エピソード

  • La politique climatosceptique de Trump met en danger la sécurité nationale américaine
    2025/09/11
    Aux États-Unis d'anciens haut-gradés de l'armée et d’anciens membres des services de renseignement alertent sur les conséquences de la politique climatosceptique de Donald Trump sur la sécurité nationale. Fin juillet 2025, le ministère de l'Énergie a publié un rapport intitulé « Examen critique des impacts des émissions de gaz à effet de serre sur le climat américain ». Depuis sa publication, les scientifiques s'insurgent contre les erreurs, falsifications et omissions que contient ce document. Ce texte de 150 pages vise à semer le doute sur la réalité du changement climatique et son origine humaine, selon les chercheurs. C'est maintenant au tour des experts en sécurité de s'exprimer sur le rapport. Et leur réponse publique à l'administration Trump est particulièrement sévère. « Le rapport du ministère de l’Énergie présente le changement climatique comme incertain et cette incertitude comme une raison de ne pas agir ! », fustige Erin Sikorsy qui dirige le Center for Climate and Security à Washington. Pour cet ancien membre du Conseil national de renseignement, le gros problème est là : « dans le domaine de la sécurité nationale, plus l’insécurité est grande et plus nous devrions nous préparer ». L’évaluation des risques est un aspect essentiel pour garantir la sécurité nationale américaine, souligne aussi l’amiral Paul Zukunft qui a commandé les gardes côtes américains entre 2014 et 2018. La qualité de l’évaluation des risques liés au changement climatique dépend de la qualité des informations et des données scientifiques disponibles. Mais l’accès a ces informations et données est désormais obstrué pour des raisons idéologiques, s’inquiète Paul Zukunft qui fut aussi membre de l’état-major interarmées des Etats-Unis. « Les deux mots qui suscitent ce que j'appelle un véritable ‘rejet organique’ au sein de l'administration Trump sont ‘changement climatique’. C'est comme une autruche qui cache sa tête dans le sable : ‘Ne me dites pas ce qui se passe dans le monde autour de moi ! Je ne veux pas l'entendre !’ Mais cette attitude ne change rien à la réalité sur le terrain ». Opérations et infrastructures militaires affectées par le changement climatique En 2019 déjà, le Département de la défense faisait état de dizaines de bases militaires sur le sol américain confrontées aux impacts liés au changement climatique, « qu'il s'agisse d'ouragans sur la côte du Golfe du Mexique, de précipitations diluviennes dans le centre du pays ou d'incendies de forêt en Californie », énumère Erin Sikorsky. « Ces phénomènes météorologiques extrêmes perturbent les opérations militaires en interrompant les entraînements et les missions des forces armées, mais affectent aussi les infrastructures de l’armée. Ils perturbent leur alimentation électrique, rendent certaines parties des installations inaccessibles et causent des dommages qui entraînent le déplacement de certaines missions ». « C'est à Hampton Roads, en Virginie, que l'impact du changement climatique sur nos infrastructures militaires est le plus important », raconte aussi l’amiral Paul Zukunft. « Là-bas, la plus grande base navale américaine subit un affaissement du sol et l'élévation du niveau de la mer. Que fera l’administration pour consolider la base avant qu'elle ne soit littéralement submergée ? Ce problème ne concerne pas seulement cette base navale, mais une grande partie de nos infrastructures côtières, qu'il s'agisse d'aéroports ou d'installations de traitement des eaux ». Sans adaptation au changement climatique, l’armée américaine affaiblie sur la scène internationale Les experts en sécurité nationale sont formels : sans évaluation scientifique des risques causés par les effets du changement climatique, une adaptation adéquate des forces armées américaines est impossible. Ce manque de réactivité affaiblit déjà les capacités américaines sur la scène internationale, prévient l’ancien commandant des garde-côtes américains. « Regardez ce qui se passe avec la fonte des glaces en Arctique », soupir Paul Zukunft. « C'est un océan qui s'ouvre devant nos yeux, alors que les États-Unis n'ont pas les moyens nécessaires pour surveiller ces hautes latitudes. Sur l'ensemble de notre flotte nous ne disposons que de deux brise-glaces performants ! La Russie en possède plus de vingt, dont certains à propulsion nucléaire. La Russie a même militarisé certains de ses îlots dans cette région ». Pour ces anciens haut-gradés de la sécurité nationale américaine, le changement climatique constitue un « multiplicateur de menaces ». Ne pas les prendre en considération pour des raisons idéologiques compromettra l’état de préparation des forces armées et des services de renseignement. « Nous allons agir à l’aveuglette », s’inquiète Erin Sikorsky du ...
    続きを読む 一部表示
    4 分
  • Comment décarboner le livre papier?
    2025/09/08
    Pour freiner le réchauffement de la planète et sa cohorte de catastrophes meurtrières, il faut émettre moins de gaz à effet de serre. Tous les secteurs économiques s’y mettent, y compris la culture. En cette rentrée littéraire, RFI se pose donc la question d'environnement suivante : comment réduire les émissions carbone du livre ? 60 % des émissions carbone du livre papier viennent de la fabrication du papier : transformer des arbres coupés en pâte à papier, puis en immenses feuilles de papier. Deuxième source d’émissions de gaz qui contribuent au réchauffement climatique, le transport de ce papier vers les imprimeurs, cela compte pour 10 %. En Europe, ce transport se fait surtout par la route. Les usines à papier qui fournissent la France, par exemple, sont situées en Italie, en Allemagne et pour beaucoup en Scandinavie. Enfin, pour fabriquer les encres et faire tourner les rotatives pour imprimer les livres, il faut de l’énergie. Ce sont souvent des énergies fossiles donc là aussi, il y a des émissions. Est-ce que ces émissions pèsent lourd ? Le livre ne fait pas partie des activités humaines les plus responsables du changement climatique, certes, mais réduire ces émissions carbone est stratégique pour le secteur, car il est vulnérable aux effets du changement climatique. « Là où j'émets, c'est souvent là où je suis fragile », explique Benoît Moreau. Aujourd’hui à la tête de l’entreprise Ecograff, il travaille sur les problématiques environnementales dans l’industrie graphique depuis 2006. « Au niveau du bois en Europe, on voit les problématiques d'incendies, les problématiques de parasites - dans tout l'est de la France, il y a des scolytes qui ont attaqué les forêts » donc le bois sera moins disponible, détaille-t-il. « Il y a aussi une problématique d'usage, c'est-à-dire que le bois dont on fait aujourd’hui du papier, on peut aussi l’utiliser pour faire de l'énergie, donc on va avoir un problème de disponibilité ». Même chose au niveau de l'accès à l'eau, qui sera de plus en plus compliqué. « Il y a donc de grosses fragilités pour le secteur, cela veut dire qu'il y a tout un travail à faire pour optimiser la consommation de papier. » Réduire le gaspillage de papier et le nombre de livres invendus Le premier levier pour décarboner le livre, c’est donc de fabriquer des livres avec moins de papier. Réduire les pertes de papier qu'il y a actuellement à chaque étape : à l'impression, au pliage, à la coupe et au reliage. Et réduire le pilon : aujourd'hui 20 % des livres produits ne sont jamais vendus et sont détruits. Ils ont juste été promenés entre les distributeurs, les centres de stockage et les libraires, sans jamais trouver preneur ou preneuse. Pour freiner cette sur-fabrication, une piste consiste à lancer des réimpressions d'exemplaires au juste besoin, au fil de la demande. Cela s’appelle le Tirage Court Dynamique. Cela veut dire réimprimer un livre déjà sorti par bloc de quelques centaines voire dizaines d’exemplaires, en fonction de la demande. Et pas 1 000 exemplaires d’un coup, comme on le fait actuellement, car cela oblige à dépenser de l’énergie et à artificialiser des zones naturelles pour stocker des ouvrages qui ne seront peut-être jamais vendus. À lire aussiPartir en livre : comment redonner le goût de la lecture aux jeunes Surabondance de nouveautés Autre défi : la surabondance de nouveautés. Les éditeurs le reconnaissent, depuis une quinzaine d'années, c'est la course à toujours plus de nouveautés. 80 000 nouveaux titres sortent chaque année en France, dont de très nombreux livres de reproduction, explique Fanny Valembois, du Bureau des Acclimatations. Ce collectif travaille sur les transformations écologiques de la filière culture. « Il y a quelques années, un libraire m'avait dit 'non mais regarde, moi en rayon, j'ai quatre titres déjà sur la cuisine à la plancha' et donc je m'étais amusée à compter le nombre de références disponibles ce jour-là. Sur la cuisine à la plancha, j'avais trouvé 57 références différentes. Est-ce que 57 titres différents sur la cuisine à la plancha, c'est de la création ou est-ce que c'est de la reproduction industrielle pour occuper les tables des libraires ? », interroge-t-elle. Pour Fanny Valembois, pas de doute, à cause de cette frénésie, chaque livre est tiré à moins d'exemplaires, chaque auteur est moins rémunéré et tout cela contribue à « invisibiliser la création qui n'a plus la place d'exister dans ce marché-là », affirme-t-elle. Donner de la valeur à la lecture Autre piste pour réduire l'empreinte carbone du livre : aujourd'hui, le système économique de l'édition et la rémunération des auteurs sont basés sur la vente d'un livre, pas sur le fait qu'il soit lu. Demain, pour moins gaspiller et mieux rémunérer les auteurs, on pourrait payer pour lire un livre, ...
    続きを読む 一部表示
    4 分
  • La chaleur nous fait elle vieillir plus vite?
    2025/09/04

    Dans l'hémisphère nord, l'été touche à sa fin. Et cette année encore, il a été marqué par des températures extrêmes. Les Chinois ont vécu l'été le plus chaud jamais enregistré. Le thermomètre a frôlé les 47 degrés au Maroc. Et en France, la ministre de la Transition écologique a qualifié cet été de « basculement ». Alors que le changement climatique intensifie les vagues de chaleur partout sur la planète, de plus en plus de scientifiques étudient leurs effets sur notre santé.

    La chaleur nous fait elle vieillir plus vite ? La réponse est « oui », à en croire une étude publiée par un groupe de chercheurs taïwanais dans la revue Nature. Ces scientifiques ont observé plus de 20 000 personnes pendant quinze ans. C'est la première fois qu'une étude est consacrée aux effets de la chaleur à long terme sur le vieillissement de l'organisme humain.

    Déterminer notre âge biologique

    Il faut savoir que nous avons, tous, deux âges. L'âge chronologique, c'est-à-dire le nombre d'années écoulées depuis notre naissance, et l'âge biologique. L'âge biologique prend en compte la santé métabolique, la fonction des organes, la force musculaire, la mémoire, et d'autres indicateurs physiologiques. Pour déterminer le vieillissement dû à la chaleur, les scientifiques taïwanais ont régulièrement mesuré le taux d'albumine dans le foie, la pression sanguine et la capacité à expirer de l'air. C’était leurs indicateurs pour évaluer l'écart entre l'âge chronologique et l'âge biologique des personnes suivies. Le groupe de chercheurs a ensuite croisé ces données physiologiques avec leur lieu de résidence, pour calculer à quel point leurs patients ont été exposés à la chaleur au cours des années.

    Plus il fait chaud, plus rapidement notre organisme vieillit

    Plus un corps subit des températures élevées, plus son âge biologique dépasse son âge réel. Le quart des patients les plus exposés à la chaleur vieillit 3% plus vite par an. Cela semble peu. Mais ce pourcentage correspond à d'autres facteurs à risque, comme le stress, une mauvaise alimentation ou un manque d'activité physique qui font également vieillir notre corps plus vite. L'étude a aussi démontré que les personnes les plus affectées étaient les travailleurs manuels, les habitants de régions avec peu de climatisation et les résidents des zones rurales.

    Tous les âges concernés

    C'est la première fois que des travaux scientifiques démontrent que les effets d'une exposition répétée à la chaleur extrême s'accumulent sur le moyen et sur le long terme dans l'organisme humain. Et, deuxième nouveauté : tous les âges sont concernés. On savait déjà que les personnes âgées vieillissaient plus vite en raison de la chaleur. Mais on ne savait pas que cela concernait également les enfants. Or le vieillissement prématuré de notre organisme représente des risques, comme l'affaiblissement de notre système immunitaire, l'apparition de maladie et in fine le risque d’une mort prématurée.

    Cette étude est circonscrite aux habitants de Taïwan et on ne sait pas encore si ses résultats sont transposables à d'autres régions et d'autres populations. Mais elle met en évidence la corrélation importante entre vieillissement et températures élevées.

    À lire aussiLe réchauffement climatique affecte aussi notre santé mentale

    続きを読む 一部表示
    3 分
  • Comment convaincre les jeunes Africains de se lancer dans l'agriculture?
    2025/09/03

    Depuis lundi ONG, chercheurs et entrepreneurs - venus de 80 pays - sont réunis à Dakar pour parler innovation et transformation de l’agriculture en Afrique. La quinzième édition du Forum africain des systèmes alimentaires a placé la jeunesse au cœur des débats. C'est sur elle que repose la lourde tâche de mettre fin à l'insécurité alimentaire dont souffrent les populations africaines, alors que le continent compte 65% des terres arables de la planète.

    Le constat de Benjamin Njenga est alarmant : « La plupart des agriculteurs africains ont entre 50 et 60 ans ». Ce Kenyan a co-fondé en 2017 Apollo Agriculture, une entreprise technologique basée à Nairobi qui aide aujourd'hui près de 400 mille agriculteurs au Kenya et en Zambie à transformer leurs cultures de subsistance en agriculture commerciale. Pour attirer les jeunes vers l'agriculture, estime-t-il, il faut comprendre leurs besoins et lever les obstacles. « Nous devons investir dans des cultures qui permettent d'obtenir des rendements rapides. La plupart des jeunes veulent gagner de l'argent rapidement. Mais pour cela, il faut d'abord les aider à accéder à des financements. Puisque, poursuit Benjamin Njenga, beaucoup de ces jeunes n'ont ni de terres ni de capital à investir. Ils n'ont pas non plus de garanties. Nous devons donc être en mesure de leur proposer un financement très flexible ».

    Changement climatique : le défi ultime

    Un défi qui plane au-dessus de tous les autres, c'est le changement climatique. Selon les données de l'Organisation météorologique mondiale, l'augmentation des températures a déduit la croissance de la productivité agricole en Afrique de 34% depuis des années 1960. La vulnérabilité du continent africain est bien supérieure à celle observée dans d’autres régions du monde. Notamment, parce que « la plupart des petits exploitants agricoles dépendent encore de la pluie pour leur production », souligne Benjamin Njenga. « Très peu d'entre eux ont recours à l'irrigation. Cette dépendance à la pluie a un impact considérable dans l’ère du changement climatique alors que les sécheresses et les inondations sont plus fréquentes et plus longues. Les ravageurs et les maladies constituent également un défi majeur ».

    Investir dans l’adaptation et la résilience

    Il s'agit donc de permettre aux jeunes en Afrique d'accéder aux techniques d'adaptation aux effets du changement climatique. De très nombreux programmes existent déjà. Mais ces connaissances et le savoir-faire ne sont pas encore accessibles à tous. Et l'adaptation seule ne suffira pas à convaincre les jeunes Africains à se lancer dans l'agriculture, une voie certes essentielle pour nourrir le continent mais dont l'avenir s'annonce complexe.

    « Même si nous encourageons les jeunes agriculteurs à planter davantage d'arbres, à utiliser des semences plus résistantes à la sécheresse, à adopter des systèmes d'irrigation pour réduire leur dépendance à la pluie, nous devons continuer à les soutenir », souligne Benjamin Njenga. « Tout simplement parce qu'il va nous falloir continuer de produire de la nourriture malgré les sécheresses et autres catastrophes naturelles qui vont s'amplifier. Conséquemment, il faut également investir dans la capacité des agriculteurs à se relever après une catastrophe. Comment les aider à souscrire des assurances et transférer ainsi une partie des risques climatiques sur les marchés financiers ? Il reste donc encore beaucoup à faire dans ces deux domaines : aider les agriculteurs à s'adapter, mais aussi à résister au changement climatique ».

    Autant de questions éminemment politiques dont doivent s'emparer les parlements et les gouvernements africains.

    À lire aussiSénégal: le Forum des systèmes alimentaires africains s’ouvre à Dakar sous le signe de la jeunesse

    続きを読む 一部表示
    4 分
  • Construction: les atouts du bois de réemploi par rapport au bois recyclé
    2025/09/02

    Le secteur de la construction représente près d'un quart des émissions de gaz à effet de serre dans le monde. Face à l’urgence climatique, il tente de se décarboner. Conséquence : entre 2015 et 2035, le recours au bois dans la construction et la rénovation devrait y augmenter de plus de 30% en Europe. Mais si le bois est un matériau renouvelable, les forêts sont fragilisées par les températures et les sécheresses records. Pour atténuer ce dilemme, il existe pourtant une solution : le bois de réemploi.

    Comme son nom l'indique, le bois de réemploi est un bois qui a déjà servi et qu'on va réutiliser pour un usage similaire à celui pour lequel il a été initialement conçu. « On va, par exemple, retirer un parquet en bois de l'endroit où il est installé, puis on va le reconditionner, le poncer, ou le réparer s'il a été endommagé pour pouvoir le poser ensuite dans un autre endroit », explique Denis Blanchard, responsable de la filière bâtiment chez Ecomaison, un éco-organisme français qui organise la collecte, le tri, et la valorisation de meubles et de matériaux de la maison.

    Le bois de réemploi est différent du bois recyclé

    Le bois recyclé est également du bois qui a déjà servi mais qui est ensuite transformé par des procédés industriels pour devenir une nouvelle matière première, comme du bois qui est broyé pour ensuite fabriquer des panneaux. Le réemploi, au contraire, ne modifie ni la forme ni la fonction du bois. Il ne fait l’objet d’aucune transformation majeure. Les avantages écologiques sont évidents, estime Denis Blanchard : « Un produit de réemploi utilisé dans une construction a un impact carbone nul, parce qu'on économise la matière première. Ce sont autant d’arbres qu'on ne coupera pas. De plus, on économise toute l'énergie et la chaîne logistique autour du processus de fabrication du produit. Et puis la logique de réemploi se fera dans un périmètre géographique limité. Dans ce cas-là, on aura aussi un gain sur la partie transport. Donc le bois de réemploi est définitivement la meilleure proposition pour les enjeux de la construction de demain ».

    Le bois de réemploi : un bon réflexe pour les particuliers

    Pour les particuliers qui construisent ou rénovent leur logement, le bois de réemploi peut être une alternative plus écologique mais aussi plus économique. En France, ce sont avant tout « les entreprises sociales et solidaires qui, sous le nom de "recyclerie" ou "ressourcerie", proposent du bois récupéré sur des chantiers à des tarifs très intéressants », souligne le responsable d’Ecomaison.

    Une filière encore marginale

    En France, le secteur de la construction produit chaque année plus d'1,6 million de tonnes de déchets de bois. Mais pour l'instant seuls 1% à 2,5% sont valorisés dans le réemploi. Cela est dû, entre autres, aux règlementations qui rendent encore difficile la réutilisation du bois, notamment pour le gros œuvre. « Pour le gros œuvre, explique Denis Blanchard, il y a un système d’assurance décennale. Cela veut dire que le professionnel en charge du gros œuvre doit assurer une garantie décennale. Mais pour cela il faut que les assurances soient prêtes à réassurer des produits issus du réemploi. Or, cela constitue aujourd'hui une barrière. Par exemple, il est très difficile pour une charpente qui a été démontée d'obtenir une garantie décennale dans le cadre d'un nouveau projet. En revanche, pour tous les matériaux de seconde œuvre, comme une porte ou du faux plancher, il n’y a pas de frein assurantiel. Et dans ce secteur, le bois de réemploi prend aujourd’hui de plus en plus sa place. C’est un bon moyen d’éviter le gaspillage ».

    Reste l’urgence de décarboner le secteur de la construction pour freiner le changement climatique. Dans ce cadre, le réemploi du bois est l'un des éléments pour y arriver et figure d’ailleurs dans un nombre croissant de cahiers des charges de chantiers. La filière s'organise et se développe, en Europe et dans le monde entier.

    続きを読む 一部表示
    3 分
  • Les tourbières pourraient-elles protéger l’Europe contre une invasion russe ?
    2025/09/01
    C’était le 26 février 2022, deux jours après le début de l’invasion de l’Ukraine par la Russie : pour ralentir l’avancée des troupes russes vers Kiev, les Ukrainiens inondent délibérément les plaines autour de la rivière Irpin. Les images des chars russes engloutis dans l’eau et la boue font le tour du monde. Aujourd’hui, un groupe de scientifiques propose de restaurer des zones humides le long des frontières orientales pour renforcer la défense de l’Union européenne. L'utilisation stratégique de tourbières, marais et plaines inondables dans les guerres a une longue histoire. Au XVIe et XVIIe siècle déjà, les Hollandais détruisaient leurs digues pour repousser les envahisseurs espagnols et français. En 2025, alors que les pays de l’Union européenne s’activent tous azimuts pour renforcer leurs capacités de défense face à une potentielle menace russe, un groupe de scientifiques allemands, ukrainiens et polonais prennent les devants. Ils estiment que la restauration de zones humides pourrait faire partie de la solution. Dans un document, adressé aux pays de l’Union européenne, les chercheurs se focalisent sur les tourbières. Car en restaurant ces zones humides bien spécifiques, l’Europe pourrait faire d’une pierre trois coups : « Premièrement, cela renforcerait notre défense, car les tourbières sont très difficiles d'accès », explique Hans Joosten, professeur émérite en sciences des tourbières de l'université de Greifswald et à l’origine du projet. « Deuxièmement, c'est bon pour le climat. Les tourbières asséchées sont des énormes émetteurs de CO2 et nous devons les remettre en état pour nous conformer aux objectifs de l'accord de Paris. Et troisièmement, cela serait très bénéfique pour la biodiversité, car les espèces qui y vivent sont toutes menacées. Et cela s'inscrirait parfaitement dans la loi européenne sur la restauration de la nature ». Capteurs de CO2 Parmi toutes les zones humides, les tourbières occupent une place à part. Elles produisent plus de biomasse qu’elles en dégradent. Le résultat est « la formation de couches organiques que nous appelons tourbe. Ces tourbes sont conservées tant que la tourbière reste humide. Et elle stocke de grandes quantités de CO2, jusqu’à 10 tonnes par an et par hectare », souligne Hans Joosten. « Mais pour des raisons agricoles et sylvicoles, de nombreux marais ont été asséchés au cours des siècles derniers. Cela entraîne un rejet massif de CO2 qui, autrement, serait stocké dans les tourbières. Mais si l'on réhumidifie les marais, ces émissions de CO2 cessent immédiatement ». Barrières naturelles Les tourbières, en ligne de mire de Hans Joosten et de ses collègues, s'étirent pile le long des frontières orientales de l'Europe, de la Finlande en passant par l’Estonie, la Lettonie, la Lituanie et la Pologne jusqu’en Roumanie, ainsi que dans l'Est de l'Allemagne. Leur position géographique ne doit rien au hasard. « En Europe nous avons des millions d'hectares de tourbières. Beaucoup de frontières nationales sont situées dans des tourbières. Comme elles sont difficiles d'accès elles constituent depuis toujours des barrières naturelles. C'est un phénomène international ». Les experts sont formels : remises en état, ces tourbières pourraient donc compléter la future stratégie de défense de l'Union européenne. « Au lieu de poser des champs de mines, il vaut mieux restaurer les tourbières », estime Hans Joosten. « Une tourbière vivante est composée à 95 % d'eau, plus humide que le lait et la bière. Il est impossible d'y circuler avec des engins lourds, comme des chars ou des camions. En Lituanie, un char américain est parti dans une tourbière et n'a pas pu en sortir. Et ses occupants sont morts. Donc les tourbières rendent impossibles toute attaque rapide ». Les états-majors européens intéressés L'idée semble faire son chemin. L'armée polonaise a commandé un plan pour, « utiliser l'environnement naturel comme mesure de sécurité aux frontières ». Et pour l'armée allemande, « les zones humides sont un facteur important dans la planification des barrières opérationnelles ». Mais il y a bien sûr aussi des obstacles. Les tourbières ont été asséchées au cours des siècles afin d'en faire des terres cultivables. Pour les renaturer, il faudrait dédommager leurs propriétaires et proposer des alternatives économiques viables. Une fois leur restauration décidée, il faudra compter deux ans avant que les tourbières ne retrouvent leur état naturel initial.
    続きを読む 一部表示
    4 分
  • Pas une mais quatre espèces de girafes différentes: qu'est-ce que ça change ?
    2025/08/28

    C'est le plus grand mammifère terrestre. Reconnaissable à son cou immense et sa peau tachetée, elle est emblématique des paysages africains et ne vit que sur ce continent. On parle de la girafe ce matin dans Questions d'Environnement, parce que les scientifiques viennent d'établir qu'il n'y pas une mais quatre espèces de girafes différentes. Décision de l'UICN, l'organisme qui fait référence pour évaluer l'état de conservation des espèces.

    La girafe est victime d'une « extinction silencieuse », disent les spécialistes. Les grands parcs naturels africains mettent en avant les lions, les éléphants, les rhinocéros, les léopards ou encore les buffles — ces fameux « big five » dont parlent les rangers africains. Mais pas les girafes, plus faciles à voir.

    Pourtant, en 2016, les scientifiques ont tiré la sonnette d'alarme avec un chiffre : la population de girafes a chuté de 40 % en trente ans. À l'époque, les girafes ne sont classées qu'en une seule espèce, et neuf sous-espèces.

    Alors pourquoi dire maintenant qu'il y a quatre espèces différentes de girafes ? Depuis 2016, l'analyse génétique a progressé. De nombreuses recherches ont été réalisées sur la taxonomie des girafes. La taxonomie — le fait de regrouper les animaux dans des catégories — est une science qui évolue en fonction des nouvelles connaissances.

    Pour établir ces 4 espèces de girafes – la Girafe du Nord, la girafe réticulée,

    la girafe Massaï

    et la girafe du Sud, les experts de l'UICN se sont donc basés sur des données génétiques, mais aussi morphologiques produites par les nouvelles recherches scientifiques. En particulier, la forme des crânes des girafes est très différente, explique Michael Brown, co-président du groupe de l'UICN sur les girafes : « par exemple pour les girafes du Nord, les adultes mâles ont des ossicônes beaucoup plus grands. Les ossicônes, ce sont les deux protubérances osseuses qu'ont les girafes sur la tête, comme des cornes. Chez les girafes du Sud, en revanche, elles sont beaucoup plus atténuées et arrondies ».

    La géographie a aussi joué un rôle. Des barrières naturelles infranchissables pour les animaux ont contribué, il y a des dizaines, voire centaines de milliers d'années, à créer des trajectoires d'évolution différentes pour ces 4 espèces. Les rivières comme le Nil, les vallées du Grand Rift en Afrique de l'Est, ou encore le lac Victoria.

    Une protection plus ciblée

    Reconnaître qu'il y a quatre espèces de girafes va aider à mieux les protéger. Cela permet d'être plus précis sur l'évolution des populations et sur ce qui les menace, explique Michael Brown : « Les girafes du Nord par exemple, elles vivent souvent dans des zones de conflit. Elles sont menacées par la chasse illégale, le braconnage et certaines populations sont isolées. Les girafes Massaï, elles, souffrent davantage de l'urbanisation rapide et des clôtures qui fragmentent leurs territoires et les empêchent de se déplacer ». Savoir cela permet de mieux cibler les politiques de protection ainsi que les fonds alloués.

    Premier effet de ce changement majeur de classification : alors que depuis 2016 toutes les girafes étaient classées comme « vulnérables », on voit en séparant les espèces que la situation de la girafe du Sud est moins préoccupante. À l'inverse, la girafe du Nord, présente au Sahel et en Afrique de l'Ouest notamment, est désormais parmi les grands mammifères les plus menacés d'Afrique.

    続きを読む 一部表示
    3 分
  • Inde: malgré le boom des énergies renouvelables, le charbon reste la source principale d’énergie
    2025/08/27

    L'Inde vient d'annoncer que 50% de sa capacité de production d'électricité est désormais d'origine renouvelable, et ce notamment grâce à des projets éoliens et solaires pharaoniques. Cerise sur le gâteau : ce seuil est dépassé avec 5 ans d'avance sur le calendrier fixé pour respecter l'accord de Paris. Pourtant, dans le même temps, l'Inde reste dépendante au charbon : 73% de l'électricité consommée en Inde provient de cette énergie très polluante

    Pour comprendre ce paradoxe, il faut commencer par faire un travail de sémantique. Quand Pralhad Joshi, le ministre des énergies renouvelables indien, annonce que l'Inde vient de dépasser 50% de capacité de production d'électricité verte, il a bien raison de s'enthousiasmer : l'Inde occupe désormais la troisième place mondiale, devant l'Allemagne et le Japon.

    Cependant, il parle bien de capacité de production, et non simplement de production. Et c’est toute la différence. « Il y a une différence entre capacité et production, explique Sunil Dahiya, expert de la transition énergétique en Inde. Les énergies renouvelables comme l'éolien ou le solaire ne produisent pas à 100% de leur capacité toute la journée. La production est plus importante pendant les heures ensoleillées ou quand il y a plus de vent. À l'inverse, une centrale à charbon d'une capacité de 100 MW va pouvoir produire 100 MW d'électricité quel que soit le moment de la journée ».

    Stocker et distribuer

    Dans les faits, seul 13% de l'énergie indienne provient de panneaux solaires ou d'éoliennes. Le charbon qui permet une production plus stable et moins chère reste donc largement majoritaire, avec 73% de l'énergie produite. De plus, pour lisser la production d'énergie verte, il faut être capable de la stocker : quand la production décline, on la libère pour maintenir un niveau constant. Avec 5 gigawatts de capacité de stockage aujourd'hui, l'Inde est encore loin de l'objectif des 60 gigawatts nécessaires à l'horizon 2030.

    Cette énergie doit également pouvoir être distribuée efficacement. Et dans un pays aussi vaste que l'Inde, développer un réseau électrique solide est un enjeu de taille. Les bassins de production d'énergies renouvelables sont concentrés dans des états comme le Rajasthan et le Gujarat. Leurs déserts sont favorables à la production d'énergie solaire. « Le réseau indien n'est pas aussi développé qu'il le devrait, pose Akul Raizada, consultant dans le secteur des énergies et chercheur associé à l'Ifri. Il y a des goulots d'étranglement qui empêchent la circulation de l'énergie renouvelable. Elle circule mal entre les bassins de productions et les bassins industriels qui en ont besoin. Pour donner un ordre d'idée, on estime que l'Inde perd entre 40 et 50% de sa production d'énergie renouvelable à cause de son réseau ». L'Inde investit massivement dans son réseau, mais la route est encore longue.

    Vision à long terme

    Malgré ces difficultés, le géant indien ne compte pas s'arrêter en si bon chemin. L'Inde veut doubler sa capacité de production en énergies renouvelables d'ici 2030 et vise la neutralité carbone en 2070.

    Dernier frein à cette ambition, et pas des moindres : la dépendance à la Chine. Leader mondial des énergies renouvelables, Pékin fournit l'essentiel des matières premières nécessaires à la production de panneaux solaires.

    À lire aussiClimat: l'Inde se targue d'être le «champion» des pays du Sud mais ne veut pas se passer du charbon

    続きを読む 一部表示
    3 分