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L'art de raconter le monde

L'art de raconter le monde

著者: RFI
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このコンテンツについて

Jean-François Cadet raconte avec des mots et avec des sons comment – à travers leurs œuvres – les écrivains, les dessinateurs et scénaristes, les metteurs en scène, les comédiens, les cinéastes, les plasticiens ou les musiciens se font l’écho des soubresauts, des débats, des grandes figures et des tendances du monde d’hier, d’aujourd’hui, et peut-être de demain. Réalisation : Antonin Duley. (Diffusions toutes cibles : le samedi et le dimanche à 18h40 TU).

France Médias Monde
社会科学
エピソード
  • L’Indochine en toutes lettres et entre les lignes
    2025/09/07

    À travers les dires et les non-dits de la correspondance entre un officier de la guerre d’Indochine et son épouse restée en Lorraine, Adrien Genoudet exhume les fantômes de l’Histoire et d’une famille.

    L'áo dài est une robe traditionnelle vietnamienne. Et c’est cet objet, retrouvé dans une tombe dans un cimetière de Lorraine, qui est le point de départ du nouveau roman d’Adrien Genoudet : c’est parce que Simone, la fille de la défunte, trouve cette tunique magnifique, qu’elle va l’envoyer – une fois sa mère incinérée – à un de ses amis, le narrateur du roman. Simone accompagne le vêtement d’un vieux carton. À l’intérieur, un paquet de lettres retrouvées au fond d’un placard. L’étiquette qui figure sur le carton porte l’inscription « Nancy-Saïgon » : c’est elle qui donne son titre au livre.

    À partir de cette correspondance entre Simone et son mari Paul, le narrateur, reclus dans son studio du quartier asiatique du XIIIe arrondissement de Paris, relate le parcours de ce mari et de cette épouse éloignés de près de 10 000 km par la guerre d’Indochine (1946-1954).

    C’est en 1949 que le lieutenant Paul Sanzach embarque sur le Pasteur, un ancien paquebot de luxe reconverti dans le transport de troupes, gavé de soldats et de munitions. Départ de Marseille, arrivée au cap Saint-Jacques, ville de garnison et point stratégique pour les Français.

    Sur le bateau, le jeune officier remarque un étrange personnage, un gamin de la campagne, cible des brimades, des moqueries et même des coups de ses camarades. Un être dont la jeunesse, la maladresse et l’apparence timorée le touche : à son arrivée, il en fera son ordonnance.

    À lire aussiLa Révolution d’août 1945 : la naissance du Vietnam contemporain

    Les deux hommes et leurs camarades rejoignent le poste de Co May, camp aux allures de hérisson érigé au milieu des rizières. Avec une mission : tenir, quoi qu’il en coûte, face au risque d’attaque du Viêt-Minh. À l’atmosphère lourde et moite du climat s’ajoute la peur de la chaleur, de la dysenterie et des autres maladies, et bien évidemment la peur de la mort, exacerbée lorsque la troupe part en opération au cœur d’une jungle hostile.

    Adrien Genoudet porte un regard sans complaisance sur le comportement de la troupe : la camaraderie virile, lourdingue et de circonstance, les beuveries et les dérives des soldats, shootés à l’opium et contaminés par les maladies vénériennes à force de fréquenter les bordels. Il n’épargne pas au lecteur les horreurs de la guerre : les interrogatoires musclés, les embuscades et les escarmouches, mais aussi la boucherie lorsque les mines explosent ou qu’il faut laisser sur place les cadavres, sans prendre le temps de leur offrir une sépulture décente.

    Ce qui frappe le narrateur – et à travers lui le lecteur – ce sont aussi les mensonges et les non-dits de la correspondance entre Paul et Simone : pour rassurer ou ne pas inquiéter l’autre, mais aussi parfois parce que l’on refuse de voir la vérité en face. Un autre stigmate du passé colonial français en Indochine.

    Nancy-Saïgon, d’Adrien Genoudet (Seuil)

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    19 分
  • Face au Covid, médecin de corps et d’esprit
    2025/09/06

    Pour son premier « roman du réel », l’écrivain-médecin David Deneufgermain s’inspire de son propre vécu de psychiatre à l’hôpital, en cabinet et dans la rue, aux côtés des SDF pour raconter les débuts de la pandémie de Covid-19 et le premier confinement en mars 2020.

    L’adieu au visage est présenté par les éditions Marchialy comme « une première incursion dans la fiction ». Un « roman du réel » écrit par un écrivain-médecin, psychiatre de son état, qui écrit depuis longtemps dans des revues littéraires comme Che Vuoi ? ou La moitié du fourbi ou dans des publications du collectif Othon – qui comprend notamment François Bégaudeau et Joy Sorman.

    À l’origine, il y a le journal de bord que David Deneufgermain a tenu de mars à mi 2020, dans les premières semaines du premier confinement décidé par les autorités françaises pour enrayer la pandémie mondiale de Covid-19. L’auteur a vécu cette période compliquée comme individu, comme citoyen, comme père de famille, mais aussi comme médecin, et plus précisément psychiatre. Chez lui, à l’hôpital, dans son cabinet ou dans la rue, avec les autres membres de l’unité mobile qui soigne les SDF, l’auteur s’est retrouvé confronté à ses propres peurs et à celles des autres et aux consignes, obligations et interdictions édictées par l’État et les autorités de santé françaises.

    Parmi celles qui a le plus marqué le praticien, mais aussi l’être humain qu’est David Deneufgermain, les dispositions funéraires. Les recommandations du Haut Conseil à la santé publique (HCSP) du 18 février 2020 se voulaient particulièrement radicale : afin de préserver de toute contamination les professionnels et les familles, elles interdisaient les soins funéraires et la toilette mortuaire. Elles prévoyaient aussi que le corps du défunt devait être déposé dans une housse avant une mise en bière immédiate et la fermeture du cercueil sans présentation aux familles. De quoi alourdir un peu plus la douleur et compliquer le travail de deuil des proches. Des mesures allégées un peu plus d’un mois après.

    Le livre plonge le lecteur au cœur des questionnements du médecin et des autres soignants de son entourage face à l’urgence, à l’angoisse et à l’horreur. Il raconte aussi la nécessité de s’adapter à la nouvelle donne sanitaire tout en faisant preuve de toute l’humanité possible.

    David Deneufgermain raconte aussi les maraudes en ville pour venir en aide aux sans-abris que le narrateur et l’équipe du Samu social santé connaissent bien, pour la plupart et les conversations – souvent étonnantes – entre le personnage du psychiatre et ses patients, par téléphone ou par écran interposés.

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    19 分
  • En Corée du Nord, l’amour en cage
    2025/08/31

    Le nouveau roman de Nicolas Gaudemet, Nous n’avons rien à envier au reste du monde, nous fait découvrir la Corée du Nord à travers un amour impossible au parfum shakespearien.

    « Roméo et Juliette en Corée du Nord ». C’est l’inscription que les éditions de l’Observatoire ont choisi de faire figurer sur le bandeau de ce court roman (160 pages). Et force est de constater que la promesse est tenue tant les clins d’œil à la pièce de Shakespeare en rendent la lecture encore plus savoureuse.

    Rien de commun pourtant entre les amants de Vérone et ceux de Sinuiju, si ce n’est la profondeur et l’impossibilité tragique de leur amour, en raison de leur différence de milieu social. Le jeune lycéen Yoon Gi appartient en effet à une classe inférieure : sa mère travaille à l’usine et vend des produits chinois au marché noir pour gagner quelques subsides, en plus de son salaire. En revanche, les parents de la jeune et belle Mi Ran sont membres de l’élite du Parti ; son père dirige même les pêcheries de Sinuiju, ville septentrionale de la Corée du Nord, sur les bords du golfe de Corée, au bord de l’Amnok le fleuve qui sépare le pays de la ville de Dandong (province du Liaoning, nord-est de la Chine). Il a déjà choisi le futur mari de sa progéniture, un étudiant de la capitale, Pyongyang.

    Interdit est donc l’amour entre les deux personnages, d’autant écrit l’auteur, que « avoir un amoureux est proscrit hors mariage : cela peut (…) distraire de l’idéal révolutionnaire », au point que « flirter, même à l’université, ça vaut un renvoi ». Et ce n’est évidemment pas la seule interdiction dans ce pays où la chape de plomb du totalitarisme pèse sur la vie quotidienne. Si le roman évoque les pénuries de nourriture et d’électricité, il insiste surtout sur la propagande, le culte de la personnalité des Chers Dirigeants, la surveillance et la répression qui s’exercent sur la population, et notamment les lycéens. Il s’ouvre par l’exécution capitale d’un « traître » dans un stade, et relate aussi une séance d’autocritique qui n’exclut pas – loin s’en faut – la délation entre camarades. Le style indirect libre de Nicolas Gaudemet révèle aussi à quel point l’endoctrinement du parti communiste réduit à néant tout esprit critique, et fait régner un climat de terreur. Tout en accusant l’étranger, et notamment le Japon et les États-Unis, d’être responsable des problèmes du pays.

    Nous n’avons rien à envier au reste du monde, Nicolas Gaudemet (Éditions de l’Observatoire)

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    20 分
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