エピソード

  • Qi Hong, le dissident qui a piégé la police chinoise
    2025/09/12
    Fin août, les réseaux d’opposants à Pékin s’agitent sur la toile. Des messages contre « la tyrannie du Parti Communiste » se sont affichés durant près d’une heure sur des immeubles de Chongqing, mégalopole de 32 millions d’habitants. Une performance inédite, réalisée à distance par un dissident déjà au loin. RFI a pu s’entretenir avec lui. « Je voulais éveiller la conscience d’un maximum de personnes, raconte Qi Hong avec simplicité depuis le Royaume-Uni, où il est parti avec sa famille. J’ai encore des proches en Chine, donc l’objectif était de réaliser cela depuis un endroit sûr. C’est pour ça que j’ai opté pour la méthode des projecteurs ». La décision de quitter son pays prise, il décide de partir avec panache. Après avoir acheté les billets d’avion, il se procure le matériel nécessaire à son coup d’éclat. Dans une chambre d’hôtel du quartier universitaire de Chongqing, il projette des messages innocents sur les murs des gratte-ciels voisins, termine ses préparatifs et part avec sa famille. Neuf jours plus tard, le 29 août vers 22h, quatre messages s’affichent dans la nuit chinoise : « Sans le Parti Communiste Chinois une nouvelle Chine peut exister », « La liberté n’est pas un cadeau, elle doit être conquise », « Levez-vous, ceux qui refusent d’être des esclaves » ou encore « Pas de mensonges, seulement la vérité. Pas d’esclavage, la liberté. La tyrannie du Parti Communiste doit prendre fin ». Rapidement, la police cherche à trouver et arrêter la personne derrière ce rare acte de défiance. Cinquante minutes plus tard, ils débarquent dans une chambre d’hôtel. Vide. Ils trouvent simplement une webcam qui les filme, incrédules. « Je voulais enregistrer tout l’événement », se rappelle Qi Hong, amusé. « Tout était préparé et puis à la dernière minute, j’ai aussi laissé une lettre. Pour ne pas laisser en difficulté le personnel de l’hôtel, mais aussi pour expliquer les raisons derrière ma décision ». Dans ce texte, il choisit d’interpeller directement les fonctionnaires : « Vous êtes peut-être bénéficiaires (du système) aujourd’hui, mais un jour vous en serez les victimes. (…) Les crimes du Parti communiste dans ce pays sont innombrables. S’il te plaît, essaie de ne pas aider ni encourager leurs atrocités ». « Je ne pense pas être un guerrier ou mériter d’être mis sur un piédestal » L’arrivée des policiers dans la chambre vide, cette lettre, comme les messages projetés sur les immeubles ont été diffusés sur le compte X d’un dissident chinois, et ont été vus 20 millions de fois. Si certains critiquent un geste inconscient ou défendent la qualité de vie dont disposent les Chinois en comparaison à d’autres pays, les réactions restent majoritairement positives (NDLR : pas nécessairement représentatif de l’opinion publique chinoise X n’est pas autorisée en Chine) et saluent le courage de celui parfois qualifié de héros, ayant dénoncé par cet acte l’utilisation de la technologie comme bras armé du contrôle du Parti Communiste Chinois. « Je ne pense pas être un guerrier ou mériter d’être mis sur un piédestal, estime Qi Hong. Les gens m’ont surestimé, je suis quelqu’un d’ordinaire et je n’avais pas pensé à tout ça avant de me lancer », s’amuse-t-il. Il raconte s’être notamment inspiré de Peng Lifa, un homme ayant manifesté seul sur un pont de Pékin en affichant des banderoles contre le Parti et ses strictes mesures de confinement durant la pandémie de Covid. Victime de disparition forcée, il aurait été condamné à neuf ans de prison selon des organisations de dissidents chinois. Dans ses modèles, il cite aussi Mei Shilin, 27 ans, qui a déployé des banderoles dans le Sichuan en avril. « Je n’avais pas le courage de sacrifier ma vie, comme d’autres l’ont fait », souffle M. Qi. Son parcours raconte la désillusion d’un Chinois pas forcément destiné à devenir un opposant. Né pauvre, autour de Chongqing dans les années 1980, il est l’exemple de l’accession à la classe moyenne, destin commun de nombreux Chinois. « Avant 2006, je pensais juste à avoir un logement stable et manger à ma faim… ». Après de nombreux emplois dans des usines et diverses entreprises, il parvient à s’offrir une vie décente grâce au commerce en ligne et à acheter un appartement à Pékin. Graduellement, sa conscience politique commence à se forger. « J’ai toujours détesté la pratique du guanxi (piston), où il faut entretenir des relations avec les dirigeants pour réussir, donner des cadeaux. (…) Après les Jeux Olympiques en 2008 et notre adhésion à l’OMC (Organisation Mondiale du Commerce), nous avions plus de contact avec la communauté internationale et certaines valeurs comme les droits de l’homme ». Des critiques latentes, un agacement face à la propagande qu’il lit dans les ...
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  • Indonésie: Prabowo fragilisé par un mouvement de colère
    2025/09/05
    En Indonésie, la plus grande nation de l’Asie du Sud-Est, le calme précaire règne dans les rues, quadrillées par l’armée et la police déployées en force pour réprimer un mouvement de contestation. Au moins dix personnes ont été tuées, vingt sont toujours portées disparues, et au moins 3 000 manifestants ont été arrêtés. Chômage, emplois précaires, inégalités sociales, les causes pour ces troubles sont profondes. Mais à l’origine, ce sont des privilèges accordés aux députés qui ont déclenché la colère. Comment accepter qu’un député ait droit à cinquante millions de roupies soit 2 600 euros par mois pour se loger, alors que le salaire minimum à Jakarta est dix fois moindre ? C’est contre cette indemnité jugée excessive que des milliers d’étudiants ont manifesté devant le parlement à Jakarta le 25 août. Mais trois jours plus tard, le mouvement pacifique bascule dans la violence, lorsqu’un véhicule blindé de la police fauche un chauffeur de moto-taxi, lui roule dessus et le tue. « Tout acte violent déclenche la colère violente » La vidéo de cette mort brutale enflamme les réseaux sociaux et choque l’opinion publique. Le pays s’embrase. Jets de cocktails Molotov, des résidences d’élus, un parlement local et des commissariats incendiés, c’est le chaos qui s’installe dans plus de cinquante villes. Affan Kurniawan, le jeune conducteur tué, devient le symbole de cette contestation, et le vert fluo de son blouson, celui des trois millions de livreurs, est depuis la couleur du mouvement. « Il a été tué sous les yeux de la foule et des caméras, tout acte violent déclenche la colère violente », commente le chercheur français d’origine indonésienne Anda Djoehana Wiradikarta. Il comprend la colère des manifestants : « C’est révélateur de la manière dont on traite les petits gens, c’est la manière dont ça se passe pour les plus démunis, avec les coupes dans l’éducation et la santé, rien ne s’arrange pour les plus démunis ». Aanda Djoehana Wiradikarta prédit que la situation ne se calmera pas, tant que le président Prabowo Subianto n’a pas satisfait les revendications des manifestants, à moins qu’il n’instaure un climat de peur. Même si dans un geste d’apaisement, Prabowo Subianto a annulé l’indemnité pour les députés, c’est par la peur qu’il tente de reprendre le contrôle. Il a qualifié les manifestants de « traîtres » et de « terroristes », en donnant l’ordre à la police d’agir avec fermeté. Résultat : au moins dix personnes sont tuées, vingt sont toujours portées disparues, et au moins 3 000 manifestants ont été arrêtés. « La goutte qui a fait déborder le vase » « La mort du chauffeur de moto-taxi, un métier proche des Indonésiens ordinaires, est juste la goutte qui a fait déborder le vase. Les gens sont déçus et furieux depuis longtemps, estime Wyria Adiwena, directeur adjoint de l’ONG Amnesty International basé à Jakarta, l’inégalité augmente, des emplois décents sont rares, les impôts sont en hausse. Et la population n’est pas dupe, elle voit comment la police est utilisée pour réprimer la contestation. Au lieu de chercher le dialogue, le gouvernement répond par le gaz lacrymogène et des canons à eau ». Malgré les heurts, après avoir annulé son voyage dans un premier temps, le président a tenu à aller à Pékin pour assister à la parade militaire mercredi, 3 septembre. Une façon de montrer à son grand investisseur, la Chine, que le calme est revenu et qu’il contrôle la situation. Mais le président Prabowo marche sur une corde raide. L’ex-général est déjà très critiqué pour avoir autorisé les militaires à occuper des postes civils, alors que le chômage est en hausse. Là, le président s’enfonce dans sa pire crise depuis son arrivée au pouvoir en octobre 2024. À lire aussiIndonésie: une ONG fait état de dix morts à la suite des affrontements entre la police et les manifestants
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  • Thaïlande: après la destitution de la Première ministre, le royaume toujours dans le flou
    2025/09/04

    Direction la Thaïlande, où moins d’une semaine après la destitution de la Première ministre Paetongtarn Shinawatra, le Premier ministre par intérim a demandé la dissolution de l’Assemblée. Une décision qui intervient alors que le principal parti d’opposition, le Parti populaire, a choisi de soutenir le candidat du parti conservateur Bhumjaithai pour diriger le pays.

    De notre correspondant à Bangkok,

    Pourquoi cette dissolution ?

    C’est une décision qui s’inscrit dans un climat de turbulences politiques, auxquelles la Thaïlande est habituée. Vendredi dernier, la Première ministre Paetongtarn Shinawatra a été destituée par la Cour constitutionnelle pour violation des règles d’éthique. Depuis, son parti qui était au pouvoir, le Pheu Thai, est fragilisé. Car il n’a plus la majorité à l’Assemblée pour désigner le futur Premier ministre et gouverner. Et après deux jours de négociations tous azimuts, le principal parti d’opposition, le Parti du Peuple, a annoncé hier qu’il se rangeait derrière le parti conservateur Bhumjaithai, ex-allié du Pheu Thai. C’est ce basculement, donc, qui a poussé le Premier ministre thaïlandais par intérim Phumtham Wechayachai à engager une procédure de dissolution de l’Assemblée.

    À lire aussiThaïlande: le Premier ministre par intérim lance une procédure de dissolution du Parlement

    Cette procédure de dissolution a du plomb dans l’aile…

    C’est une mesure qui a beaucoup fait débat sur sa validité juridique, parce qu’un gouvernement par intérim n’avait encore jamais demandé la dissolution de l’Assemblée. Hier soir, la presse locale a même révélé que la demande de dissolution, censée être approuvée par le roi, avait été rejetée. De son côté, l’Assemblée a fixé à demain la nomination du nouveau Premier ministre. Et sauf retournement de dernière minute (par ailleurs possible en Thaïlande), c’est Anutin Charnvirakul, chef de file du Bhumjaithai, qui devrait l’emporter grâce au soutien décisif des élus du Parti du Peuple.

    Un soutien toutefois conditionnel : le Parti du Peuple, qui a déclaré qu'il resterait dans l’opposition, a demandé au Bhumjaithai que l’Assemblée soit dissoute dans les quatre mois et que soit organisé un référendum pour une nouvelle constitution.

    Comment réagissent les Thaïlandais ?

    Les avis sont très partagés. Certains estiment que le soutien du Parti du Peuple au Bhumjaithai, un parti associé à la junte militaire il y a quelques années, constitue une véritable trahison. Pour rappel, le Parti du Peuple, à l’époque sous un autre nom, avait remporté les législatives de 2023 sur un programme progressiste, contre le pouvoir militaire et en faveur d’un changement de système. Raison pour laquelle les tenants du pouvoir l’avaient empêché de gouverner. D’autres Thaïlandais, en revanche, se montrent plus compréhensifs, et considèrent que le Parti du Peuple n’avait pas d’autre choix pour éviter une impasse politique, qui aurait pu fragiliser davantage le pays, voire ouvrir la voie à un nouveau coup d’État. Et ça, les Thaïlandais n’en veulent clairement plus.

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  • À Pékin, face aux présidents russe et chinois, Kim Jong-un met en scène sa diplomatie
    2025/09/03

    La visite de Kim Jong-un à Pékin marque la première fois en 66 ans que la Russie, la Chine et la Corée du Nord sont présentes au même événement. Première rencontre multilatérale pour Kim Jong-un, venu la veille de Pyongyang en train. Le leader nord-coréen s'est affiché ce matin à Pékin aux côtés des présidents russe et chinois.

    De notre correspondant à Séoul,

    La délégation nord-coréenne a été mise en avant par le pouvoir chinois

    Effectivement, Kim Jong-un a été aperçu à l'avant du cortège des invités avec Vladimir Poutine, aux côtés de Xi Jinping. Les trois hommes discutent avant de s'asseoir au premier rang pour regarder la parade militaire.

    Si Kim Jong-un n'est pas venu seul, accompagné de sa fille Kim Ju-ae et de certains de ses ministres, le personnel militaire lui n'a pas été convié. Cela pourrait faire penser que la Chine souhaite, en apparence du moins, respecter les sanctions internationales qui pèsent sur le régime et interdisent le déplacement de militaires à l'étranger.

    Russie, Chine et Corée du Nord au premier plan, un sommet entre les trois hommes est-il possible ?

    D'après les observateurs, les chances d'une telle rencontre sont minces. Si les trois chefs d'État s'affichent ensemble, ce serait plutôt pour une donner l'image d'une solidarité tripartite à l'image de celle durant la Guerre Froide, mais un véritable sommet à trois enverrait un mauvais signal à la communauté internationale.

    Cependant il est fort possible que Kim Jong-un rencontre séparément Vladimir Poutine et Xi Jinping dans deux sommets bilatéraux. L'objectif pour Kim Jong-un est d'élargir sa diplomatie au-delà de Moscou avec laquelle il s'est engagé contre l'Ukraine en restaurant des relations avec Pékin après plusieurs années où elles se sont fortement dégradées.

    Si la Corée du Nord est présente à Pékin, la Corée du Sud l'est aussi…

    Oui, bien que le président sud-coréen Lee Jae-myung ait été invité, il a choisi d'être représenté par le président de l'assemblée nationale Woo Wonsik, deuxième personnage politique du pays. Un moyen d'être amical avec la Chine sans trop se mettre à dos les États-Unis. Néanmoins, Woo Wonsik a été aperçu bien à l'arrière du cortège des invités, là où Kim Jong-un se trouvait à l'avant, la priorité n'est visiblement pas à la Corée du Sud.

    Une rencontre officielle entre les deux hommes paraît difficile selon les renseignements sud-coréens mais Woo Wonsik espère avoir l'occasion de parler avec le leader nord-coréen pour discuter de la paix sur la péninsule coréenne.

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  • L’Afghanistan appelle à l’aide internationale pour faire face aux conséquences du séisme
    2025/09/02

    Le bilan s’alourdit en Afghanistan au fur et à mesure que les secours parviennent à atteindre les zones les plus isolées des provinces de Nangarhar et de Kounar où se trouvait l’épicentre du séisme survenu dimanche 31 août : alors que les autorités évoquent le chiffre de plus de 900 morts, le Croissant rouge afghan avance celui de 1100 décès tandis que l’ONU parle de son côté de centaines de milliers de victimes potentielles. Les talibans, isolés sur la scène internationale, ont vu de nombreux financements humanitaires se réduire et le manque de moyens se fait sentir sur le terrain.

    « Des hélicoptères pour venir chercher les morts et les blessés ». Dans une vidéo de la fondation Qamar, une ONG germano-britannique travaillant en Afghanistan, un homme ayant perdu une partie de sa famille espère voir l’aide arriver par le ciel. Dans ces régions inaccessibles où les routes ont été ensevelies par les glissements de terrain qui ont suivi les secousses, compter les morts et sortir les survivants des décombres est une mission presque impossible sans hélicoptère. Or, d’après un responsable d’une ONG sur place, leur nombre est largement insuffisant : certaines équipes ont marché plus de quatre heures pour arriver dans un village dévasté.

    « La question des abris est la priorité absolue »

    Dans les montagnes, certains villages où les logements sont en cailloux ou en terre battue ont été entièrement emportés. Dans d’autres, les enterrements se succèdent, après une nuit passée sans abri. « Nous avons besoin de tentes. La question des abris est la priorité absolue pour la population », assure Babar Baloch, porte-parole de l’UNHCR (Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés). « Où peuvent-ils vivre ? » interroge de son côté Juma Khan Nael, directeur de l’information pour le Croissant-Rouge Afghan. Les moyens des talibans sont limités face à l’ampleur de la catastrophe, comme en témoigne cet appel à l’aide internationale.

    « Nous avons besoin d'une aide extérieure, les infrastructures et les ressources disponibles en Afghanistan ne suffisent pas, explique Babar Baloch. Nous avons besoin de dons de gouvernements du monde entier, mais malheureusement beaucoup d'entre eux ont réduit leur part d'aide humanitaire. Il faut que cela change, que ces financements reviennent. » Selon Reuters, l’aide humanitaire internationale estimée à 3,8 milliards de dollars en 2022 est passé à 767 millions cette année. Une chute drastique justifiée par les nombreuses violations des droits de l’homme et surtout des femmes par les talibans. Mais pour le porte-parole de l’UNHCR, l’urgence humanitaire prime sur la situation.

    À lire aussiAfghanistan: le bilan du séisme qui a secoué l'est du pays continue de s'alourdir

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  • Démonstration de force à double détente en Chine
    2025/09/01

    Une démonstration de force diplomatique d’abord, avec le sommet de l’Organisation de coopération de Shanghai à Tianjin, près de Pékin. Militaire ensuite, avec la grande parade prévue ce mercredi dans la capitale. Une semaine orchestrée par Xi Jinping pour projeter une image de stabilité… dans un monde en plein bouleversement.

    Avec notre correspondante en Chine, Clea Broadhurst

    Pékin veut envoyer un message clair : le centre de gravité du monde peut bouger. Plus de vingt dirigeants à Tianjin, un record pour l’OCS, et pas seulement des proches de la Chine : il y avait aussi des partenaires des États-Unis, comme l’Égypte ou la Turquie.

    Pour la Chine, c’est l’occasion de dire : « face à l’unilatéralisme américain, voilà un autre modèle ». Xi Jinping parle même de « refuser l’esprit de guerre froide, les confrontations de camps et les comportements de harcèlement » — un message directement adressé à Washington.

    Il veut incarner une puissance stable, un leader du Sud global. Et pendant que les États-Unis multiplient les tensions commerciales, la Chine se pose en alternative.

    L’Inde joue le jeu

    Narendra Modi a fait le déplacement, pour la première fois depuis sept ans. C’est un geste fort. Xi parle de « danse du dragon et de l’éléphant ». Officiellement, on veut tourner la page des tensions frontalières.

    Mais en réalité, la relation reste fragile et chacun défend ses intérêts : Pékin et New Delhi restent rivaux en Asie. Ce rapprochement est surtout tactique. Tous deux sont visés par des sanctions américaines, et veulent montrer qu’ils ont des options.

    Que prépare Pékin pour la parade de mercredi?

    Une mise en scène millimétrée de sa puissance militaire. La parade marque les 80 ans de la fin de ce que Pékin appelle la Guerre de Résistance contre les Japonais – mais le message est tourné vers l’avenir.

    À l’intérieur, on veut affirmer que ça ne se reproduira pas : l’armée chinoise est désormais prête, moderne, dissuasive.

    À l’extérieur, Pékin rappelle qu’elle a joué un rôle clé pendant la Seconde Guerre mondiale – rôle que l’Occident, selon elle, sous-estime. Là encore, un parallèle avec la Russie, elle aussi en quête de reconnaissance.

    Vladimir Poutine sera là. Kim Jong-un aussi. Une image forte, soigneusement calculée.

    Un bloc face à l’Occident?

    Pas un bloc militaire comme l’OTAN. Plutôt une galaxie d’alliés, un réseau de pays du Sud global. Avec l’OCS, qui réunit près de la moitié de la population mondiale, la Chine veut incarner une autre forme de coopération : moins occidentale, plus orientée vers les pays en développement.

    Xi Jinping insiste sur la « Shanghai Spirit », cet esprit de solidarité entre pays non-alignés, et appelle à « continuer à avancer malgré le chaos international », pour « assurer le développement et la sécurité des États membres ».

    Pékin s’affiche comme moteur du multilatéralisme, contre les sanctions et la domination américaine. Mais derrière les sourires, les intérêts sont souvent divergents. Ce sommet est encore loin d’être un front uni.

    Mais en termes d’image, la Chine a incontestablement marqué des points cette semaine.

    À écouter aussiSommet de l'OCS à Tianjin: «C'est pour retisser des liens entre puissances non occidentales» estime A. Kateb

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  • États-Unis, Inde, Australie, Japon: le «Quad» cherche à parer la dominance de la Chine
    2025/07/04
    La domination de la Chine sur les minéraux stratégiques, essentielles pour la fabrication de voitures électriques ou de microprocesseurs, a de quoi inquiéter les Etats-Unis, le Japon, l'Inde et l'Australie. Les quatre pays, réunis dans l’alliance « Quad », se sont engagés à y remédier et garantir un approvisionnement stable, lors d’une réunion à Washington le mardi 1er juillet. Le communiqué final n’en fait aucune mention, mais comme souvent dans ce dialogue à quatre, la Chine était l’éléphant dans la pièce, lorsque le secrétaire d’État américain Marco Rubio a accueilli ses homologues, renouant avec l'Asie après un début de mandat accaparé par les guerres en Ukraine et au Moyen-Orient. Le géant asiatique, qui a le quasi-monopole pour la production des terres rares, est directement pointé du doigt par le Quad : « La dépendance à l'égard d'un seul pays, pour le traitement et le raffinage des minéraux critiques et la production de produits dérivés, expose nos industries à la coercition économique, à la manipulation des prix et aux perturbations de la chaîne d'approvisionnement », estiment les États-Unis, l’Australie, l’Inde et le Japon. Les ministres ont décidé de lancer une initiative commune visant à assurer la sécurité et la diversification des chaînes d'approvisionnement. Sans donner de détails sur comment ils comptent parer la dominance chinoise dans ce secteur stratégique, ils ont clairement indiqué que l'objectif était de réduire la dépendance à l'égard de la Chine. À lire aussiMétaux critiques: Pékin accentue la pression sur Washington Les quatre ne veulent pas rester cantonnés aux questions de sécurité Cela correspond à la volonté américaine d’élargir ce cercle de discussion à l’économie et au commerce, pour ne pas rester cantonné aux questions de sécurité, notamment dans l’Indopacifique, d’autant que des divergences de vue existent dans ce domaine. S’ils observent tous avec une certaine nervosité les agissements expansionnistes de la Chine dans l’Indopacifique, ils ne partagent pas le même point de vue quand il s’agit de la guerre en Ukraine ou du conflit entre l’Iran et Israël. La déclaration finale met d’ailleurs ces autres conflits sous le tapis, pour la simple raison que l’Inde ne souhaite pas froisser la Russie, avec laquelle elle a des relations économiques et militaires importantes et que l’Inde aussi bien que le Japon ont tous les deux des relations cordiales avec l’Iran, contrairement aux États-Unis. La politique tarifaire de Donald Trump divise les alliés D’autres frictions existent, notamment sur la politique tarifaire de Donald Trump. Les droits de douanes n’ont épargné aucun des trois pays partenaires. Un exemple : le Japon. Depuis l’échec d’un 7ᵉ round de négociations, Trump a durci le ton. « Ils ne prennent pas notre riz, alors qu’ils font face à une pénurie massive de riz », s’est énervé le président américain récemment. Il menace le Japon de frais de douanes allant jusqu’à 35 %. Quant à l’Australie, c’est plutôt l’annonce de Trump d’un réexamen de l’accord AUKUS scellé entre le Royaume-Uni, l’Australie et les États-Unis qui inquiète, car cela met en question l’achat de sous-marins américains à propulsion nucléaire par Canberra, raison pour laquelle l’Australie s’était mise à dos Paris, en rompant un important contrat. À lire aussiAustralie: le questionnement américain sur le partenariat stratégique Aukus inquiète Canberra L’Inde aussi a des raisons d’être mécontente des premiers mois du mandat Trump. Le président américain s’était vanté d’avoir joué un rôle de faiseur de paix en scellant une trêve entre New Delhi et Islamabad en mai dernier, à la suite d'une attaque terroriste au Cachemire que les deux pays se disputent. Mais l’Inde réfute l’idée que c’est grâce à Trump que les armes se sont tues. Même si la crainte de la Chine les unit, on est encore loin d’une lune de miel entre le Japon, l’Inde, l’Australie et les États-Unis et donc du Quad.
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  • Lovebugs: la Corée du Sud face à une invasion d'insectes
    2025/07/03

    Depuis quelques années, les « lovebugs », une espèce de mouche venue des États-Unis, se répandent dans Séoul et sa banlieue et le phénomène s'intensifie chaque année. Des millions d'insectes qui se reproduisent en ce début d'été et deviennent une véritable nuisance pour les habitants.

    Avec notre correspondant à Séoul, Célio Fioretti

    Le réchauffement climatique est responsable de la prolifération de cet insecte. En effet, les lovebugs sont originaires d'Asie du Sud, des zones au climat plutôt tropical, normalement bien différent de celui de la Corée.

    Mais le réchauffement climatique bouleverse le climat coréen qui devient de plus en plus chaud et humide, similaire à celui d'Asie du Sud. Et c'est ainsi que depuis 2022, le début d'été coréen est devenu propice à la reproduction des lovebugs.

    Pour l'instant, seul le nord-est du pays est touché, principalement la capitale, Séoul, et sa banlieue, mais l'invasion s'étend et pourrait toucher d'autres régions.

    Une espèce invasive dont les villes peinent à se débarrasser dans les quartiers résidentiels

    Cette habitante de Séoul, excédée, partage sa méthode pour les tuer : « On utilise un insecticide, un produit pour tuer les cafards. Les autres produits, ça ne les tue pas. Donc, il faut vaporiser celui-là, et quand ils se posent, on les frappe avec une tapette à mouches. Ça les écrase, ils se collent aux murs. On fait comme ça. »

    Des insectes qui ne sont pas dangereux mais envahissants

    Les habitants sont à bout de nerf face à ces insectes qui recouvrent les jardins, les terrasses et les parcs. Si les lovebugs ne transmettent pas de maladie, ne piquent pas et ne détruisent pas les plantes ou la faune environnante, ils sont simplement considérés comme nuisibles, car envahissants.

    La mairie de Séoul ne recommande pas d'utiliser les insecticides, inefficaces et dangereux à la fois pour les autres insectes et les humains. Pour les scientifiques, l'invasion de lovebugs présente un intérêt écologique même, puisque leurs larves fertilisent les sols et pollinisent les plantes. Un argument toutefois difficile à faire entendre à des habitants...

    À lire aussiCorée du Sud: le réchauffement climatique fait pousser les fruits tropicaux

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