Une démonstration de force diplomatique d’abord, avec le sommet de l’Organisation de coopération de Shanghai à Tianjin, près de Pékin. Militaire ensuite, avec la grande parade prévue ce mercredi dans la capitale. Une semaine orchestrée par Xi Jinping pour projeter une image de stabilité… dans un monde en plein bouleversement.
Avec notre correspondante en Chine, Clea Broadhurst
Pékin veut envoyer un message clair : le centre de gravité du monde peut bouger. Plus de vingt dirigeants à Tianjin, un record pour l’OCS, et pas seulement des proches de la Chine : il y avait aussi des partenaires des États-Unis, comme l’Égypte ou la Turquie.
Pour la Chine, c’est l’occasion de dire : « face à l’unilatéralisme américain, voilà un autre modèle ». Xi Jinping parle même de « refuser l’esprit de guerre froide, les confrontations de camps et les comportements de harcèlement » — un message directement adressé à Washington.
Il veut incarner une puissance stable, un leader du Sud global. Et pendant que les États-Unis multiplient les tensions commerciales, la Chine se pose en alternative.
L’Inde joue le jeu
Narendra Modi a fait le déplacement, pour la première fois depuis sept ans. C’est un geste fort. Xi parle de « danse du dragon et de l’éléphant ». Officiellement, on veut tourner la page des tensions frontalières.
Mais en réalité, la relation reste fragile et chacun défend ses intérêts : Pékin et New Delhi restent rivaux en Asie. Ce rapprochement est surtout tactique. Tous deux sont visés par des sanctions américaines, et veulent montrer qu’ils ont des options.
Que prépare Pékin pour la parade de mercredi?
Une mise en scène millimétrée de sa puissance militaire. La parade marque les 80 ans de la fin de ce que Pékin appelle la Guerre de Résistance contre les Japonais – mais le message est tourné vers l’avenir.
À l’intérieur, on veut affirmer que ça ne se reproduira pas : l’armée chinoise est désormais prête, moderne, dissuasive.
À l’extérieur, Pékin rappelle qu’elle a joué un rôle clé pendant la Seconde Guerre mondiale – rôle que l’Occident, selon elle, sous-estime. Là encore, un parallèle avec la Russie, elle aussi en quête de reconnaissance.
Vladimir Poutine sera là. Kim Jong-un aussi. Une image forte, soigneusement calculée.
Un bloc face à l’Occident?
Pas un bloc militaire comme l’OTAN. Plutôt une galaxie d’alliés, un réseau de pays du Sud global. Avec l’OCS, qui réunit près de la moitié de la population mondiale, la Chine veut incarner une autre forme de coopération : moins occidentale, plus orientée vers les pays en développement.
Xi Jinping insiste sur la « Shanghai Spirit », cet esprit de solidarité entre pays non-alignés, et appelle à « continuer à avancer malgré le chaos international », pour « assurer le développement et la sécurité des États membres ».
Pékin s’affiche comme moteur du multilatéralisme, contre les sanctions et la domination américaine. Mais derrière les sourires, les intérêts sont souvent divergents. Ce sommet est encore loin d’être un front uni.
Mais en termes d’image, la Chine a incontestablement marqué des points cette semaine.
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