Les éleveurs de porc en difficulté en Chine. Leur activité n'est plus rentable en raison de la chute des prix qui sont à leur plus bas, depuis près d'un an, alors que la production a retrouvé ses niveaux d'avant peste porcine.
En raison de la crise économique qui perdure, la Chine consomme globalement moins, et moins de viande porcine, alors que la production n'a pas diminué, au contraire : les élevages qui avaient perdu un tiers de leurs animaux en raison de la peste porcine -de 2018 à 2020-, se sont reconstitués. Ce décalage entre offre et demande a fait baisser les prix de 10 à 20 % depuis janvier et de 50 % depuis 2020. À titre d'exemple, il faut compter environ 14 yuans le kilo vif -animal vivant-, bien loin du record des 35 yuans en 2020.
Le nombre de truies serait supérieur, selon l'agence Bloomberg, à 40 millions, un seuil au-delà duquel l'État, réputé pour ses politiques interventionnistes, se donne la possibilité d'agir sur la production.
Limiter la production pour faire remonter les prix Depuis plus de deux ans, le gouvernement chinois essaie de réguler la production porcine pour qu’elle s’adapte à la consommation, explique Jean-Paul Simier, économiste de la filière viande, et pour que les prix remontent. Aujourd'hui, les éleveurs perdent environ 70 yuans, soit 10 dollars par animal, selon Bloomberg. Pour tenter d'enrayer la chute des prix, la Commission nationale du développement et de la réforme, l’agence de planification de l’État, vient donc de leur demander récemment de faire un effort pour produire moins.
Une des méthodes est qu'ils arrêtent d’engraisser le bétail au-delà du poids normal d'abattage, une pratique courante en Chine, surtout quand les prix sont bas, car elle permet aux éleveurs de patienter, et d'augmenter la production de viande par animal, même si le calcul n'est pas toujours gagnant, car plus un porc vieillit plus sa viande devient grasse.
Des importations toujours nécessaires Le pays est le premier producteur, premier consommateur, mais aussi premier importateur mondial de viande de porc. À son échelle, la Chine n'importe pas grand-chose, seulement 3% de ce qu'elle consomme, soit environ 2 millions de tonnes. Mais elle reste structurellement déficitaire et même si sa consommation est en baisse, c'est dans son ADN de continuer à importer pour assurer une marge de sécurité.
C'est sans doute pour cela que Pékin a prolongé de six mois son enquête anti-dumping, sur le porc européen qui devait se terminer le 16 juin 2025. Une manière de ne pas se prononcer sur d'éventuelles taxes, et de se réserver la possibilité d'acheter du porc en Europe, si les relations avec les États-Unis, un des principaux fournisseurs de la Chine, devaient se compliquer, explique Jean-Paul Simier.
L'équilibre ou le déséquilibre chinois en porc est suivi de près par le marché mondial : il a un impact sur les prix de la viande, mais aussi sur celui des céréales, car pour nourrir l'immense cheptel porcin chinois, le pays importe chaque année des dizaines de millions de tonnes de soja.
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