エピソード

  • Le soja, nouveau levier politique et économique de la Chine?
    2025/09/11

    Au cœur de la rivalité commerciale sino-américaine, le soja n’est pas qu'un simple produit agricole. S'il illustre une vulnérabilité stratégique de la Chine qui en est la première consommatrice dans le monde, il montre aussi sa capacité à transformer une dépendance en levier politique et économique.

    Pour Pékin, le soja est devenu un produit sensible, presque vital. La Chine, qui en importe plus de 100 millions de tonnes chaque année, en consomme des quantités colossales, non seulement pour produire du tofu ou du lait de soja, mais aussi et surtout pour nourrir des millions de porcs et de poulets, piliers de l’alimentation chinoise.

    Alors que l’essor des classes moyennes a fait exploser la consommation de viande dans le pays, la production locale ne parvient en effet à couvrir qu’une fraction des besoins, malgré des subventions massives et une récolte nationale en hausse.

    Fournisseurs étrangers

    Si, Pour la Chine, les États-Unis ont été pendant de longues années un fournisseur incontournable, les guerres commerciales déclenchées par Donald Trump ont aujourd'hui changé la donne : Pékin a riposté en boycottant le soja américain, préférant se tourner vers le Brésil, désormais son premier fournisseur.

    Si la stratégie se révèle payante sur le plan diplomatique, elle est toutefois risquée sur le plan agricole : en cas de sécheresse ou d'inondation en Amérique du Sud, Pékin voit toute sa chaîne d’approvisionnement fragilisée. Le problème pour elle réside dans le fait que les alternatives restent limitées. Un temps présentée comme une solution, la Russie a aujourd'hui freiné ses exportations depuis la guerre en Ukraine, privilégiant son propre marché et ses soldats.

    À lire aussiLe soja d’Amérique latine profite du retour au pouvoir de Donald Trump

    Stocks stratégiques

    Face à sa dépendance persistante au soja, Pékin a donc sorti une autre arme : ses stocks stratégiques. Officiellement secrets, ils sont estimés à près de 45 millions de tonnes, soit de quoi amortir un choc ou résister à la pression américaine pendant plusieurs mois.

    Mais derrière le soja se dessine une leçon plus large qui montre que si la Chine a su bâtir une industrie high-tech et sécuriser ses approvisionnements en terres rares, en pétrole ou en gaz, elle dépend encore largement en revanche de l'étranger pour son alimentation. Un paradoxe qui fragilise son ambition de souveraineté...

    Résultat aujourd’hui : chaque cargaison de soja qui entre dans un port chinois n’est pas seulement un navire de marchandises, c’est aussi un rappel que l’autosuffisance alimentaire reste, pour Pékin, le maillon faible de sa puissance. Un maillon que Washington n’hésite pas à tester dans sa nouvelle guerre froide commerciale avec le géant asiatique...

    À lire aussiÉtats-Unis: les producteurs de soja inquiets face aux tensions commerciales avec Pékin

    続きを読む 一部表示
    2 分
  • Nucléaire: l'industrie rappelle l'urgence à ouvrir de nouvelles mines d'uranium
    2025/09/10
    L'approvisionnement en uranium sera-t-il suffisant pour répondre aux ambitions mondiales dans le secteur, d'ici 2040 ? L'industrie se dit inquiète et étudie plusieurs scénarios de l'offre et de la demande dans son rapport biennal qui vient de sortir. L'Association nucléaire mondiale, qui représente les industriels, confirme que la production n'est pas à la hauteur des énormes besoins qui se profilent. Les besoins en uranium sont connus : 70 réacteurs sont en construction actuellement, dont 59 en Asie. L'inconnue, c'est la bonne tenue ou pas du calendrier de leur mise en service. À cela peut s'ajouter la validation d'autres projets plus hypothétiques, qui sont toujours en attente de décisions règlementaires ou d'investissements. Sur la base d'un scénario dit de référence, qui se base sur les objectifs annoncés des gouvernements, l'Association nucléaire mondiale estime dans son rapport que les besoins pourraient plus que doubler d'ici à 2040 pour atteindre 150 000 tonnes. Un chiffre appelé potentiellement à être plus bas ou plus haut dans un scénario très optimiste. Du côté de l'offre, les perspectives ne sont pas les mêmes : les mines existantes s'épuisent et la production pourrait diminuer de moitié entre 2030 et 2040 selon l'Association nucléaire mondiale. Des producteurs font épisodiquement état de difficultés : tout récemment, Kazatomprom au Kazakhstan et le canadien Cameco ont revu à la baisse leurs ambitions pour 2025. À lire aussiUranium: le géant russe Rosatom se retire de sites d'extraction au Kazakhstan et vend ses parts à la Chine Risque d'approvisionnement ? D'ici à la fin de la décennie, la production répondra amplement aux besoins selon Teva Meyer, chercheur associé à l'Iris (l'Institut des relations internationales et stratégiques) et co-auteur d'un rapport sur l'approvisionnement en uranium, publié en janvier 2025 par l’Observatoire de la sécurité des flux et des matières énergétiques (OSFME). Selon l'Association nucléaire mondiale, la production a même augmenté de 22 % entre 2022 et 2024. Mais à partir de 2035, des mines auront fermé et la production mondiale sera insuffisante pour alimenter les réacteurs existants et a fortiori ceux qui doivent entrer en fonction. À cela s’ajoutent des incertitudes sur la production australienne : l'activité de la plus grosse mine au monde d'uranium – dans laquelle le minerai est un co-produit du cuivre –, se développe dans une zone à plus faible teneur. L'industrie renouvelle donc son appel à accélérer les investissements pour éviter des ruptures d'approvisionnement, au vu des délais inhérents au développement d'une mine. Le problème est que les prix qui évoluent dans une fourchette comprise entre 70 et 78 dollars la livre d'uranium sont à peine supérieurs au coût d'exploitation des gisements actuels, et donc guère incitatifs. À écouter aussiLes États-Unis relancent leurs anciennes mines d'uranium Impact de la guerre en Ukraine La guerre en Ukraine a un impact indirect sur le secteur depuis mars 2022 : elle pose la question de la dépendance à la Russie, qui est un fournisseur majeur d'uranium enrichi – minerai transformé pour être utilisé comme combustible. Pour l'instant, les Occidentaux ont peu d'alternative, mais ils misent sur le développement de capacités d'enrichissement, en France, aux Pays-Bas et aux États-Unis, dans l'espoir de pouvoir se passer d'ici à quelques années des importations russes. Selon un responsable d'Orano, cité par le Financial Times, « il faudra attendre le début des années 2030 pour voir l'Occident rompre sa dépendance à l'enrichissement russe ». La politique commerciale américaine a aussi un impact sur le marché : les droits de douane ne concernent pas l'uranium à ce stade, mais c'est une crainte, et « très peu de contrats d'approvisionnement en uranium ont été signés ces derniers temps », assure un observateur de la filière. À lire aussiQu’est-ce que l’enrichissement de l’uranium et comment sert-il à fabriquer des bombes nucléaires ?
    続きを読む 一部表示
    2 分
  • Crise de croissance brutale sur le marché européen de la pomme de terre
    2025/09/08

    En France, premier exportateur mondial de pommes de terre, la récolte 2025 s'annonce inédite depuis dix ans. La tendance européenne est la même, avec des volumes estimés à +11% par rapport à l'année dernière. Ce qui pourrait être une bonne nouvelle sur le papier se traduit par des prix qui se sont effondrés. Ce scénario, annoncé il y a déjà plusieurs mois, inquiète le réseau North-Western European Potato Growers (NEPG).

    L'Union nationale des producteurs (UNPT), avait prévenu qu'augmenter les surfaces et produire plus était risqué, car c'était anticiper une demande qui n'existait pas encore. Les promesses des industriels ont été manifestement trop fortes et ont stimulé les producteurs. On parle en particulier de gros acteurs implantés en Belgique, qui ont promis d'acheter des volumes plus importants, cette année, avant finalement de revenir sur leurs engagements.

    Résultat, les agriculteurs français, mais aussi allemands, hollandais et belges, se retrouvent aujourd'hui à récolter une production qui est en décalage avec le besoin réel des industriels. « Une partie importante de la récolte ne pourra être stockée, et des dizaines de milliers de tonnes ont déjà été redirigées vers l'alimentation animale, les unités de biométhanisation ou les installations de compostage », déplore le réseau North-Western European Potato Growers, la plateforme de discussion européenne des producteurs de pommes de terre.

    Un déséquilibre qui fait chuter les prix

    La baisse des prix a commencé il y a plusieurs mois. Aujourd'hui, sur le marché libre, c'est-à-dire hors des contrats longue durée, des industriels proposent d'acheter la tonne de pommes de terre à 15 euros la tonne, voire moins, des prix jugés indécents par l'Union nationale des producteurs de pommes de terre (UNPT) qui déconseille aux agriculteurs d'alimenter le marché de la frite avec des pommes de terre « payées zéro euro ou presque », résume un de ses membres.

    En France, environ 80 % de la production est vendue sous contrat, à des prix qui dépassent 180 euros la tonne cette saison, donc les agriculteurs peuvent s'inquiéter pour la vente des 20 % restants. « En revanche, dans d'autres pays européens qui ont moins l'habitude de vendre sous contrat, l'exposition à ces prix libres qui ont chuté s'annonce beaucoup plus grande », explique un expert de la filière.

    La crainte du réseau européen des producteurs est que la crise de l'offre d'aujourd'hui se transforme en crise de la demande dès 2026 « si les producteurs n'ont plus la capacité économique de suivre le rythme » et réduisent leur surface.

    Demande mondiale en forte hausse

    Cette crise de croissance est conjoncturelle et particulière à l'Europe, car la demande industrielle au niveau mondial est en forte hausse, en particulier en Asie où le nombre d'usines explose. L'industrie chinoise de la frite et de la chips a enregistré un taux de croissance de 80 %, entre 2019 et 2024 selon Rabobank, qui assure que la Chine et l'Inde – qui affiche un taux de croissance de 45 % – cherchent encore à augmenter leur capacité de transformation pour tirer profit de la hausse de la demande, au Moyen-Orient et en Asie. En cinq ans, ces deux pays sont passés d'importateurs nets à exportateurs nets de produits surgelés à base de pommes de terre.

    L'Asie ne peut cependant pas être un débouché pour la production européenne. L'Inde et la Chine alimentent leurs usines avec leur propre production. « La pomme de terre fraiche voyage très mal, elle est transformée dans la région où elle est produite, généralement à quelques centaines de km maximum » explique un de nos interlocuteurs.

    À lire aussiLes pressions commerciales déstabilisent le marché de la pomme de terre

    続きを読む 一部表示
    2 分
  • La solution danoise pour relancer la consommation de café et cacao
    2025/09/07

    Le Danemark souhaite supprimer les taxes sur le café et le cacao. Cette annonce pourrait se concrétiser dans la prochaine loi de finances qui sera finalisée d'ici début décembre. Cette décision vise à stimuler la demande, en limitant l'impact du coût pour les ménages. Elle illustre surtout à quel point le pouvoir d'achat est attaqué dans le pays, et plus largement en Europe.

    La proposition est symboliquement très forte, car la taxe sur le cacao est considérée comme un des impôts les plus anciens du Danemark. L'augmentation de 25 % des prix du chocolat, et de 35 % des prix du café, en un an, selon les statistiques nationales, a finalement eu raison de cette « taxe réputée pour être la plus complexe et la plus bureaucratique », selon la ministre des Affaires économiques, Stéphanie Lose. Et ce, même si cette suppression pourrait provoquer un manque à gagner estimé à 320 millions d'euros pour le gouvernement.

    Le choix des autorités est de s'adresser directement au porte-monnaie des Danois, qui font partie des plus gros consommateurs de chocolat en Europe et boivent en moyenne plus de trois tasses de café par jour et par personne. Ce qui les place dans le top 5 des consommateurs de la planète, les premiers étant les Finlandais, selon le site suédois Kaffeinformation.

    Les prix ont fini par « détruire » la demande

    Comme le cacao, dont le marché a explosé ces deux dernières années, le café a vu ses prix augmenter au point d'affecter la consommation et de « détruire » la demande, pour reprendre la formulation employée par les négociants. Ce qui est vrai au Danemark, où le pouvoir d'achat est un des plus élevés d'Europe, est aussi vrai ailleurs : les marchés européens et américains stagnent depuis plusieurs années.

    Même au Brésil, la consommation a baissé. Le pays est pourtant le premier exportateur au monde d'Arabica, mais cela ne le préserve pas de l'augmentation des cours mondiaux. Entre juillet et août 2025, les prix du café brut ont augmenté de 25 % localement, selon l'association brésilienne de l'industrie du café (ABIC).

    L'Asie, un marché porteur

    Les importations asiatiques de café cette année ont aussi été affectées par la hausse des prix, mais à plus long terme, c'est une des régions du monde où le potentiel de développement est le plus élevé. Le marché du café en Asie et en Océanie affiche un taux de croissance de plus de 2 %, taux qui pourrait doubler rapidement, selon le négociant Sucafina. Cela n'a pas échappé à l'organisme brésilien Cecafé, qui dit surveiller avec attention la croissance du marché chinois. Dans le pays, la demande a dépassé les 4 millions de sacs de 60 kg par an et ne faiblit pas.

    Dans la série des marchés porteurs, on peut citer aussi la Corée du Sud où la consommation a augmenté significativement ces dix dernières années et dépasse maintenant les 3 millions de sacs, selon une des dernières notes du courtier britannique Marex.

    À lire aussiLe café brésilien pris dans la tourmente des taxes douanières américaines

    続きを読む 一部表示
    2 分
  • La Syrie, un acteur de retour sur le marché mondial du pétrole?
    2025/09/04

    Quatorze ans après la dernière exportation de brut, le 1er septembre 2025, une cargaison de 600 000 barils a quitté la Syrie. Une opération rendue possible par la levée des sanctions européennes et américaines sur le pays.

    La cargaison est composée de pétrole lourd, le Syria Heavy, qui contient beaucoup de soufre et qui est généralement commercialisé avec une décote par rapport au cours mondial. Cette décote n'est donc pas liée au fait qu'il s'agit de pétrole syrien, précise Homayoun Falakshahi, le responsable de l'analyse pétrolière chez Kpler, un cabinet franco-belge de suivi maritime. Difficile de savoir à quel prix précisément le brut a été négocié, mais il pourrait s'agir d'un chargement d'une valeur de 35 à 40 millions de dollars.

    Ce pétrole a été acheté par Vitol, le numéro un des négociants privés dans le secteur énergétique et semble être en cours d'acheminement vers la raffinerie du groupe à Sarroch en Sardaigne. Le client final n'est pas identifié avec certitude et peut d'ailleurs encore changer. Le pétrole, comme d'autres matières premières, est parfois revendu pendant son trajet en mer et dirigé vers une destination qui n'était pas celle prévue initialement.

    À lire aussiSyrie: six mois après la chute de Bachar el-Assad, le défi de la relance économique

    Regain d'activité au port de Tartous

    Ce pétrole est transporté à bord du navire Nissos Christiana, qui a quitté Tartous en début de semaine, un port où l'activité a très fortement augmenté. Depuis le début de l'année, une quarantaine d'arrivées ont été observées contre un bateau tous les trois à quatre mois avant 2025. Il s'agit surtout de chargement de grains, de blé et de maïs, mais aussi de charbon, signe que les infrastructures portuaires ont pu être maintenues et que le commerce a repris avec de plus en plus de partenaires.

    Le port de Tartous devrait encore se développer après la signature au printemps d'un protocole d'accord pour un montant de 800 millions de dollars avec la société de logistique DP World, basée à Dubaï.

    Exportation ponctuelle

    Aucune autre cargaison de pétrole n'est annoncée au départ de la Syrie. Pour exporter plus et régulièrement, il faudrait que l'équilibre entre l'offre et la demande dans le pays le permette, ce qui impliquerait que la Syrie produise davantage. C'est potentiellement faisable, mais pour l'instant, l'offre locale est plus faible que la demande.

    Les champs pétroliers syriens produisent environ 80 000 barils par jour, contre 400 000 avant la guerre, pour une consommation de 120 000 barils jour au minimum. Ce qui manque est en totalité importé de Russie.

    La production est donc en priorité destinée à la consommation locale, sauf quand il s'agit de pétrole lourd que les raffineries syriennes n'ont pas la capacité de raffiner, c'est le cas du chargement exporté.

    À lire aussiComment la Syrie peut-elle rebâtir son économie ?

    続きを読む 一部表示
    2 分
  • Selon un rapport de l'ONU, 103 pays restent dépendants de leurs exportations de matières premières
    2025/09/03

    À quel point les pays sont-ils dépendants de leurs matières premières ? Et certains arrivent-ils à se diversifier pour être moins vulnérables ? Un rapport intitulé « State of Commodity Dependence 2025 » publié cet été par la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (CNUCED) passe en revue le degré de dépendance de chaque État.

    Selon la définition choisie par l'ONU, une économie est considérée comme dépendante aux matières premières quand plus de 60% de ses exportations repose sur des produits non transformés, qu'il s'agisse de pétrole, coton ou de cuivre. Le premier enseignement du rapport « State of Commodity Dependence 2025 » est qu'entre 2014 et 2023 - la période étudiée -, le nombre de pays qui y restent dépendants n'a guère évolué, soit 103 contre 106. Cette dépendance reste même supérieure à 80% pour un peu plus de 70 pays situés pour la plupart en Amérique du Sud et en Afrique, le continent qui arrive en tête : 46 pays sur 54 y sont tributaires du commerce de leurs matières premières, selon les chiffres arrêtés en 2023.

    À lire aussiLa France mise au défi d'exporter huit millions de tonnes de blé

    Une forte dépendance aux minerais en Afrique

    Une vingtaine de pays africains sont, eux, considérés comme dépendants, voire très dépendants, de leur sous-sol. Parmi eux, la République démocratique du Congo, avec ses exportations de cuivre et son cobalt, le Mali, producteur d'or, ou encore le Botswana, dont l'économie repose sur l'extraction du diamant.

    Les pays africains dépendants de leurs matières premières agricoles sont moins nombreux : ils sont 15, même si ces dernières années l'agriculture a pris de plus en plus de place dans le portefeuille des exportations du continent. En moyenne, le secteur représentait en 2023 19% des exportations des pays africains contre 13% en 2014. Ce chiffre cache toutefois de grandes disparités. Parmi les États dont l'économie est hautement tributaire du commerce de produits agricoles figurent la Côte d'Ivoire, pays exportateur de cacao, d'hévéa et de noix de cajou ; le Bénin, exportateur de coton ; l'Éthiopie pour son café et le Kenya pour le thé.

    Si moins de pays africains restent dépendants de leurs produits énergétiques, leur nombre reste cependant élevé : ils sont 11 au compteur de la CNUCED.

    Dépendance dangereuse

    La CNUCED pointe ces dépendances parce qu'elles rendent les pays concernés vulnérables à la volatilité des prix mondiaux sur lesquels ils n'ont aucune prise. Entre 2021 et 2023 par exemple, l'une des périodes étudiées par l'ONU, les cours du pétrole ont baissé en moyenne de 20%, chute qui a été un coup dur notamment pour l'Algérie, l'Angola et le Nigeria, trois pays dont le budget repose sur la rente pétrolière.

    Les deux tiers des pays en développement sont aujourd'hui jugés dépendants à leurs exportations de matières premières et donc fragilisés. D'où l'urgence pour eux, rappelle le rapport onusien, de mettre l'accent sur la transformation de leur richesse localement pour créer de la valeur.

    À lire aussiRDC : prolongation de la suspension de l'exportation du cobalt

    続きを読む 一部表示
    2 分
  • La France mise au défi d'exporter huit millions de tonnes de blé
    2025/09/02

    Après une année 2024 catastrophique, la production française 2025 devrait se redresser de 30%, selon les estimations d'Argus Media, tout en restant inférieure par rapport à la moyenne calculée entre 2017 et 2023. Une meilleure récolte annonce plus de quantités à exporter, mais la grande question aujourd'hui est de savoir vers quelle destination car le premier exportateur européen doit toujours composer sans l'Algérie et avec une demande chinoise en chute.

    La France a appris à se passer de l'Algérie depuis que le pays à commencer à se tourner vers le blé russe en 2020. Mais avec la décision de l'Algérie d'acheter plus de céréales de la mer Noire, l'Hexagone a perdu un acheteur qui absorbait entre deux et cinq millions de tonnes de blé par an.

    L'année dernière, l'Algérie n'a acheté que 30 000 tonnes, donc presque rien ; mais sur une année de mauvaise récolte française, cela a été moins problématique que ce qui semble se dessiner pour cette année 2025. Au vu du bilan de la production 2025, la France devrait avoir au moins huit millions de tonnes à exporter hors de l'Union européenne, selon l'agence d'information et de conseil Argus Media. Or, les tensions diplomatiques qui persistent ne laissent pas présager une reprise du commerce de blé entre Alger et Paris.

    Un autre client est aussi aux abonnés absents : la Chine. Le pays est devenu acheteur juste avant la fermeture progressive du marché algérien, ce qui a permis de compenser en partie les volumes perdus. En 2023, l'empire du Milieu a acheté 2,4 millions de tonnes de blé français, mais l'appétit chinois « est devenu tout petit, voire réduit à zéro », explique Maxence Devillers, analyste de marché chez Argus Media. L'agence prévoit 500 000 tonnes de blé français exporté vers la Chine pour la campagne 2025-2026.

    Quelles alternatives à l'export ?

    Le Maroc est devenu le premier acheteur de blé français et pourrait en importer 2,5 millions de tonnes cette année, selon Argus Media. La demande devrait venir aussi d'Afrique subsaharienne – 2,4 millions de tonnes – et d'Égypte, qui pourrait importer 900 000 tonnes.

    Il y a donc des débouchés, mais l'année s'annonce cependant compliquée. Ce qui ne sera pas vendu et pas consommé sur le marché intérieur sera entreposé. Les prévisions font état de stocks qui pourraient atteindre quatre millions de tonnes en France, un niveau inédit depuis la campagne de 2004-2005.

    De belles productions en Roumanie et Bulgarie

    Les pays européens restent un débouché pour le blé français, mais avec ses limites. Cette année, près de 6,8 millions de tonnes de la céréale française devraient être écoulées sur le marché communautaire, mais il y a d'autres producteurs qui comptent et qui encombrent le circuit. La production s'annonce par exemple record en Espagne et en Roumanie – 12,2 millions de tonnes – ainsi qu'en Bulgarie, qui pourrait produire 7,7 millions de tonnes de blé. Ces deux derniers pays pourraient à eux seuls représenter la moitié des exportations de blé de l'Europe sur cette campagne, selon l'agence d'information.

    Cette abondance de blé en Europe, mais aussi en mer Noire, maintient des prix bas. Les prix du blé à la bourse Euronext se rapprochent de 190 euros la tonne, pour une livraison en décembre, sans perspective de remonter pour l'instant, à moins d'un choc climatique ou géopolitique. Ce cours reste insuffisant pour être rémunérateur pour les producteurs français qui font face, selon Alexandre Willekens d'Argus Media, à un coût de production moyen de 200 euros la tonne.

    À lire aussi«La part de la Russie dans les importations des pays d'Afrique subsaharienne de blé a augmenté »

    続きを読む 一部表示
    2 分
  • Le groupe français Touton, acteur historique du négoce de cacao, prépare sa succession
    2025/09/01

    C'est une page qui est en passe de se tourner dans le secteur du négoce du cacao : le groupe français Touton implanté à Bordeaux dans le sud-ouest de la France, qui fait partie des six premiers acheteurs de fèves dans le monde, est à vendre. Il annonce être entré en négociation exclusive avec Hartree, un groupe de négoce international.

    Touton appartient à l'histoire du cacao, même si le groupe commercialise aussi du café, de la vanille et des épices. L'activité de Touton repose sur celle de ses 14 filiales. Plusieurs sont basées en Afrique et notamment en Côte d'Ivoire où le groupe s'est distingué à la fin des années 1990 en rachetant des plantations. La société s'est aussi illustrée pour son investissement dans la production de cacao premium. Le groupe se targue aujourd'hui d'avoir construit une chaîne d'approvisionnement en cacao 100 % traçable et durable.

    Dans l'entourage du président Patrick de Boussac, à l'âge de la retraite, on évoque des raisons personnelles et une volonté de passer la main depuis deux trois ans déjà. Mais plusieurs facteurs ont certainement pesé, selon des observateurs de la filière, y compris le fonctionnement du marché, tel qu'il est aujourd'hui.

    Contexte de marché « ingérable »

    De l'avis général, ces deux dernières années ont en effet été ingérables et imprévisibles pour les traders. La hausse des prix et leur volatilité ont contraint les négociants à déposer des garanties financières de plus en plus importantes pour couvrir les risques financiers qu'ils prenaient. Le tout avec un impact évident sur leur trésorerie.

    Dans le contexte de marché actuel, « le défi le plus important pour un négociant en cacao est clairement devenu l'accès à des lignes de crédit plus que l'accès aux fèves », résume Javier Blas, éditorialiste chez Bloomberg et co-auteur du livre Un monde à vendre, publié aux éditions Novice. Toutes les entreprises ont en effet besoin de contracter des prêts auprès de banques pour acheter le cacao avant de le revendre. Ce défi est encore plus grand pour une maison de négoce familiale comme Touton, pointe Javier Blas, sachant que même des multinationales ont été mises en difficulté ces derniers mois.

    Un repreneur adossé à un fonds d'investissement

    Ce n'est d'ailleurs peut-être pas un hasard si la société Hartree, qui est en passe de reprendre Touton, est adossée à Oaktree, un fonds d'investissement. C'est en effet beaucoup plus facile pour un fonds d'investissement qui gère des milliards de dollars d'actifs de naviguer dans le marché tel qu'il est aujourd'hui. Dans un tel contexte de marché, les petits disparaissent souvent au profit des plus grands. La société qui est positionnée pour racheter Touton a d'ailleurs conclu en juillet l'acquisition d'EDFMan, un autre trader de cacao, de sucre et de café, bien implanté en Afrique.

    Parmi les facteurs qui ont aussi probablement eu un impact dans la décision de Touton, il y a la baisse des volumes de fèves auxquels les entreprises de négoce implantées en Côte d'Ivoire ont eu accès. « En raison de la diminution de la production ces deux dernières années, les fèves ont été en priorité dirigées vers les usines de transformation locales [Touton n'en possède pas] et mises à disposition des exportateurs locaux, ivoiriens », explique un acteur de la filière, implanté en Côte d'Ivoire. Les négociants comme Touton ont été « servis » après, et ont donc eu accès à moins de sacs de cacao, ce qui pu constituer un frein à leur activité.

    Touton a vu son bénéfice net bondir de plus de 1 000 % entre l'exercice 2022-2023 et l'exercice 2023-2024, passant de 11,4 millions d'euros à 128 millions d'euros. Ses derniers résultats financiers ne sont pas encore accessibles.

    続きを読む 一部表示
    2 分