エピソード

  • Lukaré, centre artisanal burkinabè et grenier à idées et à talents
    2025/09/07
    Direction le Burkina Faso et le quartier de Dapoya, à Ouagadougou, où est installé le centre artisanal Lukaré. Un centre qui, depuis près de 15 ans, fait figure d'excellence en matière de création de meubles et d'accessoires à base de matériaux de récupération. [Rediffusion] Au centre Lukaré, la quinzaine d'apprentis ou de créateurs aguerris sont à l'ouvrage. Perceuses, ponceuses, poste à souder... Tous ces outils – entre deux délestages – s'activent avec Inoussa Dao comme chef d'orchestre. « Lukaré, ça veut dire "le grenier'' en pulaar. C'est un grenier où on a beaucoup d'idées. Voilà, on aimerait aussi transmettre ces idées à d'autres jeunes », explique-t-il. Il y a 15 ans, Inoussa a fondé, avec son frère Hassan Dao et deux autres artistes, le centre d'apprentissage et la galerie Lukaré, qui font référence depuis au Burkina Faso : « L'idée de Lukaré, c'est vraiment la récupération. Je peux dire que 90% de nos créations, c'est de la récupération. C'est de donner une seconde vie aux matières mortes, si on peut dire ainsi. C'est du bois, des carcasses de voitures, de la récupération de bidons. Voilà, tout ce qu'on peut recycler et leur donner une seconde vie. On fait des tables, des meubles de rangements, des accessoires comme des dessous de plat, des lampes, des meubles d'intérieur et d'extérieur. » L'art de recycler des matériaux bruts comme des racines d'arbres ou bien des pots d'échappement de mobylette, pour les sublimer en meubles uniques, a fait école au Faso . D'autant plus que le centre Lukaré accueille des jeunes qui cherchent leur voie pour les former à la technique de la récup'. Une seconde vie aux matières mortes « On n'a pas besoin d'avoir un diplôme ou une formation quelconque, c'est la motivation personnelle qui compte, souligne Inoussa Dao. Après, nous, on les place à l'atelier soudure d'abord, et après, on les place à l'atelier bois pour qu'ils apprennent ces deux métiers de base. Après, c'est à lui de choisir la branche qu'il veut. Nous, on est à côté pour les guider dans cette création. Mais c'est lui qui créé après ! » C'est ainsi que de ce phalanstère créatif sont sortis de grands noms du design burkinabè qui ont fait leur chemin depuis, comme Ahmed Ouattara, Kader Kaboré, Ousmane Kouyaté ou encore Paulin Banigabou. Ce dernier est un virtuose dans l'art d'entremêler palissandre et fer à béton pour en faire des sièges : « Actuellement, on peut dire que je travaille à mon propre compte. C'est grâce à eux aussi [les encadrants de Lukaré, NDLR], parce que je suis passé par eux qui nous ont guidés, qui nous ont montré comment faire. Actuellement, mon travail est beaucoup basé sur les tabourets et des pièces uniques aussi. Des chaises et des tables aussi quoi, parce que j'ai été formé, mais j'ai ajouté ma ''touche'' aussi. Je fais un peu différent de mon patron parce qu'il faut créer aussi ta propre identité. Ainsi il y a des gens, quand il voit ça, ils disent 'Ça, c'est Paulin !". » Finitions nickel Les meubles et accessoires de Lukaré font le bonheur des amoureux du design comme Eliot Martin. En Allemagne, à Francfort, il est le responsable de la galerie Moogoo. Il s'extasie : « L'idée, c'est de dire :"Nous, on veut du beau ! Et qu'en plus, il y ait une histoire derrière." On a la volonté de vendre des beaux produits. C'est vrai que les finitions [chez Lukaré, NDLR] sont nickel, quoi ! Il y a une qualité ! Pour tout ce qui est soudure, tous les gens ici qui s'y connaissent sont toujours impressionnés par leur travail. Je ne sais pas s'ils se rendent compte, mais ils n'ont pas le matos qui existe en Europe ! À part des postes à souder, ils n'ont pas beaucoup plus d'outils, quoi ! » Rendre la matière brute magnifique, c'est l'art de concilier l'indigence des moyens avec l'exigence d'artisans surdoués. Hortense Assaga, journaliste et auteur d'un ouvrage intitulé Made In Africa est, elle aussi, admirative : « Ce centre illustre vraiment bien la pratique africaine. Il y a une espèce de regroupement qui se fait entre artisans, créatifs. Et puis, ils essayent d'organiser ça. On apprend les uns des autres pour en sortir souvent les objets fabuleux. Oui, c'est une pratique à l'africaine, une transmission qui se fait tout naturellement entre artisans, et c'est vraiment ça qu'il faut saluer. » Le mot de la fin, c'est Inoussa Dao qui l'a trouvé en cherchant dans son grenier peul à idées : « On va consommer ici ce que nos braves artistes et artisans produisent. Nous consommons ce que nous produisons et produisons ce que nous consommons. »
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  • «Human empress», la jeunesse congolaise écoresponsable
    2025/08/31

    « Human empress », « Impératrice humaine » en français, est une association congolaise de Brazzaville qui milite pour une Terre plus propre et des pratiques plus responsables afin de préserver l’environnement. À la tête de cette association : Paule Sara Nguié, une femme dynamique qui met toute son énergie pour sensibiliser ses concitoyens à la cause écologique en commençant par la jeunesse. [Rediffusion]

    Il y a cinq ans que Paule Sara Nguié a créé « Human empress » à Brazzaville. Cette femme de trente ans, ancienne technicienne dans le secteur de l'énergie et qui fut également journaliste, a décidé de s'emparer de la question de l'écologie.

    Depuis son enfance, Paule Sara a vu lentement son environnement se dégrader dans son quartier à Brazzaville. « Je vivais dans un quartier assez reculé de la ville, Massengo, se souvient-elle, vous y avez une belle savane, vous faites encore de la cueillette. L'air est frais, je me baignais dans la rivière et mes grands-parents que je côtoyais sont des personnes qui ont de bonnes valeurs de développement durable. Pour moi, tout cela semble naturel. Et quand je commence à fréquenter la grande ville, la grande cité avec sa pollution, je suis suffoquée. Je me rends compte qu'il y a des problèmes et je décide d'agir, petit à petit ».

    « Couronne verte »

    Dès lors, Paule Sara organise avec son association des rencontres citoyennes de la jeunesse dans les quartiers, dans les écoles et elle coordonne un concours. Baptisé « Couronne verte », il permet à des porteurs de projet d'exposer et parfois de financer leurs inventions écoresponsables, nous décrit Paule Sara.

    « Sur l'agriculture biologique notamment, une équipe a mis en place un système aquaponique sur la gestion durable de l'eau. Vous avez, sur les énergies, ceux qui font dans la transformation énergétique à partir de déchets. Vous avez ceux qui fabriquent des charbons à partir de déchets, aussi. C'est ce type de programme que les jeunes ont mis en place et qui ont été retenus et qui sont financés pour répondre réellement aux besoins, ici, à Brazzaville ».

    Coton naturel et fibre de bambou

    C'est ainsi que Danielle Mbemba, étudiante, a remporté l'un de ces concours portant sur un projet de serviette hygiénique recyclable. Des serviettes qui évitent de polluer les cours d'eau.

    « Mon projet, il était axé sur la fabrication de serviettes hygiéniques réutilisables. Mon projet s'appelle Menga Ecoflux. C'est un produit que j'ai déjà commencé à développer. J'ai fait des prototypes que j'ai donnés à certaines de mes amies et à quelques personnes de ma famille pour pouvoir les tester. On fait principalement avec du coton naturel et aussi de la fibre de bambou. »

    Des prototypes, des inventions et des projets exposés lors de ces rencontres régulières à Brazzaville ou à Pointe Noire et qui reçoivent le soutien de partenaires comme la délégation de l'Union européenne au Congo.

    Des initiatives précieuses, selon Anne Marchal, ambassadrice de l'UE à Brazzaville. « C'est la convergence en fait des centres d'intérêt qui fait que nous sommes partenaires de cette association, qui justement permet de donner une voix aux jeunes et de créer de la conscience sur les problèmes d'environnement. Et donc toutes les activités de Paule Sara, y compris au niveau du support et la création, la formation à des emplois de développement durable, est vraiment ce qui nous a attirés, en plus du fait qu'elle a organisé des rencontres citoyennes de jeunes. Nous tenons vraiment à avoir ces contacts avec les jeunes pour leur retour sur les attentes des jeunes dans les pays où nous sommes partenaires ».

    Le prochain projet que Paule Sara compte mettre en œuvre avec « Human empress », c'est la création d'un écocentre. Un lieu de rencontre ou les jeunes Congolais pourront venir exposer leurs projets, apprendre et transmettre les bonnes pratiques écoresponsables.

    À lire aussiCongo-Brazzaville: une ONG réclame un plan d’aménagement du parc national Ntokou Pikounda

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  • Transition du thermique à l'électrique: au Sénégal, les pirogues naviguent propres!
    2025/08/24

    L’Afrique en marche navigue à l’électrique. Une PME sénégalaise, Jokosun Energies, a décidé de proposer aux piroguiers de Casamance et du Sine Saloum de changer leurs moteurs bruyants et polluants par des systèmes électriques, silencieux et économiques. (rediffusion du 09/03/2025)

    Depuis 2018, Jokosun Energies, la société créée par Raymond Sarr étudie les possibilités de remplacer un moteur essence par un moteur électrique sur les pirogues du Sénégal. L'hélice, le corps du moteur ne changent pas, seule la partie carburateur est remplacée par un système électrique alimenté par une batterie rechargée en panneau solaire. Raymond Sarr, est le directeur de Jokosun Energies.

    « Ce qu'on propose aux piroguiers, c'est de nous amener leur moteur thermique et nous, avec nos mécaniciens formés et affiliés, on leur transforme ce moteur thermique en moteur électrique. On ouvre le bloc, la carcasse et on remplace le cœur du moteur thermique par un moteur électrique » explique cet ancien technicien aéronautique à Toulouse.

    Réduction de 50% des coûts en carburant

    « In fine, le moteur à la même tête. Ensuite, on relie ce moteur silencieux à une batterie. Le piroguier, en faisant cette opération de rétrofit, gagne en rentabilité et en autonomie au jour le jour. Grâce au moteur électrique, il réduit à peu près de 50% ses coûts de carburant et de trois fois ses coûts d'entretien, parce que les moteurs électriques nécessitent beaucoup moins d'entretien que des moteurs thermiques ».

    André Jammeh est mécanicien et fait partie de ceux qui ont été formés pour dispenser la solution moteur électrique aux piroguiers.

    « Je ne connaissais pas cette technique » admet-il, « mais maintenant, je la connais parce que j'ai transformé quatre moteurs. C'est pour les touristes et leurs pirogues. C’est simple en fait ».

    D'autant plus simple que la société, Jokosun Energies propose d'assurer le changement des batteries déchargées par d'autres batteries rechargées, ce qui assure une autonomie presque équivalente à un moteur thermique, explique Raymond Sarr.

    « Le piroguier va débourser à peu près 100 000 francs CFA (150 euros), pour faire cette opération de rétrofit. On lui apporte un moteur qu'on lui propose en leasing, il va payer en plusieurs fois et on lui loue des batteries au jour le jour. Tout l'enjeu est de contourner la barrière de l'investissement initial. Le coût de l'engagement pour le piroguier est faible, ce qui lui permet d'accéder et de se rendre compte de tous les bénéfices de l'électrique, en douceur. »

    L'avantage de l'électrique, Mame Birra Barro, que l'on surnomme « bio », propriétaire d'une pirogue pour touristes, l'a très vite compris.

    Bon pour l'écosystème

    « Je trouve que c'est une très bonne idée pour le tourisme. Ça nous donne l'avantage de se rapprocher au plus près des oiseaux parce que c'est plus silencieux, ça ne pollue pas, donc c'est bon pour l'écosystème. Pour les pêcheurs aussi qui pêchent à la traîne, tu ne fais pas beaucoup de bruit. C'est vraiment l'avenir pour nous parce que l’essence ce n’est pas donné et avec les batteries solaires, tu dépenses moins ».

    Claire O’neill est la directrice d'un programme appelé Manufacturing Africa pour la coopération britannique. C'est elle qui a cofinancé ce projet d'électrification des pirogues.

    « L’idée était de tester une solution d'énergie propre qui présentait un avantage économique. Ce qui est intéressant, dans ce projet, c'est le modèle circulaire. C’est cela qui nous a attirés pour tester ce projet. Le fait que ce soit une innovation, mais une innovation qui est bien adaptée aux besoins des populations locales. On a vu déjà que cela avait un effet très positif sur le trajet que font les piroguiers avec les touristes en termes de prix, mais aussi en même temps, cela préserve l'univers marin ».

    Le projet Jokosun ne porte que sur cinq pirogues équipées en Casamance et dans le Sine Saloum, mais l'expérience ayant fait ses preuves, on passera à vingt pirogues électriques dans le courant de l'année.

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  • Sofar, si proche des musiciens en Afrique
    2025/08/17

    La franchise Sofar (Songs from a Room) propose depuis 2009 des concerts intimistes et secrets dans des lieux inhabituels dans le monde et en Afrique. À Lagos, à Addis-Abeba, à Maurice ou à Dakar, c'est une expérience que les amateurs de musique et de spectacle vivants apprécient.

    Rediffusion du 29 décembre 2024.

    Depuis une bonne quinzaine d'années, les premiers concerts Sofar ont vu le jour en Angleterre et depuis, le concept de ces shows intimistes et éphémères a essaimé à travers le monde et notamment en Afrique : en Éthiopie, au Nigeria...

    Des collectifs d'amoureux de la musique s'organisent pour préparer des concerts hors normes dans la mesure où ni le lieu, ni la date, ni même les artistes qui joueront, ne sont connus jusqu'au dernier moment. C'est ainsi qu'à Maurice, le premier concert organisé par Samantha Shegobin, a eu lieu dans un salon de coiffure.

    « C’était bien » se remémore cette ambassadrice Sofar mauricienne. « C'était le tout premier, donc les gens ne connaissaient pas trop Sofar avant. Le lieu est dévoilé 36 h avant le spectacle. Et les artistes restent secrets jusqu'à ce que le show commence. Donc oui, les gens ont aimé. C'est une bonne expérience communautaire parce que je pense qu'on construit une communauté mondiale qui soutient les artistes locaux et internationaux. Chaque événement rassemble ceux qui partagent une passion pour la musique et la culture. »

    Rassembler ceux qui partagent une passion pour la musique et la culture

    Raphael Hilarion, au Sénégal, adhère, lui aussi, à cette philosophie. Il y a trois ans, avec sa camarade Marie Nore, ils ont organisé leur premier événement musical Sofar dans une galerie d'art à Dakar, Plateau.

    « En gros, c'est un événement un petit peu exclusif, où l’on va accueillir entre 50 et 70 personnes, explique Raphael Hilarion. On organise cela tous les mois et demi et dans des lieux totalement différents : dans un musée, ça peut être dans une brasserie, dans un bateau… On essaye de trouver des lieux dans lesquels on ne s'attendrait pas à avoir un concert. Sur notre page Instagram les personnes qui nous suivent doivent nous envoyer un email pour dire qu’ils sont intéressés. Les personnes qui s’inscrivent nous font confiance. On dévoile le lieu 48 heures avant et ils découvrent les artistes. Chaque artiste va jouer trente minutes et ensuite, il y a quinze minutes de pause. Du coup, les artistes peuvent discuter aussi avec ce nouveau public. On a une proximité qu'on n'a pas forcément habituellement dans des salles de concert. »

    Généralement, les performances des musiciens sont entrecoupées de défilés de mode liées à une exposition d'art plastique ou encore à des dégustations gastronomiques.

    Jouer dans un lieu qui fait sens

    « Dans une exposition qui s’est déroulée au pied du Monument de la Renaissance la thématique de l’expo portait sur l'éco féminisme et l'agroécologie, et la place des femmes dans l'agroécologie » se souvient Marie Nore en évoquant leur dernier happening musical pendant la Biennale de Dakar. « Et pour moi, c'était magique parce que même si on fait jouer des artistes, là, on les faisait jouer dans un lieu qui fait sens ».

    Succès auprès du public avide de découverte, succès également auprès des musiciens qui se prêtent volontiers au jeu de l'improvisation. « Ces concerts Sofar, ce sont des concerts intimistes, on est proche du public, il y a une connexion avec le public, raconte la chanteuse sénégalaise et joueuse de kora Senny Camara. Après le concert, c'est familial. On pose des questions et moi, j'aime beaucoup ce concept-là. C’est comme dans un salon, tu es là, tu discutes et tu partages. Un vrai partage. Bravo à eux d'avoir pensé à faire ça parce qu'on n'avait pas ça au Sénégal. C'est super pour la jeunesse. »

    Le prochain rendez-vous pour le Sofar à Dakar, ce sera d'ici fin janvier. Si vous voulez savoir où, quand et avec qui, il faudra consulter leur compte Instagram et s'inscrire pour un moment musical unique.

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  • Sa Sa Plast chasse les déchets plastique en Mauritanie et aménage les rues
    2025/08/12
    Tandis qu’à Genève, en ce moment, les pays membres des Nations Unies essayent péniblement de s’accorder sur un traité mondial contre la pollution aux plastiques, certains sur le terrain trouvent des solutions contre ce fléau de la pollution industrielle. C’est le cas - à sa petite échelle - de Cheikna Coulibaly. En 2018, il a créé une structure « Sa Sa Plast » qui récolte en Mauritanie les bouteilles et bidons qui jonchent le sol, les plages et la nature pour les recycler. Cheikhna Coulibaly, un habitant de Sebkha, une commune de l'agglomération de Nouakchott en a eu, un jour, assez de voir le plastique envahir ses rues, ses caniveaux et ses plages. Cet ancien agent commercial, qui a pas mal voyagé à l'étranger, est frappé par l'incivisme de ses concitoyens. « Pour les citoyens de Nouakchott ou de la Mauritanie, la plupart ne connaissent pas l'importance de l'éco-citoyenneté. Donc, nous sommes en train de nous battre. Nous sommes en train de mettre en place des programmes de sensibilisation. En Afrique, pour l’instant, les gens n'ont pas cette culture pour les systèmes de collectes, de recyclage, etc… Je voyage un peu partout en Afrique et en Europe, je vois que ce n’est pas pareil que chez nous. Franchement, chez nous, on voit des bouteilles partout. Les gens n'ont pas conscience. Dès qu’on finit de boire une bouteille, "hop !", on la jette sans se soucier. Dans d'autres zones, j’ai vu qu'on a mis des bacs de collecte pour qu’on puisse collecter et chez nous ça n'existe pas. » À lire aussiPollution plastique: les États africains en première ligne à Genève pour tenter de limiter la catastrophe La plupart ne connaissent pas l'importance de l'éco-citoyenneté Il n'y a pas de poubelles à Sebkha, encore moins de bacs à collecte. Mais pas de souci, en 2018, Cheikhna achète un triporteur, embauche toutes les bonnes volontés et commence à faire la tournée de cette commune de 130 000 habitants, l'une des plus peuplées de Mauritanie, pour récolter les déchets plastiques. « On a toujours nos motos tricycles qui nous permettent de collecter. Actuellement, nous sommes concentrés sur les bouteilles d'eau minérale, des bouteilles d'huile. Et d'autres bouteilles de produits cosmétiques par exemple. Après avoir récupéré, nous broyons le plastique, nous le mélangeons avec du sable et un peu de ciment. Nous utilisons aussi des moules pour différents designs, des pavés pour faire des trottoirs. » Très vite, en 2021, Cheikhna et la société qu'il a créé, Sa Sa Plast, bénéficie de l'appui de la coopération allemande GIZ et de la mairie de Sebkha pour apprendre à transformer du plastique en pavés. Des pavés et des dalles qui résistent parfaitement à l'érosion de l'océan. « En fait, en Afrique, on a beaucoup de zones salées. Quand on mélange le sable, le plastique, le ciment, nos pavés sont devenus déjà anti-sel et anti-humidité. Ce sont des pavés qui sont tellement solides avec le plastique mélangé au sable ! On a un procédé et on a le dosage qu'il faut pour que ça tienne. Ça résiste mieux. » 160 jeunes Mauritaniens formés Après cette expérience réussie, Sa Sa Plast forme et accompagne d'autres Mauritaniens à ces techniques pour dépolluer et transformer. « On a pu former plus de 160 jeunes Mauritaniens à ce procédé. On fait des formations avec des jeunes et des femmes. L'équipe de Sa Sa Plast est composée de 90 % de femmes. D'ailleurs, ce sont elles qui fabriquent tout ce qui est pavé et la collecte des déchets plastiques. » Sa Sa Plast est un projet qui a pris son envol avec le concours de la coopération allemande et également du soutien de la mairie de à Sebkha. Yacouba Diakité, chargé de développement et de coopération à la mairie de Sebkha, se félicite de cette expérience réussie. « Dans ce domaine-là. Ils étaient déjà dynamiques dans tout ce qui concerne le plastique. Et c'est à ce titre que la GIZ a bien voulu mettre des moyens pour acheter des machines. Nous avons accompagné ce projet, qui a réussi et nous en sommes fiers et on lui souhaite une bonne continuation. » Et Sa Sa Plast devrait effectivement continuer sur sa lancée. Une société sénégalaise qui a besoin de déchets vient justement de les solliciter pour leur fournir ce plastique recyclé qui — espère Cheikhna – disparaitra bientôt des rues et des plages mauritaniennes. À lire aussiSénégal: l'usine Sunu Plastic Odyssey retransforme les déchets plastiques en matériaux
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  • Côte d'Ivoire: le chocolat Tafissa, un cacao transformé localement à Cocody
    2025/08/07

    En Côte d'Ivoire, il y a ceux qui disent qu'il faut transformer les matières premières du pays et celles qui le font. Olga Yenou a créé en 2012 la marque Tafissa, qui propose poudre et pâte à tartiner « made in Abidjan ». Reportage dans une unité de conditionnement à Cocody.

    Lorsqu'elle vous invite à visiter son unité de conditionnement à Abidjan, Madame Yenou ne rigole pas avec l'hygiène et vous montre, si besoin est, que c'est bien elle, la patronne. On ne franchit pas le pas de porte de son unité d'ensachage Tafissa sans enfiler sur-chaussures, blouse et charlotte sur la tête. Hygiène oblige.

    La poudre de cacao pour les boissons chaudes ou froides et la pâte à tartiner Tafissa sont l'une des rares marques ivoiriennes qui propose, de la cabosse jusqu'au produit fini, une transformation 100% locale. Olga Yenou est une ancienne directrice d'usine chez Cémoi, un chocolatier français également implanté en Côte d'Ivoire. En 2012, elle décide de se lancer dans l'aventure sous sa propre marque. Ancienne de polytechnique à Yamoussoukro, Olga Yenou a misé sur le plaisir procuré par le cacao, mais surtout sur les bienfaits d'un produit qui – lorsqu'il n'est pas saturé de potasse ou de sucre ajouté – est précieux pour l'organisme.

    Bienfaits d'un produit précieux pour l'organisme

    « Arriver sur le marché avec une poudre de cacao sans sucre du tout, il fallait le faire, raconte-t-elle. Cela existait, mais très peu. La majorité des produits du chocolat sont sucrés, donc venir avec une poudre sans sucre adressée aux adultes (parce que moi-même, je suis une adulte) et que je commence à faire attention à ma santé. Je me suis éloignée des produits chocolatés à cause de la présence du sucre. J'ai pris vraiment le contre-pied de ce qui se faisait. Et aujourd'hui, on se rend compte qu'il y a quand même une population qui veut consommer du cacao, mais en dosant son sucre soi-même. »

    Marina est l'une des 40 salariées qui s'occupe de mettre de la poudre 35, 70 ou 100% cacao dans des sachets que l'on retrouve dans les supermarchés ivoiriens. « Si tu es diabétique, tu peux le prendre. C'est aussi aphrodisiaque, explique cette mère de deux enfants en rigolant. En tout cas, c'est très bon. Il n'y a rien à dire. Avec ce travail et mon salaire, mes enfants peuvent aller à l'école. Je ne me plains pas. »

    Fabriqué par des Ivoiriens

    Pas besoin de se plaindre donc, d'autant plus que Lucille Yango, responsable commerciale, se félicite, elle, des commentaires des consommateurs quand elle fait des visites surprises dans les supermarchés : « Je demande systématiquement : ''Pourquoi prenez-vous ce produit ?''. En général, ils ne savent pas que c'est fait par des Ivoiriens, ils sont encore plus fiers. Je pense que le défi majeur ici en Côte d'Ivoire, c'est la consommation locale. C'est bien de le transformer, mais aujourd'hui, 90% de notre production va à l'exportation. Ce serait bien que 100% de notre production soit transformée et vendue de façon locale. »

    Une production pour un marché national qui reste à développer. Sur les 1,8 million de tonnes de cacao produites en 2024, Tafissa n'en transforme qu'une centaine de tonnes par an. Le chemin est encore long. Mais pas d'inquiétude, Madame Yenou et son équipe se dopent au cacao.

    À lire aussiRécolte intermédiaire de cacao très incertaine en Côte d'Ivoire

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  • Avec l'application e-pineA, les agriculteurs béninois gagnent leur pain de sucre
    2025/07/27

    Au royaume des start-up, e-pineA fait office de petit prince du Bénin, puisque les deux fondateurs de cette société, basée à Abomey Calavi, ont permis aux agriculteurs de mieux écouler leur production de fruit et de trouver des acheteurs.

    Qui n'a jamais goûté un pain de sucre dans sa vie ne connaît pas la douceur de la saveur de l'ananas. Et pourtant, chaque année au Bénin, une bonne partie des récoltes ne trouve pas preneur, faute de lien entre paysans-producteurs et revendeurs-exportateurs. Mais cela, c'était avant ! Avant qu'Ulrich et Lucien ne créent Biolife, une start-up béninoise qui a conçu e-pineA, une application sur smartphone qui permet de signaler quand un champ arrive à maturité pour des intermédiaires qui prennent des options d'achat. Lucien Medjiko est le cocréateur de l'application smartphone.

    « Le principe est simple : la plateforme va permettre aux agriculteurs de donner la cartographie de son champ en renseignant les données : "Combien je suis en train de produire. J'ai planté à certaines dates et j'ai certaines variétés". Tout un tas de données que le producteur va fournir et sur la base de ces informations, notre technologie va analyser tout ça, pour prédire la période de maturité, le rendement. Donc c'est sur cette base-là que les acheteurs, que ce soit à Cotonou ou à Niamey se renseigneront sur le niveau de maturité des champs, la quantité disponible. Il fait tout cela à partir de notre application qu’il télécharge sur Play store », détaille Lucien Medjik, cocréateur de l'application smartphone.

    E-pineA est donc une application sur Android qui permet à environ 1 800 producteurs et 200 acheteurs de faire affaire et d'éviter les pertes. Mais au sein de leur start-up Biolife, Lucien et Ulrich font aussi du conseil pour un bon usage des parcelles.

    « Aujourd'hui, il y a un constat que les terres sont fatiguées. Il faut repenser leur mode de production. Ce qui a fait que nous faisons la promotion des pratiques durables telles que la rotation des parcelles, l'utilisation de légumineuses à cycle court et des intrants d'origine organique, fabriqués localement. Ces producteurs, petit à petit, nous devons les accompagner aussi dans ce processus », explique Ulrich Djido, agronome et cofondateur d'e-pineA.

    Depuis deux ans qu'il travaille avec Biolife et utilise leur application, Apollinaire Houeton, producteur d'ananas bio dans la commune de Zé, sent nettement la différence dans ses revenus : « Je fais de l’ananas biologique. Des fois, on produit, mais cela reste dans le champ et cela pourrit. Mais avec Biolife, actuellement, on n'a pas problème de marché, parce qu'ils nous aident à vendre nos produits à l'intérieur. Avant, sur 50 tonnes d'ananas, on se trouvait avec 3 à 5 tonnes d'ananas exportables. Mais avec Biolife, on a commencé par trouver jusqu'à 10 tonnes exportées. C'est bien mieux. »

    Biolife et l'appli e-pineA ont bénéficié du soutien financier de Digital Africa, une filiale de Proparco qui a investi 32 millions de francs CFA (50 000 euros) dans cette start-up béninoise pour l'aider à grandir. « Pour moi, le digital est l'une des solutions qui peut considérablement améliorer l'efficacité de cette industrie en améliorant la distribution et la logistique, du producteur au distributeur. C'est ce que vient faire e-pineA qui permet à une myriade de petits producteurs, très fragmentés, d'avoir accès à un marché énorme qui est celui de l'export ou de la transformation locale, ce qui n'existait pas. C'est-à-dire qu’un producteur avant pouvait produire et perdre 30 à 40 % de sa production juste parce qu’il n'avait pas de débouché au moment où son produit était prêt à être vendu », argumente Grégoire De Padirac, directeur général de Digital Africa.

    Et nos startupeurs ne comptent pas s'arrêter en si bon chemin. Leur application, qui évite déchets et gâchis de production, pourraient aisément se décliner pour d'autres produits périssables et pourtant recherchés, comme la mangue ou le karité.

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  • Zabbaan, le goût des fruits maliens pour tous
    2025/07/20
    Aïssata Diakité a conjugué son goût pour les fruits de son pays, avec un marché qui s'ouvre de plus en plus à l'international, celui des jus, des confitures ou des tisanes, issus de l'agriculture ouest-africaine. En sept ans, sa marque Zabbaan a su promouvoir un savoir-faire auprès des consommateurs friands de nouveaux goûts, au bénéfice des coopératives agricoles avec lesquelles elle travaille. Rediffusion du 24 août 2024. Le Zabbaan… si vous n'avez jamais goûté ce fruit acidulé et délicieux, Aïssata Diakité se fera un plaisir de vous expliquer de quoi il s'agit. « En fait, c'est un fruit, un peu comme le fruit de la passion. Riche en vitamines C. Quand j'étais petite, j'allais chercher ce fruit dans la forêt et c'est très dangereux parce que l'arbre est souvent truffé de serpents. J'ai tellement été punie pour ça ! (rires) Donc, je pouvais vraiment pas louper ce fruit-là en fait pour le nom de mon entreprise », explique cette entrepreneuse trentenaire qui navigue entre Paris et Bamako. De l'interdit de son enfance, puis ensuite d'un master en agrobusiness en France, Aïssata a conservé deux choses : d'une part, une passion pour les saveurs des fruits africains de sa jeunesse et d'autre part, la volonté de les transformer en jus, en confiture, en confiserie de qualité, accessible au plus grand nombre. De là, est née en 2017 l'entreprise Zabbaan, du nom de ce fruit qui pousse dans les arbres de Mopti et d'ailleurs au Mali. Pas de produits africains dans les rayons « Je suis née dans une région très agricole », explique la patronne malienne. « La région du Mopti. Donc après mon baccalauréat scientifique, je suis venue en France pour étudier l'agrobusiness et j'ai été très choquée de voir qu'il n’y a pas de produits africains dans les rayons quand on fait nos courses. Quand je faisais mes travaux pratiques à l'école, c'était tout le temps avec des fruits, des poires, des pommes ou des pâtés de porc, etc. etc ». « Donc, les week-ends, je m'amusais à faire beaucoup d'essais avec d'autres produits pour essayer d'innover et créer une gamme. » Quatre-vingts produits différents sortent depuis de son usine de Bamako pour le marché malien, mais aussi sous-régional comme en Côte d'Ivoire, au Sénégal ou bien au Bénin. Des produits qui s'exportent aussi de mieux en mieux en France dans certaines épiceries fines ou des hypermarchés comme la chaîne Carrefour. Le parfum du fruit ressemble de plus en plus, aujourd'hui, au parfum du succès, même si les débuts n'ont pas forcément été faciles pour cette entrepreneuse malienne. « L'accès au financement est très, très difficile en Afrique. C'est une problématique pour toutes les PME et en même temps, une femme va plus galérer qu'un homme. Moi-même au Mali, j'ai vu des business plans d’hommes qui ont été financés alors que nous (les femmes) on est là, on est en activité, tu as des chiffres, tu as une réalité, mais on ne te finance pas ! Donc, il y a beaucoup de discrimination. Je ne me victimise pas, mais ce sont des faits que je mets sur la table. Ce n'est pas pour autant aussi que j'ai abandonné. Cela donne beaucoup d'énergie et en même temps, quand on arrive à avancer, le succès est beaucoup plus beau à célébrer, en fait », se réjouit cette femme battante que l’on sent néanmoins contrariée par ce constat d’une discrimination au financement à qualité et compétence égales, voire, supérieures. Quand on arrive à avancer, le succès est beaucoup plus beau à célébrer Le succès de Zabbaan, Catherine Mounkoro l'apprécie également. Catherine est responsable d’une coopérative agricole de femmes à Gwadouman Goundo dans la commune de Koulikoro au Mali. Avec trente de ses collègues, elle récolte le mil, le pain de singe ou l'hibiscus pour fournir l'usine de Bamako. « Si c’est de la qualité, c'est sûr que ça va marcher sur le marché ! Nos produits partent en France, en Côte d'Ivoire, au Burkina, donc c'est une fierté pour nous, ça fait que la coopérative est reconnue au Mali. Tu sais que vraiment ces gens-là sont en train de mouiller le maillot, vraiment ! », s’enthousiasme Catherine. Ce projet intégré de l'agriculture jusqu'aux produits finis en magasin s'est fait avec l'expertise professionnelle de Aissata Diakité bien sûr, mais aussi avec un petit coup de pouce du programme Pass Africa, un programme de BPI France qui vise à accompagner et à conseiller les porteurs de projets comme celui-ci. Sébastien Pascaud, coordinateur du Pass Africa, en explique la philosophie. « Au travers du pass, on va accompagner des entreprises qui ont parfois cette double culture, et Aissata en est un exemple. C'est l'association du meilleur des deux mondes, avec une vision technique la plus développée à travers ses études. Et ces éléments-là, elle vient aussi les apporter pour déployer et partager la valeur entre les deux ...
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