エピソード

  • En Irak, la radio Al-Salam «baisse les potards» faute de financement
    2025/04/26

    Le 30 avril 2025, elle cessera d'émettre sur les ondes du nord de l'Irak. Depuis dix ans, la radio Al-Salam était devenue le porte-voix des déplacés internes et réfugiés syriens, fuyant l'État Islamique pour trouver refuge au Kurdistan irakien.
    Une antenne apolitique et multiconfessionnelle qui cessera définitivement d'émettre dans quelques jours, faute de financements. Avec la disparition de cette radio c'est aussi l'accès à une information neutre qui va disparaître.

    Elle diffusait en deux langues : le kurde et l'arabe, et son jingle était connu dans tout le nord de l'Irak. Fondée en 2015 par la Guilde européenne du raid, Radio sans frontières, et l'Œuvre d'Orient, cette radio « de la paix » était financée à 50 % par de l'argent public, celui de l'Agence française de développement. « C'est une radio qui tourne à à peu près 200-250 000 euros par an. Le financement public s'élève à à peu près 50 % de ces financements-là. Pour la faire courte, les financements publics n'ont pas été renouvelés dû à des coupes budgétaires au niveau de l'État français » explique Marion Fontenille, directrice de la radio Al-Salam.

    Avec le retrait du plus gros investisseur. C'est ensuite tout le château de cartes financier qui s'effondre. Impossible de continuer à payer les sept journalistes de différentes cultures qui faisaient tourner la radio. Ils laisseront un bassin de cinq millions d'habitants avec une source d'information neutre et vérifiée en moins. Une radio qui sensibilisait aussi à des thématiques peu ou pas traitées par les autres médias comme l'environnement, le genre ou la jeunesse.

    Radio Al-Salam diffusait aussi certaines valeurs, notamment celle de la paix

    Alors que les guerres confessionnelles de ces dernières années ont déstabilisé en Irak la capacité des différentes communautés à vivre ensemble. Pour Marion Fontenille, cette radio créait du lien et un rempart contre les tensions communautaires. « Il n'y a pas de médias indépendants en Irak. Ils sont tous détenus soit par des businessmen qui ont des liens avec des partis politiques ou avec des groupes, encore une fois, les communautés et donc le risque, avec des médias comme le nôtre qui disparaissent dans ce paysage-là, c'est que, en fait, chacun se replie sur sa communauté ou de parti politique ».

    Radio Al-Salam véhiculait aussi des valeurs prônées par la France et permettait de lutter contre la désinformation. Pourtant, dans quatre jours, la directrice coupera l'antenne. « Évidemment que ça me fend le cœur d'être celle qui va éteindre les lumières, baisser les potards et fermer les portes. Malgré tout, je pense sincèrement que ce qui a été fait pendant dix ans, c'est formidable. On reçoit beaucoup de messages de sympathie et je suis persuadée que tout ça n'a pas été fait pour rien et que ça va perdurer d'une manière ou d'une autre ».

    Les journalistes de la radio, eux, sont en train d'envoyer des CV, même s'ils sont bien conscients des réalités des médias irakiens et que leur liberté d'informer ne sera certainement plus la même qu'à Radio Al-Salam.

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  • Couvrir la guerre au Soudan: un exercice périlleux pour les journalistes
    2025/04/19

    À l’occasion de la Conférence humanitaire internationale pour le Soudan et les pays voisins, qui a eu lieu ce 15 avril à Londres, des journalistes soudanais se sont insurgés pour demander que des mesures soient mises en place pour leur sécurité. Ils dénoncent le trop peu d’attention médiatique et politique dont bénéficie la guerre au Soudan et alertent sur l’importance du rôle des journalistes restés sur place pour continuer à couvrir la guerre. Ils sont parfois pris pour cible et très souvent intimidés par les deux camps opposés dans la guerre. Ceux qui sont restés dans le pays se cachent souvent pour pouvoir travailler. La majorité travaille désormais depuis l'étranger.

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  • Bülent Kiliç, photojournaliste arrêté en Turquie: «Travailler en zone de guerre est plus facile qu’à Istanbul»
    2025/04/12

    En Turquie, l’opposition continue de se mobiliser pour dénoncer l’arrestation du maire d’Istanbul et la dérive autoritaire du pouvoir de Recep Tayip Erdogan. La répression des manifestations a aussi ciblé des journalistes. Une chaîne de télévision turque (Sözcü TV) proche de l'opposition a été condamnée à 10 jours de suspension de ses programmes pour « incitation du public à la haine et à l'hostilité ». Rencontre avec le photoreporter turc Bülent Kiliç qui nous raconte son arrestation et sa détention. Près de 1900 personnes ont été arrêtées depuis le début du mouvement.

    Le 24 mars dernier, Bülent Kiliç est encore dans son lit lorsque la police frappe à sa porte. « À 6 h du matin, la police a sonné à ma porte. Le premier policier qui m’a parlé était poli, et il ne connaissait même pas la raison de mon arrestation. Ils ne m'ont rien dit. Mais moi, je connaissais la raison. Et puis… quand je suis arrivé au commissariat, on m’a enfin donné un motif officiel. Ils m'ont dit que j’étais allé à la manifestation en tant que manifestant, en tant que participant ».

    Le photojournaliste turc de 46 ans est reconnu dans son pays comme à l’étranger. Il a notamment travaillé pour l’AFP et a été récompensé du Prix Pulitzer en 2014.

    La veille de son arrestation, il couvrait une manifestation interdite

    La police ne pouvait pas l’ignorer. C’est donc sous un faux prétexte qu’il est arrêté, en même temps que sept autres journalistes. « Ensuite, ils nous ont emmenés au sous-sol du commissariat de police. Ce n'était pas facile, car on m’a obligé à dormir par terre, à côté des toilettes, pendant une nuit. C’était assez pénible pour moi. Ensuite, nous sommes allés dans une première prison, puis dans une deuxième… et le quatrième jour, nous avons été libérés ».

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    « Nous sommes dans un autre monde maintenant »

    Libéré grâce à la pression internationale, Bülent Kiliç n’est pas retourné photographier les opposants au pouvoir turc. « Non, non, non… je n’y vais pas. Je n’y suis pas retourné… Je veux faire attention à l’endroit où je mets les pieds, vous savez. C’est un nouveau monde. Le pouvoir a franchi une nouvelle étape, et moi, je dois être prudent, parce que je dois travailler. Ce n’est pas agréable. Ils m’ont arrêté pendant quatre jours. J’ai perdu deux contrats et ce n’est pas facile pour moi.

    Travailler en zone de guerre est plus facile pour moi aujourd’hui que de travailler à Istanbul. Au moins, je sais que personne ne viendra m’arrêter pour me dire : "Hé, tu viensde prendre des photos" ? »

    Bülent Kiliç est parti pour le Liban, puis laSyrie, sans savoir s’il pourra un jour exercer son métier en Turquie sans risquer la prison.

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  • Médias en Serbie: entre propagande et désinformation
    2025/04/05

    Sous le régime autocrate d’Aleksandar Vucic, la Serbie ne cesse de reculer dans tous les classements internationaux. La liberté de la presse n’y échappe pas. En treize ans de règne, le président populiste a méthodiquement mis sous sa coupe tous les médias.

    Seuls environ 10% des Serbes ont accès à des chaînes indépendantes, mais payantes, tandis que plus des trois quarts des citoyens s’informent via des chaînes autorisées à émettre sur tout le territoire et étroitement contrôlées par le gouvernement qui utilise des tactiques d’intimidation. « Le pays est devenu un "désert de l’information". L’écrasante majorité des médias, radio, télévision ou presse diffusent de la propagande ou de la désinformation. Deux tabloïds pro-gouvernementaux ont consacré en un an, 260 de leurs Une, à une menace de guerre, entretenant ainsi la peur et le souhait d’un "leader fort". Autre exemple, dans les 17 premiers jours de l’année, Aleksandar Vucic s’est adressé à la Nation durant 18 heures, auxquelles il faut ajouter 10 heures de programmes positifs ou neutres le concernant », raconte Branko Cecen, journaliste.

    La RTS, cœur des critiques et instrument du pouvoir

    L’un des points noirs qui concentrent toutes les tensions ces derniers mois, c’est la RTS, la télévision publique, adepte de la censure. « Ici, vous n’avez pas de chaînes objectives. Même la RTS, qui est censée être un média de service public, relaie de la désinformation, que le mouvement de contestation étudiant par exemple vise à détruire l’État, à créer le chaos ou l’anarchie, ce qui est totalement irresponsable. La mission de la RTS n’est pas au service des citoyens, mais du pouvoir. Et le problème c’est que selon certaines études, la RTS continue d’être le média le plus crédible dans la population », explique Aleksandra Nikolajevic, maître de conférences à la faculté de philosophie de Nis.

    Un contrôle sécuritaire jusque dans les rédactions

    L’instrumentalisation des médias, qu’ils soient publics ou privés est une spécialité de l’actuel président, ancien ministre de l’Information sous Milosevic. Selon Branko Cecen, Vucic œuvre depuis au moins dix ans à verrouiller les médias par crainte d’un renversement. « La rédaction de la RTS est triée sur le volet, les journalistes se plient à la propagande. En ce moment, la chaîne abrite plus de policiers que de salariés. Des agents des renseignements surveillent le bâtiment prêt à intervenir, et en cas de contestation, prêts à suspendre, licencier ou éloigner des journalistes des programmes d’information ».

    Discrédité ou boycotté par les médias traditionnels, le mouvement étudiant pro-démocratie et anti-corruption, s’est tourné vers les réseaux sociaux. Grâce à leurs actions menées dans tout le pays, ils jouissent aujourd’hui du soutien de près de 80% de la population.

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  • Entre enlèvements et menaces, la liberté de la presse en danger au Burkina Faso
    2025/03/29

    Au Burkina Faso, « le musèlement de toute voix dissidente est devenue la règle ». C'est la déclaration de Human Rights Watch, vendredi 28 mars, sur l'antenne de RFI. L'ONG de défense des droits humains s'alarme de la série d'arrestations qui s'enchaînent à un rythme particulièrement inquiétant. En l'espace d'une semaine, au moins huit personnes, dont cinq journalistes, ont été emmenés par des hommes en civil sans mandat ni motif officiel. Tous sont détenus dans un lieu toujours inconnu à ce jour. Depuis l'arrivée du capitaine Ibrahim Traoré au pouvoir en 2022, la répression contre la presse s'accentue. Cette semaine, Sidy Yansané se penche sur la disparition de deux journalistes de renom : Atiana Serge Oulon du journal L'Evénement et Boukari Ouoba du magazine Le Reporter. La situation d'insécurité est telle que nombre de nos confrères et consoeurs burkinabè n'ont pas souhaité parler au micro.

    Il y a une semaine à Ouagadougou, l'Association des journalistes du Burkina présente son nouveau bureau national. Le président Guézouma Sanogo prend la parole et fustige la totale mainmise de la junte du capitaine Ibrahim Traoré sur les médias publics. « Une autre caractéristique de la haine et de la diabolisation des médias se traduit par les enlèvements et les séquestrations des journalistes ».

    A côté de lui, Boukari Ouoba, fraîchement élu vice-président de l'AJB. Une promotion de courte durée...Trois jours plus tard, des hommes se disant agents des renseignements l'emmènent avec son président. Un mode opératoire devenu la norme au « pays des hommes intègres » ! Ses confrères et consœurs sont unanimes : Boukari était « le gardien du temple du Centre national de presse Norbert-Zongo qui faisait le relais avec les exilés ».

    Analyste percutant, enquêteur et homme de terrain... Pour son magazine Le Reporter, il livre un papier sur la disparition du milicien Django, l'une des toutes premières victimes d'enlèvement sous la junte du MPSR-2 ! Sadibou Marong est le directeur du bureau régional de RSF : « Il a gagné pas mal de prix Boukari. Il a la question de la disparition de Django, l'artiste milicien là, qui était devenu leader des Koglweogos dans l'est, qu'on appelle Moussa Thiombiano. Boukari, c'est également un journaliste très engagé qui est tout le temps aux côtés de ses confrères aussi et qui n'a pas peur de s'exprimer pour la justice et l'égalité, mais également la dignité de la population », raconte-t-il.

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    Des enlèvements en série pour faire taire la presse

    Neuf mois plus tôt, c'est une autre vague d'enlèvements qui s'abat sur quatre journalistes, dont Atiana Serge Oulon, kidnappé à son domicile. « Le directeur de publication de L'Evénement a été réquisitionné pour combattre au front » dira plus tard le ministère de la Justice du Burkina Faso.

    Pour ces confrères, Serge est un enquêteur-né, allant jusqu'à comparer L'Evénement à Mediapart, le site d'information français qui s'est forgé une réputation mondiale en moins de dix ans ! Expert en défense, Serge Oulon enquête sur le détournement présumé de 400 millions de francs CFA destinés à financer les supplétifs VDP et empochés par un certain capitaine du centre-nord d'après l'article... « Cela lui a valu une audition par le tribunal quelques semaines, mais c'est un grand professionnel dans la qualité de ses sources, a rapidement attiré, disons, les nouvelles autorités pour que ces gens, ces autorités-là, puissent essayer de le suivre davantage. Serge, c'est aussi un journaliste qui recevait des prix sur la lutte anti-corruption dans la presse. Il fait partie de la crème. Ce sont ces journalistes-là dont le Burkina a besoin. Et donc ces journalistes ne doivent pas passer une seconde dans une prison de notre point de vue », explique Sadibou Marong.

    Pour son ultime publication en août dernier, L'Evenement a publié le portrait de Serge Oulon en première page et cet édito titré « Qu'est-ce qui nous arrive ? », référence au climat crépusculaire du journalisme burkinabè reconnu pour être l'un des plus performants d'Afrique de l'Ouest.

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  • Haïti: après la population, les gangs s'en prennent aux médias
    2025/03/22

    La capitale haïtienne Port-au-Prince est en proie à une nouvelle flambée de violences depuis deux mois, les gangs multipliant les attaques dans les quelques quartiers qu'ils ne contrôlent pas encore. La capitale serait sur le point de tomber. Et parmi les cibles des groupes armés, il y a la presse : ces derniers jours, trois médias ont été attaqués.

    Le 13 mars dernier, l'attaque dont a été victime Radio télévision Caraïbes pendant la nuit est à la une des médias haïtiens. Les locaux historiques étaient vides depuis plus d'un an. Par mesure de sécurité, les équipes s'étaient installées dans une zone plus calme. Mais le bâtiment contenait encore des équipements et surtout, c'est une institution qui a été prise pour cible : il s'agit de l'un des plus vieux médias haïtiens et l'un des plus suivis.

    Quand il découvre les images de l'incendie sur internet, Michel Joseph, co-directeur de la salle des nouvelles de Radio Télévision Caraïbes, est secoué : « C'est un mélange de colère, de tristesse et d'impuissance. Colère, parce que c'est une attaque directe contre notre mission de tenir le public informé dans un contexte où l'accès à l'information est vital. Tristesse, parce que ce bâtiment chargé d'histoire représente des décennies de travail acharné et de dévouement pour la vérité. Et en fin, je veux parler d'un sentiment d'impuissance face à la violence croissante qui semble ne pas épargner même ceux se battent pour donner une voix aux sans voix aujourd'hui en Haïti. »

    La même nuit, les gangs ont aussi incendié la radio Mélodie FM. Trois jours plus tard, c'est Télé Pluriel qui est saccagée, même les toilettes sont détruites.

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    Pour Michel Joseph, les gangs savent très bien ce qu'ils font : « Attaquer les médias et attaquer Radio télévision Caraïbes notamment, qui est un média très puissant, c'est envoyer un message très fort. Si on réduit les journalistes au silence, la population n'aura pas accès à l'information. Et les bandits pourront établir leurs lois comme bon leur semble. Trois médias en une semaine, ça démontre la montée en puissance des gangs en Haïti.»

    « Radio Télévision Caraïbes, qui comme un roseau plie, mais ne casse pas », résume un de ses journalistes : pas question de baisser les bras après ces attaques, insiste Michel Joseph. « Non, on ne peut pas aujourd'hui arrêter parce que la presse reste le dernier rempart de la démocratie. Oui, certaines fois on est on bord du découragement, on n'a pas abandonné ».

    Ces attaques n'ont fait que des dégâts matériels. Mais en décembre dernier, alors qu'ils couvraient la réouverture d'un hôpital, deux journalistes haïtiens ont perdu la vie sous les balles des gangs, sept autres ont été blessés.

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  • Guatemala: retour en prison pour le journaliste José Ruben Zamora
    2025/03/15

    Entre juillet 2022 et octobre 2024, José Ruben Zamora a passé plus de 800 jours derrière les barreaux. À 68 ans, le plus célèbre des journalistes guatémaltèques pensait en avoir fini avec la détention arbitraire. Mais la justice vient de révoquer son assignation à résidence et de le renvoyer en prison. De sa cellule, il promet de continuer le combat contre les mafias qui rongent le Guatemala et manipulent l'autorité judiciaire.

    L'affaire Zamora fait des remous jusqu'au sommet de l'État. Car cette nouvelle incarcération indigne même le président du Guatemala, Bernardo Arévalo, qui a pris ses fonctions l'an dernier sous l'étiquette sociale-démocrate : « Ce n'est seulement José Ruben Zamora qui est touché, ce ne sont pas uniquement les journalistes qui sont intimidés et menacés. C'est le peuple du Guatemala qui souffre de la manipulation et de la criminalisation de l'appareil judiciaire... Visant à harceler ceux qui défendent la décence dans notre pays ».

    Zamora et son équipe travaillent depuis trente ans sur les affaires de corruption

    Il a publié plus de 300 enquêtes dans El Periodico, le quotidien qu'il a fondé en 1996 et qui a dû mettre la clé sous la porte pendant sa dernière détention. Un calvaire : mis à l'isolement, bousculé par des surveillants sadiques, victime de fouilles inopinées pour l'empêcher de dormir, privé d'eau à répétition pendant plusieurs jours. Il a préféré mettre sa famille à l'abri à l'étranger pour éviter qu'on ne le fasse chanter. Mais le ministère de la Justice continue de s'acharner contre lui. Et même si sa voix fatigue, il ne veut pas baisser les bras : « Je ne peux que me déclarer innocent. Persécuté, considéré comme un criminel. C'est encore une détention arbitraire et illégale… et ça s'apparente aussi à des mesures de répression psychologique. Mais je me vais continuer à me battre. ».

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    José Ruben Zamora, victime d'un harcèlement judiciaire

    La Cour Constitutionnelle a statué en sa faveur. En 2023, elle a cassé sa peine de six ans de prison et demandé un nouveau procès. Et il n'y aucune raison objective de la maintenir enfermé jusqu'à ce que l'audience soit fixée. Amnesty International, Reporters Sans Frontières et de très nombreuses organisations internationales le décrivent comme un prisonnier politique. Son avocate exhorte la communauté internationale à se mobiliser, à mettre le Guatemala devant ses responsabilités, et à employer des mesures fortes pour protéger la santé mentale et physique de José Ruben Zamora.

    Mais le harcèlement judiciaire vise aussi une dizaine de ses anciens collègues d'El Periodico. Un titre emblématique qui a employé jusqu'à 400 journalistes sans jamais coûter plus d'un dollar par exemplaire. Le vide créé par sa disparition se comble petit à petit grâce à de nouveaux venus dans l'espace médiatique, comme Plaza Publica, qui ont repris le flambeau de l'investigation.

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  • Élysée Odia, une figure bien connue du paysage médiatique congolais
    2025/03/08

    Élysée Odia, journaliste plurimédia, elle est diplômée en journalisme, option politique extérieure, de l’Université des sciences de l’information et de la communication (Unisic) à Kinshasa. Pendant 13 ans, elle a marqué la télévision congolaise depuis la capitale, avant de rejoindre le média en ligne 7sur7.cd, l’un des plus suivis du pays, où elle a travaillé pendant cinq ans. Aujourd’hui, elle prend son indépendance et dirige son propre média, Yabisonews.cd. Élysée Odia, c’est une voix forte, une passionnée de politique, une journaliste qui ne mâche pas ses mots. Mais cette liberté de ton lui vaut aussi de nombreuses menaces en ligne, parfois parmi les plus violentes. Comment vit-elle cette pression ? Elle nous raconte.

    Avec plus de 250 000 abonnés sur X, l’ancien Twitter, Élysée Odia est une voix qui compte. Ses interviews avec des figures politiques de tous horizons et ses analyses génèrent des milliers de vues sur les plateformes numériques. Mais ce qui la distingue, c’est sa signature, son style bien à elle. « Dans le journalisme, on pourrait qualifier cela d’un éditorial, où l’on donne un point de vue. Avec Twitter, c'est ce qui fait ma particularité et ma différence par rapport à certains confrères. Beaucoup se limitent à la présentation des faits, mais pour ma part, il m’arrive régulièrement d’exprimer un avis sur l’actualité ou des sujets de société », explique-t-elle.

    Cette liberté de ton a un prix

    Dans un climat politique de plus en plus polarisé en RDC, Élysée Odia est la cible d’insultes, de harcèlement et de menaces en tout genre. « En République démocratique du Congo, certains estiment avoir la légitimité de dicter ce qu’un journaliste doit dire ou non, quelle information doit être diffusée et quelle autre doit être tue, ou encore qui il peut interviewer et qui il doit éviter. On évolue dans un contexte où différents camps cherchent à imposer leur ligne éditoriale aux médias, refusant certaines opinions ou réflexions. Cela s’inscrit dans un climat particulièrement clivant, reflet de la situation actuelle dans le pays » raconte-t-elle.

    Aujourd’hui, sa liberté de ton sur les réseaux ne rime plus avec liberté de mouvement et Élysée Odia en est pleinement consciente. « Au quotidien, j’essaie d’identifier les endroits où je suis réellement la bienvenue. Malheureusement, j’ai dû établir une liste de lieux où je ne peux plus me rendre, sous peine d’être exposée à des violences, qu’elles soient physiques ou verbales. C’est une réalité difficile à accepter, mais c’est le prix à payer aujourd’hui pour préserver mon intégrité physique. ».

    Ce qui lui fait le plus mal, dit-elle, c’est de voir ses proches subir, eux aussi, les conséquences de ces menaces. « Je me souviens d’un jour où ma mère est rentrée en pleurs à la maison. Au marché, elle avait entendu des gens parler de me faire du mal. Dans ce contexte, ce n’est pas seulement le journaliste qui est exposé, mais aussi ses proches, qui subissent parfois des traumatismes encore plus violents ».

    Élysée Odia n’est pas seule dans cette situation

    Les rares journalistes congolaises influentes sur les réseaux sociaux sont elles aussi la cible de harcèlement, aussi bien par des comptes anonymes que par des personnes bien identifiées. Et pourtant, malgré l’entrée en vigueur il y a deux ans du code du numérique, qui criminalise le harcèlement en ligne en RDC, la justice ne suit pas. Face à cette impunité, Élysée Odia et ses consœurs trouvent parfois du soutien auprès d’organisations comme Journaliste en danger, partenaire de RSF. Mais là encore, les ressources restent limitées et souvent inadaptées face à l’ampleur des menaces.

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