Cette semaine, nous recevons Manon Aubry, députée européenne et co-présidente du groupe de La Gauche au Parlement européen. Elle revient sur la directive sur le devoir de vigilance, commente le détricotage du Pacte vert, la montée de l’extrême droite en Europe et appelle à des mesures strictes contre Israël face au drame humanitaire à Gaza. L’eurodéputée, membre du parti de gauche La France insoumise en France, a beaucoup planché sur la directive européenne dite CS3D sur le devoir de vigilance des grandes entreprises qui opèrent en Europe. Elle leur impose, grâce à un arsenal de sanctions, des règles en matière de respect de l’environnement et des droits humains tout au long de leur chaîne de production même chez leurs sous-traitants. «Cette directive est plus qu'en danger»Le président français Emmanuel Macron et le chancelier allemand Friedrich Merz s’opposent désormais à sa mise en application. «Cette directive est plus qu'en danger aujourd'hui», alerte Manon Aubry. «C’est le fruit de cinq ans de longues négociations. […] Vous adoptez un texte démocratiquement et avant même qu'il soit mis en vigueur, moins d'un an après, il est complètement mis à terre par le poids des lobbys, relayés par Emmanuel Macron, la droite et l'extrême droite au Parlement européen, mais aussi par la complicité des socialistes,» selon elle. «Nous sommes en train d'assister à une nouvelle alliance»En termes de protection de l’environnement, des ONG et certains partis accusent également la Commission européenne de détricoter le «Pacte vert» mis en place lors de sa précédente mandature. «Nous avons complètement changé de dynamique entre ces deux mandats», estime Manon Aubry. «Au Parlement européen, comme dans l'ensemble des institutions européennes, nous sommes en train d'assister à une nouvelle alliance. C'est l'alliance de la droite et de l'extrême droite […] Cela se traduit par une offensive sans précédent vis-à-vis de toutes les normes environnementales qui existent sur la scène européenne», poursuit-elle. Elle fustige l’inaction du groupe socialiste au Parlement européen, deuxième groupe de l'hémicycle en termes de nombre de députés : «J'en veux terriblement à une partie de la gauche et notamment aux socialistes […] C'est un groupe qui a pour tradition de travailler avec les libéraux et la droite dans le cadre de ce qu'on appelle le bloc majoritaire. Mais la réalité, c'est qu'à aucun moment, les socialistes n'ont mis en place une stratégie pour défaire cette alliance de la droite et de l'extrême droite.» «Réveillez-vous avant qu'il ne soit trop tard»Face à la montée de l’extrême droite en Europe, elle appelle à un sursaut : «Nous sommes à minuit moins le quart avant l'arrivée du fascisme partout en Europe. Le fascisme est déjà là en Italie, en Hongrie, en Pologne, dans de nombreux États européens. Les socialistes vont regarder le train passer. Je dis à mes amis socialistes : «Réveillez-vous avant qu'il ne soit trop tard, parce qu’il est probablement déjà un peu trop tard», estime la co-présidente du groupe «La Gauche» au Parlement européen. En Hongrie, la droite ultra-conservatrice de Viktor Orban a enfreint le droit européen en interdisant, par une loi de 2021, la «promotion» de l'homosexualité et de la transidentité auprès des mineurs. Le Premier ministre hongrois tente également d’adopter une loi visant à bannir la marche des fiertés prévue dans son pays le 28 juin. La marche n’a toutefois pas été officiellement interdite à ce stade. Un événement auquel compte participer Manon Aubry : «Je conduirai une délégation de mon groupe, d'une dizaine de députés du groupe de la gauche qui viendront de partout en Europe. […] L'objectif, c'est de dire à Viktor Orban qu’on a le droit d'être qui on est. On a le droit d'aimer qui l'on veut. Cette offensive sans précédent de la part d'un gouvernement européen vis-à-vis des droits LGBT est en réalité, une offensive contre les droits les plus fondamentaux,» estime la députée de gauche. «Nous ne faisons pas que stagner, nous retournons en arrière»Autre pays où la droite ultra-conservatrice a remporté la présidence, la Pologne, avec Karol Nawrocki, soutenu par le parti nationaliste Droit et Justice (PiS). Il s’oppose au gouvernement pro-européen de son Premier ministre Donald Tusk qui souhaitait légaliser les unions entre couples du même sexe et le droit à l'avortement. «Nous ne faisons pas que stagner, nous retournons en arrière,» commente Manon Aubry au sujet de l’avenir de la Pologne. «Donald Tusk qui a été élu en Pologne sur la promesse de légaliser le droit à l'avortement […] n'a rien fait», dénonce-t-elle. Si elle reconnaît que le Premier ministre polonais est en situation de cohabitation avec un président proche du parti nationaliste, elle estime qu’il «aurait pu lancer la ...
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