エピソード

  • 🎙Des raccourcis légaux de Tshisekedi
    2021/02/12

    Bonjour, je m’appelle Jason Stearns et je suis le directeur du Groupe d’étude sur le Congo, un centre de recherches basé à l’Université de New York.

    Nous sommes le vendredi 12 février.

    Aujourd'hui, nous commençons une nouvelle série de clips audio hebdomadaires, “Po Na GEC", qui résument, expliquent et donnent notre avis sur les questions d'actualité.

    La semaine passée, le président du Sénat en RDC, Alexis Thambwe Mwamba, a démissionné à la suite de la pression venue de la nouvelle coalition du Président Tshisekedi, l’Union Sacrée pour la Nation.

    C'est une institution de plus dans laquelle Tshisekedi a réussi à arracher le contrôle à son ancien allié, le FCC de Joseph Kabila.

    La première bataille pour le pouvoir a eu lieu autour la nomination de trois nouveaux juges à la Cour constitutionnelle en juillet 2020. Selon la constitution, le président, l'assemblée nationale et le Conseil supérieur de la magistrature sont chacun autorisés à désigner un tiers des membres de la cour. Deux de ces nominations étaient discutables. Tshisekedi a envoyé deux juges ailleurs avant la fin de leur mandat - pourtant la loi organique stipule que leur mandat doit être terminé. Et leurs remplaçants auraient également dû être proposés par le Conseil supérieur de la magistrature - ce qui n'a pas été le cas. Finalement, selon la constitution, la nomination des nouveaux juges est censée être contresignée par le premier ministre. Sous prétexte que le Premier ministre Ilunkamba était en déplacement, le vice premier ministre a contresigné les ordonnances.

    Le second dossier concerne la destitution du bureau de l'Assemblée nationale en décembre 2020. Ici, c'est moins une violation de la loi qu'un forcing politique non conventionnel qui a fait sourciller. Lorsque les partisans de Tshisekedi ont tenté de déposer les pétitions pour évincer le bureau - ce qui est leur droit - la présidente de l'Assemblée nationale, Jeanine Mabunda, a refusé de les recevoir. Les hommes du président ont alors séquestré le secrétaire général de l'assemblée nationale et lui ont fait convoquer une plénière. Mabunda a alors elle-même convoqué une plénière, avec un ordre du jour différent, pour la même période, ce qui a conduit à un affrontement d'une violence inconvenante sur le parquet du parlement le 8 décembre 2020.

    Enfin, le sénat. Il était clair que Tshisekedi était en mesure d'imposer sa nouvelle majorité ici aussi. Mais début février, lorsqu'il a tenté de le faire, la session extraordinaire était terminée. Au lieu d'attendre la prochaine séance plénière, les gens autour de Tshisekedi ont fait pression sur le secrétaire général du sénat pour qu'il convoque une nouvelle session extraordinaire, même si, selon le règlement du sénat, c'est le président de la chambre qui doit la convoquer. Cela crée un précédent troublant, en permettant au secrétaire général de convoquer une session quand il le souhaite.

    Ce sont des victoires impressionnantes pour un président qui a été soupçonné d'être sous le contrôle de Kabila à la suite des élections controversées de 2018. Du point de vue d'un gouvernement désireux d'accomplir un travail urgent, cette approche de privilégier les objectifs politiques par rapport aux contraintes juridiques est logique. Le président a déjà pu atteindre certains objectifs––la gratuité d'enseignement, même si elle est encore embryonnaire, en est un exemple. Et il est clair que Kabila, prédécesseur de Tshisekedi, était également coupable de nombreuses violations de la loi, petites et grandes. Cependant, du point de vue de l'impératif de créer des institutions apolitiques et soumises à des règles, cette approche du pouvoir est troublante.

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    À la prochaine 😏

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  • 🎙 Sama Lukonde, le choix parfait de Tshisekedi
    2021/02/25

    La semaine dernière, le président Félix Tshisekedi a nommé M. Sama Lukonde comme Premier ministre. Il remplace à ce poste M. Ilunga Ilunkamba qui a démissionné le 28 janvier à la suite d’une motion de censure votée contre lui à l’Assemblée nationale. Pourquoi ce choix ?

    Bonjour !

    Je m’appelle Trésor Kibangula et je suis analyste politique au sein du Groupe d’étude sur le Congo, centre de recherche basé à l’Université de New York. Ceci est le deuxième numéro de Po Na GEC, notre capsule audio qui résume, explique et donne notre avis sur les questions d'actualité en RDC.

    Nous sommes le vendredi 19 février.

    La désignation de Sama Lukonde augure la fin de la longue crise politique qui a paralysé les institutions du pays depuis la nomination contestée des trois juges à la cour constitutionnelle, en juillet 2020.

    Le nouveau Premier ministre, malgré son jeune âge - il n’a que 43 ans - n’est pas à ses débuts en politique. Ce diplômé en chimie de l’Université de Lubumbashi a été élu en 2006 député national et a été membre de la commission de mines et hydrocarbure de l’Assemblée nationale. Entre 2014 et 2015, il a été ministre de la Jeunesse et des Sports dans le gouvernement Matata II avant de démissionner avec le groupe de sept partis qui demandaient au président Joseph Kabila de respecter la constitution en organisant les élections dans les délais. Sama Lukonde a été également membre du conseil de sages du Rassemblement de l’opposition autour d’Étienne Tshisekedi. Et jusqu’à sa nomination, il était directeur général de la Gécamines, la plus grande entreprise minière du pays.

    Cette désignation de M. Sama Lukonde intervient dans un contexte des manœuvres de redéfinition de rapports de forces dans le paysage politique congolais et surtout au sein de la nouvelle coalition, Union sacrée de la nation. Félix Tshisekedi, qui avait entretenu des relations difficiles avec l’ancien Premier ministre et les présidents de deux chambres du Parlement, avait besoin d’une personne loyale à la primature. Une personne qui ne lui ferait pas de l’ombre. Sama Lukonde, qui est issu d’un parti relativement petit et dont le président, Dany Banza, est proche du chef de l’État, apparaît comme le choix parfait. Et surtout qu’il est du Katanga…

    Car être du Katanga était, selon plusieurs sources, une condition déterminante. L’ex-Katanga, poumon économique du pays, voudrait garder le contrôle d’une branche importante du gouvernement. De plus, nommer un katangais contribuerait à la fois à rassurer les hommes politiques issus de cette partie du pays et à réduire davantage l’influence de l’ancien président Joseph Kabila, lui-même originaire du Katanga.

    Enfin, nommer un jeune qui, malgré son expérience politique, n’est cité ni dans les malversations financières ni autres scandales, traduit une volonté de renouvellement de la part de Félix Tshisekedi. Toutefois, le choix de Sama Lukonde confirme également le faible degré de confiance entre les nouveaux alliés et le délicat arbitrage qu’il faudra avoir dans la répartition des responsabilités au sein de l’Union sacrée de la nation.

    Sama Lukonde n’aura toutefois pas de moment de répit tant les dossiers urgents remplissent sa table : d’entrée de jeu, il lui faudra définir un programme cohérent du gouvernement. L’attendent aussi l’épineuse question de la gratuité de l’enseignement de base, les récurrents problèmes de l’insécurité dans l’Est, et les nombreuses réformes que son gouvernement doit mener. Y arrivera-t-il ? C’est tout le mal que nous lui souhaitons.

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    À la prochaine ;)


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    4 分
  • Les zones d'ombre d'une tragédie
    2021/02/26

    C’était il y a cinq jours, le lundi 22 février, à 10 heures du matin. Deux voitures du PAM, le Programme alimentaire mondial, filent sur la route nationale 2. Elles ont quitté la ville de Goma et roulent vers un site de l’organisation, à Rutshuru. À son bord, cinq agents du PAM, l’ambassadeur d’Italie en RDC et son garde du corps.

    Soudain, six ou sept hommes armés font irruption sur la route. Ils tuent un des chauffeurs congolais presque tout de suite. Puis ils obligent les autres membres du convoi à fuir avec eux vers l’intérieur du parc des Virunga. Ils rencontrent des gardes du parc. S’ensuit un échange de tirs, la mort du garde du corps et la blessure, mortelle, de l’ambassadeur.

    Vous écoutez le troisième numéro de Po Na Gec, la capsule audio du Groupe d’étude sur le Congo de l’Université de NewYork, qui tente d’éclairer l’actualité de la RDC. Je suis Pierre Boisselet, le coordonnateur du Baromètre sécuritaire du Kivu. Nous sommes le vendredi 26 février et voilà ce que l’on sait sur la tragédie qui a ébranlé l’Italie et braqué les projecteurs sur l’est du Congo. Mais il reste, à cette heure, des zones d’ombres dans cette histoire. Et, pour l’instant les mystères sont d’autant plus difficiles à percer que le gouvernement italien a annoncé sa volonté d’identifier toute les responsabilités dans ce drame. Légitime, bien sûr. Mais cela n’aide pas les langues à se délier.

    Alors, quelles sont ces zones d’ombres ? D’abord, que faisait le diplomate dans un convoi sans escorte sur cette route ? Il semble, en réalité, que les procédures étaient respectées. Cet axe était classé jaune par l’ONU. Ce qui autorise d’y circuler en convoi de deux voitures.

    Ensuite, dans quelles circonstances exactes les deux Italiens ont-ils été touchés. Des sources crédibles affirment qu’ils ont tenté de fuir, ce qui aurait amené les ravisseurs à leur tirer dessus. Fort possible. Mais l’issue aurait-elle été différente sans combat avec les gardes du parc ? Dans quelles circonstances précises ces gardes ont-ils été engagés ? Ce sera aux enquêtes de le déterminer.

    L’ambassadeur était-il visé ? À ce stade, rien ne l’atteste. Mais il sera très difficile d’avoir une réponse définitive sans identifier les ravisseurs. Ce qui nous emmène à la dernière et principale zone d’ombre : qui étaient les ravisseurs ? Le gouvernement provincial du Nord-Kivu a immédiatement incriminé les FDLR. C’est fort possible. Cette rébellion hutu rwandaise opère non loin de là et a commis de nombreux kidnappings par le passé. Mais les autorités n’ont pas précisé sur quoi se fondait cette accusation. Selon elles, les assaillants parlaient le kinyarwanda. Mais, d’une part, cette information n’a pas été confirmée de source indépendante. De l’autre, cela ne permet pas de distinguer les différents acteurs qui opèrent dans la zone : tous ont, en leur sein, des locuteurs de kinyarwanda.

    L’identification des auteurs ne sera pas facile pour les enquêteurs. Sur le territoire de Nyiragongo, où s’est produit l’attaque, 18 cas de kidnapping ont été enregistrés en 2020. En plus des groupes armés organisés, des bandits opèrent, et leurs commanditaires sont rarement découverts. Cette fois, un incident qui s’est produit dans cette région a endeuillé jusqu’en Europe. Mais il s’inscrit dans une longue lignée de drames qui frappent, chaque jour, dans l’est du Congo.


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    3 分
  • 🎙 Tshisekedi, homme d'État du continent ?
    2021/03/05

    Addis-Abeba, le 6 février. Le président congolais, Félix Tshisekedi, entre dans une salle inhabituellement vide, en raison de la pandémie de la Covid-19. Accompagné de quelques députés congolais et des membres de son cabinet, ce président à la fois applaudi et critiqué pour ses nombreux voyages à l'extérieur formalise ce que ses conseillers et partisans vantent comme une victoire diplomatique : il assume les fonctions du président de la conférence des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union africaine.

    Bonjour ! Nous sommes le vendredi 5 mars. Je m’appelle Joshua Walker, et je suis le directeur de programme du Groupe d'étude sur le Congo. Vous écoutez le 4e épisode de Po na GEC, série de capsules audio qui résume et analyse les événements de l'actualité congolaise.

    Depuis 2019, Félix Tshisekedi gravit petit à petit les échelons de la diplomatie africaine : d’abord élu 2e vice-président en février 2019, il devient ensuite 1er vice-président en février 2020. Durant la même période, il joue les médiateurs, à côté du président angolais Joao Lourenço, entre le Rwanda et l’Ouganda. Presqu’au même moment, il est élu président de l’UA pour 2021. La nouvelle est accueillie par certains comme un coup diplomatique de Tshisekedi : on parle du “retour” de la RDC sur la scène géopolitique comme actrice importante.

    En fait, le président de l’Union africaine est élu pour un mandat d’un an par ses pairs chefs d’Etat et de gouvernement de la région. La présidence passe à tour de rôle annuellement entre les 5 sous-régions : l’Afrique du Nord, l’Afrique australe, l’Afrique centrale, l’Afrique de l’ouest et l’Afrique de l’est. C’était acté avant l’élection de 2018 que la RDC prendrait, pour le compte de l’Afrique centrale, la 2e vice-présidence en 2019 jusqu’à prendre la présidence en 2021. Cette présidence est donc le fruit du travail de la diplomatie congolaise sous Joseph Kabila.

    La présidence de l’Union africaine est un rôle largement symbolique. Mais le titulaire a également une certaine marge pour faire mettre en œuvre ses projets phares, comme le président rwandais Paul Kagame l’a fait avec la Zone de libre-échange continentale africaine. En tant que président de l’UA, Félix Tshisekedi représente l’organisation intergouvernementale dans des réunions internationales. Et il donne les grandes orientations des priorités de l’organisation pour l’année. Pour l’aider dans cette tâche, en novembre 2020, il a nommé un panel chargé d’accompagner son mandat, composé de personnalités congolaises importantes comme le professeur d’histoire Isidore Ndaywel et l’ancien secrétaire exécutif de la Conférence internationale sur la région des Grands lacs, Ntumba Luaba.

    Quel agenda, donc, pour l'année de Félix Tshisekedi à la tête de la grande organisation continentale ? Le thème de sa mandature, choisi par les chefs d’Etat et de gouvernement en 2020 est “Arts, culture et patrimoines : leviers pour l’édification de l’Afrique que nous voulons”. Ce thème a été choisi, en partie, en raison du débat sur la restitution des objets d’art africains des musées étrangers. Lors de son discours d’investiture, Félix Tshisekedi a tout de même essayé de faire rentrer la question de la paix sous cette rubrique d’arts et culture, en évoquant le thème du mandat de son prédécesseur, le président sud-africain Cyril Ramaphosa : “Faire taire les armes”. Ce dernier avait voulu, avant la pandémie de la Covid-19, se focaliser sur deux conflits prioritaires : la Libye et le Sud Soudan. Le président Tshisekedi, cependant, semble vouloir tourner l’attention de l’UA vers les conflits liés au terrorisme : la région sahelo-sahélienne, le nord du Mozambique, la République centrafricaine...et l’est de la RDC. Le 27 février, il a déclaré : “Pour que l'art, la culture et les patrimoines réussissent leur mission d'édification de l'Afrique il faut faire taire les armes et débarrasser l'Afrique des menaces terroristes”. A côté de cela, il faut ajouter comme priorité l’implémentation de la Zone de libre-échange continentale africaine.

    La présidence de l’Union africaine offre une nouvelle plateforme pour le président Tshisekedi de nourrir davantage ses contacts avec ses homologues africains, et peut-être de continuer à construire son image d’homme d’État. Ira-t-il au-delà des séances photos et des discours ? Les mois qui suivent nous donneront la réponse.

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  • 🎙 Kalev ou les vicissitudes d'un homme autrefois craint
    2021/03/12

    “Qu’ils me haïssent, pourvu qu’ils me craignent.” Au Congo, certains attribueraient volontiers cette expression de l’empereur romain Caligula à Kalev Mutondo tant ce nom inspirait la peur. Il y a eu, Kalev était le tout-puissant numéro un de l’Agence nationale de renseignement (ANR), qui s’est mué, au fil des ans, en une sorte de police politique, traquant toute voix discordante au régime. Pourtant, cet homme qui était intouchable hier se retrouve aujourd’hui dans le viseur de la justice. Qu’est-ce que ces vicissitudes de Kalev nous apprennent-elles ?

    Bonjour !

    Je m’appelle Fred Bauma et je suis le directeur de recherche du Groupe d’étude sur le Congo, centre de recherche basé à l’Université de New York. Vous écoutez le 5e numéro de Po Na GEC, notre capsule audio qui résume, explique et donne notre avis sur les questions d’actualité en RDC.

    Nous sommes le vendredi 12 mars.

    Cela fait exactement deux ans et 16 jours depuis que Joseph Kabila a quitté le pouvoir à l’issue d’une présidentielle controversée. Une coalition a été rapidement formée entre ce dernier et Félix Tshisekedi. Mais Kabila s’était toutefois arrangé à maintenir sa mainmise sur presque toutes les institutions du pays. Une démarche censée alors garantir à ses lieutenants et à lui-même une tranquillité après le règne de près de deux décennies, marqué entre autres par des violations des droits de l’homme.

    Mais, n’est-ce pas que le même Caligula l’a prévenu ? “Le pouvoir donne ses chances à l’impossible”. Depuis peu, la donne a donc changé. Les intouchables d’hier sont devenus poursuivables. Voulant être réellement président pleins pouvoirs, Félix Tshisekedi s’est émancipé de Joseph Kabila, désormais en perte continue d’influence sur le terrain politique. Conséquence : plus rien ne peut protéger les hommes de l’ancien chef de l’État. Très rapidement, Kalev voit la liste de ses ennuis judiciaires se rallonger. Au moins 12 personnes l’accusent de les avoir arbitrairement arrêtés hier et portent successivement plaintes contre lui pour notamment enlèvements, tortures physiques et morales, traitements inhumains et dégradants et tentative d’assassinats.

    Le tout non sans une dose - ironie de l’histoire - de règlement des comptes politico-judiciaires : un magistrat instructeur récusé par l’accusé mais qui persiste et ce, contre l’avis du nouveau responsable de l’ANR qui se serait prononcé pour l’attribution de ces dossiers à un autre magistrat. L’actuel serait très au parfum du passé de Kalev puisqu’il a travaillé, indirectement, avec lui, ces dernières années, dans le cadre d’une commission des officiers de police judiciaires mise en place par l’ANR et la Direction de migration.

    Sur le terrain politique, c’est le président Tshisekedi qui se frotte les mains. Ces tribulations de Kalev, inimaginables il y a quelques mois, renforcent, petit à petit, dans l’imaginaire collectif l’idée selon laquelle, sous Félix Tshisekedi, la justice poursuit tout le monde. N’est-ce pas que Vital Kamerhe, alors directeur de cabinet et allié politique du président, a également maille à partir avec la justice ? Voilà ce qui est d’apparat.

    En filigrane, d’aucuns peuvent apercevoir une tactique qui ressemble au lawfare, la guerre juridique. Se servir du droit comme une arme politique afin d’anéantir ses adversaires. Un autre exemple serait la façon dont Xi Jinping a utilisé la guerre contre la corruption en Chine pour sévir contre ses rivaux, ou Rodrigo Duterte aux Philippines qui a restreint les libertés de la presse en prétextant une campagne contre la criminalité. Et des éléments de langage accompagnent bien la stratégie : “État de droit”, “Justice indépendante”... Mais le risque, surtout comme le président Tshisekedi est en train de former un gouvernement avec un grand nombre de figures qui travaillait avec Kabila dans le passé, c’est de se retrouver demain face à une justice à double vitesse. Une justice qui ne laisse rien à ceux qui ne sont pas avec nous, mais qui pardonne tout à ceux qui sont avec nous. L’engouement des anciens fidèles de Kabila à l’Union sacrée de la nation, nouvelle plateforme politique de Tshisekedi, est révélateur.

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  • 🎙 "Le temps des reformes", oui ...mais comment ?
    2021/03/19

    “C’est le temps des réformes.” C’est en ces termes que Christophe Mboso, nouveau président de l’Assemblée nationale, a confirmé, le lundi 15 mars, la priorité qui sera désormais accordée aux réformes électorales. C’était lors de son discours d’ouverture de la première session ordinaire de l’année. Pour lui, cela implique d’aller vite dans la désignation du président et des membres de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni). Cette prise de position surprend. Car, depuis plusieurs mois, un consensus semblait se dessiner autour de la révision du cadre légal de l’organisation et du fonctionnement de la Ceni avant de choisir ses membres. Alors, une double question s’impose : les membres de l’Union sacrée de la nation sont-ils tous sur la même longueur d’onde ? Les réformes électorales sont-elles les seules priorités dans le pays ?

    Bonjour,

    Je m’appelle Trésor Kibangula et je suis analyste politique au sein du Groupe d’étude sur le Congo, centre de recherche basé à l’Université de New York. Vous écoutez le sixième numéro de Po Na GEC, notre capsule audio qui tente d’expliquer et de donner notre avis sur les questions d’actualité en RDC.

    Nous sommes le vendredi 19 mars.

    Il y a cinq jours, nous avons assisté, en direct à la télévision nationale, au premier moment de flottement public de la nouvelle majorité parlementaire. Il va falloir alors que l’Union sacrée de la nation indique clairement dans quel sens elle compte mener des réformes électorales annoncées : va-t-on désigner d’abord des membres de la Ceni, puis modifier la loi sur la Ceni ? Thèse que défendait le camp de l’ancien président Joseph Kabila dont la plupart de ses députés ont rejoint depuis l’Union sacrée de la nation. Ou va-t-on faire l’inverse, comme le réclament depuis quelques mois la société civile et quelques organisations politiques, notamment le G13, également membres de l’Union sacrée de la nation.

    À cette allure, les questions des réformes électorales vont de nouveau occuper largement l’espace et le débat public au Congo. Résistants, opposants, société civile, et désormais nouvelle majorité, tous font et feront entendre leurs voix sur le sujet. Et c’est plutôt une bonne chose d’encourager des réflexions et des ajustements du dispositif légal relatif aux élections. On sait en effet combien les cycles électoraux de ces dernières années ont été décriés pour leurs caractères à la fois non-inclusifs et non transparents. D’ailleurs, pour aller plus loin, vous pouvez relire le rapport du GEC sur l’impossible dépolitisation de la Ceni, publié début janvier.

    Mais on sait aussi que les attentes des Congolais sur l’amélioration de leur bien-être social sont immenses et pressantes. Et que, aussi importantes soient-elles, les réformes électorales ne sont pas les seules. Sont également attendues les réformes fiscales, celles du secteur de sécurité et la révision de certaines dispositions de la Constitution. Pour ne citer que celles-là.

    Heureusement les deux chantiers ne sont pas mutuellement exclusifs. On peut bien légiférer sur des réformes et s’engager, par exemple, dans la lutte contre les inégalités sociales. Encore faut-il avoir les moyens de sa politique mais aussi la volonté politique de s’inscrire dans cette voie. Il faudrait alors élargir le débat public qui semble se consacrer sur la priorité de réformer le cadre législatif des élections aux problématiques sociales liées notamment à l’éducation, y compris des adultes, à la sécurité, au système de santé, à l’accès à l’eau et à l’électricité, au pouvoir d’achat, à la redistribution des richesses nationales, à la redéfinition des services publics, … La liste n’est pas exhaustive.

    Le Premier ministre Sama Lukonde, dont le gouvernement se fait toujours attendre au moment où nous enregistrons cet audio, devra sans doute, bientôt, donner quelques indices sur ces chantiers prioritaires.

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  • 🎙Le discret séjour kinois des militaires rwandais
    2021/04/02

    Le 15 mars, une délégation de militaires Rwandais a discrètement débarqué à l’aéroport de Ndjili, à Kinshasa. Elle était conduite par le général Jean-Bosco Kazura, chef d’Etat-major général de l’armée rwandaise, pour négocier les contours d’une nouvelle coopération militaire dans l’Est de la RDC.

    Nous sommes le vendredi 26 mars et vous écoutez le 7e numéro de Po na GEC, une capsule audio du Groupe d’études sur le Congo de l’Université de New-York, qui tente d’éclairer l’actualité de la RDC. Je suis Pierre Boisselet, le coordonateur du Baromètre sécuritaire du Kivu, et cette semaine nous allons parler de cette nouvelle tentative de passer des accords militaires avec des pays voisins de la RDC.

    Ce n’est pas la première, depuis l’arrivée au pouvoir de Félix Tshisekedi. En septembre 2019, déjà, le président avait voulu mettre en place un état-major conjoint des armées de la région des grands lacs pour planifier des opérations communes dans l’Est de la RDC. Mais le projet avait échoué : les relations entre ces pays voisins étaient trop tendues et de nombreux congolais y étaient opposés. Parmi eux, on trouvait notamment l’ancien président, Joseph Kabila, alors encore influent.

    Cela n’a pas empêché la coopération de se poursuivre discrètement, notamment avec le Rwanda. A plusieurs reprises, des soldats rwandais sont entrés secrètement en RDC, avec l’autorisation des autorités congolaises, pour mener des opérations ciblées contre certains groupes rebelles rwandais.

    Ces incursions ont été relevées par le Baromètre sécuritaire du Kivu et plusieurs médias. Mais aussi – et c’est plus important – par le Groupe d’expert des Nations unies pour la RDC dans son rapport de décembre dernier. Légalement, les autorités rwandaises et congolaises auraient en effet dû déclarer ces opérations au conseil de sécurité des Nations-Unies, ce qui n’a pas été fait.

    Mais depuis le début de cette année, les échanges entre les services de sécurité Congolais et Rwandais semblent s’intensifier : la rencontre de ce mois de mars, à Kinshasa, est déjà la troisième. A Kigali, en février, François Beya, le conseiller spécial en matière de sécurité du président, avait notamment justifié ce rapprochement ainsi : « nous sommes venus ici pour défier le monde entier, en particulier l’occident, qui ne veut pas que nous parlions et travaillons ensemble ».

    Selon certains comptes rendus de la dernière rencontre, à Kinshasa la semaine dernière, il s’agissait d’élaborer un plan opérationnel pour mener des actions conjointes, notamment contre les FDLR, le CNRD, les RUD et l’ex-M23.

    L’inclusion du M23 est intéressante : elle semble montrer la bonne volonté de Kigali, qui avait, jadis, soutenu cette rébellion.

    Alors, est-ce la solution aux problèmes de l’Est de la RDC ? Pour Félix Tshisekedi, il sera difficile de les résoudre sans la coopération des voisins, c’est certain. Mais la coopération avec le Rwanda, telle qu’elle semble se dessiner, présente plusieurs risques.

    D’abord, celui d’être très impopulaire en RDC. Cela pourrait inciter les autorités à la cacher, et en cacher dans le même temps les éventuels abus, qui resteraient impunis. En 2009, l’opération conjointe des armées congolaises et rwandaises Umoja Wetu avaient certes affaibli certains groupes armés, mais elle avait aussi provoqué une crise politique à Kinshasa et des violations des droits humains.

    Ensuite, elle semble être principalement militaire. Pour y faire face, les groupes armés pourraient se mobiliser davantage et finir par générer plus de violences.

    Enfin, elle semble exclure les autres voisins de la RDC. L’Ouganda et le Burundi, qui entretiennent des relations tendues avec Kigali, pourraient craindre de perdre le contrôle de leur zone frontalière, et intervenir également, directement ou indirectement, provoquant davantage de violences.

    En conclusion, il est possible que la coopération militaire entre le Rwanda et la RDC donne des résultats à court terme, en affaiblissant certains groupes. Mais aucune solution de long terme ne pourra être trouvée si l’armée congolaise n’est pas capable, elle-même, de sécuriser son territoire. Cela suppose qu’elle soit bien organisée, payée, équipée, et aussi qu’elle soit incorruptible, impartiale et redevable devant les citoyens congolais. Le chantier est vaste. Mais il est incontournable pour atteindre une paix durable dans l’Est de la RDC.

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  • 🎙 Groupes armés : Mboso a-t-il raison de pointer ses collègues du Grand Kivu ?
    2021/04/02

    En marge de l'ouverture de la plénière du lundi 29 mars, le président de l'Assemblée nationale, Christophe Mboso N'Kodia, a déclaré : "Vous les collègues du Grand Kivu, quittez les groupes armés."

    Alors que le pays est sous le choc d’un nouveau massacre de 27 personnes au nord de Beni, ce qui porte à plus de 1 100 le nombre de personnes tuées dans ce territoire depuis novembre 2019, Mboso a-t-il raison de pointer du doigt ses collègues ?

    Bonjour,

    Je m'appelle Jason Stearns et je suis le directeur du Groupe d'étude sur le Congo, centre de recherche basé à l'Université de New York. Vous écoutez le huitième numéro de Po Na GEC, notre capsule audio qui tente d'expliquer et de donner notre avis sur les questions d'actualité en RDC.

    Nous sommes le vendredi 2 avril.

    Il ne fait aucun doute que certaines élites politiques congolaises, y compris des parlementaires, ont été affiliées à des groupes armés. En 2011, un rapport du Groupe d'experts de l'ONU a documenté le soutien de Jemsi Mulengwa, ancien député de Fizi, aux Maï-Maï Yakutumba, et de nombreux rapports montrent le soutien de Justin Bitakwira, ancien député d'Uvira, aux groupes armés dans la Plaine de la Ruzizi. En 2011, l'actuel député Anselme Enerunga a participé à la production et à la diffusion de vidéos faisant l'éloge des groupes armés Raia Mutomboki à Kalehe, d’où il est originaire. Autour de Beni, en 2018 des candidats députés au niveau provincial et national ont , bon gré mal gré, encouragé des groupes locaux qui ont fini par participer à des attaques contre des agents de santé pendant l'épidémie d'Ebola dans cette région.

    Il existe également d'autres exemples. Même si le recours au populisme est certainement préjudiciable à la stabilité, il n'est qu'un facteur, et probablement pas le plus important, contribuant à la violence globale dans l'est du Congo. La plupart de ces soutiens documentés étaient rhétoriques, et non financiers. Et si bon nombre des 120 groupes armés de la région ont des liens avec les élites politiques et économiques, il s'agit pour la plupart d'alliances de convenance; les groupes armés ne sont pas les marionnettes de ces élites.

    Pour la plupart, les groupes armés de l'est du Congo sont portés par leur propre élan, survivent en taxant la population locale, les mineurs artisanaux et les hommes d'affaires, et ne sont vraisemblablement pas approvisionnés ou financés par de puissantes élites à Kinshasa ou à Goma. C'est certainement le cas des ADF, le groupe armé de loin le plus meurtrier du Congo, responsable d'environ ⅓ de toutes les tueries de civils dans le conflit depuis 2019 selon le Baromètre sécuritaire du Kivu. Bien que ce groupe ait tissé des liens de survie avec les populations locales, rien ne prouve qu'un parlementaire - ou un autre dirigeant politique congolais, d'ailleurs - le soutienne.

    S'il est séduisant d'adhérer au récit des "tireurs de ficelles", cela détourne l'attention d'une responsabilité beaucoup plus claire : celle de l'État congolais, qui est souvent peu disposé ou incapable de démanteler les groupes armés, et qui est parfois complice de ces derniers. Par exemple, le GEC a documenté le soutien récent des FARDC au NDC-R, l'un des groupes armés les plus importants de la région. Et en général, les 120 000 soldats de l'armée manquent souvent des ressources et de motivation suffisantes pour s'attaquer à des groupes armés.

    Cela ne veut pas dire que la stabilisation de l'Est sera facile, ni qu'il existe un vaste complot derrière les massacres. Il faudra un plan et du temps. Il faudra une volonté politique et des ressources publiques pour réformer l'armée, mettre en place un plan de démobilisation, s'engager dans une véritable réconciliation communautaire et fournir des emplois aux jeunes de la région qui rejoignent souvent des groupes en quête de survie et de dignité. Le président de l'Assemblée nationale a mentionné certaines de ces choses dans son discours - concentrons-nous sur celles-ci.

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