Au Théâtre de Belleville, la pièce de Karim Hammiche raconte le service national, de la conscription au SNU à hauteur d’hommes et de femmes.
304 jours, c’est la durée du service militaire dans la France du début des années 90. Karim Hammiche a été incorporé en 1994, moins de 3 ans avant la suppression de la conscription. Une décision annoncée par le président Chirac lors d’une allocution présidentielle prononcée le 22 février 1996, et entrée en vigueur le 1er janvier suivant.
Ce jour-là, le chef de l’État élu depuis moins d’un an, décida, après une large concertation, de mettre fin à cette institution fondatrice de la République française. Le service national avait en effet été instauré près de deux siècles auparavant, le 5 septembre 1798. « Tout Français est soldat et se doit à la défense de son pays », disposait la loi des députés Jean-Baptiste Jourdan et Pierre Delbrel, instituant la « conscription universelle et obligatoire » pour les hommes âgés de 20 à 25 ans, l’idée étant de bâtir une armée de citoyens, quelles que soient leurs origines sociales.
À la fin du XXè siècle, il était temps d’après l’Elysée de passer à une nouvelle étape : la professionnalisation des armées françaises. Le président de la République explique alors que la guerre moderne et les nouvelles armes technologiques nécessitent une véritable expertise, et rendent inutile le recours aux masses. Dans ce contexte nouveau, à partir du 1er janvier 1997, la défense du pays n’est plus un devoir, mais un métier.
Si la question du retour du service militaire est récemment revenue dans le débat politique en Allemagne, peu nombreux sont en France les partisans d’un retour en arrière. Une note publiée le lundi 5 mai 2025 par le Haut-Commissariat au Plan et France-Stratégie évalue le coût d’un retour au service militaire obligatoire à quelque 15 milliards d’euros. Mais le débat reste ouvert quant à une évolution du service national, entre service national universel (SNU), service civil et service militaire. Le président Emmanuel Macron, initiateur depuis sa campagne victorieuse de 2017 du SNU, plaiderait plutôt en faveur d’une refonte du SNU.
Le SNU est un service civil et volontaire, qui comprend des missions d’intérêt général dans des domaines variés (sécurité civile, solidarité, santé, sport, environnement, culture…). Le dispositif s’adresse aux jeunes de 16 à 17 ans scolarisés en classe de seconde, en apprentissage, jeunes actifs ou décrocheurs. Il vise trois objectifs : le renforcement de la cohésion nationale et territoriale, le développement d’une culture de l’engagement, et l’accompagnement de l’insertion sociale et professionnelle des jeunes. Il se décline en 3 phases : un séjour de cohésion, une mission d’intérêt général et un engagement volontaire. Certaines voix se sont exprimées en faveur d’un SNU obligatoire. La question n’est pas encore tranchée.
Le spectacle de Karim Hammiche met en scène trois personnages de trois générations différentes : Ariski (Karim Hammiche), incorporé au 51è régiment des transmissions de Compiègne (Oise), un personnage largement inspiré par l’expérience de l’auteur-metteur en scène et comédien ; Lou (Iris Pucciarelli), jeune fille passée par le SNU mais qui se rend compte que s’engager plus loin ne correspond pas à ce qu’elle souhaite ; et son instructeur (Laëtitia Poulalion), qui a su trouver son équilibre en s’engageant pour la patrie.
304 jours, texte et mise en scène de Karim Hammiche, est à l’affiche du Théâtre de Belleville jusqu’au 27 mai 2025.