エピソード

  • La mort est-elle écologique?
    2025/10/30
    À l'approche du week-end de la Toussaint et du Jour des morts, quelles sont les funérailles les plus respectueuses de l'environnement et du climat ? Il n’y a pas plus écologique que la mort. On n'a pas de meilleur bilan carbone que lorsque la vie s’arrête, puisqu’on ne mange plus, on ne consomme plus, on ne se déplace plus et on ne respire plus. Un être humain, vivant, aspire de l'oxygène et rejette du dioxyde de carbone, du CO2. Et selon un calcul très scientifique, chaque personne, chaque jour, émet près d'un kilo de CO2, si on considère une activité au repos. Résultat : la respiration humaine représente 4% des émissions totales de CO2, le principal gaz à effet de serre responsable de la crise climatique. C'est plus, par exemple, que le transport aérien. Quand on meurt, vient l’heure des funérailles. D’un point de vue écologique, vaut-il mieux un enterrement ou une crémation ? Vaut-il mieux fumer les pissenlits par la racine, ou que nos racines partent en fumée ? C'est évidemment un choix très intime. Selon une étude de la Chambre syndicale française de l'art funéraire, l’impact carbone d’une inhumation est à peu près équivalent à celui d'une crémation – un enterrement émet environ 620 kg de CO2, et une incinération près de 650 kg de CO2. Pour avoir un élément de comparaison, un Paris-Kinshasa en avion pèse à peu près autant qu'un voyage pour l'éternité… Funérailles vertes On pourrait penser qu'une crémation a un bilan carbone beaucoup plus important, puisqu'on utilise du gaz pour faire brûler le corps. Mais pour une inhumation, il y a souvent un caveau, en béton (et le béton ce n'est pas bon), une pierre tombale, souvent importée de Chine (à 80% aujourd’hui en France). Un cercueil enterré continue aussi de polluer – les fameux feux follets qu’on peut parfois voir la nuit dans les cimetières sont issus d’émanations de méthane, puissant gaz à effet de serre, qui durent parfois pendant des décennies. En fait, ce qui pèse le plus dans des funérailles, à 40%, ce sont la cérémonie et le transport de ceux qui viendront pleurer sur votre tombe. Si vous vous voulez que votre enterrement soit le plus écologique possible, n'invitez personne ! Mais il existe une solution encore plus écologique, qu’on appelle la terramation, ou l'enterrement végétal, sans cercueil, qui se pratique déjà dans quelques États des États-Unis, mais d'une manière très contrôlée et finalement pas très naturelle, dans des entrepôts. En France, la terramation n'est pas autorisée, pas encore, mais une expérience a lieu en ce moment dans un cimetière de la région parisienne. On a enterré des brebis, sans cercueil, et la moitié d'entre elles ont été recouvertes de feuilles et de copeaux de bois, pour accélérer la décomposition du corps, en quelques mois, selon l'hypothèse de travail. À lire aussiÀ New York, le compost de corps humain comme alternative aux enterrements De la mort à la vie « Les feuilles et copeaux vont permettre à l’oxygène de circuler, ce qui va favoriser l’activité des bactéries (des bactéries présentes partout, sur les feuilles, dans la terre, sur le corps). Ce sont ces bactéries qui sont responsables de la dégradation. On obtient de l’humus, une sorte de terre, assez riche, qui va permettre à des végétaux, à des plantes et à des arbres de pousser. Donc oui, on a quelque chose qui peut être vertueux, dans le sens où le corps va retourner assez rapidement dans le cycle de la nature et du vivant », explique Damien Charabidze, biologiste et professeur à l'université de Lille, qui conduit cette expérience. L’humus issu de cette décomposition rapide du corps va rester sur place, dans le cimetière. Il n’est évidemment pas question de fabriquer du compost, le mettre en sac pour aller fertiliser des terres agricoles. Cette expérience servira à alimenter le débat pour l’autorisation de la terramation que réclament des associations, pour une inhumation sans artifice et au plus proche de la nature. « On se rapproche de ce qui se passe dans la nature pour tous les êtres vivants qui meurent dans la nature, souligne Damien Charabidze. Il y a des procédés naturels qui permettent au corps de se dégrader, de repartir dans les écosystèmes. Finalement, quand une personne décède, ce n’est pas une fin, c’est simplement le début d’autre chose : redonner de la vie, parce que c’est ce que produit la décomposition ». On a donc la réponse à une question qui agite l'humanité depuis des millénaires : oui, il y a de la vie après la mort.
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  • Mal-adaptation au changement climatique: pourquoi certaines solutions peuvent être pires que le mal?
    2025/10/29
    Climatisation, irrigation, digues... Des politiques d'adaptation mises en place pour répondre à la crise climatique produisent parfois des effets aggravants. En progrès, mais peut mieux faire : c’est ce qui ressort du dernier rapport des Nations unies sur les politiques d’adaptation au changement climatique, publié aujourd’hui, à deux semaines du prochain sommet mondial sur le climat, la COP30 à Belém au Brésil. Les solutions abondent, mais pèchent souvent par manque de financement. Et puis certaines solutions, qui peuvent être pires que le mal, relèvent de ce qu’on appelle la mal-adaptation. Prenons l’exemple des stations de ski, confrontées au manque de neige en montagne, à cause des températures plus élevées même en altitude, certaines stations ont définitivement fermé, mais d'autres s'accrochent et remplacent la neige naturelle, tombée du ciel, de plus en plus rare, par de la neige artificielle, en consommant de l'eau, au risque d'en priver les populations, et en utilisant beaucoup d'énergie, en aggravant donc les causes de la crise climatique. C'est cela la mal-adaptation, des fausses bonnes solutions dont on réalise souvent après coup les effets pervers. « Parfois, on promeut des solutions qui, soit aggravent le changement climatique futur, soit déplacent les vulnérabilités vers d’autres populations, d’autres territoires. La mal-adaptation vient après avoir mis en place des solutions qu’on pensait être bonnes pour l’adaptation », souligne Adèle Tanguy, spécialiste de l'adaptation à l'IDDRI, l'Institut du développement durable et des relations internationales. À lire aussiJO-2026: cette neige artificielle, si indispensable et décriée Agriculture dépendante Certaines solutions d'adaptation peuvent aussi créer une forme de dépendance. C'est le cas dans l'agriculture, avec l'irrigation. On va créer des méga-bassines, on va aussi forer de plus en plus profond pour trouver de l'eau, au risque d'épuiser les nappes phréatiques. L'irrigation, c'est une drogue à accoutumance. « Ces solutions empêchent de penser la transformation des modèles agricoles, estime Adèle Tanguy. En fait, il y a des solutions qui vont nous enfermer dans des modèles où on va maintenir une utilisation importante de la ressource en eau, ce qui va nous faire dépendre de ces ressources-là. Or, à long terme, si la ressource en eau continue de diminuer, ces solutions ne seront plus suffisantes ». Qu’en est-il maintenant de la climatisation, une « solution » qui parait évidente face au réchauffement climatique ? La clim provoque à chaque canicule en France des débats acharnés sur les chaines d'informations (qu'on n'est pas obligée de regarder...) : pour ou contre la clim ? Oui, elle rend la chaleur supportable à l'intérieur, mais elle rejette du chaud à l'extérieur. On a par exemple calculé que si tous les logements et bureaux de la région parisienne étaient climatisés, la température extérieure augmenterait de deux degrés. À lire aussiAllons-nous tous bientôt manquer d'eau? Noir ou blanc La climatisation accroit le réchauffement et émet aussi des gaz à effet de serre : c'est l'exemple typique d'une fausse solution qui aggrave la crise climatique. Faut-il pour autant la rejeter totalement ? Tout n'est pas noir ou blanc. « Si on se dit qu’on va vers un réchauffement à 4°C en moyenne en France, il est certain qu’on ne va pas réussir à tout maintenir sans climatisation, comme le fonctionnement des hôpitaux par exemple. La question porte en fait sur les usages pour lesquels cela deviendra essentiel de mettre de la climatisation, et comment fait-on pour éviter d’en faire une solution généralisée qui aurait tendance à créer d’autres problèmes », résume Adèle Tanguy, de l’IDDRI. Le même constat prévaut par exemple pour la désalinisation de l'eau. Les usines consomment énormément d'énergie. Elles rejettent aussi de la saumure en mer. Mais à certains endroits, on ne peut pas faire autrement, sauf à mourir de soif. Parmi tous les exemples de mal-adaptation, il y a aussi les digues, construites face à la montée de mer, aux effets pervers sur les littoraux, et qui procurent un faux sentiment de sécurité ; on continue comme avant, jusqu'à la catastrophe. Certaines solutions d'adaptation ressemblent en fait à de simples pansements, à court terme. Dans le mot « mal-adaptation », on entend le mot « malade ». À lire aussiClimatisation : quelles alternatives au quotidien, quelles recherches pour le futur ?
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  • Pourquoi la Norvège est-elle un paradoxe écologique?
    2025/10/28

    La Cour européenne des droits de l'Homme a rendu, mardi 28 octobre, une décision sur la politique énergétique et climatique d'Oslo, critiqué pour son ambivalence. Paradis environnemental, le pays est aussi un puissant exportateur de gaz et de pétrole.

    La Norvège est un paradis écologique. Plus de 150 réserves naturelles, des paysages fabuleux, un pays recouvert aux deux tiers de forêts, de montagnes, de lacs et de tourbières. La Norvège, c'est aussi ce pays qui le premier dans le monde a interdit la déforestation, en 2016, et qui finance aussi la protection des forêts à l'étranger, comme au Gabon, qui reçoit de l'argent pour chaque tonne de carbone économisée, selon un accord signé en 2019.

    Oslo est aussi l'une des capitales les plus vertes au monde. Les espaces verts recouvrent plus de la moitié de sa superficie ; la forêt est dans la ville, et les lacs et le fjord tout autour. En termes de bonheur intérieur brut, la Norvège est un paradis.

    Électricité verte

    La Norvège est aussi en pointe sur la transition énergétique, avec la quasi-totalité de son électricité issue d'énergies renouvelables, et en premier lieu les barrages hydroélectriques qui représentent plus de 90% de la production d'électricité. En parallèle, l'éolien en mer monte en puissance. La Norvège est aussi le pays où circulent le plus de voitures électriques par habitant : 95% des véhicules vendus aujourd'hui sont des véhicules « propres ».

    La Norvège a aussi instauré très tôt une taxe carbone, sans que cela déclenche d'émeutes sur les ronds-points. Elle a aussi inauguré l'an dernier le plus gros complexe d'enfouissement du CO2, le principal gaz à effet de serre responsable de la crise climatique. Le CO2 capté dans les usines est séquestré dans les fonds marins (ce qui, certes, suscite des critiques).

    Énergie noire

    Mais dans ce tableau presque idéal, il y a un « mais », incarné par les hydrocarbures, le pétrole et le gaz que la Norvège a découvert dans ses eaux territoriales dans les années 60 et qui a littéralement changé la face d'un pays jusqu'alors plutôt pauvre. Avec un symbole, son fonds souverain, le plus gros au monde, doté de plus de 1 500 milliards d'euros – de quoi voir venir. En termes de PIB par habitant, la Norvège est ainsi le deuxième pays le plus riche au monde. La richesse en soi n'est pas un problème, sauf qu'elle vient des énergies fossiles à l'origine du réchauffement climatique.

    La Norvège n'entend pas abandonner cette manne. Le septième plus gros exportateur de gaz a autorisé ces dernières années une vingtaine de nouveaux gisements, en totale contradiction avec les objectifs climatiques de l'accord de Paris, ce qui fait d'ailleurs l'objet de feuilletons judiciaires, avec un épilogue aujourd'hui devant la Cour européenne des droits de l'Homme, où plusieurs ONG et citoyens norvégiens ont porté plainte contre l'État norvégien. Dernier exemple de l'ambivalence norvégienne, certains diront de son hypocrisie : le gouvernement voulait autoriser l'exploitation minière de ses fonds marins, avant de reculer face au scandale.

    À lire aussiLa Norvège renonce à ouvrir ses fonds sous-marins à l'extraction minière en 2025

    Pétromonarchie

    La Norvège est une pétromonarchie, avec un roi et du pétrole. En Norvège, on est peut-être les rois du pétrole, mais le modèle n'est pas celui des émirats du Golfe qui ont flambé leur or noir pendant des décennies. Non, la Norvège préfère que son gaz et son pétrole aille brûler loin de là. Et sa rente pétrolière est utilisée pour être un pays exemplaire sur le plan environnemental.

    C'est là le grand paradoxe : la Norvège finance sa transition écologique grâce aux hydrocarbures qu'elle exporte. Comme si ses voitures électriques roulaient grâce au pétrole. La Norvège est un pays vert à l'intérieur et noir à l'extérieur. Et ce que nous dit le paradoxe norvégien, c'est cela aussi : quel compromis, ou quelles compromissions, peut-on accepter pour financer sa transition énergétique ?

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  • Qui sont ces poussins qu'on assassine?
    2025/10/27
    L'association de défense des droits des animaux L214 vient de publier de nouvelles vidéos sur la maltraitance animale dans l'élevage en France : des poussins sont éliminés vivants dans une broyeuse en raison de leur genre. Une pratique pourtant interdite pour les poules pondeuses depuis 2023. Ils ne demandaient rien, ces petits poussins jaunes, des poussins de poules, nés dans un couvoir, qu’on envoie ensuite dans des élevages pour finir plus tard sous forme de cuisse ou de nugget. La scène se passe en France, dans le département des Deux-Sèvres (Ouest), dans une véritable usine où un million de poussins naissent chaque semaine – et beaucoup y meurent aussi. Dans une vidéo aux images violentes publiées par l'Association de défense des animaux d’élevage L214, on entend leurs petits cris, juste avant leur mort dans une broyeuse. On peut aussi voir un employé jeter des poussins comme s’il lançait une balle, et les écraser vivants à coups de balai. Dernière séquence éloquente : un poussin, tout seul, tente de remonter le tapis roulant à contre-sens, pour échapper à la broyeuse. « Maltraitance systémique » La broyeuse, c’est ce qui attend les poussins qui n’ont pas le bon genre. Pour les poules pondeuses, la pratique a perduré jusqu'en 2022, jusqu'à son interdiction : on broyait les mâles parce qu'ils ne pondent pas d'œuf. Depuis 2023, on jette les œufs avant la naissance, en identifiant le sexe dans la coquille – c’est l'ovosexage. Mais dans l'élevage pour la viande, on continue comme avant, selon L214. « Chez les restaurants McDonald’s, ils utilisent généralement des poulets mâles, qui vont avoir un poids d’abattage de 2 ou 2,5 kg, pour arranger les abattoirs pour les découpes. Pour les supermarchés, ils préfèrent avoir des femelles pour avoir des cuisses ou des ailes dans les barquettes. Dans ce couvoir, selon les bons de livraisons, 100 000 poussins femelles ont été livrés dans des élevages, et 30 000 poussins mâles ont été livrés dans d’autres élevages. On a une différence de 70 000 poussins qui ont été broyés ce jour-là », affirme Sébastien Arsac, co-fondateur de L214. La filière d’élevage répond de son côté qu'on n'élimine que les poussins malformés, ce qui ne saute pas aux yeux dans la vidéo. Cette nouvelle révélation de l’association L214 soulève une nouvelle fois, au-delà des poussins, les problèmes que peut poser l’élevage de viande. En France, 80 % des animaux consommés sont issus d'élevages industriels, et « c'est de la maltraitance systémique », selon Sébastien Arsac : « Pour les cochons, on leur coupe les dents, la queue, on fait de la castration, parce que c’est de l’élevage intensif. On entasse des poulets à plus de 22 sur 1 m², des lapins sur la moitié d’une feuille A4. Pas une seule personne aujourd’hui en France n’est prête à dire que cela correspond aux conditions conformes à leur bien-être. » À lire aussiFrance: le broyage des poussins mâles désormais prohibé dans la filière des pondeuses L'UE reconnaît les animaux comme des êtres sensibles depuis 2007 Les animaux sont-ils des êtres sensibles ? Oui, même si vous posez directement la question à un animal, il n’est pas sûr qu'il vous réponde. Mais la science l'a prouvé, et il y a eu de gros progrès ces dernières années : derrière chaque animal, il y a un cœur qui bat et il y a aussi un cerveau. « Énormément d’expériences aujourd’hui montrent la capacité des animaux à ressentir la douleur et la souffrance, mais aussi d’avoir de la métacognition, d’avoir une conscience, d’avoir des relations sociales très poussées, une communication. Ce sont quelques choses qui devraient vraiment changer notre responsabilité et notre façon de partager la planète avec eux », conclut Sébastien Arsac. Un article du traité européen de Lisbonne, signé en 2007, stipule que les animaux sont des êtres sensibles. À Bruxelles, il y a un commissaire au bien-être animal. L214 vient d'ailleurs de l'alerter sur cette nouvelle affaire, pour que notre goût pour les animaux morts soit un peu plus éthique, pour que notre humanité ne disparaisse pas complètement au fond de notre assiette. Rien qu'en France, 700 millions de poulets sont abattus chaque année.
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  • Le géant français TotalEnergies fait-il du greenwashing?
    2025/10/23
    La justice française rend jeudi 23 octobre sa décision sur une campagne publicitaire du groupe pétrolier français orchestrée en 2021. Plusieurs ONG ont accusé TotalEnergies de mentir et de ne pas respecter l'accord de Paris sur le climat en poursuivant l'exploitation de nouveaux gisements de pétrole et de gaz. Quand il a changé de nom en 2021, le groupe pétrolier français Total, devenu TotalEnergies (au pluriel), a ajouté une touche de vert à son logo. Et c’est pour sa nouvelle stratégie de communication que TotalEnergies s’est retrouvé devant le tribunal. Non pas à propos du nouveau logo, mais pour une campagne de publicité dénoncée dans la plainte de plusieurs ONG française qui accusent TotalEnergies de greenwashing, ou d'écoblanchiment : afficher une image éco-responsable, alors que dans la réalité, on continue de produire des énergies carbone responsables de la crise climatique. La justice rend sa décision aujourd’hui. « On a vu tout un tas d’affirmations sur le fait que l’entreprise était bien en voie de respecter l’accord de Paris et d’être neutre en carbone en 2050. Toutes ces communications sur le site, sur les réseaux sociaux, sont apportées comme preuve d’une communication trompeuse », explique Justine Ripoll, de Notre Affaire à tous, l'une des ONG qui ont porté plainte. À lire aussiTotalEnergies devant la justice pour «pratiques commerciales trompeuses», une première en France Publicité interdite « Plus d’énergies, moins d’émissions, c’est le cap, affirme par exemple la voix off d’un film promotionnel de TotalEnergies réalisé pour les 100 ans de la compagnie. En plus du pétrole et du gaz, l’entreprise investit dans l’électricité et les renouvelables. TotalEnergies, un nouveau nom qui incarne la dynamique de transition dans laquelle la compagnie est résolument entrée. » De la publicité mensongère selon les ONG qui ont porté plainte. Au Royaume-Uni cette année, le régulateur a d’ailleurs interdit une publicité de Total pour greenwashing. Pour sa défense, TotalEnergies, qui n’a pas répondu à notre demande d’interview, assure que les spots mis en cause sont des vidéos institutionnelles, qui ne sont pas destinées au grand public. Total est-il pour autant engagé dans la transition énergétique ? Oui, mais ses résultats restent marginaux et ne lui permettront pas de respecter l'accord de Paris sur le climat, qui impose la neutralité carbone en 2050, selon Justine Ripoll, de Notre Affaire à tous : « Une condition très claire a été posée par la science : il faut arrêter d’ouvrir de nouveaux projets pétroliers, gaziers ou de charbon, parce qu’on dépasse complétement le budget carbone restant pour limiter le réchauffement à 1,5ºC. C’est exactement l’inverse de ce que fait TotalEnergies, qui est l’entreprise dans le monde impliquée dans le plus de nouveaux projets pétrogaziers qu’on appelle bombes carbone et qui nous emmène vraiment droit dans le mur. » D'autres géants ont renoncé aux énergies renouvelables Total justifie de nouveaux investissements pétroliers et gaziers pour compenser la baisse de productivité des sites déjà existants, et affirme répondre à la demande des consommateurs. Mais sur les énergies renouvelables, Total a baissé cette année de près de 300 millions d'euros ses investissements. Cela dit, il y a pire comme compagnie pétrolière. Le britannique BP, par exemple, a fait volte-face cette année en renonçant à toute activité dans les énergies renouvelables. Ce n'est pas la première plainte en justice que Total affronte dans sa longue histoire. Ces dernières années, le groupe a été accusé en Ouganda de violations de droits humains et d'accaparement des terres. Il y a eu aussi des plaintes pour pollution dans plusieurs pays africains. En janvier prochain, TotalEnergies se retrouvera une nouvelle fois devant le tribunal à Paris pour examiner une autre plainte d’ONG, pour que Total arrête ses nouveaux projets fossiles. « Ce n’est pas une lubie des ONG de vouloir attaquer Total sur tous les fronts possibles, justifie Justine Rippoll. Ces procès visent à mettre fin à l’impunité de Total et à l’obliger à agir. Que la justice puisse être un levier de pression pour que l’entreprise soit vraiment alignée sur les objectifs climatiques. » Au-delà de Total, le problème, c’est le pétrole.
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  • Allons-nous tous bientôt manquer d'eau?
    2025/10/22

    Dès les prochaines années, les pénuries d'eau vont s'aggraver partout sur la planète, en raison d'une surconsommation et du réchauffement climatique. Mais des solutions existent.

    C’est l’un des besoins vitaux de l’humanité (et même de l’ensemble des êtres vivants) : l’eau, sans laquelle la vie est impossible. L’eau qui pourrait manquer, et qui manque déjà. Pour 30% de la population mondiale, l'eau ne coule pas au robinet, tout simplement parce qu'il n'y a pas de robinet. On estime que même 9% des habitants de la terre n'ont pas du tout accès à l'eau potable. Et les perspectives ne sont pas brillantes, selon une toute dernière étude qui vient d'être publiée dans la revue Nature. Dans cinq ou dix ans, les pénuries vont se multiplier. De grandes villes entières seront touchées, comme Le Cap en Afrique du Sud qui a frôlé la catastrophe en 2017-2018. D’ici 2050, selon l'ONU, la moitié de la population connaîtra des pénuries d’eau.

    Il y a pénurie quand la consommation d’eau dépasse la ressource. Et la consommation continue de s’accroître alors que la ressource diminue. Artisan de son propre malheur, l’Homme créé la pénurie qui le menace. « L’eau qu’on boit, ce n’est pas de l’eau de pluie, rappelle Agnès Ducharne, hydrologue et climatologue à l'université Paris-Sorbonne. C’est de l’eau qu’on a pompée dans une rivière ou une nappe phréatique. C’est de l’eau qui est aussi pompée pour fabriquer de la nourriture, de l’électricité, de l’acier, des plastiques, etc. Et s’il y a en moins, ce sont tous ces usages qui sont compromis. Il faut trouver de nouveaux équilibres ».

    Trop d'irrigation

    Dans le détail, ce qu'on appelle l'eau domestique (pour boire, se laver…) représente 10% de la consommation d'eau mondiale. L'industrie, c'est 20%. Et tout en haut, il y a l'agriculture avec 70% de la consommation d'eau dans le monde. La pénurie menace, et dans certaines régions, ça coince déjà, notamment là où on irrigue trop. « Il existe déjà des pénuries très importantes à cause de pompages. C’est le cas en Californie aux États-Unis, en Andalousie en Espagne, en Inde aussi, l’endroit le plus irrigué au monde », précise Agnès Ducharne.

    Au-delà d’une intensification des activités humaines, l’autre cause des pénuries d’eau, c'est le réchauffement climatique (provoqué lui aussi par les activités humaines). Contrairement à une idée reçue, il augmente les quantités de pluie au niveau planétaire, parce que la chaleur rend l'atmosphère plus humide, en raison de l’évaporation – plus 7% d'humidité par degré supplémentaire. Et un air plus humide favorise la pluie. À l'inverse, en période de sécheresse, quand l'air est plus sec, il pleut encore moins. Le changement climatique exacerbe les phénomènes. « Avec le réchauffement climatique, même si les ressources en eau douce ont tendance à augmenter en moyenne globale, elles augmentent pendant les saisons humides, dans les régions humides, et elles diminuent dans les régions sèches et pendant les saisons sèches. Et c’est cette augmentation des contrastes qui amène à ce qu’il y ait des pénuries d’eau plus importantes, parce que le réchauffement climatique intensifie les sécheresses », détaille Agnès Ducharne.

    Moins consommer, moins réchauffer

    Va-t-on tous mourir de soif ? Face à la double action des usages abusifs et du changement climatique, il n’y a pas de fatalité. D’abord en agissant sur le réchauffement climatique, et on peut le faire puisqu'il est d'origine humaine. « Si on émet moins de gaz à effet de serre, on va pouvoir agir. Je ne suis pas très optimiste, parce que je ne le vois pas venir, mais c’est un des leviers le plus importants », estime la climatologue.

    On peut bien sûr aussi agir directement sur notre consommation. « Sur les prélèvements en eau dans les rivières et les nappes phréatiques, je pense qu’on pourrait faire plus, poursuit Agnès Ducharne. En ne consommant pas d’eau pour rien, pour les golfs, les piscines, pour du maïs au lieu d’autres types d’agriculture, pour de l’électricité nucléaire en plein été alors qu’on pourrait faire plus de photovoltaïques… La diversité des mesures à prendre est très importante ». Y compris chez soi, chaque goutte compte ; la moindre goutte d’eau économisée, ce n’est pas une goutte d'eau dans la mer.

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  • Catastrophes climatiques: faut-il s'équiper d'un kit de survie?
    2025/10/21
    Le changement climatique entraîne une multiplication des phénomènes météo violents : sécheresse, inondations, tempêtes... Les populations sont encouragées à s'y préparer, en remplissant à l'avance un sac d'équipements pour pouvoir vivre en autonomie pendant quelques jours. Chaque premier mercredi du mois à midi, dans les villes françaises, retentit le son lancinant et stressant de la sirène. Un essai mensuel pour vérifier qu’elle fonctionne. Mais un jour, les sirènes retentiront pour de bon et annonceront une catastrophe (voire une guerre). Le signal qu’il va peut-être falloir utiliser son kit de survie. Face à la multiplication des canicules, des tempêtes ou des inondations un peu partout dans le monde, liées au changement climatique anthropique, les initiatives se multiplient pour avertir et préparer la population. C’est le cas de la Croix-Rouge française, qui alerte régulièrement sur la nécessité d’être équipé en cas de catastrophe d’un « catakit » – le nom rigolo qu’elle a donné au kit de survie. Il doit contenir de quoi se soigner, se protéger, se signaler, boire et manger. « On va pouvoir avoir une lampe de poche à dynamo qui fait aussi radio et signal d’alerte. On va y ajouter de la nourriture non périssable, de l’eau, et potentiellement des pastilles de purification de l’eau. Une trousse de secours, bien sûr. Les traitements médicaux des membres du foyer. Ce peut être aussi un sifflet pour pouvoir se signaler, des couvertures de survie, un kit d'hygiène… », détaille Jérôme Chaligné, le responsable du pôle Éducation à la résilience de la Croix-Rouge française. On l’a bien compris, il ne s’agit pas de faire sa valise pour partir en vacances ! Résilience sur tous les fronts La composition de son catakit dépend bien évidemment des situations locales, parce que les catastrophes climatiques peuvent différer et que les besoins ne sont pas forcément les mêmes. « En France hexagonale, sur un besoin pendant 48 ou 72 heures, on a peut-être plus de chances d’avoir par exemple de la distribution d’eau potable par l’armée française en cas de grosse catastrophe. Dans certains pays d’Afrique de l’Ouest, par exemple, il s’agira plutôt de trouver les moyens de rendre potable de l’eau qui va être potentiellement boueuse et contaminée », précise Jérôme Chaligné. Le kit de survie a le vent en poupe. En mars dernier, la Commission européenne avait fait la promotion d'un kit face aux catastrophes naturelles, mais aussi en cas de guerre, avec l’exacerbation des tensions avec la Russie de Vladimir Poutine. La Suède, il y a un an, avait fait sensation en distribuant à la population un guide de survie. En France, le gouvernement devait publier ces jours-ci un livret intitulé Tous résilients (comme au bon temps du Covid), avec notamment des recommandations pour composer son kit de survie et tenir 7 heures. Sa diffusion a été reportée en raison non pas des aléas climatiques, mais des aléas politiques... Du kit au bunker Même l'association de défense des consommateurs UFC-Que choisir y va de ses conseils. Sur internet, il y a l'embarras du choix, à tous les prix. Certains kits de survie proposent même d'énormes couteaux façon Rambo. En Suisse, toute nouvelle construction doit prévoir un abri. Si vous voulez un bunker à la maison, il vous en coûtera à peu près 100 000 euros pour 10 mètres carrés (soit le prix de l'immobilier parisien). Est-on prêt à affronter une catastrophe climatique ? La réponse n'est pas évidente. Et ce n'est pas parce qu'on est prêt que la catastrophe va arriver. « L’idée n’est pas : “J’ai un sac tout fait donc je suis paré à toute éventualité”, insiste Jérôme Chaligné, de la Croix-Rouge française. Le fait de le faire est vraiment une première pierre, qui permet aussi de répondre à l’anxiété que de plus en plus de personnes développent face à ces situations-là pour, comme on le dit à la Croix rouge, être prêt à être prêt ». Il y a sans doute des grandes chances pour que votre kit de survie reste au fond d'un tiroir pendant quelques années encore. Et quand le moment viendra, quand il faudra partir en catastrophe avec son catakit, on se demandera peut-être : « Mais où ai-je bien pu le ranger ? »
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  • Le budget 2026 répond-il aux préoccupations écologiques des Français?
    2025/10/20
    Alors que l'Assemblée nationale entame l'examen du projet de loi finances de l'an prochain, un sondage révèle l'inquiétude des citoyens face à la crise écologique. Ils réclament plus de normes et de politiques environnementales, quel que soit l'électorat. Loin des discours politiques dominants. Le marathon budgétaire français commence aujourd’hui à l’Assemblée nationale après quelques semaines d’incertitudes politiques… Le projet de loi de finances 2026 débute son périple en commission, avant d'arriver dans l'hémicycle vendredi. Répond-il aux inquiétudes des Français face à la crise environnementale ? Car oui, les Français sont préoccupés, selon un sondage Ipsos : 89% disent leur inquiétude face à l'aggravation de la crise climatique. Avec un tel chiffre, on voit bien que la question dépasse les clivages partisans. Lors de son discours de politique générale, la semaine dernière, le premier ministre Sébastien Lecornu qui fut pendant un an secrétaire d’État à la transition écologique au début du Premier quinquennat d’Emmanuel Macron, n’a prononcé que trois fois les mots « écologie/écologique » et « environnement ». Le sujet est remis à plus tard, et noyé parmi d'autres. « Je reviendrai aussi sur les questions d’immigration, de sécurité, d’impôt, d’énergie de transition écologique, d’éducation, du numérique. Sur tout cela, nous ferons des propositions, nous débattrons, et à la fin, vous voterez », déclarait-il mardi dernier à la tribune de l’Assemblée nationale. À lire aussiFrance: le projet de loi de finances, de retour à l'Assemblée, promet une belle empoignade Plus de normes Sur le papier, dans le projet de budget présenté par le gouvernement, l’enveloppe allouée à la crise climatique et environnementale est en léger progrès. Après une baisse de 3 milliards d'euros en 2025, le projet pour 2026 retrouve le niveau de 2024. Mais sans réelle ambition. Et dans le détail, plusieurs coupes inquiètent les défenseurs de l'environnement. Moins 500 millions d’euros pour MaPrimeRenov’, pour la rénovation énergétique des bâtiments. Autre exemple : le Fonds vert, destiné aux collectivités locales, pour financer l'installation de panneaux solaires ou de pistes cyclables, perd presque la moitié de ses crédits. C'est un fonds qui fond, en contradiction avec les inquiétudes des Français. Selon le sondage Ipsos commandé par le Réseau Action Climat (le RAC), qui fédère 27 associations, une majorité de Français (56%) considèrent que l'écologie doit être une priorité. À 67%, ils veulent plus de normes, de contraintes, même si cela doit coûter plus cher au budget de l'État – une position majoritaire même à droite et à l'extrême droite. Loin des clivages partisans, les Français plébiscitent les énergies renouvelables (et ces horribles éoliennes accusées par certains de saccager l’identité française) et les restrictions de pesticides (pourtant mises à mal par la loi Duplomb déposée par un sénateur Les Républicains). Lobbies contre citoyens « On a été vraiment surpris, commente Anne Bringault, directrice des programmes au Réseau Action Climat. On entend parler depuis plusieurs mois d’un backlash écologique, c’est-à-dire d’un ras-le-bol sur l’écologie. Mais ce sondage nous montre que ce backlash n’existe pas au niveau de la population française. Les Français ne veulent pas moins d’écologie, ils veulent plus d’écologie, quel que soit l’électorat. » Le Réseau Action Climat a identifié cette année, rien qu'en six mois, 43 reculs sur l'environnement, illustrant là encore le décalage entre les politiques et les citoyens. Comme si les politiques préféraient les lobbys aux électeurs. « On voit bien l’influence de certains lobbys, très puissants, sur l’agriculture, avec certains syndicats agricoles particulièrement puissants. Dans d’autres domaines, ce sont les industriels des énergies fossiles, remarque Anne Bringault. La classe politique écoute beaucoup plus les lobbys que les citoyens. Cela fait vingt ans que je travaille dans le domaine de la protection de l’environnement, et c’est quelque chose qui est récurrent. » On le voit d'ailleurs aussi au niveau européen, avec le recul sur le « Green deal », le Pacte vert pour l’Europe. Ce ne sont pas les citoyens qui réclament une temporisation, mais les entreprises. Les fabricants de voitures pourraient ainsi obtenir le report de l'interdiction des véhicules thermiques et polluants, prévu en 2035. Face à la crise écologique, il y a aussi une crise démocratique.
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