エピソード

  • Nadia Comăneci, la liberté prend la barre
    2025/06/15

    Dans un album au graphisme fortement influencé par le manga, Clem et Marjolaine Solaro racontent l’incroyable destin de « la petite fée » des Jeux Olympiques de 1976.

    Le 18 juillet 1976 est une date-clé dans l’histoire de la gymnastique olympique. Devant le public du Forum de Montréal (Canada) et les téléspectateurs du monde entier, une jeune Roumaine de 14 ans obtient un 10 sur 10 à l’épreuve par équipe des barres asymétriques. Une note révélée à l’issue de longues secondes de suspense : les tableaux lumineux n’avaient pas anticipé une telle perfection, ils affichèrent alors au-dessous du numéro de dossard, de la compétitrice -73-, une note de 1.00. Le temps de réaliser que la note en question était bien un 10, et cette adolescente entre aussitôt dans la légende : c’est en effet une première dans l’histoire des Jeux Olympiques. Au total, elle remporte sept 10 sur 10 et cinq médailles : trois en or au concours général, aux barres asymétriques et à la poutre ; une en argent au classement par équipe ; et une en bronze aux exercices au sol. Une performance tout simplement exceptionnelle.

    La jeune fille en question s’appelle Nadia Comăneci. Et c’est son incroyable destin que racontent la romancière et scénariste Marjolaine Solaro - elle-même ancienne gymnaste et voltigeuse équestre de haut niveau- et CLEM, auteur de bande dessinée fasciné par le manga dont l’influence graphique se ressent dans chacune des cases.

    Un destin à la fois personnel, mais aussi politique, car il s’inscrit pleinement dans l’histoire de la seconde moitié du XXè siècle : en 1976, la guerre froide fait rage entre les deux blocs, l’Ouest capitaliste dominé par les États-Unis et l’Est communiste dominé par l’URSS. La Roumanie est l’un des satellites de l’Union Soviétique, et le dirigeant roumain, le Conducator Nicolae Ceaucescu comprend tout de suite quel parti lui-même et son régime peuvent tirer de la performance de Nadia Comăneci. La jeune fille est donc à la fois récompensée et placée sous étroite surveillance de la police secrète roumaine, la Securitate.

    La bande dessinée relate à la fois l’enfance et l’ascension de la jeune Nadia - sous la férule d’un couple d’entraîneurs inflexibles, Bela et Marta Karolyi - ; les hauts et les bas d’une vie indexée sur la recherche de performance à tout prix ; le poids de la pression qui peut aider à se surpasser, mais qui fait parfois craquer ; et la récupération politique. Mais l’album insiste aussi sur les aspirations de l’héroïne à la liberté, vis-à-vis de ses mentors successifs, mais aussi vis-à-vis de la chape de plomb de la dictature communiste : de passage à New York en 1981, Nadia rate l’occasion de faire défection en marge d’une compétition. 8 ans plus tard, dans la nuit du 27 au 28 novembre 1989, elle parvient à franchir clandestinement la frontière hongroise, et se retrouve le 1er décembre sous les flashes, à son arrivée à l’aéroport JFK de New York. Commence alors sa deuxième vie, qui la verra notamment épouser le gymnaste américain Bart Conner.

    Nadia Comăneci, de Marjolaine Solaro et Clem, est publié aux éditions Glénat.

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    20 分
  • «Les Loups de Tanger», l’étoffe de l’héro
    2025/06/14

    Dans son premier roman, l’historien, écrivain et critique littéraire Jacques de Saint Victor raconte les prémisses de la French Connection dans les années 50.

    Jacques de Saint Victor, écrivain, universitaire et critique au Figaro Littéraire, est un spécialiste des mafias. En témoignent plusieurs de ses précédents ouvrages, notamment Un pouvoir invisible (Gallimard, 2012) qui lui a valu le prix de l’essai de l’Académie française.

    Les Loups de Tanger est son premier roman. Il nous plonge dans la Méditerranée des années 50, en commençant par Tanger, en 1953, une magnifique ville portuaire ouverte sur le détroit de Gibraltar, qui attirent les milliardaires, les intellectuels mais aussi gangsters et trafiquants attirés par le statut spécial de port franc, en marge du protectorat français sur le Maroc depuis 1923.

    C’est là que commence l’enquête des deux héros du livre : Max, un reporter chevronné qui travaille pour un magazine à succès, et son assistant Théo, un étudiant en droit qui étudie la piraterie et la baraterie, deux thématiques qui leur seront fort utiles. Le point de départ du reportage est en effet une affaire de piraterie touchant un cargo, le Combinatie, impliqué dans un trafic de 2 700 caisses de cigarettes blondes américaines. Un acte que l’un des informateurs de Max a signalé comme cachant « un grand coup ».

    L’écrivain met en scène de très nombreux personnages parmi lesquels de grands noms du banditisme corso-marseillais, mais aussi italien et américain, dont les noms appartiennent à l’histoire du milieu. Parmi eux, le légendaire Lucky Luciano (souvent considéré comme l’un des plus grands noms du crime organisé aux États-Unis, mais retiré à Naples), les non moins célèbres frères Guérini, Monsieur Jo (Joseph Renucci, le « capitaine des Corses) son adjoint Erwan (« Le Bosco) et son associé Marcel (Marcel Francisi, ancien de la France Libre et élu gaulliste en Corse), le truand marseillais Nick Venturi -longtemps proche du maire socialiste de Marseille Gaston Defferre, ou Antoine Paolini alias Planche. Toute une galerie de personnages aux portraits brossés avec truculence par l’écrivain dans ce roman palpitant, qui mélange la réalité et la fiction.

    La deuxième partie du roman se déroule en Corse, dans la région d’Ajaccio, où Théo va se retrouver mêlé à une délicate affaire de vendetta, quand il va retrouver celle dont il est tombé amoureux fou, sublime Corse à la peau mate et au grand sourire, qu’il a rencontrée lors de son enquête tangéroise, alors qu’elle était serveuse au Venezia, un restaurant de luxe où de nombreux truands avaient leur rond de serviette.

    Peu à peu, de chapitre en chapitre, les deux héros de Jacques de Saint Victor mettent ainsi au jour les prémisses de la plus grande organisation française de trafiquants de drogue -d’héroïne- de l’histoire : la French Connection. Une entreprise savamment rodée.

    Les Loups de Tanger, Jacques de Saint Victor (Calmann-Lévy).

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    20 分
  • En Gambie, des pêcheurs dans une mauvaise passe
    2025/06/08

    L’album de bande dessinée Les poissons, eux, ne pleurent pas… de Laurent Galondon & Jean-Denis Pendanx (Éditions Daniel Maghen) raconte, à travers le destin d’une famille, les dégâts écologiques et économiques infligés à une communauté de pêcheurs par une usine chinoise implantée à Gunjur (Gambie).

    Rares sont les albums de bande dessinée qui partagent aux lecteurs la réalité de la vie quotidienne en Gambie. Le plus petit pays d’Afrique continentale, quasiment enclavé dans le Sénégal, à l’exception de son littoral atlantique, de 80 km est pourtant au cœur de ce récit graphique inspiré de faits, de lieux et de situation réels.

    L’histoire est née d’un séjour en immersion des deux auteurs, le scénariste Laurent Galandon et le dessinateur Jean-Denis Pendanx à l’Alliance française de Banjul, et nous emmène à Gunjur, à une cinquantaine de kilomètres de la capitale gambienne.

    C’est là qu’en 2016 la société chinoise Golden Lead (rebaptisée Silver Lead dans l’album) a implanté une usine de fabrication de farine de poisson. Une arrivée qui a fait augmenter le coût du poisson pour les locaux, et entrainé une raréfaction de la ressource halieutique, les petits pêcheurs locaux étant de plus en plus concurrencés par les gros navires de pêche, mais aussi en raison des déchets toxiques qui se retrouvent dans l’eau. Sans parler des mauvaises odeurs et de la qualité de l’air.

    Tous ces effets néfastes nourrissent les péripéties de cet album savoureusement intitulé Les poissons, eux, ne pleurent pas…, un titre qui fait référence à un slogan entendu lors d’une manifestation de riverains de l’usine.

    Les deux auteurs mettent en scène le destin d’une famille criblée de dettes et directement impactée : le père Bakary est pêcheur sur sa pirogue ; la mère Maryam cultive des légumes dans un jardin partagé que la compagnie propriétaire de l’usine projette de racheter ; leur fille Hadja a de plus en plus de difficultés à respirer en raison des rejets de l’usine ; quant au jeune Ismaïla, si sa passion pour le football et son envie de devenir journaliste sportif l’ont toujours accompagné, il va devoir monter en première ligne pour lutter contre la pollution et l’injustice qui menacent sa famille.

    Parmi les autres personnages, il y a aussi la jeune Adama qui milite au sein d’une organisation écologiste qui organise des ramassages de déchets sur la plage, et deux hommes plus ambigus : l’oncle Ousman et Biram, un étrange bonhomme à l’allure un peu louche.

    À la fin de l’album, un cahier graphique propose aux lecteurs une série de croquis réalisés à Gunjur par Jean-Denis Pendanx, et des photos prises sur place par Laurent Galandon.

    Les poissons, eux, ne pleurent pas…, Laurent Galandon & Jean-Denis Pendanx (Éditions Daniel Maghen).

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    20 分
  • Jean Gaumy, mer des hommes
    2025/06/07

    Au Musée National de la Marine (Paris-Trocadéro) jusqu’au 17 août 2025, l’exposition « Jean Gaumy et la mer » raconte à travers quelque 150 tirages, la mer et les gens de mer à hauteur d’hommes et de femmes.

    « Photographier c’est comme pêcher ou écrire. C’est sortir de l’inconnu qui résiste et refuse de venir au jour ». Cette citation de Jean Gaumy est écrite au frontispice de l’exposition que nous propose le Musée National de la Marine jusqu’au 17 août : 150 clichés issus des collections de la Médiathèque du patrimoine et de la photographie (MPP) signés Jean Gaumy, membre de l’agence Magnum Photos, de l’Académie des beaux-arts et peintre officiel de la Marine.

    Le parcours fait découvrir au grand public l’intensité du regard que porte le photographe sur l’océan, sur ceux qui le parcourent, qui l’étudient, qui le bordent ou qui en vivent. Une très grande diversité de prises de vues, le plus souvent en noir et blanc, qui nous fait voyager de la Normandie au Grand Nord, de Long Island à la Mauritanie, en passant par les Caraïbes, le phare de Cordouan dans l’estuaire de la Gironde, les grands fonds – à bord de plusieurs sous-marins nucléaires de la Marine nationale française- et les deux pôles.

    On découvre notamment les filetières d’une conserverie de poissons de Fécamp, dont les chants illuminent le premier court métrage de l’artiste, « La Boucane », nominé aux Césars en 1986. Cette ville normande est devenue le port d’attache de l’artiste, qui a également documenté -entre autres- le chantier de construction du parc éolien offshore.

    Les images de Jean Gaumy racontent aussi les techniques de pêche traditionnelles comme la « Almadraba » dans la province de Cadix en Andalousie (Espagne), ou les gommiers, ces embarcations typiques de la Martinique. Il a aussi ramené des photographies qui témoignent des campagnes de pêche de grands chalutiers en haute mer. On y voit la vie de l’équipage, le matériel de pêche, les hommes en ciré pendant un coup de tabac faisant face à la fureur de l’océan, les poissons dans les filets ou sur le pont du navire, mais aussi quelques spécimens d’oiseaux de mer.

    Après la vie des chalutiers, Jean Gaumy s’est aussi intéressé à leur mort, en braquant son objectif sur ces navires attaqués par la rouille qui attendent leur démantèlement sur les rivages mauritaniens.

    Images de mort aussi quand il photographie les dégâts des marées noires qui ont souillé les côtes bretonnes : celle de l’Amoco Cadiz en 1978, ou celle de l’Erika en 1999.

    Aux photos noires de mazout succède dans l’exposition l’immensément blanc des expéditions polaires, aussi bien en Arctique qu’en Antarctique. Des paysages qui incitent à la rêverie, à la contemplation, mais aussi -et c’est le cas d’un bout à l’autre du parcours- à une très grande humilité devant la toute-puissance des océans.

    L’exposition Jean Gaumy et la mer, est à l’affiche du Musée National de la Marine jusqu’au 17 août 2025.

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    20 分
  • Pedro Cesarino, l’Amazonie entre rêves et cauchemars
    2025/06/01

    Nourri par ses travaux d’anthropologue, le deuxième roman de Pedro Cesarino raconte la beauté et la violence de l’Amazonie brésilienne d’aujourd’hui, tiraillée entre la modernité et la survivance des pratiques indigènes ancestrales.

    La couverture du livre montre un jeune garçon écarter les feuilles d’un arbre pour regarder l’horizon. L’image correspond parfaitement à une scène du nouveau roman de Pedro Cesarino. On imagine sans peine l’un des personnages observer ainsi, avec une envie teintée d’inquiétude, les gens de la ville, qui mènent une vie qu’il juge fascinante, celle de la société de consommation avec ses plaisirs et ses excès. D’un bout à l’autre du récit, on sent le racisme des Blancs vis-à-vis des Indiens, et on a l’impression de deux communautés qui vivent côte à côte, mais sans jamais réellement se comprendre, même si une prétendue « mission civilisatrice » a eu pour corollaire des coups d’alphabétisation, mais aussi bien des abus.

    Ce jeune garçon attiré par le mirage de la ville, c’est le fils de Maya, la marchande de poisson salé du village où l’auteur a choisi de placer une partie de son récit. Au fil de l’histoire, on découvre d’ailleurs plusieurs éléments du mode de vie de ce petit coin perdu dans la jungle amazonienne comme la maloca, cette grande maison communautaire qui se trouve au centre du village, ou les carbets, ces abris de bois typiques des cultures amérindiennes. À la fin du roman, un petit glossaire permet au lecteur de défricher les mots qui n’ont pas été traduits, comme le mot « paje », qui désigne un chaman amazonien.

    C’est justement sur le chaman que Maya compte pour retrouver la trace de son fils. Cette « écouteuse », « trouveuse » ou « regardeuse » s’appelle Noma. Hermaphrodite, ses pouvoirs sont immenses depuis que les « soins de maturation » lui ont été prodigués, afin de la placer sous la protection de la Lune vermeille. Pedro Cesarino, qui est aussi anthropologue et professeur à l’Université de Sao Paulo, place sa plume dans la tête, dans le cœur et dans le corps des indigènes, pour nous en faire découvrir les rituels et les pratiques ancestrales, à travers lesquelles la distinction entre la vie et la mort et entre le rêve et la réalité est parfois poreuse. Même s’il faut distinguer « le monde d’en haut » et « le monde d’en bas ».

    Noma sait établir le contact entre ces deux mondes. Noma est une figure protectrice, contrairement à bien d’autres personnages du récit. On y croise notamment les orpailleurs, pas toujours honnêtes ; les « hommes à la tronçonneuse », c’est-à-dire les forestiers qui allument des incendies et attisent la déforestation, qui travaillent à la scierie ou qui conduisent les camions géants qui transportent les grumes ; et même les trafiquants de cocaïne.

    ► Les vautours n’oublient pas, Pedro Cesarino (Rivages).

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    20 分
  • Avec Shirin Rashidian, l’Iran des mollahs se dévoile
    2025/05/25

    L’héroïne parisienne du premier roman de Shirin Rashidian Les petites révolutions d’une Française à Téhéran (Flammarion), remonte les traces de sa famille et découvre la complexité de la société iranienne.

    Lila est une vraie Parisienne qui aime faire la fête et qui croque la vie à pleines dents. Mais lorsque, en 2022, elle apprend coup sur coup qu’elle est enceinte et que son père -qu’elle n’a jamais connu- était iranien, elle saute dans un avion pour remonter ses traces, sans rien dire à sa mère Parissa, Iranienne elle aussi, exilée à Paris depuis 1981.

    À Téhéran, Lila fait enfin la connaissance de Reza, son grand-père maternel, aujourd’hui patron de restaurant, mais anciennement général dans l’armée royale, sous le régime du Shah. Le vieil homme l’accueille à bras ouverts. Petit à petit, ses souvenirs remontent. La révolution des mollahs de 1979 l’a conduit en prison, où il a failli périr. Réza raconte aussi à sa petite fille les raisons et les circonstances du départ de Parissa pour la France, où elle a refait sa vie en mettant sous le boisseau son passé iranien. Lila comprend alors pourquoi sa mère ne lui a pas transmis la culture persane, à commencer par le farsi.

    Ce premier séjour iranien est riche de découvertes pour Lila. Elle apprend à connaître la culture et le fonctionnement d’un pays plein de contrastes et pétri de contradictions, où les apparences sont souvent trompeuses, car la dissimulation peut être une affaire de survie quand on doit déjouer la surveillance sourcilleuse de la police des mœurs. Chaperonnée par Neda, la voisine de palier de son père, elle va aussi pénétrer -à ses risques et périls- le Téhéran underground et se rendre compte que derrière les portes des soirées festives et libérées permettent à la jeunesse de Téhéran d’ôter un instant la chape de plomb imposée par le régime chiite. Quand elle ne se rebelle pas dans des rassemblements ou des manifestations souvent étouffés dans l’œuf.

    Lila, éternelle séductrice, va aussi céder à son attirance naturelle pour les hommes en tombant sous le charme d’Ali, un beau ténébreux aux yeux de miel.

    Empreint de légèreté et d’une bonne dose d’humour, le roman fait des allers retours entre deux époques : 2022, le moment où se déroule l’intrigue, et la fin des années 70-début des années 80, où l’écrivaine raconte à travers ses personnages les prémices et les premières conséquences de la révolution de 1979.

    L’écriture est également pimentée par de nombreuses scènes autour de la cuisine et de la gastronomie iranienne, qui a de quoi faire saliver le lecteur, et qui permet souvent de briser la glace et d’ouvrir la boîte aux souvenirs. À la fin de l’ouvrage, les gourmands pourront d’ailleurs découvrir quelques recettes typiques, comme le ghormeh sabzi (ragoût aux herbes et citrons séchés), le zereshk polo (riz au poulet et aux épines-vinettes) et le polo tahdig (riz à l’iranienne). Un roman savoureux de bout en bout !

    Les petites révolutions d’une Française à Téhéran, de Shirin Rashidian, est paru chez Flammarion.

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    19 分
  • L’Afrique sahélienne, en vert et avec tous
    2025/05/24

    Dans l’album « Dadji, de Dakar à Djibouti » (Futuropolis), Elodie Arrault raconte sa traversée de l’Afrique de Dakar à Djibouti, le long de la Grande muraille verte (GMV). Un carnet de route illustré par les superbes aquarelles d’un autre amoureux du continent : le dessinateur Joël Alessandra.

    La Grande muraille verte pour le Sahara et le Sahel, communément appelée Grande muraille verte (GMV), vise à lutter contre les effets du changement climatique et de la désertification en Afrique, et à transformer ainsi la vie de millions d’Africains à travers une mosaïque d’écosystèmes vers et productifs, de l’Afrique du Nord à la Corne de l’Afrique en passant par le Sahel.

    Il s’agit d’une barrière végétale, d’un couloir de plantation d’arbres, de 15 km de large, qui traverse l’ensemble du continent de Dakar (Sénégal) à Djibouti en passant par 11 pays, ce qui représente quelque 11,7 millions d’hectares.

    L’idée de GMV a émergé pour la première fois en 2002 à N’Djamena (Tchad) lors de la journée mondiale de lutte contre la désertification. Endossé par les présidents sénégalais et nigérians Abdoulaye Wade et Olusegun Obasanjo, le projet a été approuvé en 2005 à Ouagadougou (Burkina Faso), lors de la 7e session de conférence des chefs de gouvernement africains de la Communauté des États Sahélo-Sahariens (CEN-SAD). Et l’initiative a été officiellement lancée en 2007 par l’Union africaine (UA) à Addis-Abeba (Éthiopie). Une nouvelle impulsion lui a été donnée en 2021 lors du One Planet Summit de 2021 à Paris (France) avec des objectifs ambitieux : restaurer, d’ici à 2030, 100 millions d’hectares de terres dégradées, créer 100 millions d’emplois en zone rurale, et séquestrer pas moins de 250 millions de tonnes de CO­­2 dans la végétation.

    À vélo, à pied avec des dromadaires ou en bus, et finalement -à son grand regret- en avion, Elodie Arrault nous fait découvrir sa traversée de l’Afrique d’ouest en est, de Dakar à Djibouti (d’où le titre de l’album Dadji, contraction du nom des deux capitales). Une épopée d’environ 8 000 km, un défi personnel et sportif, mais surtout une grande aventure humaine à travers laquelle elle est partie à la rencontre de nombreux acteurs de ce projet pharaonique.

    Citoyenne du monde passionnée par les arbres -elle a passé un diplôme d’oléiculture au Lycée agricole de Saint-Rémy-de-Provence (France)- Elodie Arrault se veut la promotrice d’une écologie joyeuse, portée par l’agroécologie, la sobriété heureuse de Pierre Rabhi et les récits du naturaliste, biologiste et explorateur humaniste Théodore Monod.

    C’est un autre amoureux de l’Afrique et de ses paysages, le dessinateur et voyageur Joël Alessandra qui prête ses talents d’aquarelliste à ce carnet de voyage pas comme les autres.

    Dadji, de Dakar à Djibouti, à la rencontre de la grande initiative verte panafricaine, d’Elodie Arrault et Joël Alessandra, est paru chez Futuropolis.

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    20 分
  • «304 jours», allégorie de la caserne
    2025/05/18

    Au Théâtre de Belleville, la pièce de Karim Hammiche raconte le service national, de la conscription au SNU à hauteur d’hommes et de femmes.

    304 jours, c’est la durée du service militaire dans la France du début des années 90. Karim Hammiche a été incorporé en 1994, moins de 3 ans avant la suppression de la conscription. Une décision annoncée par le président Chirac lors d’une allocution présidentielle prononcée le 22 février 1996, et entrée en vigueur le 1er janvier suivant.

    Ce jour-là, le chef de l’État élu depuis moins d’un an, décida, après une large concertation, de mettre fin à cette institution fondatrice de la République française. Le service national avait en effet été instauré près de deux siècles auparavant, le 5 septembre 1798. « Tout Français est soldat et se doit à la défense de son pays », disposait la loi des députés Jean-Baptiste Jourdan et Pierre Delbrel, instituant la « conscription universelle et obligatoire » pour les hommes âgés de 20 à 25 ans, l’idée étant de bâtir une armée de citoyens, quelles que soient leurs origines sociales.

    À la fin du XXè siècle, il était temps d’après l’Elysée de passer à une nouvelle étape : la professionnalisation des armées françaises. Le président de la République explique alors que la guerre moderne et les nouvelles armes technologiques nécessitent une véritable expertise, et rendent inutile le recours aux masses. Dans ce contexte nouveau, à partir du 1er janvier 1997, la défense du pays n’est plus un devoir, mais un métier.

    Si la question du retour du service militaire est récemment revenue dans le débat politique en Allemagne, peu nombreux sont en France les partisans d’un retour en arrière. Une note publiée le lundi 5 mai 2025 par le Haut-Commissariat au Plan et France-Stratégie évalue le coût d’un retour au service militaire obligatoire à quelque 15 milliards d’euros. Mais le débat reste ouvert quant à une évolution du service national, entre service national universel (SNU), service civil et service militaire. Le président Emmanuel Macron, initiateur depuis sa campagne victorieuse de 2017 du SNU, plaiderait plutôt en faveur d’une refonte du SNU.

    Le SNU est un service civil et volontaire, qui comprend des missions d’intérêt général dans des domaines variés (sécurité civile, solidarité, santé, sport, environnement, culture…). Le dispositif s’adresse aux jeunes de 16 à 17 ans scolarisés en classe de seconde, en apprentissage, jeunes actifs ou décrocheurs. Il vise trois objectifs : le renforcement de la cohésion nationale et territoriale, le développement d’une culture de l’engagement, et l’accompagnement de l’insertion sociale et professionnelle des jeunes. Il se décline en 3 phases : un séjour de cohésion, une mission d’intérêt général et un engagement volontaire. Certaines voix se sont exprimées en faveur d’un SNU obligatoire. La question n’est pas encore tranchée.

    Le spectacle de Karim Hammiche met en scène trois personnages de trois générations différentes : Ariski (Karim Hammiche), incorporé au 51è régiment des transmissions de Compiègne (Oise), un personnage largement inspiré par l’expérience de l’auteur-metteur en scène et comédien ; Lou (Iris Pucciarelli), jeune fille passée par le SNU mais qui se rend compte que s’engager plus loin ne correspond pas à ce qu’elle souhaite ; et son instructeur (Laëtitia Poulalion), qui a su trouver son équilibre en s’engageant pour la patrie.

    304 jours, texte et mise en scène de Karim Hammiche, est à l’affiche du Théâtre de Belleville jusqu’au 27 mai 2025.

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    19 分