エピソード

  • Côte d'Ivoire: sortie d'une série télé sur les «220 logements»
    2025/06/16

    Depuis ce lundi 16 juin, la chaîne A+, filiale de Canal+, diffuse une nouvelle série adaptée d’une pièce de théâtre ivoirienne : « Les 220 logements ». Saga historique dans un quartier populaire d’Abidjan, où se mélange l’humour, l’amour, les péripéties de la vie quotidienne, les événements sociaux et politiques qui ont fait l’histoire de la Côte d’Ivoire depuis le début des années 1990.

    C’est l’histoire d’une pièce de théâtre, « 220 logements », qui a eu son petit succès à Abidjan et devient une série télévisée. 220 logements, quartier emblématique d’Abidjan, où ont vu le jour les premiers grands ensembles d’habitation. Des immeubles où se mélangeaient histoire politique, histoire d’amour et plaisanterie de maquis.

    C’est sur les lieux mêmes des 220 logements, à Adjamé, que la production de Plan A a posé ses caméras pour mieux s’imprégner de l’ambiance de l’époque, et raconter une saga débutant en 1990.

    L’acteur Jean-Brice Traore incarne « Joli garçon », un étudiant amoureux de la jolie Léo et leader du syndicat Fesci, sur le campus Houphouët-Boigny : « J'ai 33 ans, je suis né en 1992. J'étais petit quand tout ça s'est passé. Quand nous sommes venus tourner ici, nous avons découvert des gens accueillants. Beaucoup de personnes viennent nous raconter ce qu'ils ont vécu à cette période-là. Franchement, c'est génial ».

    Gaston habite les 220 logements depuis 1968. Il observe les équipes de tournage filmer un bout d’une vie qu’il a bien connue : « C'est un honneur pour nous que ça se passe dans notre quartier. Tout ça, c'était la brousse avant. Et on assiste petit à petit à l'évolution d'Abidjan ».

    Sous la direction du metteur en scène Souleymane Sow, les comédiens répètent le texte adapté pour la chaîne A+, par son auteur Chantal Djédjé : « Dans la série, on va retrouver des éléments qui ont composé la Côte d'Ivoire des années 1990 à 1995, donc les mouvements estudiantins qui clament des changements politiques, mais il y a toujours la vie de quartier et l'amour qui peuvent support la bonne humeur à l'ivoirienne ».

    La vie et les péripéties d’un pays à travers celle d’un quartier ancien, mais toujours debout à Adjamé. « Les 220 logements », ce sont 105 épisodes d’une histoire pas comme les autres, celle de la Côte d’Ivoire.

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  • La marche de solidarité pour Gaza: «C'était incroyable le soutien que nous avons eu» en Tunisie
    2025/06/15

    En Tunisie, la marche pour Gaza initiée par un collectif de Tunisiens depuis lundi 9 juin est bloquée en Libye suite à la décision des autorités libyennes de l'Est. Alors que beaucoup ne souhaitent pas faire marche arrière, cette initiative a montré la force d'une mobilisation maghrébine en faveur des Palestiniens. Retour sur cette odyssée avec notre correspondante à Tunis.

    Samedi 14 juin, alors que la caravane Soumoud était encore bloquée à Syrte dans l'Est libyen, des centaines de Tunisiens se sont réunis au centre-ville de Tunis pour soutenir le convoi. Haykel Mahfoudhi, un journaliste indépendant, a fait la route avec la caravane jusqu'à Ras Jedir, le poste frontalier tuniso-libyen. « C'était vraiment incroyable le soutien que nous avons eu, la solidarité, tout au long des villes tunisiennes que nous avons parcourues. On sent que le mouvement de la marche pour Gaza a beaucoup fédéré. »

    Après les refoulements et expulsions au Caire de participants à la marche internationale, Raouf Farrah chercheur algérien basé en Tunisie, a dû renoncer à rejoindre la marche par voie aérienne. Présent lundi au lancement du convoi, il relève son importance sur le plan maghrébin, près de 700 Algériens se sont joints à l'initiative tunisienne : « Je pense qu'en tant que Maghrébin, nous sentons cette responsabilité à la fois morale et politique de dire "Assez au génocide, assez aux violences génocidaires contre les Palestiniens, au silence et à la complicité des autorités et des gouvernements, des institutions internationales face à un crime qui devrait être arrêté" ».

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    Après avoir été accueilli à bras ouverts à Zawiya et Misrata en Libye, la caravane, dont la page Facebook cumule plus de 200 000 abonnés, s'est retrouvée bloquée à Syrte, côté Est libyen, depuis jeudi. Sans réseau et avec très peu de connexion, les participants n'ont pu poster que de rares informations et mises à jour sporadiques, disant être en négociations avec les autorités libyennes, selon Haykel Mahfoudhi : « On a eu vent de plusieurs personnes du convoi qui ont été arrêtées. On est encore en train de mettre à jour les informations que nous avons eues au fur et à mesure. C'est très difficile de joindre la caravane actuellement et on ne sait pas trop ce qu'ils vont pouvoir faire. »

    Dimanche 15 juin, les porte-paroles du convoi insistaient encore dans une vidéo pour rester en Libye et ne pas faire marche arrière. L'objectif final : passer en Égypte pour ensuite rejoindre la marche et aller à Rafah, mais avec les restrictions égyptiennes imposées aux autres participants, l’espoir d'arriver à bon port, reste fragile.

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  • Comores: raréfaction des poissons au Café du port
    2025/06/14


    À Moroni, la pêche artisanale reste une activité essentielle pour des milliers de Comoriens. Mais face à la raréfaction des poissons, à la concurrence de grands chalutiers et aux restrictions locales, les pêcheurs se battent pour survivre. Certains évoquent un métier de plus en plus dur, d’autres tentent de s’adapter malgré les obstacles. Reportage à Moroni, dans un lieu appelé Café du port, où le poisson, autrefois abondant, devient une denrée fragile.

    De notre correspondant à Moroni,

    Près du port de Moroni, entre deux parties de dominos, les pêcheurs discutent d’un métier qu’ils aiment, mais qui ne les fait plus vraiment vivre. Commandant Loketo, pêcheur depuis 1999 : « Avant, il y avait moins de bateaux, plus d’opportunités, et surtout plus de poissons. Depuis 2010, les choses ont changé. Il y a les gros bateaux de pêche étrangers qui opèrent dans nos eaux et prélèvent énormément de poissons. Parfois, ils nous menacent avec des armes. On est obligés de fuir. Parfois, ils nous donnent des poissons ».

    Ces dernières semaines, certains notent une amélioration. Les grands navires se font plus rares, et les prises augmentent. Commandant Loketo : « Dieu merci, les poissons sont revenus. Vous le voyez bien sûr, les prix : la bonite est entre 2 et 2,50 euros ».

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    Mais il y a d'autres batailles pour les pêcheurs. Ibrahim Hassani vend son poisson près du Café du port, un point de vente situé en bordure de route. Les clients y stationnent souvent leurs véhicules, ce qui encombre la circulation et agace la mairie. « On nous empêche de vendre ici. C’est une décision de la mairie. J’ai 750 000 francs de poisson bloqué au congélateur, que je n’arrive pas à écouler ».

    Il regrette surtout d’avoir dû renoncer à la fraîcheur, son meilleur argument face aux clients. « Ici, il n’y a que du poisson frais. C’est maintenant que la situation a changé que nous avons des poissons congelés. Nous n’arrivons pas à les écouler, mais en période normale, nous n’avons jamais de poissons congelés ».

    La pression n’est pas que locale. Les pêcheurs dénoncent aussi un manque de soutien face aux enjeux géopolitiques de la mer. Andhum Abdallah, pêcheur depuis 2006 : « Nous avons une vie difficile. On souffre autant en allant à la pêche qu'en revenant. On souffre quand on veut vendre. Et certaines autorités viennent ici, pas pour nous aider, mais pour nous compliquer encore plus la vie ».

    Rester à flot, malgré les vagues, les décisions politiques, et les poissons qui se font rares. Pour ces pêcheurs, l’espoir, lui, est toujours bien ancré.

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  • Sierra Leone: la disparition de l'île Plantain, une mémoire sur le point de s'effacer [2/2]
    2025/06/13

    La Sierra Leone est l'un des pays les plus exposés à l'érosion côtière au monde. Près de 2 millions de personnes établies le long des côtes encourent aujourd'hui le risque de perdre leur habitation et leurs moyens de subsistance. De nombreuses familles ont par exemple déjà dû quitter l'île Plantain, située à plusieurs heures de bateau de la capitale, Freetown. L'île, qui comptait autrefois 5 000 habitants, s'est dépeuplée face à la montée rapide du niveau de la mer. Les plus pauvres n'ont de toute façon nulle part où aller.

    L'histoire de l'île Plantain, en Sierra Leone, semble sur le point d'être effacée. Une partie des vestiges de cet ancien comptoir commercial portugais a déjà été engloutie par l'océan. « Je dirais qu'à peu près deux tiers de l'île ont disparu. Dans les années 1970, les gens cultivaient la terre ici, mais ces champs n'existent plus. À l'époque, ils pouvaient aussi chasser les gros rongeurs, mais ces animaux ont, eux aussi, disparus », se souvient Charles Barlay, officier de la marine sierra-leonaise. Il vit à Shengue, la bourgade qui fait face à l'île de plantain, sur la côte. « Je dirais que presque 200 maisons ont disparu dans la mer. Il y avait trois mosquées ici, mais il n'en reste qu'une seule. La FAO avait fait construire des bandas pour sécher le poisson. Ça aussi, c'est parti », se remémore-t-il.

    Difficile de dire combien d'habitants vivent encore ici. Quelques milliers, peut-être même seulement quelques centaines. À la pointe de l'île Plantain, une fine langue de sable permet de rejoindre les grandes huttes dans lesquelles le poisson est fumé. Hafsatu dort dans l'un de ces bandas depuis qu'elle a perdu sa maison. « Il était minuit, toute la famille dormait, quinze personnes en tout, quand une grosse vague est entrée d'un coup dans notre maison et a tout emporté. Nous aimerions partir d'ici, car la terre rétrécit et nous avons peur. Si j'avais de l'argent, je le ferais, mais je n'ai aucune économie. Sinon j'aimerais m'installer à Tombo, le gros port de pêche sur le continent », raconte-t-elle.

    Malgré le déclin de l'île, la plupart des jeunes continuent à devenir pêcheurs comme leurs pères, faute d'alternative. C'est le cas de Mohammed Dangoa : « J'ai étudié jusqu'au lycée, mais maintenant, je vais en mer. Pourtant, il y a moins de poissons, car certains pêcheurs ont raclé les fonds avec leurs filets jusqu'à ce qu'il ne reste plus rien. Donc, nous sommes obligés d'aller très loin pour trouver du poisson ! Certains de mes amis qui le pouvaient sont partis, pour essayer de trouver un meilleur travail ailleurs dans le pays, parce qu'ici, il n'y a rien. »

    Et les effets du changement climatique sur la vie quotidienne des pêcheurs ne sont pas toujours visibles à l'œil nu, rappelle Henry David Bayo, qui travaille pour l'Agence de protection de l'environnement. « Avec l'érosion, l'eau salée s'est infiltrée et s'est mélangée à l'eau des nappes phréatiques. Même trouver de l'eau potable sur l'île est devenu difficile. Ce qui a des implications sur la santé des habitants. On observe aussi des changements dans les courants marins, ce qui a des conséquences sur la pêche. Et puis le plancton par exemple ne survit pas à la hausse de la température de l'eau », explique-t-il. Un projet de restauration des mangroves est notamment à l'étude pour tenter de sauver ce qui reste de l'île plantain, avant que l'océan ne l'avale entièrement.

    À lire aussiSierra Leone: le désarroi des habitants de l'île Plantain, menacée par la montée des eaux [1/2]

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  • Sierra Leone: le désarroi des habitants de l'île Plantain, menacée par la montée des eaux [1/2]
    2025/06/12

    La Sierra Leone est l'un des pays au monde les plus exposés à l'érosion côtière. Près de deux millions de personnes établies le long des côtes encourraient le risque de perdre leur habitation et leurs moyens de subsistance. La montée des eaux est particulièrement inquiétante pour ceux qui vivent sur les îles au large des côtes sierra-leonaises. Ainsi, sur l'île Plantain, située au sud de la capitale Freetown, des dizaines de bâtiments ont déjà disparu, la terre se réduisant chaque jour un peu plus.

    La terre sablonneuse semble avoir fondu à force d'être léchée par les vagues. Le rivage s'enfonce maintenant à pic dans l'océan. L'érosion de la côte a déjà emporté une partie de l'école de Plantain Island, en Sierra Leone. L'extrémité du bâtiment est détruite et frôle le vide.

    Le professeur Ibrahim Tarawally se remémore son arrivée sur place, il y a presque vingt ans : « Beaucoup d'entre nous sont venus ici depuis le nord, pendant la guerre civile. Maintenant, cette île est en train de disparaître, à cause de l'érosion et des intempéries. Oui, j'ai peur ! Regardez cette école... une salle de classe et le bureau du principal sont tombés dans la mer. Graduellement, l'île rétrécit de plus en plus. Et quand elle disparaîtra, il faudra bien partir. »

    La population était initialement de plus de 5 000 personnes, il n'en resterait que quelques centaines. En contrebas, les vagues turquoises viennent se briser à quelques mètres seulement d'une petite mosquée bleue. Autrefois, ce bâtiment se trouvait au centre du village. « Une partie des murs s'est déjà effondrée, donc les gens viennent encore prier, mais ils ont peur. Alors quand la marée est haute, les fidèles prient vite, vite, le plus vite possible avant de repartir », témoigne l'imam Djibril Alhaji Kamara, qui continue d'y diriger la prière.

    Une voisine s'approche. Kadiatou Diallo porte un long voile noir qui recouvre son corps sec. La vieille femme originaire de Côte d'Ivoire pointe la surface lisse qui a fait disparaître de nombreuses maisons. « Avant, on pouvait marcher jusqu'à la petite île, tout là-bas. Il y avait une route, des maisons et une autre mosquée, mais tout a disparu. Juste là, c'était ma maison. Nous vivions de manière très confortable. En fait, on ne pouvait même pas entendre les vagues quand on dormait. Il y a des années, on ne pouvait même pas deviner qu'on vivait sur une île quand on se tenait ici ! On ne voyait même pas la mer », se souvient-elle.

    L'agence pour la protection de l'environnement en Sierra Leone et l'Organisation internationale pour les migrations ont mené récemment une étude pour voir comment améliorer la vie des habitants sur place. « Pour ceux qui veulent rester sur l'île, il y a un besoin de prendre des mesures de protection. Par exemple, on réfléchit à la manière dont on pourrait restaurer les mangroves qui entourent l'île, car cette végétation permet de ralentir l'érosion et de protéger la côte », explique Henry David Bayo, consultant pour l'agence gouvernementale. Une bonne partie des habitants de l'île Plantain n'ont tout simple nulle part d'autre où aller, ni même les moyens de quitter leur habitat en plein déclin.

    À écouter aussi8 milliards de voisins: les villes côtières du continent face à l’érosion

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  • Au Sénégal, l'océan, paysage quotidien, est aussi source de spiritualité
    2025/06/11

    Le Sénégal est un pays maritime, dont plus de 700 km de côte sont largement tournés vers l'océan. Plus qu’un paysage ou une ressource dont on vit, la mer est aussi l’objet de croyances, et source de foi.

    De notre correspondante à Dakar,

    De l’eau jusqu’aux cuisses, brosse et savon à la main, Moustapha lave soigneusement un mouton dans l’eau turquoise de l’océan sur les plages du Sénégal. Un rituel tout ce qu’il y a de plus banal pour ce pêcheur de 23 ans. « On est en train de préparer la tabaski, on lave les moutons pour la fête. La mer, ça les protège des bactéries », explique-t-il. Moustapha, qui est né et a grandi dans le village de Ngor, a toujours eu la plage pour jardin, la mer pour horizon et l’océan systématiquement présent pour accompagner les grandes fêtes. « C’est une forme de tradition. Depuis qu’on est tout petit, notre père et notre grand-père faisaient cela avant nous. On met du lait concentré sur la mer pour nos ancêtres », témoigne-t-il.

    Parmi ces actes sacrés : laver les moutons, verser du lait ou sacrifier un animal dans la mer pour demander la bénédiction de l’océan, entité sacrée, source de vie et de subsistance pour la communauté Lebou qui peuple les côtes sénégalaises. C’est aussi ce qui explique que la confrérie soufie des Layènes, tournée vers les flots, est née ici, sur la péninsule dans laquelle se trouve Dakar. « Même en prière, si on vous dit si vous êtes en prière quelque part et que vous avez la mer devant vous, tournez-vous vers la mer, c’est l’origine de tout ! », selon Serigne Abo, le conservateur d’un des sites où les Layènes viennent se recueillir. Une grotte, véritable fente dans la falaise, ouverte sur l’océan et dans laquelle on peut descendre : « La grotte fait face à la mer. Le puits où on s’altère se trouve au bord de la mer. »

    Il confirme ce lien spirituel fort entre le fondateur de la confrérie, Seydina Limamou Laye et la mer. « L’océan est indéniablement le compagnon de notre communauté. Seydina Limamou Laye est né dans un village complètement entouré par l'océan Atlantique, au nord, à l'ouest et au sud. Il fait partie d’un peuple qu’on nomme le peuple Lébou. On les appelle les gens de la mer, car leur tout c’est la mer. À part les champs à cultiver, la mer occupe 60 à 70% de leurs besoins », raconte-t-il. Aujourd’hui, les fidèles Layènes continuent de croire et d’espérer que leur mausolée et leurs lieux saints qui bordent l'océan sont protégées de la montée des eaux du fait de ce lien fort qui existe entre leur spiritualité et la mer.

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  • Océans: les plastiques flottants, refuge idéal pour les bactéries pathogènes? [2/3]
    2025/06/10

    Dans l’océan Indien, des scientifiques essaient de connaître le risque microbiologique pour l’homme et pour l’environnement marin de toutes ces bactéries pathogènes qui arrivent à se coller sur les plastiques flottants en mer et à survivre. Une recherche menée par une équipe franco-malgache, dans le cadre du projet ExPLOI, développé par la Commission de l’océan Indien, l’une des rares recherches de ce type en cours dans le monde.

    De notre envoyée spéciale à La Digue,

    Dans le lagon de l’île de La Digue, aux Seychelles, dans l'océan Indien, une partie de l’équipe scientifique collecte les macroplastiques à l’aide d’épuisettes, d’autres prélèvent des échantillons, à terre, dans le sable. Thierry Bouvier, écologiste microbien marin et chercheur au CNRS et à l’Institut de recherche pour le développement, au laboratoire MARBEC, assiste Rakotovao Raherimino, doctorant à l’Institut halieutique et des sciences marines de Tuléar.

    Le premier gratte un morceau de plastique avec un écouvillon, tandis que le second découpe avec précaution un morceau de la bouteille plastique jaunie par le soleil. « Cela se voit que ce plastique a séjourné dans l'eau, montre Thierry Bouvier. Il est colonisé par un certain nombre de choses. On voit des biofilms, on voit des petites tâches qui sont dues au développement pendant son séjour en mer. Après ce séjour à dériver en mer, il s'est échoué et là, on l'échantillonne désormais. On va conserver cet échantillon pour des analyses génétiques et estimer la diversité de ces bactéries qui sont associées au plastique. »

    De retour au laboratoire embarqué à bord du navire Plastic Odyssey, les deux chercheurs extraient aux ultrasons les bactéries réfugiées sur les plastiques collectés à la plage et en mer, puis les mettent en culture. Objectif : Savoir quelles sont celles qui peuvent affecter les humains et qui ont survécu au soleil et à la salinité. Et les premiers résultats obtenus par Rakotovao Raherimino sont pour le moins préoccupants. « J'ai découvert qu’il y a environ 300 fois plus de bactéries potentiellement pathogènes, c'est-à-dire qui peuvent entraîner des infections pour l'homme, sur les macroplastiques que dans l'eau de mer. On a trouvé des bactéries d'origine fécale, qui sont majoritairement des bactéries pathogènes comme l’Escherichia coli qui provoque des infections intestinales ou la Klebsiella pneumoniae qui provoque des infections pulmonaires. L'objet de ma thèse, c'est de savoir la durée de vie de ces bactéries lorsqu'elles sont hébergées dans les plastiques lors de leur “séjour” en mer », explique-t-il.

    Le tapis microbien, cette espèce de « film gluant » qui se développe à la surface des plastiques en mer, offre-t-il un écosystème refuge pour les bactéries d’origine humaine, contrairement à l’eau de mer qui ne permet pas à ces bactéries de survivre très longtemps ? Les premiers résultats montrent que ces bactéries sont véritablement plus nombreuses sur les plastiques que dans l’eau de mer environnante et surtout encore vivantes. Certaines d’entre elles ont même été observées dans l’intestin des animaux qui consomment ces plastiques. Les études en cours devraient permettre de dresser différentes conclusions sur les risques pour la santé humaine.

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  • Océan indien: à la découverte d’une pollution encore méconnue [2/3]
    2025/06/09

    Il y a des océans dont la pollution est mieux documentée qu’ailleurs. Le Pacifique et son fameux continent de plastique ont bénéficié, ces dernières années, de beaucoup d’études. L’océan Indien, particulièrement le sud-ouest de l’océan Indien, a été jusqu’à présent assez peu observé. Cette année, plusieurs recherches ont été lancées dans la zone grâce au programme ExPLOI. L’une de ces études consiste à produire un inventaire inédit sur la quantité et le type de plastiques que l’on retrouve dans les eaux côtières.

    De notre envoyée spéciale de retour de Mahé,

    Nous sommes dans le lagon de Baie Lazare, sur l’île de Mahé, à bord du Zodiac, aux côtés des matelots, Chettun Bhonul, doctorant à l’Université de Maurice. Ce matin, comme tant d’autres, il procède à ce que l’on appelle la collecte de microplastiques : « Prêt pour les mettre à l’eau ? ». Le capitaine du Zodiac répond : « Filet manta à l’eau ! »

    Ce que le chercheur vient de lancer, ce sont en fait des petits filets harnachés à des flotteurs qui vont capter toutes les particules en suspension, à la surface de l’eau. Durant deux heures, le bateau va tracter ces filets en lignes droites pour collecter un maximum d’échantillons. Une expérience répliquée dans 15 lagons de l’Océan Indien, à Madagascar, à Maurice et bientôt aux Comores.

    « L'objectif, c'est déjà pour avoir un aperçu sur le nombre de microplastiques qu'on a sur les lagons, mais aussi en dehors du lagon, pour les quantifier. Du coup, quand je prends les microplastiques, je vais les classifier en taille, en type et aussi en couleur pour savoir quel est le plus commun des microplastiques ? Mon étude est inédite parce qu’on a très peu de données sur la pollution plastique dans le sud-ouest de l’Océan Indien, surtout sur les micro plastiques. Dans le Pacifique, dans les autres océans, on a plus de données sur le plastique, sur la situation. Mais ici, dans cette zone comme Maurice, Seychelles et Madagascar, c’est vraiment novateur. »

    De retour au laboratoire, Chettun Bhonul passe les résidus dans trois tamis différents : un de deux millimètres, un autre d'un millimètre et un troisième de 315 micromètres, pour compter les micro-plastiques et les identifier.

    Des résultats attendus

    Pour le comptage des particules les plus fines, le chercheur a besoin du microscope. « Ça, c’est un microplastique. Ça, c’est une fibre, qu’on ne peut pas voir à l’œil nu, mais au microscope, on peut voir. Et ça, c’est un fragment de couleur bleue. On peut voir qu'il y a beaucoup de micro-plastiques qui ne sont pas visibles à l’œil nu. » Le chercheur se met à compter : « Un, deux, trois, neuf… douze. Vous voyez ça, ce sont des fibres. »

    « Notre première observation, ça dit que "oui, il y a des microplastiques dans les lagons" et l'objectif de ma thèse est de savoir si le lagon joue un rôle de concentrateur de microplastiques ou au contraire, si les eaux calmes du lagon favorisent la sédimentation, c'est-à-dire la chute des microplastiques vers le fond du lagon. »

    Autrement dit, une fois dans la mer, jamais, les micro-plastiques ne disparaissent tout à fait. Les premiers résultats de cette grande étude sont attendus pour septembre 2025.

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