エピソード

  • Fusillade meurtrière au Cachemire: l'Inde et le Pakistan au bord de la rupture
    2025/04/25

    Rien ne va plus entre l’Inde et le Pakistan… Depuis la fusillade meurtrière, mardi 22 avril, au Cachemire indien qui a fait 26 morts civils, c’est l’escalade. Suspension de visas, expulsion de diplomates, fermeture de frontières, la tension ne cesse de monter, New Delhi accuse son voisin de « terrorisme transfrontalier » et de soutenir des islamistes, une thèse réfutée par le Pakistan.

    Moins de 72 heures après cet attentat, l’un des plus meurtriers depuis plus de vingt ans, qui s’est produit dans la vallée de Baisaran, dans la région de Pahalgam, une station prisée des touristes, le ton se durcit entre l’Inde et le Pakistan, deux puissances nucléaires et deux États rivaux depuis leur création après la partition de 1947.

    Le ton monte

    Le gouvernement de New Delhi a ouvert le bal en dévoilant sa première série de représailles : la première concerne la suspension immédiate du traité sur le partage des eaux de l’Indus (un accord historique datant de 1960 et qui n’a jamais été remis en question malgré trois guerres). C'est un point de friction majeur, car il touche à la survie économique du Pakistan.

    Autre mesure : la fermeture du poste frontière d’Attari-Wagah dans le Pendjab, le seul point de passage terrestre entre les deux pays. L’Inde a ensuite ordonné à effet immédiat l’expulsion des diplomates pakistanais. Le personnel est réduit de 55 à 30 membres. Les attachés de défense et autres responsables militaires ont été déclaré persona non grata et sommés de quitter le pays sous une semaine.

    La diplomatie indienne a également suspendu la délivrance de visas aux Pakistanais et annulé tous ceux en cours d’ici au 29 avril.

    À lire aussiL'Inde menace et prend des mesures diplomatiques contre le Pakistan après une attaque au Cachemire

    Représailles du Pakistan

    Islamabad a riposté. À l’issue d’une rare réunion de son Comité de la sécurité nationale, le pays a ordonné le départ des diplomates indiens, la suspension des visas pour les ressortissants indiens, ainsi que la fermeture de sa frontière et de son espace aérien aux compagnies indiennes. Islamabad a également averti son voisin que tout acte de détournement de l'eau de l'Indus serait perçu comme un « acte de guerre ».

    « Résistance du Cachemire »

    L’attentat qui a ravivé les tensions entre « les frères ennemis » aurait été revendiqué par un groupe peu connu, surnommé « Résistance du Cachemire ». Ce groupe de militants islamistes aurait été créé en 2019, lorsque l’Inde a décidé de révoquer l’autonomie partielle du Cachemire indien à majorité musulmane en abrogeant l’article 370. Le contrôle total de la région par New Delhi a exacerbé les tensions.

    Ce groupe est considéré par le gouvernement indien comme une émanation du groupe jihadiste basé au Pakistan, Lashkar-e-Taiba (LeT), désigné comme une organisation terroriste par plusieurs pays, dont les États-Unis. Des spécialistes estiment qu’il a été créé pour donner une apparence « indigène » et « sécularisée » à l'insurrection cachemirie, permettant au Pakistan de nier son implication directe.

    Risque de guerre ?

    Le danger d’un conflit ouvert existe, sachant que le Cachemire a déjà provoqué trois guerres entre l’Inde et le Pakistan. Les déclarations belliqueuses de part et d’autre contribuent déjà à un regain de tensions communautaires et religieuses. Certains experts s'attendent à ce que l'Inde riposte militairement d'ici quelques jours ou quelques semaines. D'autres pensent que New Delhi prendra le temps d'étudier l'éventail des représailles possibles du Pakistan. La communauté internationale privilégie quant à elle la désescalade et la solidarité avec l’Inde, tout en évitant d’alimenter le conflit bilatéral.

    À lire aussiTensions Inde-Pakistan: «Le Cachemire est une sorte de proxy, de ''guerre sans faire la guerre''»

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  • Le président taïwanais absent lors des funérailles du pape François
    2025/04/24
    Le président de Taïwan, Lai Ching-te ne se rendra pas au Vatican pour les obsèques du souverain pontife. Le Vatican est l’un des rares alliés diplomatiques de Taïwan mais sa volonté de se rapprocher de la Chine fragilise les liens avec Taipei. Venu rendre hommage au pape François à l’archevêché de la capitale, le président de Taïwan, Lai Ching-te est resté silencieux ce 23 avril. Son vice-ministre des Affaires étrangères, François Wu lui a reconnu que la perspective de participer à la cérémonie funéraire ce samedi était une opportunité diplomatique en or pour Taïwan. « Nous cherchons activement une solution, mais notre gouvernement essaie naturellement par tous les moyens de permettre au président d’y aller a assumé devant les reporters le numéro deux de la diplomatie taïwanaise. C’est l’objectif le plus important du ministère des Affaires étrangères actuellement ». Malheureusement pour l’île, l’échec a été assumé quelques heures plus tard. L’ancien vice-Président Chen Chien-jen sera le chef de la délégation. Un profil parfaitement adapté. Ce fervent catholique a rencontré à six reprises le pape François et entretient de bonnes relations avec le Vatican, mais le poids symbolique est mesuré par rapport à un déplacement d’un chef de l’État en exercice. Pour Lai Ching-te, la perspective d’apparaître entouré de Donald Trump, Emmanuel Macron et d’autres dirigeants planétaires était une opportunité unique. Car pour l’île de près de 24 millions d’habitants, les opportunités sont rares. Depuis 1971 et l’entrée de la Chine populaire aux Nations unies, Taïwan vit en retrait de la scène internationale. Chaque année le nombre de pays qui reconnaissent la République de Chine (nom officiel de Taïwan) au détriment de Pékin s’amenuise. Parmi les douze pays qui maintiennent une représentation officielle sur l’île de Formose, le Vatican est le seul en Europe et l’un des plus importants diplomatiquement. Ils étaient encore 21 États en 2016, mais la Chine et particulièrement Xi Jinping s’attache à les faire céder un par un en offrant des avantages économiques à ceux qui abandonnent Taïwan à son profit. Une stratégie qui s’applique aussi dans les organisations transnationales. Malgré son système de santé robuste et une gestion de la pandémie parmi les plus efficaces de la planète, Taipei n’a pas voix au chapitre à l’Organisation Mondiale de la Santé. Le Vatican qui entretient des relations compliquées avec la Chine aurait pu faire fi de la pression de Pékin pour appliquer sa ligne diplomatique officielle. Mais sous le pontificat de François, le Saint-Siège a pratiqué une politique claire de main tendue sur le dossier chinois. Le pape Argentin n’a cessé de multiplier les gestes vers un pays qui héberge une dizaine de millions de catholiques. En 2014, peu de temps après sa nomination François s’était rendu en Corée du Sud et avait reçu l’autorisation de survoler la Chine. « J’adresse mes meilleurs vœux à votre excellence et à vos concitoyens, et j'invoque les bénédictions divines de paix et de bien-être sur la nation », avait-il envoyé par message radio à Xi Jinping et aux 1.3 milliard de chinois. Très mobilisé pour les populations opprimées, le Pape est resté discret sur les violences et discriminations envers les Ouïghours, cette minorité musulmane ciblée par Pékin dans le cadre de sa politique anti-terroriste. Le Haut-Commissariat des droits de l’homme de l’ONU accuse la Chine de « graves violations » des droits de l’homme et des témoignages évoquent des camps d’internement, de la rééducation ou des stérilisations forcées. Leur sort a été abordé pour la première fois en 2020 par François assurant dans un livre qu’il « priait pour ces malheureux Ouïghours ». Une prudence justifiée par la stratégie du pape et son attachement sincère à l’Empire du milieu. Jésuite, l’argentin connaît le rôle de la congrégation dans l’histoire chrétienne, entamée pour une deuxième fois au XVIe siècle. Mais les liens entre le Vatican et la Chine populaire sont extrêmement compliqués depuis 1951, date à laquelle le gouvernement chinois a expulsé le représentant du Saint-Siège. Pendant des décennies, deux Églises ont coexisté en Chine : l'une reconnue par les autorités chinoises et l'autre par le Vatican. Une cohabitation particulièrement difficile pour nommer les dirigeants de diocèse. En 2018, le pape François a réussi à établir un accord concernant la nomination des évêques, où certains sont désignés par Pékin et d'autres par le Saint-Siège. Bien que les relations se soient apaisées, des frictions persistent, notamment sur la nomination des évêques. Ce sujet demeurera une priorité pour le prochain pape, surtout s'il continue la politique d'ouverture envers Pékin. À lire ...
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  • Les pays de l’Asie et du Pacifique se réorganisent face au séisme Trump
    2025/04/23
    Le retour de Donald Trump à la Maison Blanche ravive les inquiétudes dans la région Asie-Pacifique. Alors que les tensions régionales sont vives, les pays de la zone s’interrogent : peuvent-ils encore compter sur le parapluie américain ? Avec notre correspondante à Beijing, Clea BroadhurstLe retour de Trump provoque un véritable séisme. L’Australie veut porter ses dépenses militaires à 2,4 % du PIB d’ici à 2028, le Japon vise 2 % d’ici à 2027, les Philippines, elles, renforcent leur coopération avec Washington, modernisent leur armée, ouvrent davantage leurs bases aux troupes américaines et préparent de nouveaux exercices conjoints. Cela dans un climat tendu en mer de Chine méridionale.La Chine voit dans l’instabilité américaine une opportunité stratégique. Elle intensifie sa diplomatie régionale, relance ses échanges avec certains voisins, tout en poursuivant une montée en puissance militaire – avec une hausse de 7,2 % de son budget de défense – et une pression constante sur Taïwan.Sur l’île justement, le sentiment de vulnérabilité est croissant. Le gouvernement promet d’augmenter les dépenses militaires, sans toutefois pouvoir satisfaire l’appel de Trump à consacrer 10 % du PIB à la défense. L’objectif reste de renforcer la résilience face aux menaces de Pékin.Le Vietnam tente un délicat numéro d’équilibriste. Frappé par une taxe douanière américaine de 46 %, Hanoï renforce sa défense tout en ménageant ses relations avec Pékin et Washington, deux partenaires essentiels.Et l’avenir de l’engagement sécuritaire de la Corée du Sud reste confus alors que la Corée du Nord multiplie les provocations. L’Asie se réarme, redéfinit ses alliances et se prépare à l’incertitude.À lire aussiGuerre commerciale: l'Asie en pleine tourmente face aux droits de douane imposés par TrumpDes changements importantsLes bouleversements en cours en Asie sont majeurs, et annoncent peut-être la fin de l’ordre régional dominé par les États-Unis.D’abord, les alliances traditionnelles vacillent. La politique étrangère imprévisible de Donald Trump pousse même les alliés les plus fidèles - Japon, Corée du Sud, Australie - à repenser leur dépendance envers Washington. L’idée d’une défense plus autonome ou régionale fait son chemin.Deuxième tendance : la militarisation accélérée. Et dans ce contexte, la Chine gagne du terrain. Elle multiplie les gestes diplomatiques envers ses voisins, allège certaines restrictions commerciales, et cherche à affaiblir les coalitions emmenées par les États-Unis. Un double jeu de séduction économique et de démonstration de force militaire, qui renforce son rôle de puissance dominante.À lire aussiLes États-Unis veulent installer une «dissuasion crédible» dans la région Asie-PacifiqueMais cette nouvelle donne rend aussi la région plus instable. Les tensions territoriales se multiplient, la méfiance règne entre États, et les institutions régionales comme l’Asean peinent à jouer leur rôle. Des acteurs extérieurs, comme la Russie, cherchent à s’y engouffrer.Enfin, si la politique américaine ne se stabilise pas, l’Asie pourrait entrer dans une ère de réalignements géopolitiques. Des puissances intermédiaires comme l’Inde, le Japon ou l’Australie pourraient nouer de nouvelles alliances, plus souples, plus bilatérales. La priorité deviendrait alors la résilience nationale.En somme, l’Asie-Pacifique pourrait devenir plus fragmentée, plus militarisée et plus instable.Conséquences pour la ChinePour Pékin, les bouleversements en cours dans la région Asie-Pacifique représentent à la fois une opportunité stratégique et un risque majeur.L’affaiblissement apparent de l’influence américaine, accentué par les choix imprévisibles de Donald Trump et sa guerre commerciale, offre à la Chine une chance inédite : exploiter les divisions au sein des alliances américaines, se présenter comme un partenaire plus stable aux yeux de pays comme le Vietnam ou les Philippines, et renforcer sa place dans les organisations régionales comme l’Asean.Avec un Washington perçu comme moins fiable, la Chine peut aussi étendre son emprise, notamment en mer de Chine méridionale et orientale, accentuer sa pression sur Taïwan, et intensifier ses projets de coopération économique dans le cadre de la « nouvelle route de la soie ».La montée des budgets militaires en Asie permet également à Pékin de légitimer son propre réarmement. Officiellement menacée, la Chine justifie ainsi la modernisation rapide de son armée, notamment sa flotte et ses capacités balistiques. Une rhétorique utile aussi pour nourrir le nationalisme intérieur.Mais la manœuvre reste risquée. Car si Pékin avance trop vite, il pourrait provoquer une contre-réaction : de nouvelles coalitions régionales indépendantes des États-Unis, une résistance renforcée au niveau ...
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  • Disparition du pape François: l'hommage des milliers de Philippins chrétiens
    2025/04/22

    En 2024, le pape François avait effectué le plus long voyage de son pontificat en Asie du Sud-Est et en Océanie. Il était allé quelques années plus tôt en 2015, dans l'archipel des Philippines, pays où plus de huit citoyens sur dix sont catholiques. La mort du pape François y a plongé les fidèles dans une vive émotion, le premier pays catholique d'Asie et le troisième au monde. Des milliers de Philippins se sont retrouvés lundi 21 avril pour prier pour le pape François, qui y était adulé de tous.

    De notre correspondante à Manille, Nemo Lecoq-Jammes

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  • Le Japon face à la flambée du prix du riz
    2025/04/21

    Au Japon, le ministère de l'Intérieur vient de rendre public un chiffre qui met l'archipel en émoi. Le prix du riz a gagné 92 % par rapport à l'an dernier à cette époque. Cela veut dire que le prix du riz a quasiment doublé en un an. Comment cela s'explique-t-il au pays du soleil levant où le riz est l'un des principaux ingrédients alimentaires ?

    Avec l'un des correspondants à Tokyo, Bruno Duval

    Le prix du riz a commencé à augmenter l'été dernier en raison de mauvaises récoltes dues au réchauffement climatique. Ensuite, l'alerte au « mégaséisme » lancée par le gouvernement a aggravé les choses. Les sismologues redoutant un tremblement de terre majeur, les gens ont fait des stocks de riz, de peur d'en manquer. Le nombre record de touristes étrangers venant au Japon joue aussi. Ils consomment énormément de riz dans les restaurants.

    Et puis, cette crise est aussi, pour partie, spéculative. Des cultivateurs, des distributeurs et des grossistes tardent sciemment à commercialiser le riz qu'ils possèdent, se disant qu'ils ont intérêt à retarder sa mise sur le marché puisque son prix de vente ne cesse d'augmenter.

    Les consommateurs se serrent la ceinture

    « Avec une telle inflation, ça devient vraiment difficile de boucler ses fins de mois et de manger équilibré », se plaignent les Tokyoïtes. « Je manque du pain par exemple. Avant, moi, le riz, c'était matin, midi et soir, mais désormais, c’est une fois par jour, pas plus », confirme un autre habitant de la capitale. « La mort dans l’âme, je me rebats sur les pâtes et les nouilles. C’est pénible, mais il n’y a pas d’autres solutions. »

    Face à cela, les autorités ont mis sur le marché depuis le mois de mars plus de 200 000 tonnes de riz provenant des entrepôts gouvernementaux. Où, un million de tonnes de cette céréale sont stockées en permanence pour gérer les conséquences d'une éventuelle catastrophe naturelle majeure, perturbant ou empêchant la récolte.

    Sauf que ce riz déstocké ne se trouve pas dans tous les magasins, comme en témoigne ce détaillant : « L'État fait livrer prioritairement ce riz aux hypermarchés, pas aux petits commerçants, et puis aussi aux restaurants : pour les touristes. Inutile de vous dire que cela suscite le mécontentement de mes clients ».

    Les médias japonais parlent carrément de «révolte»

    « La révolte du riz », l'expression revient en boucle dans la presse japonaise en ce moment. Une expression qui renvoie à une page sombre de l'Histoire. En 1918, pendant trois mois, en raison du prix de cette céréale, il y eut des émeutes, des pillages, des grèves, des mises à sac de magasins, etc. Et la répression policière fut terrible : des milliers d'arrestations et la condamnation à mort des meneurs du mouvement.

    Alors, 107 ans plus tard, la situation n'en est pas là. Mais l'envolée du prix du riz a fait dégringoler la cote de popularité du gouvernement à un niveau plancher – historiquement bas – dans les sondages. À quelques mois des élections cet été, la question du riz pourrait bien être cruciale dans la campagne. Si la situation ne s’améliore pas d’ici-là, elle pourrait avoir des conséquences importantes sur le plan politique.

    À lire aussiLa pénurie de riz au Japon oblige les magasins à en rationner la vente

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  • La Corée du Nord, premier fournisseur de munitions à la Russie dans sa guerre contre l'Ukraine
    2025/04/18
    Les renseignements ukrainiens et américains estiment à 12 000 le nombre de Nord-Coréens partis se battre aux côtés de la Russie dans la région de Koursk. Un chiffre qui pourrait grimper. En revanche, donner une estimation de la quantité de munitions livrée par Pyongyang est un exercice périlleux, auquel se sont livrés différents centres de recherche. « Les munitions nord-coréennes ont fourni une bouée de sauvetage à l’armée russe », la conclusion d'Alessio Armenzoni, chercheur à l’Open Source Center (OSC) est sans appel. Une analyse conjointe du centre de recherche britannique et de l’agence de presse Reuters intitulée, « Frères d’armes, estimer les livraisons d’armes nord-coréennes à la Russie », a permis d'établir une échelle de l’artillerie qui circule entre Pyongyang et Moscou depuis l’été 2023. Plus de 15 000 conteneurs auraient permis de livrer entre 4,2 et 5,8 millions de munitions. Des chiffres obtenus après l’analyse de centaines d’images satellites et en se concentrant sur les trajets effectués par quatre cargos nord-coréens (Angara, Lady R, Maria et Maia-1) entre les ports de Rajin et les installations portuaires russes d'Extrême-Orient. « Notre estimation est très conservatrice, précise le chercheur italien, car nous n’avons pas pris en compte le transport ferroviaire, un élément important dans le dispositif de livraison d’artillerie nord-coréenne ». À cela s'ajoutent les conditions météorologiques pouvant brouiller les images satellites et rendre invisible un transfert de conteneurs. 750 conteneurs par moisS'il est impossible d’obtenir un chiffre précis, la méthodologie de l’OSC offre certaines garanties. En s’appuyant sur des renseignements ukrainiens, tirés d’observation du terrain, ils ont estimé la répartition probable du type d’armes livrées par la Corée du Nord : 60% d’obus d’artillerie de 122 mm, 25% de 152 mm et 15% de roquettes 122mm. À cela, il faudrait ajouter une quantité marginale de missiles balistiques (notamment KN 23) retrouvés sur le terrain. Les images satellites ont ensuite permis de calculer le nombre de conteneurs envoyés, leur taille, et la capacité volumétrique de chacun pour obtenir une estimation en fourchette basse. Un flux constant d’environ 750 conteneurs par mois, essentiel pour soutenir la guerre de haute intensité pratiquée par Moscou. Sur l’année 2024, la Russie aurait utilisé cinq fois plus d’artillerie que l’Ukraine en moyenne.« Les livraisons nord-coréennes ont permis à l’armée russe de soutenir sa cadence de tir très élevée, estime Alessio Armenzoni. Certaines unités sur le front utilisent entre 40 et 60% de munitions venues de Pyongyang ». Et la qualité de l’armement fourni par Kim Jong-un se serait sensiblement améliorée après plusieurs rapports faisant état de munitions défectueuses lors des premières livraisons. « Les Russes ont sûrement dit, améliorez la qualité de l’artillerie que vous nous livrez ou nous n’en voulons pas, suppose Joseph Bermudez, chercheur au CSIS (Center for Strategic and International Studies, think tank américain). Les premières livraisons provenaient aussi surement de stocks assez anciens ». Mais c’est plus par la quantité de production que par sa qualité que se distingue l’appareil de production nord-coréen. « La différence entre ce que la Corée du Nord a envoyé à la Russie et ce que l’Occident avec son complexe militaro-industriel est parvenu à envoyer à l’Ukraine est particulièrement préoccupante », s'alarme Alessio Armenzoni, rappelant que les quatre millions de munitions nord-coréennes pèsent lourd face aux quelque 500 000 obus d’artillerie livrés par le Royaume-Uni depuis 2022. L’armée d’abordAlors comment la Corée du Nord et son économie criblée de sanctions est-elle en mesure d’atteindre une telle capacité de production ? La doctrine Songun, « l’armée d’abord », mentionnée pour la première fois en 1989 avant de s’inscrire dans la constitution du pays en 2009 a établi des stocks importants et une base industrielle militaire solide. Mais depuis les accords avec la Russie, les usines fonctionnent à pleine capacité, selon Séoul qui estime qu’environ 200 usines d’armement fonctionnent à plein régime. « Nous entendons dire que les usines de munitions nord-coréennes fonctionnent 24h sur 24 », pointe Joseph Bermudez. Kim Jong-un a effectué plusieurs visites dans les usines d’armements, en plaidant pour une augmentation de la productivité et de la production. Pyongyang semble au rendez-vous d’un défi qui pourrait s’avérer très lucratif, car le pays ne met pas gratuitement son appareil industriel au service de l’effort de guerre russe. Une étude du centre d’analyse de la défense, affilié au gouvernement sud-coréen estime que la coopération avec Moscou aurait rapporté près de 18 milliards ...
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  • Au Pakistan, l’étau se resserre autour des Afghans
    2025/04/17

    Au Pakistan, les autorités expulsent par la force des centaines de milliers d’Afghans, au prétexte de liens avec le terrorisme et le narcotrafic. Il est vrai qu’une vague de violences submerge le pays. Tard mardi, 15 avril, le groupe État islamique a encore revendiqué une attaque qui a tué trois policiers au Baloutchistan, dans le sud-ouest du pays.

    Les violences se multiplient aussi dans l’ouest du Pakistan, à la frontière avec l’Afghanistan. Depuis le début de l’année, pas moins de 200 personnes ont été tuées par des groupes armés qui veulent renverser l’État et imposer la charia. Que ce soit l’État islamique ou bien les talibans pakistanais du Tehreek-e-Taliban (TTP), ces mouvements s’attaquent en priorité aux forces de l’ordre, symboles de l’État. L’année dernière a été la plus meurtrière en dix ans, avec plus de 1 600 morts.

    Une recrudescence des violences qui s’explique par le retour des talibans en Afghanistan. À peine arrivés au pouvoir à Kaboul, à l’été 2021, les nouveaux maîtres du pays ont libéré des prisons les membres du groupe TTP, les talibans pakistanais. Dans un rapport du Conseil de sécurité des Nations unies, on peut lire que les autorités afghanes ont fourni aux terroristes des armes laissées sur place par les Américains et l’Otan. Le groupe TTP compterait autour de 6 000 combattants, entraînés sur le sol afghan, et c’est de là qu’ils attaqueraient le Pakistan voisin, ce que Kaboul dément.

    800 000 Afghans ont vu leur carte de résidence annulée ce mois-ci

    Les victimes collatérales de cette vague de violence sont les Afghans, qui avaient trouvé refuge au Pakistan. Islamabad a lancé une campagne massive d’expulsions, les accusant de narcotrafic et de liens avec le terrorisme. Aujourd’hui, environ trois millions d’Afghans vivent au Pakistan. Parmi eux, 800 000 ont vu leur carte de résidence purement et simplement annulée ce mois-ci, crée pourtant en 2017 afin de régulariser la situation des Afghans.

    Depuis, l’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM) a recensé une forte hausse des retours. Ces deux dernières semaines, près de 60 000 Afghans ont traversé la frontière aux deux seuls points de passage, Torkham et Spin Boldak. L’OIM accueille ces revenants dans huit centres, ils y reçoivent de la nourriture, des soins et un abri temporaire – mais l’organisation onusienne s’inquiète du fait que ces Afghans « reviennent vers un pays, où ils ont peu, voire rien, à retrouver ».

    À lire aussiTensions à la frontière entre l'Afghanistan et le Pakistan: vers une rupture entre Islamabad et Kaboul?

    Le Pakistan accusé d’utiliser les migrants « à des fins politiques »

    Les talibans afghans accusent le Pakistan d’utiliser ces migrants « à des fins politiques » et dénoncent des « violences » infligées à ces Afghans. Ces expulsions de masse ressemblent en effet fort à une opération de punition. Harcèlements, rackets et brimades se multiplient, selon plusieurs organisations des droits humains. Souvent, les policiers ne laissent même pas le temps aux Afghans de ramasser leurs affaires, ou bien des familles sont séparées.

    Pourtant, ces Afghans vivent parfois depuis des générations au Pakistan. Mais il est quasiment impossible d’y obtenir la nationalité. Les autorités ont donc les mains libres pour les pousser au départ. Cette année, jusqu’à 1,6 million d’Afghans pourraient être expulsés. Un retour à la case de départ dans des conditions très difficiles. L’ONG Human Rights Watch redoute qu’ils soient persécutés par les talibans et rappelle qu’en Afghanistan, l’économie et le système de santé sont à genoux et l’aide internationale en chute libre.

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  • Avec l’interdiction des Israéliens aux Maldives, l’Asie musulmane s’écarte encore d'Israël
    2025/04/16

    Les touristes israéliens ne peuvent plus fouler les plages de sable fin des Maldives. L’État insulaire musulman, connu comme destination balnéaire de luxe, vient d’adopter une loi en solidarité avec le peuple palestinien. Un geste fort mais dont la portée sera cependant surtout symbolique.

    De notre correspondant en Inde,

    Dès juin 2024, peu après l’élection de Mohamed Muizzu, le gouvernement avait annoncé vouloir fermer l’archipel aux citoyens israéliens. Le nombre de touristes israéliens a donc déjà drastiquement chuté, avec seulement 1 400 touristes en 2024 contre 11 000 l’année précédente. Pendant que la loi faisait son chemin au Parlement, de nombreuses manifestations pro-palestiniennes ont eu lieu dans la capitale Malé, boudée des touristes, mais où se concentrent les 525 000 habitants des Maldives, à 99 % musulmans.

    Ce mardi, la loi est finalement entrée en application pour dénoncer « les atrocités et actes de génocide commis par Israël contre le peuple palestinien ». Elle doit rester en vigueur jusqu'à ce qu'Israël mette fin à ses opérations militaires contre Gaza. Israël n’a jamais été reconnu par les Maldives, mais ses touristes étaient tolérés. Les relations entre les deux pays sont désormais totalement rompues.

    Les Maldives rejoignent la ligne politique de nombreux autres pays musulmans d’Asie

    En effet, la relation d'Israël avec les pays musulmans d’Asie est moins connue et commentée que celle avec ses voisins au Moyen-Orient, mais pas moins compliquée. La plupart n’ont aucune relation diplomatique ou consulaire avec Israël et empêchent leurs citoyens de s’y rendre et les Israéliens de leur rendre visite. Tous refusent de changer leur position tant que l’occupation israélienne continue en Palestine. Et l’on parle de pays beaucoup plus peuplés que les Maldives. L’Indonésie, 280 millions d’habitants, n’a jamais reconnu l’État d'Israël, tout comme le Pakistan, 250 millions d’habitants, ou le Bangladesh, séparé du Pakistan en 1971, mais qui a continué à appliquer cette politique.

    À lire aussiGaza: l’Indonésie compte jouer un rôle plus actif et accueillera des victimes de la guerre

    Une défiance qui s’est renforcée sous l’effet du conflit à Gaza

    Ces dix dernières années, on a pu observer de très discrets signes de rapprochement entre Israël et les pays d’Asie musulmane. La guerre à grande échelle lancée par Israël sur Gaza après les attaques terroristes du 7 octobre y a mis totalement fin. En 2022, les États-Unis ont discrètement poussé l’Indonésie à envisager une normalisation avec Israël, dans le sillage des accords d’Abraham. Mais le processus a été brutalement suspendu après le bombardement d’un hôpital indonésien à Gaza en octobre 2023. En 2021, le Bangladesh a retiré de ses passeports la mention « sauf Israël », mais le gouvernement de Muhammad Yunus vient de la réintégrer. Dans tous ces pays, les dirigeants ont aussi suivi leurs opinions publiques. On y a observé d’importantes manifestations de solidarité avec la Palestine et de colère contre Israël.

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