Le tir d'un fusil d'assaut, un colonel de gendarmerie blessé, un formateur mis en cause. Ce qui aurait dû être un exercice encadré s'est transformé en incident grave, mettant en lumière des défaillances inquiétantes dans la formation au tir.
Comment une telle accumulation d'erreurs a-t-elle été possible ? Entre négligences, manquements aux règles de sécurité et tentative de déresponsabilisation, le rôle du formateur FTSI est au cœur des débats.
Quand la formation au tir dérape : responsabilités, imprudences et manquements à la sécurité
Un exercice de tir sous haute tension, un colonel blessé, un formateur dépassé. L'affaire jugée le 13 février 2025 par le tribunal administratif de Cergy-Pontoise met en lumière des défaillances graves dans l'encadrement des formations au sein de la police nationale. M. F, formateur aux techniques et à la sécurité en intervention (FTSI), a été reconnu fautif après un tir accidentel ayant causé des blessures à un colonel de gendarmerie.
Malgré sa tentative de contester la sanction disciplinaire de blâme infligée par le ministère de l'Intérieur, le tribunal a tranché : il était pleinement responsable de la sécurité de l'exercice et ses manquements sont avérés.
Un tir incontrôlé, un colonel blessé
L'incident remonte au 5 mai 2021, lors d'une formation destinée aux policiers et gendarmes appelés à servir en ambassade dans des pays en crise. Ce stage, organisé par la Direction de la coopération internationale de la sécurité (DCIS-DGPN), incluait un module d'instruction sur le maniement des armes.
C'est dans ce cadre qu'un agent du service des équipements de protection et de sécurité (DILT-PP) a tiré avec un fusil d'assaut kalachnikov, utilisant des munitions perforantes de calibre 7,62 39 mm. Un fragment de projectile a blessé un colonel de gendarmerie, entraînant une incapacité temporaire de travail de quinze jours.
L'usage de cette arme était pourtant interdit par le règlement intérieur du stand de tir, qui prohibe les armes automatiques et les munitions militaires. Le formateur M. F aurait dû refuser cet exercice, mais il a non seulement validé la séance, mais également négligé la mise en place des règles de sécurité élémentaires.
Un formateur qui cherche à se dédouaner
Face à la justice, M. F a tenté de se défausser sur plusieurs acteurs, mais ses arguments n'ont pas convaincu.
Un simple test balistique, pas un exercice de tir ?
M. F a d'abord soutenu que la séance ne relevait pas d'un exercice de tir réglementaire, mais d'une simple démonstration balistique, ce qui aurait justifié une supervision par un agent non qualifié FTSI.
Le tribunal a rejeté cet argument, expliquant que la séance avait pour but d'apprendre aux stagiaires à démonter, nettoyer et régler une kalachnikov avant d'effectuer des tirs sur des cibles spécifiques. Ces objectifs correspondent bien à un exercice de tir au sens de la réglementation applicable aux formations en techniques et sécurité en intervention.
L'imprudence du colonel blessé ?
Autre ligne de défense : le colonel B aurait lui-même mis sa sécurité en danger en filmant la scène avec son téléphone et en s'approchant trop près de la ligne de tir sans porter de protections adéquates.
Là encore, la justice n'a pas retenu cet argument. Si le colonel a effectivement commis une imprudence, il n'avait pas été suffisamment informé des risques spécifiques liés au tir d'une kalachnikov, une arme bien plus puissante que celles habituellement utilisées en dotation dans la police. Le tribunal a estimé que c'est précisément le manque de vigilance de M. F qui a favorisé ce comportement à risque.
Une validation tacite de la hiérarchie ?
Enfin, M. F a tenté d'impliquer la commissaire générale E et le contrôleur général G, affirmant que la séance avait été approuvée par sa hiérarchie.
L'enquête a pourtant démontré qu'aucune validation officielle n'avait été donnée pour l'usage d'une arme de guerre dans cet exercice. En tant que formateur FTSI, M. F restait le seul responsable des c...
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