エピソード

  • Electrorama à Lille 3000: la fête techno, dernier rempart contre le chaos
    2025/06/16

    L’exposition Electrorama donne le ton de Fiesta, thématique de l'édition 2025 de Lille 3000, la grande manifestation culturelle dans le Nord de la France. Une immersion visuelle et sonore dans l’univers des nuits techno françaises et belges, deux pays de transes collectives historiques depuis les années 80. Un pied de nez à un monde en crise.

    Danser pendant que la planète tangue, c'est dans ce vertige entre urgence climatique, instabilité politique et besoin vital de lâcher prise que Fiesta, installe son tempo à Lille 3000. Une manière, selon les organisateurs, de « rester debout » là où tout vacille. Parmi les temps forts de la manifestation, figure Electrorama.

    Conçu comme un voyage dans les marges de la techno, l'événement met en lumière un territoire nocturne celui de la fête ou l'insouciance devient un acte de résistance. Clubs, parkings, champs, festivals autant de lieux qui basculent dans un ailleurs halluciné, juste derrière les portes de la nuit.

    À l’origine des images, Nikita Teryoshin. Photojournaliste russe aujourd'hui exilé en Allemagne, il a été primé par le World Press Photo en 2020 pour son travail sur les coulisses de la guerre. Il s’attaque ici à un tout autre champ de bataille : l'univers halluciné du dancefloor. Son objectif saisit les corps en mouvement, les visages troublés, les torses tatoués, les règles renversées.

    « Il capture des moments de communion », résume Audrey Hoareau, commissaire de l’exposition. « L’intensité, la diversité, et parfois la fragilité des scènes électro transfrontalières. »

    Au-delà des clichés grand format, Electrorama, enveloppe le visiteur. Beats envoûtants, lumières saturées, ambiance hypnotique, Lille 3000 devient une rave-party dans laquelle on entre à la fois en tension et en transe intergénérationnelle.

    Electrorama, exposition jusqu’au 6 juillet 2025 à l’Espace Le Carré, dans le cadre de Lille 3000.

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  • Exposition: «Sorcières ! Fantasmes, savoirs liberté» au Musée de Pont-Aven
    2025/06/14

    Pour souffler ses quarante bougies, le Musée de Pont-Aven en Bretagne convoque les sorcières. Elles sont au cœur d'une exposition foisonnante intitulée « Sorcières ! Fantasmes, savoirs, liberté ». Plus de 200 œuvres - peintures, sculptures, photographies et objets d'art, mais aussi extraits de littérature, de danse, de musique et de cinéma - explorent l'évolution de l'image de la sorcière au XIXe siècle : de la figure effrayante à la femme fatale, jusqu'à devenir un symbole d'indépendance, de connaissance et de résistance face à l'obscurantisme. L'exposition est à découvrir jusqu'au 16 novembre.

    Entourées de serpents, de chauves-souris et de chats noirs, ces sorcières aux nez crochus et chapeaux pointus, volant sur leurs balais, hantent notre imaginaire depuis le Moyen Âge. Sophie Kervran, conservatrice en chef du Musée de Pont-Aven, souhaite mettre en lumière la femme derrière cette allégorie du mal, de la mort, du vice et de la vieillesse : « Notre exposition se centre vraiment sur la vision qu'ont les artistes du XIXe siècle sur cette figure qui a connu un renversement notamment avec la parution de l'ouvrage de Jules Michelet, qui s'intitule "La Sorcière" en 1862 et qui, pour une fois, montre une sorcière jeune, une femme positive en osmose avec les éléments naturels ».

    « Dans la campagne, on n'est jamais savant sans être quelque part sorcier », disait George Sand, romancière éclairée et femme farouchement indépendante du XIXe siècle, évoquant ainsi les guérisseuses du village et leurs connaissances de la médecine alternative. Mais l'exposition débute bien avant : « Quand le visiteur entre dans notre exposition, il est confronté à un tableau assez inquiétant qui s'appelle "Victime" de Gustave Moreau où on voit une femme avec un poignard dans le flanc et qui nous montre nous d'un signe accusateur. Et dans une vitrine, on a mis en parallèle le "Malleus Maleficarum", le Marteau des Sorcières, qui a été écrit en 1486 par deux moines dominicains, des inquisiteurs qui est en fait un traité, un véritable best-seller qui indique comment chasser la sorcière - la chasse aux sorcières a eu lieu du 15e au 17e siècle -, comment les torturer pour leur extorquer des aveux ».

    On estime entre 60 000 à 90 000 personnes pendues ou brûlées pour sorcellerie, dont deux tiers de femmes - victimes de superstition, de règlement de comptes, de misogynie, rappelle la directrice de ce musée en Bretagne qui fait également un clin d'œil à son propre patrimoine : « C'est un tableau d'Edgard Maxence qui s'appelle "La légende bretonne". Et là, pas d'attribut de la sorcière, pas de balai, pas de chapeau pointu, même pas de chat noir. Mais cette femme qu'on reconnaît sorcière parce qu'elle a cette chevelure rousse - et on sait combien le roux était symbolique du diable. Et puis sous sa houppelande d’hermine, on aperçoit ses pieds. Mais est-ce que ce sont des poulaines, ces chaussures médiévales, ou est-ce que ce sont des pieds de bouc ? ».

    L'ambivalence est reine dans cette exposition aux visions tantôt cauchemardesques, tantôt enchanteresses, des visions masculines que l'exposition met en contrepoint avec une vingtaine d'œuvres d'artistes femmes d'aujourd'hui. Dans sa série « Innocente », Dalila Dalléas Bouzar, d'origine algérienne, montre des sorcières noires, nues, libérées. Sans oublier que le sous-titre « Fantasmes, savoirs, liberté » de l'exposition rend aussi un hommage discret au mouvement iranien « Femme, Vie, Liberté », un rappel que la chasse aux sorcières n'est pas totalement éradiqué dans ce monde.

    À lire aussi«Sorginak»: à la redécouverte des sorcières du Pays Basque

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  • Sakifo 2025: Applause, la claque du samedi soir
    2025/06/07

    Le festival Sakifo tire le rideau sur sa 22e édition ce dimanche 8 juin. Et il le fait avec bruit, sueur et décibels. Un uppercut rythmique venu des tropiques et des Sound Systems pour dire au revoir avec le collectif Applause qui a fait monter la fièvre du samedi soir sur scène. Reportage de notre envoyé spécial à La Réunion, José Marinho.

    Aux manettes de ce projet depuis 2023 : Matteo, tête pensante du groupe marseillais Chinese Man et Aash, producteur mauricien de musique électronique, nourri au feu du dancehall et du shatta. Ensemble, ils déploient une cartographie sonore sans frontières, calibrée pour secouer le corps et faire fondre les barrières géographiques, culturelles et identitaires.

    Le collectif ne cherche pas la fusion polie, mais le choc frontal. Basses lourdes, rythmiques tropicales, bass music et samples qui fendent l’air : le set a été pensé comme un manifeste. Une manière de dire que la fête peut être aussi politique. À La Réunion, île de métissages et de cohabitations ethniques, cette salve d’Applause est la bienvenue. Une dernière vibration qui fait du bien en ces temps gouvernés par la peur, déconnectés de la joie collective.

    À lire aussi«Le Sakifo assume une dimension politique au sens noble du terme»

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  • Artemisia Gentileschi, héroïne de l'art, au panthéon de la peinture
    2025/06/06

    Artemisia Gentileschi, peintre du début du 17ᵉ siècle à la carrière immense, a été adulée de son vivant dans toute l'Europe. Redécouverte au milieu du 20ᵉ, elle symbolise l'effacement de ces artistes femmes qui ont fait l'histoire de l'art. Une rétrospective de grande ampleur lui est consacrée à Paris. Une exposition à voir au musée Jacquemart-André à Paris jusqu'au 3 août 2025.

    Des romans, des films, des bandes dessinées, célèbrent aujourd'hui la légende d'Artemisia Gentileschi. L'œuvre de cette peintre italienne du début du 17ᵉ siècle n'en finit pas d'être redécouverte, complétée par de nouveaux documents et de nouveaux tableaux. Des recherches récentes dessinent plus précisément sa forte personnalité à sa peinture virtuose, sensuelle et éclectique.

    Artemisia Gentileschi a grandi dans l'atelier de son père Orazio à Rome, c'est là qu'elle s'est formée, c'est là aussi qu'elle sera violée à 16 ans par un des assistants. S'ensuivra un procès intenté par son père contre l'agresseur, dont les minutes sont restées célèbres.

    Pierre Curie est commissaire de l'exposition du musée Jacquemart André. « Agostino Tassi est condamné, mais à peine, il doit s'exiler, mais ne s'exile pas, c'est Artemisia qui quittera Rome pour Florence, elle se marie – mariage arrangé par son père – parce qu'après ce procès, elle est une personne sociale détruite, violée, non mariée, sans protection, sans métier. Elle se sauve à Florence où elle va développer une carrière très différente, déployer ses ailes comme artiste, adopter un style qui lui est personnel et qui va varier tout au long de sa vie ».

    La grande peinture

    Artemisia Gentileschi est influencée par Le Caravage, maître du clair obscur au réalisme cru. Comme lui, elle attaque la toile sans dessin préparatoire. À Florence, elle fréquente la cour des Médicis, apprend la musique, la poésie, participe à plusieurs grandes commandes de peinture, vit de son art et possède son propre atelier. Elle n'hésite pas à représenter l'action violente, sujet à la mode, comme dans le tableau Judith et sa servante portant nonchalamment la tête décapitée du général Holopherne dans un panier. « Ce n'est pas une artiste féminine, ce n'est pas une femme qui fait dans la dentelle, c'est un grand peintre qui se met artistiquement au niveau des hommes de son temps, qui peint les mêmes choses avec la même puissance ».

    Le nu féminin

    Artemisia Gentileschi est aussi une rare femme peintre du 17ᵉ siècle à représenter des nus féminins, une caractéristique de son travail. « Elle peint un autoportrait où elle se représente entièrement nue, et nous avons aussi une très belle Cléopâtre. Ce sont presque toujours des autoportraits corporels très sensuels avec des formes rondes et elle y pose son visage. C'est étonnant d'autant qu'à l'époque le grand miroir en pied n'existe pas ».

    De Rome à Florence, en passant par Londres ou Naples, Artemisia Gentileschi laisse une œuvre résiliente menée sur près de 40 ans, une durée tout à fait exceptionnelle pour l'époque.

    À écouter aussi1. Artemisia, pouvoir, gloire et passions d'une femme peintre

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  • Le musée Maillol consacre au photographe Robert Doisneau sa plus grande rétrospective depuis 20 ans
    2025/05/31

    L'exposition Instants données est à retrouver au musée Maillol, à Paris, une exposition touchante et exhaustive, réalisée en collaboration avec ses deux filles de Robert Doisneau, Annette et Francine, et la société belge Tempora. Au fil de 400 clichés, on redécouvre la capitale française à travers le regard du photographe, comme un souffle d’humanité en noir et blanc.

    « Le baiser de l'Hôtel de Ville »: deux amoureux s’embrassent devant une terrasse de café, à deux pas de l'Hôtel de Ville de Paris. C’est probablement cette photo qui vous vient en tête lorsque vous entendez le nom de Robert Doisneau, l’un des photographes les plus emblématiques du XXème siècle et du courant humaniste.

    Pendant plus de 50 ans, Robert Doisneau a arpenté les rues de Paris à la façon de celui qu’il aimait décrire comme « le patient passant » : celui qui attend des heures pour immortaliser ces instants de vie qui laissent les autres indifférents, jusqu’à ce que son appareil photo les rende éternels.

    Francine Deroudille, l’une des deux filles du photographe – qui a fondé avec sa sœur l'atelier Robert Doisneau , où sont conservées toutes ses photos – est aujourd’hui l’une des commissaires de cette exposition : « On a voulu montrer toute une séquence qui s'appelle "Gravité", où on voit les photos des gens à qui la vie n'a pas fait de cadeaux, explique-t-elle. Que ce soit les prostituées des halles ou des mineurs à Lens qui vivent dans des conditions épouvantables. Robert Doisneau a fait des photos qui peuvent être très dures, mais le regard qu'il porte sur les gens n'est jamais dur. »

    La solidarité : une valeur chère au cœur de Robert Doisneau. Une solidarité sans distinction, sans hiérarchie. C’est ce que l’on ressent en se baladant dans les allées du musée Maillol. Une exposition de plus de 400 photos, en noir et blanc la plupart du temps, qui représentent des enfants qui jouent dans les rues ou au pied de la tour Eiffel, des amoureux qui dansent un soir de 14 juillet, mais aussi les banlieues parisiennes. Des banlieues dans lesquelles il aimait passer son temps libre, il fut d'ailleurs l’un des premiers à les photographier :

    Les gens de la banlieue, peut-être parce que le décor sert de repoussoir, je les trouve très attendrissants. La jeunesse en banlieue prend une valeur, un caractère ...

    « De nos jours, les banlieues sont très photographiées, retrace Francine Deroudille. Au moment où il le faisait, ce n'était pas du tout [le cas]. Tous les objectifs s'étaient détournés de cette photographie sociale. Il va montrer des photographies qui vont pouvoir étayer un propos de révolte sociale. »

    Connu pour son côté provocateur, Robert Doisneau était aussi un grand conteur. Il n’aimait pas qu’on le réduise à un simple témoin du réel. Et pourtant, Doisneau c’est une histoire de rencontres et de récits de vie. Lorsqu'il rentrait chaque soir, ses filles se souviennent qu'il aimait leur raconter ses aventures parisiennes. Des histoires qui se rejoignent toutes en un point : un regard profondément bienveillant. Un regard qui serait précieux aujourd'hui, comme le souligne sa fille : « Je pense qu'en ce moment où la société est rude et où les rapports des gens sont violents, il aurait été content de représenter la liberté, la fraternité et l'égalité. Ce n'est pas un homme qui cherchait à représenter un message en particulier, mais il y a quand même un message de paix dans son travail. »

    La désobéissance, c'est la lutte contre l'autorité. Quand des gens représentant l'autorité, la force publique, vous disent 'circulez, il n'y a rien à voir', c'est là qu'il faut impérativement s'arrêter et regarder. C'est là qu'il se passe des choses.

    ► Une exposition à découvrir jusqu’au 12 octobre 2025 au musée Maillol.

    À lire aussiLe photographe franco-brésilien Sebastião Salgado est mort à l'âge de 81 ans

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  • L'Art brut d'Iran se dévoile à Paris
    2025/05/30

    C'est une première mondiale. Une exposition d'envergure sur l'Art brut d'Iran a pris ses quartiers à la Halle Saint-Pierre à Paris jusqu'à la fin de l'été. Niché au pied du Sacré-Cœur, le musée d'art naïf dévoile près de 200 pièces d'une vingtaine d'artistes iraniens : dessins, peintures, œuvres textiles et sculptures en bois. Loin des conventions, ces créations puissantes, subversives et colorées s'ancrent dans une culture millénaire, tout en étant intimement liées à la vie des artistes.

    C'est un tourbillon de formes et de couleurs, un univers peuplé de créatures mythologiques, étranges et fantastiques. L'art brut se déploie dans toute sa splendeur, aussi libre que l'air, à la Halle Saint-Pierre à Paris, sous l'initiative de Martine Lusardy. Engagée depuis plus de 30 ans dans l'exposition de cet art des marginaux, des fous et des autodidactes, la commissaire met pour la première fois l'accent sur des artistes iraniens.

    « Ils sont tous autodidactes, des chauffeurs de taxi, des paysans, des gens plus ou moins érudits, mais qui ont eu une fracture dans leur existence. Ils ont eu besoin de créer pour donner du sens à leur existence. Pour certains, c'est la perte d'un enfant, d'autres, c'est la perte du travail, ou d'avoir quitté la campagne pour vire dans la ville. Certains sombrent avec ces expériences, ces drames, et d'autres trouvent le chemin de la création, guérissent d'une certaine façon ou se reconstruisent. C'est comme un puzzle qui se reforme. Une fois qu'ils sont dans cette dynamique, rien ne peut les arrêter », nous raconte Martine Lusardy.

    Certains artistes travaillent plus de 10 heures d'affilée, comme Sarvenaz Farsian de Téhéran. Elle noircit des feuilles entières à la pointe d'un stylo, créant des dentelles en papier, entre labyrinthes créatifs et boucles infernales. D'autres se jettent à corps perdu dans la création pour échapper à la douleur, à l'angoisse ou à des comportements compulsifs.

    « Il y a ce besoin irrépressible de créer, presque obsessionnel. Et en Iran, ce qui va les réunir, c'est leur culture qui va du début de l'Histoire de la Perse jusqu’au début de l'islam, pratiquement trois millénaires, mais de façon très diffuse, très lointaine. C'est plutôt un rapport aux grands mythes, aux grands archétypes qui ont un peu déserté nos civilisations occidentales actuelles. Et d'ailleurs, les auteurs d'art brut ne s'adressent pas à un spectateur en espérant avoir la gloire, la reconnaissance, l'argent. On s'adresse à un alter égo plus grand que soi », explique-t-elle.

    Et parfois, l'art va main dans la main avec l'artisanat.

    « En Iran, il y a cette tradition du tissage et de la tapisserie. Ça vient du latin du mot texere. C'est tisser, et en même temps, raconter une histoire. Et là, on retrouve un artiste qui s'appelle CC. Il utilise des vieux tapis jetés, usés, épuisés, il les récupère, il les réassemble et dessus, il va broder une histoire inspirée des récits épiques, mais réinterprétée de façon personnelle : la bataille entre un homme et le diable, le bien et le mal », poursuit-elle.

    Toiles d'araignées et sculptures totémiques, broderies et arbres féeriques, ces œuvres, radicalement personnelles et profondément ancrées dans la culture iranienne, expriment, enfin et surtout, une revendication de vie, voire une résistance vibrante et colorée.

    L'Art brut d'Iran, une exposition inédite à découvrir à la Halle Saint-Pierre à Paris jusqu'au 31 juillet 2025.

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  • Entre critique et création, les artistes posent leurs regards sur l'IA au Jeu de Paume à Paris
    2025/05/24
    Plus de 40 artistes retracent dix ans de création inspirée par l’intelligence artificielle au Jeu de Paume avec la nouvelle exposition Le Monde selon l’IA. Une exposition à voir jusqu’au 21 septembre qui questionne notre rapport à l’IA, son impact sur l’art et sur notre façon de représenter le monde. Au Jeu de Paume, à Paris, l'intelligence artificielle (IA) est décortiquée par les artistes qui nous en montrent les aspects peu reluisants en les critiquant, mais aussi tentent de créer de nouveaux possibles en essayant de débrider les IA. Dans cette exposition, il n'est pas question d'être béat face à l'intelligence artificielle, ses biais et ses limites. Dès l'entrée, la question de la ressource, entre l'énergie consommée pour les faire fonctionner ou l'utilisation de minerai disponible en quantité limitée. À coup de grands diagrammes complexes prenant tout l'espace des murs, on devine les quantités d'énergie nécessaires rien que pour faire fonctionner une simple requête sur Alexa.« Nous avons choisi des artistes qui ont une posture critique face à l'IA et face à ces modèles qui commencent à développer des capacités qui vont au-delà des humains, déclare Antonio Somaini, enseignant-chercheur à la Sorbonne et commissaire général de cette exposition. L'on entend souvent parler de l'IA comme quelque chose qui développe une intelligence semblable à celle des humains, mais là, nous faisons face à des modèles qui font des choses dont, nous, les humains, ne sommes pas capables. »Des biais occidentaux reproduits par l'IADes capacités qui dépassent celles de l’humain, mais une base de données alimentée… par des humains. Le problème est que ce sont toujours les mêmes : principalement des Occidentaux, ce qui crée des biais. Pour résoudre ces problèmes de biais culturels et ethniques, il faut alors enseigner à l’IA de nouveaux alphabets, de nouvelles langues, de nouvelles représentations, tout cela en veillant à ne pas reproduire les stéréotypes. Avec Tongues, l’artiste sénégalo-libanaise, Linda Dounia Rebeiz a enseigné à l'IA son propre modèle d'écriture asémique, c'est-à-dire dénuée de signification, et inspiré de sept calligraphies de différentes parties du monde, mais avec un focus sur les graphies africaines comme l'amharique : « L'idée derrière était de montrer qu'il y avait un biais pour l'alphabet romain dans les modèles d'IA générative aujourd'hui. Alors que dans un monde où il y a des milliers de langues écrites avec beaucoup de formes différentes et jolies, je pensais que c'était réductif ce que l'on avait à disposition. »Effacement et tombe numériqueDans cette même critique des biais de l'IA, l'artiste américano-saoudienne Nouf Aljowaysir avec son projet Salaf signifiant « ancêtre » en arabe, qui critique les limitations des intelligences artificielles. Elle pointe les difficultés des IA occidentales à reconnaitre et bien nommer ce qu'elles voient lorsque cette dernière présente des photos de ses ancêtres bédouins. Pour elle, c'est dû au fait que les données utilisées pour entraîner les IA restituent les préjugés coloniaux des archives européennes qui ont été exploitées. Elle a ensuite utilisé un modèle d'IA générative où les silhouettes des personnes sur les photos sont masquées par un filtre blanc, soulignant l'effacement de la mémoire collective de ces ancêtres par l'IA.L'intelligence artificielle ouvre aussi la voie à des créations plus philosophiques et artistiques. Pour son œuvre La Quatrième Mémoire, Grégory Chatonsky a reproduit une sépulture où l'on voit un gisant à plat ventre et un film généré en temps réel par IA : « Cette installation, c'est ma tombe. C'est un projet très personnel. Mais ce n'est pas la vie factuelle que j'ai vécue. C'est tout ce que je n'ai pas vécu, c'est ma vie possible. L'intelligence artificielle générative génère des documents qui nous ressemblent, des choses qui n'existent pas, mais qui sont vraisemblables. Et donc, je me suis dit que la tombe du futur pourrait poursuivre notre mémoire pour la rendre éternelle, un peu comme l'ont fait les Égyptiens avec les pyramides. »Si l’intelligence artificielle peut être un formidable outil de création et d’innovation, elle reste le reflet de ceux qui la nourrissent. Sans prise en compte de la diversité, elle risque de reproduire, voire d’amplifier, les biais du monde réel. À nous donc de l’appréhender autrement.À lire aussiLe monde du doublage en colère et inquiet face aux dérives de l'IA
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  • Cannes 2025: en attendant la palme
    2025/05/23

    La 78ᵉ édition du Festival de Cannes s'achève ce soir. Le jury présidé par l'actrice Juliette Binoche va se retirer dans une villa pour discuter des prix qui seront remis en fin de journée. Cette année, aucun film n'est franchement donné favori, même si certains titres reviennent souvent dans les conversations. Certains ont déjà été récompensés par des prix en marge du festival.

    Certains prix gravitent en périphérie du festival de Cannes, mais font parler d’eux. Depuis quinze ans, la Queer Palm, qui récompense un film abordant des thématiques LGBTQIA+, comme des personnages trans, des questionnements de genre ou des relations homosexuelles. En attendant, peut-être, une place au palmarès ce soir, La petite dernière d’Hafsia Herzi, le récit d’initiation d’une jeune femme lesbienne ET musulmane, remporte la Queer Palm.

    Autre prix déjà décerné, l’Œil d’or du meilleur documentaire attribué à Imago, premier film tchétchène projeté à la Semaine de la critique. Le réalisateur Déni Oumar Pitsaev livre un film très personnel, en retournant voir sa famille réfugiée en Géorgie. Mais, lui qui a connu la guerre enfant, a une pensée pour tous ceux qui souffrent dans des conflits : « Il y a des gens en ce moment, que ce soit en Ukraine, au Soudan, à Gaza, qui n'ont pas cette chance. J'ai fait ce film pour l'enfant que j'étais, j'avais huit ans, je n'avais pas d'adulte à côté de moi pour me soutenir. Il y a d'autres enfants qui grandissent en ce moment et qui n'auront pas de chance de grandir, comme moi. Toutes les douleurs sont également importantes, et toutes les vies valent, qu'elles soient palestiniennes, tchétchènes ou israéliennes. »

    À Cannes, les animaux sont aussi à la fête

    Le Grand Prix de la Palm dog 2025 récompense, à titre posthume, Pipa, du film Sirat projeté en compétition, à qui sa partenaire, humaine, Jade Oukid, rend hommage.

    Sirat, de l’Espagnol Oliver Laxe, figure parmi les films les plus cités par les critiques comme devant figurer au palmarès. Au moins autant qu’Un simple accident de Jafar Panahi ou Sentimental value de Joachim Trier.

    Le jury présidé par Juliette Binoche va délibérer toute la journée de samedi. Le Congolais Dieudo Hamadi a aimé cette expérience inédite : « Je viens parfois sans savoir ce que je vais regarder, sans connaître le nom du réalisateur ou de l'équipe et même parfois les titres. Ce qui me passionne, c'est d'arriver sans a priori et d'être embarqué dans une histoire que je n'attendais pas. Traverser, comprendre, ressentir, ça fait partie des privilèges des jurés. »

    Verdict ce soir et un palmarès à suivre sur RFI à 18 h temps universel

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