エピソード

  • Les Centres d'excellence en Afrique fêtent leur dix ans
    2025/06/17
    Comment améliorer encore la qualité des nouveaux talents africains, notamment dans les domaines techniques et scientifiques ? C’est le projet du programme des Centres d’excellence africains, programme qui célèbre cette année ses dix ans d’existence. Un peu partout sur le continent, les CEA forment l’élite africaine de demain. C'est au Ghana, en avril dernier, que les représentants des vingt pays associés à ce projet de Centres d'excellence ont célébré le dixième anniversaire de ces CEA, cofinancés par la Banque mondiale et l'AFD (Agence française de développement). À cette occasion, la ministre de l'Enseignement supérieur du Malawi a résumé la philosophie du projet, se souvient Wali Wane : « Elle a dit que ce programme lui a apporté, c'était de l’« afro-optimisme », c'est-à-dire voir que l'Afrique est capable de le faire, de produire ses compétences de très, très haut niveau pour son propre développement économique et je crois que c'est cela qui est important ». Afro-optimisme Wally Wane est justement directeur sectoriel Éducation pour l'Afrique de l'Ouest et du Centre à la Banque mondiale. Une banque qui a investi 657 millions de dollars dans quatre-vingt Centres d'excellence formant à l'agriculture, la médecine, l'énergie ou encore l'environnement. « Mais y a aussi le lien entre les Centres d'excellence et l'industrie » précise-t-il. « Ils développent des partenariats. Ils s'assurent que lorsque ceci est fait, les gens vont rester dans le pays et, par exemple, ce sont des Sénégalais qui vont étudier au Togo, des Togolais qui vont aller au Burkina... Puis, ils vont revenir chez eux. Lorsque les gens sont formés, ils ont ce lien avec l'industrie. Ils ont déjà en fait pratiquement un emploi ou bien un stage. En commençant, ils développent des programmes qui devraient pouvoir être commercialisables. Ceci leur permet de pouvoir tirer des revenus de ce qui est fait ». Illustration de la pertinence de ces programmes au Cersa de Lomé, les élèves et chercheurs togolais de ce Centre d'excellence sur les sciences aviaires ont travaillé sur les larves de mouches et ont pu trouver des solutions efficaces et financièrement avantageuses pour la pisciculture. Le docteur Kodjo Gnatépé Mlaga, enseignant du Centre, explique l'impact de ces découvertes : « Ça a eu un impact, un impact du point de vue production où l'entrepreneur s'est senti satisfait de l'utilisation de ces asticots, au point où il développe même des techniques pas possibles pour pouvoir produire majoritairement ces asticots. Et selon lui-même, ces asticots auraient réduit le coût de production de l'aliment et ça aussi permis de réduire aussi l'utilisation de la farine de poisson ». De l'oxygène pour booster la recherche Pierrot Akakpovi, PDG de Lofty Farm, société togolaise spécialisée dans la production de poissons tilapia, confirme l’efficacité de cette collaboration entre le centre et son entreprise : « C'est grâce à eux [le Cersa, NDLR] qu'on a eu accès aux mouches "soldats noirs" qui nous donnent des larves et contribuent à hauteur de 20% au moins dans la composition des aliments pour nos poissons. Ceci constitue directement un atout pour nous et à coût vraiment réduit, on pourra l'exploiter pour le bien-être de nos clients et pour notre population ». Jacob Kokou Tona est le directeur du Cersa de Lomé : « L'existence, ou bien le financement de ces centres par la Banque mondiale, est un tonneau d'oxygène, pour booster la recherche dans les universités pour l'enseignement de qualité, il faut le dire ! Et puis cela permet à certaines personnes d’exprimer le potentiel qui est caché en eux. Cela soutient également nos universités en matière de qualité, de formation. En matière de coopération. Cela permet de réduire aussi le gap de l'enseignement supérieur de la recherche entre le Nord et le Sud ». Depuis 2015, dans vingt pays dont le Nigeria, le Ghana, le Sénégal ou encore le Cameroun, plus de 90 000 étudiants sont sortis de ces centres d'excellence. Plus d'un tiers d'entre eux sont titulaires d'un master ou bien d'un doctorat. Et surtout, 18 000 stages ont permis de mettre leur formation d'excellence au service d'entreprises africaines. À lire aussiAfrique: les universités d'excellence essaiment sur le continent
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  • Akwaba Mousso, accueil bienveillant pour femmes maltraitées à Abidjan
    2025/06/09
    À Abidjan, depuis 2023, il existe un centre Akwaba Mousso qui accueille avec bienveillance les femmes et les enfants qui sont victimes de maltraitance, de violences, d’agressions sexuelles. Un refuge pour des femmes désemparées, mais aussi un lieu où l’on apprend à se reconstruire, à repartir dans la vie avec confiance et détermination. C'est une des rares associations, peut-être même la seule de ce genre en Côte d'Ivoire, qui propose un centre d'accueil pour les femmes et leurs enfants victimes de violence, toutes formes de violences, au sein de la cellule familiale. Akwaba Mousso : deux mots forts de signification pour Maureen Grisot, cofondatrice et directrice de l'association. « Cela veut dire "Bienvenue à la femme" dans deux des langues principales de la Côte d'Ivoire, en langue akan et malinké ». C'est lorsqu'elle était journaliste en Côte d'Ivoire que Maureen Grisot a constaté le dénuement dans lequel se trouvaient les femmes victimes de violences conjugales. Aussi, a-t-elle créé à Cocody avec d'autres associées, ce centre qui prend soin des femmes maltraitées. Bienvenue à la femme« Il était fondamental de créer un centre dans lequel une femme ou un enfant qui a subi une violence peut trouver toutes les réponses dans un même endroit, gratuitement, sans avoir à affronter des jugements et des paroles malveillantes. Une fois qu'on a répondu à l'urgence liée à la violence, on s'est rendu compte que plus les femmes sont vulnérables économiquement, plus elles sont exposées aux violences ainsi que leurs enfants. Donc, il était fondamental d'avoir non seulement l'offre de juristes, assistant social, psychologue, sage-femme, mais aussi la mise en sécurité dans un foyer d'hébergement et trouver des solutions pour qu'elles puissent sortir de ce foyer dans des conditions qui lui permettent de gérer sa famille comme elle l'entend et de ne plus retomber dans le cycle des violences ».Au centre d'accueil, il y a une crèche et aussi un atelier de couture pour aider à la réinsertion professionnelle. Cette femme, qui souhaite rester anonyme, se félicite d'y avoir appris un métier et d'avoir surtout raccommoder un peu de son amour-propre : « Oui, ce centre a été pour moi très bénéfique. C'est très utile parce que je me dis que ce que j'ai appris aujourd'hui, je n'allais pas pouvoir le faire en étant hors de ce centre. Je suis contente parce que moi qui n'avais pas d'importance aux yeux des autres, aujourd'hui, grâce à Akwaba Mousso, je sais que je suis importante parce que j'arrive à montrer ce que j'ai acquis à d’autres femmes… ». Importante parce que je montre mes acquis à d'autres femmesNana Sylla Coulibaly, experte comptable et membre du Women Investment Club, conseille et accompagne ces femmes dans leurs projets de s'émanciper économiquement en construisant leur avenir professionnel. « En fait, je suis très émue à chaque fois que je viens ici parce que je suis contente qu'elle ne soit pas réduite au fait qu'elles sont victimes de violences. Elle et moi, on n'a pas ce genre de discussion. On est vraiment très basé sur le business et ce sont des femmes qui ont des rêves, ce sont des femmes qui ont des compétences, ce sont des femmes qui ont envie de faire des choses et je leur apprends à vraiment se forger un mental d'entrepreneur pour vraiment passer à une étape supérieure de reconstruction. On a sélectionné quatre femmes parce qu'on en a eu un gentil bailleur, la fondation Vinci, qui a voulu mettre à disposition des fonds pour financer le lancement de leur business. Ce sont vraiment des personnes formidables, déjà, parce qu'elles ont mis aussi en place un « mentora » pour ces dames-là et ensuite par ce qu’elles sont très impliquées et tout ce qu'elles veulent, c'est vraiment voir ces dames-là s'en sortir. Et devenir autonomes ! ». Autre profil de femme secourue, cette quinquagénaire et son fils, battu par un mari violent, ont trouvé refuge à Akwaba Mousso. « Vous savez, divorcer en Afrique ou quitter son foyer en Afrique, c'est comme si tu commettais un crime. Voilà, il n’y a personne qui veut te recevoir, c'est pour ça qu'on garde le silence. On subit… c'est pour ça qu'on subit jusqu'à ce que mort s'ensuive quelques fois. Donc, si je n'avais pas eu à Akwaba Mousso pour me soutenir, je serais encore là-bas ou bien peut-être déjà partie… » Au fil de la visite, Maureen Grisot rappelle la philosophie de son centre. « Il n'y a rien de linéaire en fait, il y a tellement de galères dans la vie. On est en Côte d'Ivoire, il n’y a pas de filet social. Donc, ce qu'on a compris aussi, c'est qu'on ne peut pas tout sauver, on ne peut pas tout changer. En revanche, nous, notre rôle, c'est de convaincre les femmes qu'elles peuvent avoir confiance en elles et de les aider à trouver leur voie, à trouver les moyens d'être fière d'elles ». Motif de fierté pour ...
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  • Le poivre de Tiassalé, affaire de terroir en Côte d'Ivoire
    2025/06/03
    Portrait d'un agriculteur - transformateur en Côte d’Ivoire. Jean-Eudes Kacou ne produit pas de cacao ou de l’anacarde, comme beaucoup dans le pays, mais du poivre. Un poivre de Tiassalé, qui est un produit bio et savoureux pour lequel Jean-Eudes voudrait, un jour obtenir une certification IGP, comme un autre poivre d'excellence, celui de Penja au Cameroun. Ce n'est pas dans ses vergers de Tiassalé mais dans la demeure familiale à Abidjan Cocody que Jean-Eudes Kakou vous donne rendez-vous. Et d'ailleurs, pendant qu'il livre quelques kilos de poivre en ville, c'est sa maman, Louise, qui vous accueille au jardin et vous raconte l'origine de la marque Kapecé. « Le logo Kapecé c’est l'initiale de mon mari » explique-t-elle avec un soupçon de fierté. « KPC c’est Kacou Pierre-Clavere et je lui dis vraiment merci, ça permet de ne pas oublier mon mari de le faire revivre. Je suis très contente qu'il (Jean-Eudes, ndr) ait repris cette activité, vraiment, il s'en sort très bien ! ». Car l'histoire de Kapecé, c'est une histoire de famille, un père décédé il y a quelques années, ancien haut magistrat, passionné d'agriculture et un fils qui reprend ses champs et tente une expérience un peu folle, celle de faire pousser du poivre au pays du cacao et de l'anacarde. Un pari osé et réussi puisque son poivre bio est considéré comme l'un des meilleurs de Côte d'Ivoire.Une histoire de familleAussi Jean-Eudes Kakou a décidé de relever le challenge d’une culture rare en Côte d’Ivoire et écoresponsable. « Moi, mon défi, ça a été de dire que je veux vivre de cette agriculture-là. Et on ne peut pas vivre de l'agriculture sans transformation aujourd'hui. Vendre juste le fruit de l’agriculture n’est pas du tout rentable. On a vu qu’on pouvait transformer le poivre. Il fallait juste revoir un peu le processus, c'est-à-dire que nous avons arrêté l’usage des produits chimiques depuis onze ans maintenant. Aujourd'hui, on produit beaucoup moins, mais on produit de meilleure qualité. Ce qui m'a interpellé, c'est que ça n’avait pas de sens : tous les deux mois, il fallait acheter de nouveaux produits chimiques. Je me suis dit que ce n’était pas la solution d’utiliser des produits chimiques qui appauvrissent la terre. Il y a aussi plusieurs aspects, c'est l'aspect humain. Nous travaillons avec des personnes parfois qui ont une ancienneté de dix ans et c'est un peu plus que des travailleurs aujourd'hui, ils font partie de la famille. Aujourd'hui, c'est eux qui traitent les poivriers, on ne va pas les rendre malades. On tend plutôt vers des poivres d'origine qui sont produits avec beaucoup moins de produits chimiques sinon, voire même sans produits chimiques. C'est vraiment cette tendance ». Une tendance qui plaît sur les tables abidjanaises. Bruno Oustric est chef du restaurant de l'hôtel Tiama, au quartier du Plateau. « J'ai connu son poivre il y a à peu près trois ans, c'est. Un super produit, oui ! Un très, très bon produit qu’on ne trouve pas ailleurs. C'est un produit bio, il a une diversité sur le poivre noir, le blanc, le rouge et le poivre frais avec des saveurs incroyables. Je suis tombé amoureux de son poivre. C'est un petit peu le but du jeu quoi. C'est d’utiliser les produits locaux au maximum. Après c'est en pleine expansion. On utilisait beaucoup de produits importés auparavant. Et on essaie de minimiser tout ça parce que à l'importation, c’est quand même très, très cher ». Innover, structurer, rechercher et labelliser Jean-Eudes Kakou avec son poivre de Tiassalé entend bien parvenir à l'excellence, un peu à l'image du poivre camerounais de Penja qui a obtenu une IGP, une Indication Géographique Protégée. Tiassalé, zone de production pour le poivre « Le Cameroun est l'exemple. Pour nous l’IGP, c’est l’aboutissement, on veut vraiment arriver à ça. Je pense qu'on est plutôt bien parti. C'est qu'on est, quand même, les premiers en Côte d'Ivoire à avoir tenté cette expérience de culture du poivre. Chaque année, nous augmentons nos volumes, mais ce que nous faisons beaucoup plus, c'est de motiver d'autres producteurs à planter du poivre. Une hirondelle ne peut pas faire le printemps, mais on ne peut pas tout mettre autour de nous. On veut vraiment que Tiassalé soit une zone de production pour le poivre ».Obtenir cette IGP marquerait l'excellence du produit, mais aussi la garantie de revenus. Delphine Marie-Vivien est chercheur, spécialisée en propriété intellectuelle au Cirad. « Le grand bénéfice de cette démarche, c'est vraiment sa dimension collective. Quand vous êtes sur un nom géographique, vous êtes forcément sur un produit qui est réputé du fait d'un ensemble de producteurs depuis plusieurs. Et avec l'idée derrière effectivement d'avoir la reconnaissance de la qualité spécifique grâce à l'usage exclusif du nom et de ce fait-là, du coup, de ...
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  • Un centre d'excellence en matière de recherche médicale en Guinée
    2025/05/26

    Le Centre de recherche et de formation en infectiologie de Guinée (Cerfig) vient de se voir remettre le prix de la Fondation Mérieux par l'Institut de France. Une récompense qui couronne des années d'efforts en matière de lutte contre Ebola et d'autres virus qui sévissent dans le monde et particulièrement en Afrique. Recherche, soin et formation, le Cerfig est devenu une référence en matière de virologie.

    De 2013 à 2014, la Guinée fait les gros titres des journaux face à l'épidémie d'Ebola. Plus de 11 000 morts, un virus mal connu qui effraie et peu de moyens sur place pour endiguer la propagation de la maladie.

    C'est à cette période que naît le Cerfig pour mieux préparer et lutter contre la prochaine épidémie. Éric Delaporte, professeur en maladies infectieuses à l'IRD, se souvient de la genèse du projet : « On s'est aperçu qu'il fallait prévenir des nouvelles épidémies. Qu'il n’y avait pas de centre de recherche. Et c'est à ce moment-là qu’avec le président de l’Université Gamal Nasser, il propose : "Et si on faisait un centre à la fois de prise en charge et de recherche ?" C'était ça, la genèse du Cerfig, du Centre de recherche international en infectiologie de Guinée. Ils ont développé leur projet de recherche, ils ont développé leur équipe et surtout, ils ont montré que prévenir les épidémies, c'était possible puisque dans ce centre, il y a des séquençages de plus haut niveau, des analyses de virus de plus haut niveau, et lorsqu'il y a eu – de nouveau cinq à six ans après – une nouvelle épidémie d'Ebola, ils ont été capables d'aller tout de suite sur le terrain, de faire le diagnostic en deux ou trois jours, alors que l'épidémie précédente, ils avaient mis trois à quatre mois et cela avait eu lieu en France ! ».

    Capables d'aller tout de suite sur le terrain

    Abdoulaye Touré, pharmacien et professeur en santé publique, est l'un des deux fondateurs du Cerfig de Conakry : « Aujourd'hui, le centre s'est réellement imposé dans le paysage comme étant capable en termes d'expertise dans le diagnostic et dans la surveillance des maladies infectieuses. On forme des médecins, des jeunes médecins, des jeunes pharmaciens et des jeunes biologistes dans plusieurs domaines, que ça soit en microbiologie, en immunologie, en santé publique. Notre fonctionnement est justement basé sur ce trépied d'interdisciplinarité qui nous permet de bâtir une équipe qui répond de façon holistique aux problèmes de santé. »

    Alpha Cabinet Keita, chercheur guinéen et médecin virologue, cofondateur du Cerfig, se réjouit d'avoir reçu ce prix de la Fondation Mérieux, dont les cinq milliards de francs guinéens (500 000 euros) permettront d'aller plus loin dans leurs recherches et la formation en infectiologie : « Oui, ça fait chaud au cœur, parce que d'une certaine façon, on vient de loin. Les défis sont immenses et par le biais de la recherche, on peut apporter beaucoup à son pays. Donc, je pense que nos parcours illustrent un peu cela. Voilà ! À partir de quelques idées, on peut bâtir quelque chose ! On peut impacter un système de santé et on peut permettre à beaucoup d'autres personnes de vivre. C'est ce message particulier que je voulais faire passer. »

    Que ce ne soit pas un travail au rabais

    Un message que partage le professeur Abdoulaye Touré : « Ce prix pour nous est aussi une façon de montrer aux plus jeunes que c'est possible. C'est possible de s'investir dans notre pays, de développer nos idées, de trouver des solutions nous-mêmes à nos problèmes. Que ce ne soit pas un travail au rabais, mais que ça soit un travail de qualité qui respecte des normes, dans une rigueur qui sera très difficilement contestable pour nous. Le prix Mérieux, c'est un symbole pour nous d'espoir et un symbole d'engagement. »

    Aujourd'hui, le Cerfig est devenu un centre de référence en Afrique de l'Ouest. S'il y a eu 11 000 morts en Guinée en 2014, en 2021, lors de la dernière épidémie, grâce au savoir-faire des chercheurs, la maladie n'aura fait qu'une dizaine de victimes.

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  • L. E Créations, tissages ivoiriens : objets de fierté culturelle
    2025/05/19

    Rencontre en Côte d’Ivoire avec une créatrice de mode qui a connu comme premier succès les accessoires à base de toile de jute… Une toile qui sert habituellement pour le transport du cacao… La marque s’appelle L. E Créations, une « success fashion story » tournée vers les étoffes africaines et qui met en valeur le savoir-faire ivoirien en matière de tissage.

    « Chez L. E Créations, on utilise l'artisanat pour moderniser le pagne. C'est-à-dire qu’on le fait dans des coupes modernes comme ça, on a toutes les cibles, y compris ceux qui disent : "Ah !, mais moi, je n'aime pas le pagne !". On a fait une veste en pagne baoulé, mais quand tu vois le design, ils se disent : "Ah !, mais ça peut le faire ! Mais ça ressemble à un petit Chanel". Donc, on essaie vraiment de se diversifier pour atteindre toutes les cibles », nous explique, en riant Liliane Saïd la fondatrice de la marque L.E Créations.

    En douze ans d'existence, Liliane a atteint pas mal de cibles dans sa clientèle et pas mal d'objectifs parmi ses nombreux projets. Le premier était de faire de la toile de jute-utilisée pour les sacs de transport de cacao – un textile reconverti en vêtements et en accessoires, comme des sacs à main ou bien des bagages. Une idée qui est née au hasard de ses rencontres, se souvient Liliane Saïd.

    Utiliser l'artisanat pour le moderniser

    « En fait, c'est Filtisac la société qui tisse la toile de jute qui m'a contacté. Ils avaient besoin des cadeaux de fin d'année pour leurs clients. Et puis quand j'ai reçu les échantillons, je me suis dit : "Ah ! il y a plein de choses à faire !". Donc j'ai fait un tote bag avec une trousse. Je leur ai proposé, ils m'ont dit : "Mais c'est super !". Leurs clients ont apprécié. Les gens aiment beaucoup donc du coup ça m'a fait une petite reconnaissance. On reconnaît mon style avec ce jute-là ! ».

    Accessoires ou vêtements en jute doublés de wax ou bien de pagne, les modèles de L.E Créations font un tabac en Côte d'Ivoire et aussi lors des ventes éphémères au Sénégal, au Mali ou bien en France. Un « made in Africa » qui plaît.

    « Quand on regarde même la mode en général, beaucoup d'imprimés viennent d'Afrique. Donc, du coup, je pense que c'est ce qui créé cet engouement-là. Ce sont ces imprimés que les gens retrouvent, qu'ils ont déjà vu. Consommer africain, c'est là où est notre lutte. C'est là qu'on doit se démarquer. C'est là ! Venez acheter et là, on fera la différence. Le combat, il est là ! », revendique Liliane.

    Dans son atelier de Marcory à Abidjan, elle nous présente sa quinzaine d'ouvriers qui travaillent les tissus imprimés, le wax, le pagne baoulé ou encore la toile de Korogho d’où sont faits des sacs à main et des cabas. Travailler, créer sur la base de tissu traditionnel ou de la toile de jute, c'est ce qui plaît à Olivier Trah Bi, couturier depuis dix ans chez L.E. Créations.

    « C'est ça qui m'a plu en fait, parce que nous, on voit un sac de cacao et puis aujourd'hui ça se transforme en un accessoire de dame ! C'est vraiment original quoi ! C'est intéressant, c'est beau ! ».

    Objets de fierté culturelle

    Anne Grosfilley est anthropologue et spécialiste du textile. Elle apprécie cette conjugaison entre tissu africain et mode contemporaine.

    « Cela nous fait comprendre que les métiers de la mode, c'est une chaîne de valeur. Depuis le coton déjà, qui va être produit localement, filé, tissé. Et puis, il va avoir un décor sur ce tissu, jusqu'au produit fini, que ce soit un sac, un manteau, une robe. Donc, il y a toute une chaîne de valeur locale qui valorise aussi un patrimoine vivant. Finalement, on a des vêtements qui ont du sens et qui permettent également de pérenniser des savoir-faire qui parlent de transmission aussi. Je trouve par ailleurs que ce qui est intéressant dans la démarche de L.E Créations, c'est aussi le fait de s'adresser à des « afropolitains ». « De créer des vêtements qui ne seront pas forcément portés en Afrique comme des manteaux ou des sacs. Je trouve ça très pertinent d'avoir ces pièces qui deviennent vraiment des objets de fierté culturelle ! »

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  • Kayfo Game, l'enjeu des jeux vidéo en Afrique
    2025/05/11
    Le jeu vidéo — souvent sur smartphone ou sur tablette — est de plus en plus pratiqué par les jeunes en Afrique et l’on voit éclore de nouvelles sociétés de création de jeux sur le continent. À Dakar, Kayfo — qui signifie « viens jouer » en wolof — est l’une d’entre elles. [Rediffusion du 24 novembre 2024] Sur votre smartphone, au Sénégal ou en Côte d’Ivoire où ces jeux sont distribués, vous pouvez vous amuser et passer le temps sur Djambar Match, Kay Ludo ou Dakar Secrets. Des jeux vidéo téléchargeables et créés par Kayfo, une société sénégalaise qui, depuis cinq ans, crée des jeux à destination du public africain. Casse-tête, jeu de course, football ou bien jeux éducatifs, ces jeux présentent une unité : celle d’adopter un look et des codes africains.Candy Crush sénégalaisC’est ainsi, par exemple, que la version de Candy Crush que Kayfo a développée fait évoluer non pas des bonbons dans des colonnes, mais des masques traditionnels. Thierno Ndiaye est l’un des concepteurs de ces jeux : « On était fans des jeux vidéo auxquels on jouait, mais souvent, on ne voit pas de personnages africains au niveau des jeux, donc c’était important pour nous de montrer une représentation des personnages africains au niveau des jeux vidéo. On a par exemple un jeu, Détective Syra, où l’ensemble des lieux est inspiré de lieux et d’environnements qu’on retrouve ici, à Dakar, et qui permet ainsi de montrer notre culture à travers ce jeu-là ». Kayfo en wolof signifie « viens jouer ! » Cette invitation, c’est Julien Herbin, ex-Ubisoft, une major du jeu vidéo dans le monde, qui l’a lancée il y a cinq ans en débarquant à Dakar et en créant au Point E sa société Kayfo.« Le marché des jeux vidéo en Afrique est essentiellement présent sur smartphone, avec 95 % des joueurs qui jouent sur leur téléphone, explique-t-il. La particularité de ces jeux en fait, c’est qu’ils ne s’installent pas. Ce sont des jeux instantanés, donc il suffit d’aller sur notre site web et on peut y accéder directement. On compte en nombre de joueurs uniques mensuels, environ 100 000 joueurs sur nos 4 ou 5 jeux les plus populaires. Il y a évidemment des sociétés qui font des millions, voire des dizaines de millions de joueurs mensuels, à l’échelle mondiale. Mais pour un petit studio africain qui débute, je trouve que c’est quand même assez intéressant comme chiffre. La croissance des marchés africains ne fait que grandir, largement plus vite que les autres marchés au niveau mondial. » Dakar game hub, incubateur à talents créatifsPour répondre à ce marché grandissant, il faut des compétences. Or, les écoles spécifiques de conception de jeux vidéo sont rares en Afrique. Aussi, depuis un an et demi, un centre de jeu « Sénégal gaming hub » a été mis en place par Kayfo et un autre studio de jeux vidéo, Masseka, en partenariat avec la Délégation sénégalaise à l’entrepreneuriat et l’Ambassade de France.« C’est l’idéal pour les jeunes qui sont incubés là-bas de pouvoir avoir cette formation en game design, pour qu’ils puissent un peu comprendre ce qu’est le game design, se réjouit Marie Pierre Thiam, coordinatrice de cet incubateur à talents créatifs. C’est beaucoup de domaines qui s’allient pour pouvoir faire des jeux vidéo. On a des artistes, des artistes en 2D, en 3D, il y a des animateurs, on a même des sound designer, des gens qui s’occupent de faire les effets sonores, la musique du jeu... L’idée, c’est de pouvoir faire en sorte qu’ils puissent travailler ensemble en synergie pour arriver à créer des jeux ».Ce « Sénégal gaming hub » a été financé par l’Ambassade de France. Mathieu Bécue est attaché de coopération, innovation et économie numérique, c’est lui qui a coordonné le projet qui accueille une dizaine « d’apprenants » tous les six mois. « Si on imagine que, à l’échelle mondiale, on a un marché du jeu vidéo qui représente 300 milliards d’euros environ et qu’un seul 1 % de ce marché est capté par le marché africain, il est important de pouvoir se dire qu’il y a un potentiel considérable avec une demande qui est exprimée. Mais la capacité de répondre à cette demande, avec la création de jeux vidéo sur des contenus africains, est extrêmement faible aujourd’hui. Donc l’idée était de pouvoir développer un écosystème favorable sur le continent, et ça, c’est une approche assez unique ». Au terme de six mois d’incubation, les apprentis concepteurs de Game Hub peuvent toucher, pour les projets les plus aboutis, une bourse afin de créer leur propre société de production de jeux vidéo et peut-être, un jour, comme Kayfo « s’amuser » à développer des jeux pour la jeunesse africaine. À lire aussiL’Afrique dans les jeux vidéo: des folklores sous représentés
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  • Au Togo, les enseignants vont au devant des élèves handicapés
    2025/05/05

    Avec un programme d’éducation inclusif au Togo, l’ONG Handicap International réussit à démontrer que le handicap en milieu scolaire n’est pas une fatalité. Les formateurs éducatifs de l’ONG, en collaboration avec le ministère de l’Éducation, se donnent les moyens d’aller au devant des élèves et des familles pour que ces enfants puissent suivre une scolarité normale.

    Depuis trois ans, Handicap International a lancé dans la région des Savanes et de Kara dans le nord du Togo, un programme permettant aux jeunes handicapés de suivre une scolarité normale. Jusque-là, peu de moyens étaient mis à leur disposition, qu'ils soient sourds, aveugles ou déficients mentaux. Mais le premier obstacle à franchir était ailleurs : il s'agissait des parents qui souvent refusaient de scolariser leurs enfants par honte ou bien par manque de moyens.

    Un enfant qu'on cache

    « Le point de blocage premier, c'était vraiment le manque d'estime de soi, des enfants et jeunes handicapés et aussi des parents, explique Bénédicte Lare, responsable du programme. Pour eux, quand un enfant est handicapé, ce qu'il n’est bon à rien. Il ne peut pas être dans la communauté comme les autres. Il ne peut pas apprendre comme les autres et c'est un enfant qu'on cache. La pauvreté venait jouer aussi un rôle : le parent, quand il se retrouve avec deux ou trois enfants parmi lesquels il y a un enfant handicapé, va privilégier les enfants non handicapés parce qu’il est limité. Et le troisième critère, c'est qu'en fait, même si certains parents avaient la volonté d'envoyer leur enfant, les structures ordinaires et publiques n'étaient pas prêtes à accueillir les enfants handicapés, peu importe leur type de handicap ».

    L'approche globale du programme permet donc de convaincre parents comme enfants d'aller à l'école, mais surtout de former des encadrants itinérants qui se déplacent de classe en classe en soutien scolaire. Notamment dans les écoles des villages moins favorisés.

    « On fait un gros travail ici, dans la région des Savanes en matière d'éducation inclusive, pointe Yao Gbledjo, enseignant itinérant l'école primaire publique Bogou C dans cette zone venteuse des Savanes. D'abord, c'est grâce à eux (Handicap International, NDLR) que nous sommes devenus professeurs itinérants sur la base d'un concours. Nous étions déjà fonctionnaires sur le terrain quand ils ont lancé ce concours. On a participé, on a été retenus. Après ça, ils nous ont formés sur les différentes thématiques du handicap et après ils nous ont envoyés dans les écoles spécialisées pour des stages, pour pouvoir approfondir notre spécialité avec du matériel pédagogique adapté pour les écoles inclusives. Le même système de professeur itinérant existe aussi au niveau secondaire ».

    Professeur itinérant au niveau secondaire

    Non seulement ce programme forme les professeurs à la pédagogie liée au handicap, permet aux élèves de ne pas stagner à l'école, mais il redonne aussi à l'ensemble du groupe du lien. Un lien tissé par la scolarité. « Du coup, ce sont des enfants qui socialement sont épanouis, qui apprennent comme les autres, qui réussissent même mieux que les autres, confirme Bénédicte Lare. Kombena, par exemple, est toujours la première de sa classe depuis le primaire. Elle se fait respecter par les enfants non handicapés parce qu’elle maîtrise. Elle sait s’expliquer, elle sait répondre et elle sait motiver les autres à apprendre. La cohésion sociale est donc installée. Les parents des enfants handicapés sont aujourd'hui dans les réunions des associations des parents d'élèves. Il y en a qui prennent les responsabilités et qui ont leur mot à dire ».

    Kombena est non voyante. Cette élève de seconde fait partie de ceux qui se sentent valorisés par ces programmes adaptés. « Nos professeurs nous ont bien encadrés, explique-t-elle. Depuis le primaire jusqu'au collège, j’ai étudié l'anglais, la philosophie, l'allemand ».

    Depuis que ce programme scolaire d'intégration existe, il a formé plus d'une centaine de professeurs togolais à l'enseignement d'enfants handicapés dans quinze collèges et écoles primaires. Pas moins de 1 600 enfants handicapés ont ainsi pu suivre la même scolarité que leurs camarades de classe.

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  • À Abidjan, le Masa Lab' pépinière à jeunes talents
    2025/04/27
    L’Afrique en marche à Abidjan où depuis six mois des artistes de différents domaines (musique, théâtre, danse) travaillent dur dans le cadre du Masa Lab’. Le Marché des Arts du Spectacle d'Abidjan - en dehors de son rendez-vous biannuel - a mis en place un incubateur permettant à cinq artistes de se perfectionner dans leur art et surtout de se professionnaliser pour mieux gérer leur carrière… Derrière la porte du Yelam’s, une salle de concert au quartier Treicheville, répètent la chanteuse Ablaa et ses trois musiciens. Tous sont là pour un travail de résidence afin de se perfectionner sur scène. Jeune révélation baoulé de la musique ivoirienne, Reine Ablaa s'est fait connaitre par les réseaux sociaux. Pas spécialement de formation musicale à la base, d'où l'importance pour elle de travailler avec cet incubateur, le Masa Lab’ avec un coach expérimenté, le chanteur camerounais Blik Bassi. « On nous "incube" pendant un an, on a droit à des jours de répétition pour venir travailler sur le spectacle. On apprécie le fait d'apprendre de professionnels, de mentors, le fait d'apprendre même de ces musiciens et de recevoir aussi des formations qui sont faites au Masa Lab’ où des gens viennent nous former sur des thèmes de l'industrie, comme la façon de lire et signer un contrat. Comment développer sa carrière musicale ? Quelles sont les différents enjeux pour chaque artiste en fonction de si vous travaillez en label, si vous travaillez avec des majors. On vous fait comprendre en fait l'industrie. Une vision 360 degrés et c'est ce qui est très intéressant aussi », se félicite ce jeune espoir de la musique ivoirienne. Une vision artistique à 360°Un apprentissage, un outillage adapté qu’a conçu Abou Kamaté, le directeur général du Masa. Il est à l'origine de ce projet d'incubation des artistes ivoiriens. « Notre constat est que les artistes ont encore besoin d'un accompagnement pour mieux se structurer, pour mieux se professionnaliser et être en capacité de proposer des produits qui peuvent se jouer localement mais aussi sur le marché international. Et donc le Masa Lab’, c'est un projet qui accompagne certes les artistes, mais aussi tous les métiers qui gravitent autour de la création artistique. Nous "incubons" certains artistes, mais aussi le manager, le chargé administratif, le chargé de communication. Il faut vraiment travailler sur cette question de professionnalisation, sur cette question de structuration, parce que c'est un business et il faut que les artistes puissent vivre de leur art pour cela. Ils ne peuvent pas juste compter sur leur talent, ils doivent aussi être de vrais entrepreneurs et c'est ça l'ambition du Masa Lab’ ». Ils ne peuvent pas juste compter sur leur talentDans une autre salle de théâtre à Abidjan, Souleymane Sow, metteur en scène, répète et peaufine une pièce d'Edouard Elvis Bvouma, Une poupée barbue avec la comédienne Oga Kamouni. « Kamouni, affirme Souleymane Sow, c'est une comédienne qui est à l'écoute. Elle sort d'une école de théâtre. Je pense qu'elle a tout ce qu'il y a comme élément qu'une comédienne doit avoir. Je pense que dans le cadre de ce travail-là, on a un texte qui a une résonance. Donc à partir de cette résonance, on essaie de vraiment travailler. Les différents souffles, les différentes prononciations, donc on est vraiment dans un travail de recherche. Sur des matériaux, au niveau du plateau, en termes de corps, au niveau des tons, des voix et tout ça, on travaille aussi les différentes ponctuations qui sont dans le texte ».À l’écoute à ses côtés Oga Kamouni, jeune comédienne sortie de l’Insaac mesure sa chance d’être intégrée au Masa Lab’. « Disons que le Masa Lab', c'est une belle occasion qui est faite aux artistes. C'est une opportunité pour nous de montrer nos talents et puis surtout de faire la rencontre de grands professionnels. Par exemple, Monsieur Sow, c'est un grand metteur en scène ici qu'on connaît très bien. Tout le monde rêve de travailler avec lui. Tout ce que je n'arrive pas à travailler , je parviens à le faire avec lui. Et c'est aussi une belle rencontre avec d'autres professionnels qui viennent d'ailleurs ». Au terme de ce mentorat artistique en danse, en musique et en théâtre, les artistes encadrés du Masa Lab’ joueront face au public lors du prochain Masa en 2026.
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