エピソード

  • À Bethléem, le plus ancien orgue de la chrétienté résonne à nouveau
    2025/09/13

    À Jérusalem, une mélodie médiévale a été jouée pour la première fois sur l'orgue de Bethléem, un orgue vieux de 1000 ans considéré comme le plus ancien de la chrétienté, le 9 septembre dernier. L'histoire raconte qu'après avoir été probablement apporté en Terre Sainte par les croisés français, il a été utilisé pendant près d'un siècle dans l'église de la Nativité, jusqu'à l'une des invasions musulmanes de la fin du XIIe siècle. L'instrument avait alors été retiré afin d'être protégé de la dévastation... et peut-être aussi avec l'espoir qu'on puisse un jour le réutiliser.

    Avec ses tuyaux bruns, verts et rougeâtres qui se dressent majestueusement dans le monastère de Saint-Sauveur, l’orgue de Bethléem, muet depuis 800 ans, a de nouveau résonner le 9 septembre dernier au cœur de la vieille ville de Jérusalem en jouant un Bénédicamus Domino.

    « Il s'agit du plus vieil instrument de musique à émettre encore un son, car il n'existe pas de guitare, il n'existe pas de flûte qui soit plus ancienne que cet orgue-là », raconte ainsi le frère Stéphane, le supérieur de la basilique du Saint-Sépulcre, par ailleurs responsable du projet dans lequel l'orgue sera intégré.

    Découvert au début du XXe siècle lors de fouilles archéologiques à Bethléem, l'instrument date de l’époque médiévale. David Catalunya, spécialiste en musicologie, a mené le projet qui a conduit à sa réhabilitation. « C’est très difficile de trouver les mots pour décrire l’émotion que j’ai ressentie. Lorsque le son s’est révélé après 800 années de silence, c’était… je ne sais pas : comme découvrir une tombe de pharaon ! », raconte-t-il.

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    Les tuyaux de cuivre ont été particulièrement bien préservés, poursuit celui-ci : « Merci à ceux qui ont pris soin de cet instrument depuis sa découverte. L’autre facteur, c’est le climat. Il est très sec ici, et cela a grandement contribué à la très bonne conservation de ses éléments, cela a évité la corrosion. Les tuyaux ont 1 000 ans et ils ont un son très authentique. La sonorité originale a été pleinement préservée ». « Il y a à peu près 200 tuyaux d'orgues qui sont arrivés jusqu'à nous, dont à peu près huit qui émettent encore un son juste [...] », acquiesce le frère Stéphane.

    L’orgue sera désormais conservé au musée... un petit miracle.

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  • Avec l'exposition «All About Love», Mickalene Thomas célèbre les femmes noires
    2025/09/12

    Artiste montante de la scène états-unienne, Mickalene Thomas s'est fait connaître dès les années 1990 pour le regard nouveau et engagé qu'elle porte sur la place des femmes noires dans l'art. Son travail infuse dans les connaissances précises de l'histoire de l'art dont elle réinvente les codes. Pour clore son itinérance internationale, après Los Angeles, Philadelphie et Londres, celle-ci présente jusqu'au 9 novembre son exposition « All About Love » au musée des Abattoirs de Toulouse, dans le sud de la France.

    Les œuvres et installations de Mickalene Thomas mêlent peinture, photographies, vidéos, et surtout collage. Ses tableaux très colorés représentent les femmes de sa vie : sa mère, ses amies, ses amantes, ainsi que des artistes qu'elle admire. Elle photographie et peint des corps noirs, gros, queers, au regard assuré et à l'érotisme affirmé, manière pour elle de questionner les notions traditionnelles de beauté, de sexualité et de féminité, simplement en donnant à voir sa réalité. Elle représente notamment des femmes en train de se reposer, pour affirmer que les corps noirs ont, eux aussi, droit au repos, aux loisirs et au luxe.

    « Les systèmes sociaux cherchent à enfermer les femmes noires dans le rôle de servante, estime Mickalene Thomas. On ne nous perçoit pas souvent comme des personnes ayant droit à la joie ou au loisir. Même si nous possédons tout cela, ce n’est pas ce qu’on choisit de mettre en lumière chez nous. Ce qui est mis en avant, au contraire, ce sont nos traumatismes, les services rendus aux patriarches, à l’idéologie de la société blanche. Mon travail s’adresse avant tout aux femmes noires ordinaires qui possèdent toutes ces choses qu’on leur refuse souvent, parce qu’on leur répète qu’elles ne devraient même pas les désirer. Mais pourtant le désir est bien là, comme la sensualité est là, mais aussi l’excellence, la joie, l’amour. Toutes ces choses sont là, profondément ancrées dans leur identité », poursuit-elle.

    Le déjeuner sur l'herbe d'Édouard Manet revisité

    Toute l'œuvre de Mickalene Thomas célèbre les femmes noires et leur lutte pour occuper les espaces sociaux et artistiques. Le seul espace où elles n'ont pas à se battre devient alors leur foyer. L'artiste crée de grandes installations immersives inspirées des pièces de son enfance qui deviennent des lieux de reprise du pouvoir, de liberté et de communauté.

    L'artiste raconte : « Un foyer est avant tout un lieu de joie, de réconfort et de sécurité. L’importance de ce lieu est au cœur de mon travail. En fait, peu importe le chaos du monde extérieur, les épreuves auxquelles on doit faire face dehors. Que ce soit mon père ou ma mère, lorsqu’ils sortaient de la maison, ils affrontaient toutes sortes de discriminations liées à la couleur de leur peau. Alors quand ils rentraient, le foyer redevenait un espace de beauté, d’amour, de grâce même. Un lieu où on comprend les difficultés vécues au quotidien, dès le moment où l’on en passe la porte ».

    Mickalene Thomas revisite également des tableaux classiques de l'histoire de l'art européen, comme Le déjeuner sur l'herbe d'Édouard Manet dans lequel les femmes apparaissent passives et façonnées par le regard masculin. Elle se les réapproprie en y intégrant des femmes affirmées, incarnant un érotisme puissant et libre. « All About Love » invite à repenser nos imaginaires et à célébrer l’amour sous toutes ses formes.

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  • Musiques électroniques: «algoraves» et «live coding», l'émergence d'une pratique artistique multidisciplinaire
    2025/09/06

    C'est un mouvement underground qui se démocratise depuis une dizaine d'années sur la scène musicale : les algoraves. Contraction des mots algorithme et rave, les algoraves sont des évènements dans lesquels les musiciens pratiquent le live coding, une pratique d'improvisation où les langages de programmation deviennent des instruments de création en temps réel. Les platines et les instruments sont remplacés par des ordinateurs sur lesquels les lignes de codes s'enchaînent pour créer ou modifier un son.

    Des lignes de codes défilent sur un écran géant, soutenues par des images, elles aussi codées. Une rythmique électronique résonne, elle est composée par un musicien peu commun, un live coder. L'artiste Azertype pianote sur les touches de son clavier d'ordinateur. « Pour moi, le live coding, c'est créer de la musique ou des images en écrivant des lignes de code pour modifier en temps réel. C'est plus de l'ordre de la jam ou d'une improvisation. Et l'algorithme, on va dire, c'est plus un mouvement, une manière dont se passent les soirées », estime-t-il.

    Car le live coding c'est d'abord une question de transparence envers le public. « Quand on fait du live coding, on aime bien montrer son écran pour que les personnes puissent suivre, regarder ce qu'on est en train de faire, faire le lien entre ce qu'on voit et ce qu'on entend », explique-t-il.

    Azertype s'amuse à unifier homme et machine, il a créé un exosquelette, un dispositif métallique adoptant la forme de ses épaules avec un ordinateur sur lui et les bras remplis d'autres gadgets : « Cela me permet de me déplacer dans le public, de voir les gens et de sortir du côté où on est sur scène, derrière son ordinateur, au-dessus de tout le monde. Moi, je préfère être au milieu avec les gens. »

    Lors de ces algoraves, on ne code pas que du son, mais aussi des images. « Je crée des petites boucles animées en temps réel en les programmant pendant des performances. Ce que je fais souvent, c'est que je prépare une petite animation, mais qui va évoluer. C'est-à-dire qu'il n'y a pas plusieurs scénettes, il y en a une majeure avec tous les effets, et je vais en rajouter au fur et à mesure, la rendre plus complexe. L'image qui est projetée, elle est 100 % programmée, c'est un algorithme qui la génère. Et donc du coup, quand on manipule l'algorithme, on n'est plus absolument tous les aspects de l'image » détaille l'artiste Flopine, vidéo-jockey et live-codeuse visuelle.

    La pratique est née au Royaume-Uni et se diffuse peu à peu en France. À Lyon, chaque année, un évènement réunit la communauté. Remy Georges est membre du Cookie Collective, un rassemblement d'artistes digitaux, qui organise cet évènement. « Chaque année, j'essaye d'organiser une algorave assez massive, sous la forme d'un marathon dans lequel on essaye de faire 12h de musique non-stop avec des lives allant de 20 à 40 minutes selon les années. Tout s'enchaîne toute la nuit, avoir des gens qui, toute la soirée, vont faire de la musique uniquement sur des outils qu'ils ont bidouillés pour l'événement. C'est super impressionnant et agréable. Il y a quelque chose de très performatif et de très vivant, moins opaque que d'autres événements », raconte-t-il.

    Performance musicale et esthétique, démonstration de virtuosité informatique, le live coding et sa déclinaison festive l'algorave se complètent et continuent de conquérir de nouveaux adeptes.

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  • «Few Days Before Tomorrow»: danser collectivement pour affirmer le vivre ensemble
    2025/09/05

    « Je voulais qu'on voit l'humanité qu'on partage » : Serge Aimé Coulibaly, le chorégraphe burkinabè, crée un spectacle de danse participative de grande ampleur avec une cinquantaine d'amateurs accompagnés par des danseurs et musiciens professionnels, dans le cadre du festival MolenFest 2025 à Molenbeek. Cette commune bruxelloise, souvent associée à la violence, veut montrer un autre visage et présente sa candidature comme Capitale européenne de la culture 2030.

    Molenfest 2025 se déroule à Molenbeek jusqu'au 7 septembre.

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  • Liban, la culture malgré tout: rendez-vous avec la danse
    2025/08/31

    Le Liban commémore cette année 50 ans du début de la guerre civile. Mais une guerre en chasse une autre dans ce petit pays de 4 millions d'habitants qui compte presque autant de Libanais que de réfugiés syriens et palestiniens. Guerre entre Israël et le Hezbollah qui perdure malgré le cessez-le-feu, les drones israéliens survolent toujours le sud du pays et les bombes pleuvent par intermittence. Et cela sans compter l'effondrement bancaire dans un pays réduit à fonctionner avec du cash et une explosion dans le port de Beyrouth équivalente à une bombe nucléaire qui a laissé la capitale exsangue. Et malgré toutes ces catastrophes la créativité libanaise est à son apogée. Beyrouth fourmille d'expositions, pièces de théâtre, festivals de toutes sortes cinéma, musique et le public est au rendez-vous. On vous propose de vous emmener dans cette vitalité tous les dimanches de ce mois d'août. « Liban : la culture malgré tout », une série proposée par Muriel Maalouf à la réalisation Diego Tenorio. Aujourd'hui rendez-vous avec la danse.

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  • Rue des artistes : Côte d'Ivoire, le village Ki-Yi commémore ses 40 ans
    2025/08/31

    C’est une institution culturelle au coeur d’Abidjan... le village Ki-Yi fête cette année ses 40 ans – avec toujours à sa tête, l’autrice, plasticienne, chorégraphe camerounaise Were-were Liking, 75 ans, six décennies de carrière derrière elle. La communauté des “Ki-Yistes” tente d'explorer de nouvelles formes de création pour parler à la nouvelle génération et assurer sa pérennité. Reportage

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  • Les productions hollywoodiennes règnent sur la 82ème Mostra de Venise
    2025/08/30

    On part à Venise, en Italie, où se tient jusqu'à samedi 6 septembre la 82ème Mostra. Le plus ancien festival de cinéma au monde fait la part belle aux productions américaines, notamment en compétition. On se souvient qu'en 2016, La La Land ouvrait le festival vénitien, Emma Stone remportait le prix d’interprétation féminine quelques mois avant la razzia aux Oscars. Les majors et les plateformes de streaming profitent du rendez-vous vénitien pour faire la promotion de leurs productions.

    De notre envoyée spéciale à Venise,

    Moins exposée que le festival de Cannes, idéalement programmée pour lancer la campagne des Oscars, la Mostra est devenue ces dernières années l’écrin rêvé pour les productions hollywoodiennes de prestige. Et notamment les films de plateformes qui peuvent ici concourir en compétition.

    Parmi les blockbusters d’auteurs en lice pour le Lion d’or : Frankenstein. Netflix a accordé un budget faramineux, 120 millions de dollars à Guillermo del Toro, pour revisiter ce classique de Mary Shelley : la création contre-nature d’un être humain à partir de cadavres. « On vit dans une époque de terreur et d’intimidation. Et pour moi la réponse, c’est l’amour et l’art en fait partie. La question que pose le roman, c’est : qu’est-ce qu’un être humain ? Il n’y a pas de tâche plus urgente que de préserver notre humanité. Mon film montre des personnages imparfaits et le droit d’être imparfaits », explique Guillermo del Toro.

    Ces films hollywoodiens questionnent tous la perte ou la quête de sens. Dans Jay Kelly, le réalisateur Noah Baumbach met en scène George Clooney en mégastar se rendant compte, à 60 ans passés, qu’il est bien seul dans la vie. « Quand vous faites un film sur un acteur, vous faites en réalité un film sur l’identité et la représentation, finalement la quête de soi, raconte le réalisateur. C’est ce que nous éprouvons tous : nous ne sommes pas les mêmes avec notre famille, nos amis ou nos collègues. Nous sommes différents personnages selon les situations. »

    Plus radical, mêlant science-fiction et satire de l’époque, Bugonia de Yorgos Lanthimos montre une Amérique en perte de sens. Deux Américains complotistes kidnappent une cheffe d’entreprise, campée par Emma Stone, qu’ils prennent pour une extraterrestre. Pour le réalisateur, déjà primé à Venise il y a deux ans, le propos est plus réaliste que dystopique : « Mon film reflète le monde réel. Tout ce que l’on voit dans le monde, l’intelligence artificielle, les guerres, le dérèglement climatique, c’est ce qui se passe en ce moment. »

    La Mostra doit encore présenter plusieurs gros calibres américains en compétition, comme le nouveau film de Kathryn Bigelow avec notamment Idris Elba, ou The Smashing Machine avec Dwayne Johnson, alias The Rock, dans un rôle à transformation comme les adore l'Académie des Oscars.

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  • «De Saint-Phalle, Jean Tinguely, Pontus Hulten»: le Grand Palais fête une époque libre et joyeuse
    2025/08/29

    L'exposition « Niki de Saint-Phalle, Jean Tinguely, Pontus Hulten » est l'histoire de deux artistes soutenus par un grand conservateur. Pontus Hulten est le premier directeur du Centre Pompidou. Le musée, fermé pour travaux jusqu'en 2030, revient ainsi sur une période florissante et utopique de son histoire grâce à l'amitié d'un commissaire et de deux artistes. C'est au Grand Palais jusqu'au 4 janvier.

    Si le couple d'artistes Niki de Saint-Phalle et Jean Tinguely marquent les premières décennies du Centre Pompidou, c'est aussi grâce à leur amitié avec le directeur atypique de l'époque Pontus Hulten. Il défend une vision anarchiste du musée : un lieu ludique ouvert à tous. L'exposition du Grand Palais revient sur cette époque enjouée et libre.

    « Pontus Hulten fait intervenir, notamment en 1977, les deux artistes Jean Tinguely, Niki de Saint-Phalle pour occuper le forum du Centre Pompidou avec une installation absolument extraordinaire : le crocodrome de Zig et Puce, raconte la commissaire Sophie Duplaix. Donc tout ça est évoqué dans l'exposition pour parler de cette histoire, histoire d'une institution, histoire aussi des liens entre conservateurs et artistes. On découvre un peu les coulisses de l'art. »

    Le crocodrome de Zig et Puce, c'est une sorte de fête foraine mêlant train fantôme, flipper géant et distributeurs gratuits de chocolat. Une ambiance joyeuse à l'encontre de l'objet commercialisable. C'est ce qui meut aussi Jean Tinguely aux machines productrices de mouvements gratuits en ces années 1970, synonymes de nouvelles technologies.

    « Le son se matérialise dans les machines, de façon complétement débridée, qui sont effectivement des machines inutiles et qu'on peut vraiment lire comme une critique, de cette mécanisation dont on nous explique qu'elle vise à améliorer notre quotidien », raconte Sophie Duplaix.

    Aux côtés des installations légères et poétiques de Tinguely trônent les œuvres gigantesques de Niki de Saint Phalle, dont certaines figurent seulement en image, car trop imposantes pour entrer dans le musée. Celle qui est connue pour ses nanas rondes et colorées a révolutionné l'art avec une puissance toute féminine

    « Elle va nous montrer effectivement que la femme peut tout à fait s'emparer de ce qui d'habitude est attribué aux hommes, comme par exemple les armes. Quand elle fait sa série des Tirs, tout au début des années 1960, poursuit Sophie Duplaix. Elle fait des reliefs, des panneaux qu'elle met à l'horizontal pour les recouvrir de poches de couleurs. Après, elle déverse du plâtre, pour que ce soit immaculé. Elle tire dessus et les poches de couleurs qu'elle a mises explosent. Elles font donc dégouliner la peinture sur le relief blanc immaculé. Ce qui est à la fois un pied de nez à la peinture traditionnelle, et aussi une affirmation du pouvoir féminin. »

    Un pied de nez aux conventions que l'exposition met joyeusement en avant.

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