État, vient donc de leur demander récemment de faire un effort pour produire moins.

    Une des méthodes est qu'ils arrêtent d’engraisser le bétail au-delà du poids normal d'abattage, une pratique courante en Chine, surtout quand les prix sont bas, car elle permet aux éleveurs de patienter, et d'augmenter la production de viande par animal, même si le calcul n'est pas toujours gagnant, car plus un porc vieillit plus sa viande devient grasse.

    Des importations toujours nécessaires

    Le pays est le premier producteur, premier consommateur, mais aussi premier importateur mondial de viande de porc. À son échelle, la Chine n'importe pas grand-chose, seulement 3% de ce qu'elle consomme, soit environ 2 millions de tonnes. Mais elle reste structurellement déficitaire et même si sa consommation est en baisse, c'est dans son ADN de continuer à importer pour assurer une marge de sécurité.

    C'est sans doute pour cela que Pékin a prolongé de six mois son enquête anti-dumping, sur le porc européen qui devait se terminer le 16 juin 2025. Une manière de ne pas se prononcer sur d'éventuelles taxes, et de se réserver la possibilité d'acheter du porc en Europe, si les relations avec les États-Unis, un des principaux fournisseurs de la Chine, devaient se compliquer, explique Jean-Paul Simier.

    L'équilibre ou le déséquilibre chinois en porc est suivi de près par le marché mondial : il a un impact sur les prix de la viande, mais aussi sur celui des céréales, car pour nourrir l'immense cheptel porcin chinois, le pays importe chaque année des dizaines de millions de tonnes de soja.

    À lire aussiLa Chine se prépare à une nouvelle guerre commerciale avec les États-Unis

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  • Le bois contreplaqué nouveau terrain de crispation entre la Chine et l'Europe
    2025/06/15

    L'Union européenne décide d'imposer des droits provisoires sur le contreplaqué chinois. La décision a pris effet, en fin de semaine dernière. L'UE répond avec cette mesure à une plainte déposée par un regroupement de producteurs européens.

    Derrière le groupement baptisé Greenwood, on retrouve des industriels installés dans plusieurs pays européens et qui dénoncent une concurrence déloyale de la part de la Chine. Leur plainte déposée le 27 août dernier a été jugée suffisamment étayée aux yeux de la Commission européenne qui a ouvert une enquête anti-dumping le 11 octobre.

    Après s'être penchée sur le dossier pendant sept mois, la Commission vient décider de taxer à 62% toutes les entreprises chinoises qui exportent du contreplaqué de feuillus en Europe, à l'exception de l'une d'elle taxée seulement à 25%. Ces droits s'appliquent essentiellement sur les contreplaqués de peuplier, de hêtre et de bouleau.

    « Préjudice important » selon l'UE

    La Commission européenne dit avoir constaté qu'il y avait « un préjudice important », tant sur les prix que sur les volumes, entre le 1er juillet 2023 et le 30 juin 2024, la période étudiée.

    La Chine a de fait comblé en partie le vide laissé par les exportations russes après leur interdiction en Europe, mais en raison des prix cassés pratiqués par les entreprises chinoises, ces sanctions n'ont pas profité aux producteurs européens.

    À titre d'exemple, un contreplaqué de peuplier basique, produit en France, est vendu autour de 1 000 euros le m3, celui qui est proposé par la Chine est à 300, voire 350 euros, fret compris. La Commission européenne estime dans son enquête qu'à ce niveau de prix, la rentabilité de l’industrie du contreplaqué de l’Union n’est plus assurée

    Les fabricants européens veulent des droits plus élevés

    Les industriels regroupés au sein de Greenwood souhaitent que ces taxes provisoires soient prolongées et à un niveau plus élevé, seule condition pour égaliser véritablement les règles du jeu, disent-ils, rappelant qu'ils sont soumis à des normes environnementales et sociales beaucoup plus strictes que celles en vigueur en Chine et qu'ils ont des coûts de production aussi nettement plus élevés.

    Mais un autre lobby est très inquiet de voir l'UE se positionner sur le sujet : c'est celui des importateurs, et des vendeurs de bois regroupés au sein de la Plywood Trade Interest Alliance : ils craignent des augmentations de prix, voire une pénurie de contreplaqué. À ce stade, la Commission a tranché, l'incidence des taxes sera limitée pour les utilisateurs « au regard des effets positifs » attendus pour l'industrie européenne du contreplaqué.

    Dans tous les cas, les mesures européennes seront probablement vite confrontées à leur contournement, explique Emmanuel Groutel, spécialiste des flux internationaux de bois et co-auteur du rapport CyclOpe sur les matières premières. Il ne serait pas étonnant, explique-t-il, de voir la Chine fabriquer demain plus de contreplaqué de résineux à vendre en Europe, du contreplaqué qui n'a pas le même code douanier que celui de feuillus et qui peut échapper aux nouvelles taxes.

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  • Le blé européen souffre toujours de la fermeture de facto du marché algérien
    2025/06/12

    À quelques semaines du début de la récolte de blé dans l'hémisphère nord, c'est toujours la déprime pour les céréaliers européens. Les cours du blé tendre, celui utilisé pour fabriquer la farine et le pain, ont chuté pour atteindre le seuil symbolique dès 200 euros/tonne. La céréale souffre du recul du dollar par rapport à l'euro et de la fermeture, dans les faits, du marché algérien aux blés français.

    Le blé européen est pris dans une spirale baissière depuis plusieurs mois. La tonne de blé, pour une livraison en septembre qui s'échangeait en février à 240 euros, sur Euronext, est tombée à 200 euros. Le mouvement est général, car la demande internationale est timide. L'essoufflement des cours se manifeste aussi à la bourse de Chicago, mais en raison de la hausse de l'euro par rapport au dollar, le blé européen est moins compétitif par rapport aux blés russes et ukrainiens et donc plus difficile à vendre.

    L'Algérie préfère les blés russes

    Avec la hausse de l'euro par rapport au dollar, la fermeture de facto du marché algérien est le facteur qui alimente la baisse des prix : la demande pour les blés français s'est effondrée en Algérie et la France étant le premier producteur européen, l'impact est important. Depuis 2020, l'Algérie s'est ouverte aux blés russes, les exportations françaises vers cette destination ont donc chuté, mais elles se sont quand même maintenues à environ 1,8 million de tonnes par an, jusqu'à la campagne qui se termine pendant laquelle l'Algérie n'a acheté que 30 000 tonnes de blé français, autant dire quasiment rien.

    « Les perspectives d'une reprise sont maigres, pour ne pas dire nulles », constate un expert de la filière, et ce, en raison de la dégradation des relations entre les deux pays et en particulier du soutien affiché par Emmanuel Macron à la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental, en octobre dernier. La solution pour les Européens, c'est de trouver des marchés ailleurs, mais là encore la hausse de l'euro par rapport au dollar complique la tâche des exportateurs.

    La production mondiale est rassurante

    Les cours du blé reflètent aussi « un bilan mondial relativement confortable », explique Arthur Portier, consultant chez Argus Media France. Il reste des volumes disponibles à commercialiser dans l'hémisphère sud, en Argentine et en Australie. Et les productions de l'hémisphère nord s'annoncent bonnes, que ce soit en mer Noire, en particulier en Russie, mais aussi en Europe, avec un record qui se profile en Roumanie et une récolte en France qui devrait être bien meilleure que celle catastrophique de l'année dernière. Les prévisions françaises oscillent entre 31 et 33 millions de tonnes, contre moins de 26 millions de tonnes sur la précédente campagne.

    Le blé subit aussi la pression du maïs : avec la perspective d'une récolte record, aux États-Unis notamment, les cours du grain jaune sont en baisse, et induisent, comme c'est généralement le cas, la même tendance pour le blé. Aux prix actuels, le blé n'est plus rentable pour les agriculteurs européens : « Il faudrait 35 à 40 euros de plus par tonne pour qu'un agriculteur français couvre ses coûts de production », en prenant un rendement moyen pour référence, explique Arthur Portier.

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  • Le Zimbabwe veut transformer un peu plus le lithium sur son sol
    2025/06/11

    Le Zimbabwe avait déjà obligé l'année dernière les acteurs miniers à ne plus exporter de lithium brut. Le gouvernement leur demande d'aller un cran plus loin dans le traitement du minerai, avec une nouvelle date butoir.

    La transformation du lithium exigée depuis l’année dernière dans le pays permet de produire du concentré de lithium, mais cette étape reste sommaire, au regard de l'ensemble du processus de raffinage. En édictant ces règles, le Zimbabwe a voulu décourager les mineurs artisanaux qui n'ont pas les moyens de réaliser ce premier traitement. Harare veut maintenant créer de la valeur et produire du sulfate de lithium, un produit intermédiaire qui se vend environ trois fois plus cher que le spodumène exporté aujourd'hui.

    Le sulfate de lithium sera, comme c'était le cas avant, aussi en grande partie commercialisé en Chine, pays qui domine 80% de l'activité de raffinage de lithium. Il y sera transformé jusqu'à devenir un matériau de qualité batteries.

    Des entreprises chinoises au Zimbabwe

    Si des miniers australiens sont présents au Zimbabwe, les sociétés chinoises ont aussi jeté leur dévolu sur le pays pionnier en matière d'exploitation de lithium sur le continent africain et dans le top 5 des producteurs mondiaux (selon l’USGS, le service géologique américain).

    La raison de cet intérêt est simple, la Chine a besoin du minerai pour faire rouler ses voitures électriques. L’année dernière, le Zimbabwe a fourni près de 15% des besoins de la Chine en concentré de lithium. À partir de janvier 2027, si le calendrier est tenu, ce sera du sulfate que le géant asiatique achètera.

    Répondre aux nouvelles exigences d'Harare

    Les miniers présents au Zimbabwe n’ont pas contesté publiquement le calendrier donné par le gouvernement. Mais, en revanche, ils demandent un geste aux autorités, pour qu’elles reportent l’application de la taxe à l’exportation qu’ils paient aujourd’hui sur les cargaisons de concentré de lithium. Un report, le temps qu’ils construisent et mettent en service les nouvelles unités de raffinage.

    Le défi des miniers sera d’être demain capable de produire dans les conditions offertes par le Zimbabwe, « un vrai beau sulfate pur », fait remarquer Michel Jebrak, professeur émérite au département des Sciences de la Terre et de l’Atmosphère de l’Université du Québec et auteur du livre Des mines et des empires paru aux éditions Multimondes, la pureté étant un élément essentiel pour éviter que les batteries prennent feu.

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  • Comment la Chine se prépare à exploiter les ressources minières océaniques
    2025/06/10

    Le fond des océans est pour l'instant vierge de toute exploitation minière, mais cela ne veut pas dire qu'il n'y a pas d'opérateurs miniers intéressés, bien au contraire. Les ambitions se manifestent également au niveau des États. On connaît celles des États-Unis qui tentent de contourner les conventions internationales pour accélérer l'exploitation des ressources sous-marines. La Chine fait moins parler d'elle, mais son intérêt ne date pas d'hier.

    Les ambitions chinoises ne datent pas d'hier, « le pays a même longtemps été un des plus favorables à l'exploitation minière des fonds marins sans pour autant pousser pour qu'une industrie minière voie le jour rapidement », explique Anne-Sophie Roux, activiste pour l’océan et conseillère en politiques maritimes.

    En 2001, l'Association chinoise dédiée aux ressources minérales océaniques (COMRA) a ainsi signé un contrat avec l'Agence internationale des fonds marins (AIFM) pour l'exploration de nodules polymétalliques. C'est-à-dire de gros galets de roches riches en métaux comme le manganèse, le fer, le cuivre, ou encore le cobalt.

    Aujourd'hui, la Chine détient 5 des 22 contrats d'explorations délivrés par l'AIFM. Des licences portées par plusieurs entreprises - China Minmetals, China Ocean Mineral Resources, Beijing Pioneer hi-Tech Development Corporation. Pékin a aussi signé un accord avec les îles Cook, en février 2025, pour plusieurs licences d'exploration dans les eaux territoriales de l'archipel et travaille également à un rapprochement avec les Kiribati.

    Le défi de la technologie

    De l'avis des experts, il faudrait aux entreprises chinoises probablement encore quelques années pour être opérationnelles. Rien d'étonnant à cela : développer des technologies, et des matériaux capables de résister à la pression qui règne en profondeur et à l'hostilité du milieu, est un défi pour la plupart des sociétés, et « un vrai gouffre financier » précise Anne-Sophie Roux.

    Il y a un an, un prototype de robot chinois capable d'extraire des minerais (Pioneer II) a réussi un test à plus de 4 000 m de profondeur. Un autre test pour collecter des nodules polymétalliques à plus de 5 000 m de fond est annoncé pour les prochains mois.

    Enjeu géopolitique

    La Chine n'a pas l'urgence des États-Unis ou de l'Europe : elle a une longueur d'avance en terme d'approvisionnement en minerais et métaux, et pourrait craindre qu'une exploitation sous-marine à grande échelle fasse baisser les cours. Le pays a jusque-là préféré jouer la carte du droit et du multilatéralisme en soutenant l'élaboration d'un code minier international, par l'AIFM, pour l'exploitation dans les eaux internationales. Mais le décret signé par Donald Trump autorisant l'exploitation dans les eaux territoriales américaines et internationales pourrait changer la donne.

    La Chine a été le premier pays à protester contre ce décret, mais si l'exploitation des fonds marins devait finalement commencer, en violation du droit international, interdirait-elle aux entreprises chinoises d'y aller aussi ? « Tous les scénarios sont envisageables » selon Anne-Sophie Roux. Les fonds marins sont vus aujourd'hui comme une ligne de front dans la concurrence que se livrent Pékin et Washington. « Ils sont désormais au cœur de la compétition stratégique qui se joue dans le Pacifique », écrit l'Australian strategic policy Institute.

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  • Chine: baisse de la production de blé
    2025/06/09

    La production de blé en Chine, premier producteur mondial, pourrait chuter de près de 5% cette année, pour atteindre 133 à 135 millions de tonnes, soit son plus bas niveau depuis 2018. Cette baisse, qui fait suite à un record de 140 millions de tonnes l'année dernière, est, dans le contexte géopolitique actuel, notable, même si elle n'est pas encore catastrophique.

    De notre correspondante à Pékin

    Sur le terrain, les dégâts sont bien visibles : des températures extrêmes et une sécheresse inédite, notamment dans les provinces agricoles clés du Henan et du Shaanxi. Des cultivateurs affirment qu’ils n’obtiendront que la moitié de leur rendement habituel. Le sol est craquelé, le blé parfois brûlé avant même d’avoir pu mûrir et dans certains villages, les moissonneuses soulèvent plus de poussière que de grains.

    Sécheresse inédite

    Cette sécheresse, la pire que certains paysans disent avoir connue en vingt ans, arrive deux ans seulement après des inondations dévastatrices qui avaient déjà affecté la production nationale. Un contraste brutal, symptôme des effets du changement climatique qui bouleversent la régularité des cycles agricoles.

    Officiellement, les prévisions de récolte restent optimistes — autour de 140 millions de tonnes — mais sur le terrain, les pertes sont réelles, notamment dans les zones mal irriguées. Dans certaines exploitations, les rendements ont chuté de 40 à 50%. Pour l’instant, les stocks sont jugés suffisants et la demande intérieure reste modérée, ce qui limite l’urgence d’augmenter les importations. Mais Pékin pourrait devoir revoir sa stratégie si la situation empire.

    Guerre commerciale

    La Chine tente de protéger ses approvisionnements agricoles contre l'intensification des risques géopolitiques, en particulier les hostilités commerciales non résolues avec les États-Unis, l'un des principaux exportateurs mondiaux.

    Pékin a imposé en mars une taxe de 15% sur le blé américain, à un moment où la demande d'importation était faible. Au cours des quatre premiers mois de l'année, les achats à l'étranger ont atteint leur plus bas niveau en sept ans, avec un peu plus d'un million de tonnes.

    Face à cette nouvelle alerte climatique, la Chine est confrontée à une réalité implacable : pour garantir sa sécurité alimentaire, elle va devoir investir davantage dans des variétés plus résistantes à la chaleur, dans des infrastructures agricoles modernes, et surtout, soutenir ses petits agriculteurs, de plus en plus vulnérables.

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