エピソード

  • Clément Beaune: «Je ne suis pas convaincu par l’accord commercial avec les États-Unis»
    2025/09/12
    Cette semaine, nous recevons Clément Beaune, Haut-commissaire à la Stratégie et au Plan et ancien secrétaire d’État aux Affaires européennes. Alors qu’Emmanuel Macron vient de nommer un nouveau Premier ministre, le cinquième depuis le début de son second mandat, Clément Beaune souligne le « besoin d’une stabilité ». Le nouveau chef du gouvernement français, Sébastien Lecornu a entamé une série de concertations avec les responsables des partis politiques ainsi que les partenaires sociaux : « C'est un homme, tout le monde le reconnaît, qu'on partage ou pas sa sensibilité, comme les partis de gauche l'ont dit eux-mêmes, de dialogue et de discussion et je crois que tous les partis politiques et les forces syndicales dans leur immense majorité vont participer à cette concertation ». « On a besoin de ce compromis pour la stabilité », insiste Clément Beaune. La première mission du Premier ministre sera de faire voter un budget dans une assemblée fragmentée et sans majorité. Selon Clément Beaune, « on a un temps qui est encore utile, suffisant » pour espérer y parvenir. « On ne peut pas imaginer en effet que la France, une deuxième année, commence l'année sans avoir un budget stable, arrêté, prévisible pour l'ensemble des Français, nos services publics et les entreprises aussi ». Il regrette qu’en France, le compromis soit « vu comme un mot repoussant, dégoûtant, tout mou », contrairement à nos voisins européens habitués aux négociations entre partis. « La France, en quelque sorte, s'européanise, elle a un Parlement fragmenté, mais elle n’a pas le mode d'emploi de la coalition, il faut le trouver », remarque-t-il. Un autre défi de taille attend le nouveau Premier ministre, celui de la réduction de la dette et le retour sous la barre des 3% du PIB de déficit : or en 2024, le déficit de la France s’élevait à 5,8% du PIB. Certes, « la situation des finances publiques est préoccupante, ce qu'a d'ailleurs, à juste titre, expliqué, martelé François Bayrou courageusement », reconnaît Clément Beaune. Cependant, il met en garde contre « un discours 100% négatif ». « Notre économie en général a des entreprises formidables qui sont des réussites internationales, avec un taux d'emploi qui a augmenté ces dernières années, un chômage qui a reculé », rappelle-t-il. La taxation des plus riches enflamme le débat budgétaire, l’opposition de gauche soutenant cette solution pour permettre de réduire le déficit. Le Haut-commissaire à la Stratégie et au Plan appelle à « mettre un peu de rationalité ou de justesse dans ce débat qui parfois est un peu caricatural ou caricaturé. On n'est pas un paradis fiscal et les taux d'imposition pour les plus riches sont déjà élevés, y compris en comparaison européenne ». Concernant la proposition de taxe de l’économiste Gabriel Zucman sur le patrimoine des plus riches, il reste circonspect. « Ça n'apporterait sans doute pas toutes les recettes qu'on nous dit parfois, plutôt 5 milliards que 20 milliards, c'est un peu différent. Et puis il faut être lucide, ça ne résoudrait pas, quoi qu'il arrive, notre problème de dette ou de déficit à soi-seule », estime-t-il, « Il faudra faire des économies aussi ». Clément Beaune revient sur le discours sur l’état de l’Union, prononcé par Ursula von der Leyen ce mercredi (10 septembre 2025). S’il juge la présidente de la Commission européenne « plutôt convaincante sur les sujets internationaux », il se dit « moins convaincu sur la question commerciale ». Il critique l’accord commercial conclu cet été entre Bruxelles et Washington qui porte à 15% les taxes sur les exportations européennes vers les États-Unis. Cet accord lui « paraît défavorable, déséquilibré ». Or Clément Beaune est « convaincu que quand l'Europe ne montre pas sa force, elle perd du soutien », d’autant plus que « Monsieur Trump ne comprendra que le langage de la force, de l'unité, de la fermeté européenne ».
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  • Arancha González Laya: «L’accord commercial avec les États-Unis normalise la loi du plus fort»
    2025/09/05
    Cette semaine, nous recevons Arancha González Laya, ancienne ministre des Affaires étrangères espagnole, ainsi que doyenne de la Paris School of International Affairs à Sciences Po. Face à l'imprévisibilité de Donald Trump, une résolution des conflits qui piétine en Ukraine et à Gaza et une croissance économique très lente, la rentrée est morose pour les Européens. Le 27 juillet à Turnberry, en Écosse, les États-Unis et l'Union européenne (UE) sont parvenus à un accord sur les droits de douane, après des discussions très difficiles entre Ursula von der Leyen et Donald Trump. Un taux plafond de 15 % a été décidé pour la majorité des exportations européennes vers les États-Unis. Ces derniers n’auront pas à s’acquitter de droits de douane pour leurs exportations vers l’UE. « Ce n'est pas un bon deal du point de vue économique puisque les termes de cet accord sont déséquilibrés », commente Arancha González Laya. « C'est surtout un mauvais deal d'un point de vue géopolitique, car nous normalisons des relations internationales basées sur la loi du plus fort plutôt que sur la loi des règles, des systèmes, des traités et des accords. Nous contribuons aussi à l'affaiblissement d'un ordre international. » « Nous avons besoin des États-Unis et ils le savent très bien » L’économiste estime que cet accord a été concédé aux États-Unis dans le but de garder leur soutien en Ukraine : « La volonté européenne est de placer la défense de l'Ukraine avant la défense des intérêts commerciaux de l'UE. Les Européens ne sont aujourd'hui pas capables de contribuer, seuls, à la défense de l'Ukraine contre la Russie. Nous avons besoin des États-Unis et ils le savent très bien. L’accord commercial est le prix à payer pour les garder de notre côté. » Elle s’interroge sur le fait de savoir si cela sera suffisant pour s’assurer de ce soutien : « Ce n'est pas non plus garanti. » Selon Arancha González Laya, qui a occupé des postes à responsabilités au sein de l'Organisation mondiale du commerce, le coût de ces droits de douane affecte plus les Américains que les Européens : « Cela va augmenter l'inflation aux États-Unis. Je ne crois pas que ce soit un bon deal pour eux. Nous commençons déjà à observer une légère montée des prix aux États-Unis. » Elle admet cependant que ces tarifs douaniers ne sont pas non plus favorables à l’UE, car cela « représente un coût supplémentaire pour accéder au marché américain ». « Il faut se montrer unis, renforcer la défense ukrainienne » Cette semaine, la France a de nouveau convié la coalition des volontaires à Paris afin de discuter de son soutien à l’Ukraine. Alors qu’un accord de paix semble encore lointain, la juriste espagnole reconnaît « une fatigue » du côté des Ukrainiens, mais également de l’UE. « Poutine a menti à Trump quand il lui a dit qu’il allait négocier la paix avec Zelensky. Il ne l'a pas fait et je ne crois pas qu'il ait l'intention de le faire », estime Arancha González Laya. Selon elle, l’UE doit « renforcer la position de l'Ukraine dans cette guerre contre la Russie » : « Il faut se montrer unis, renforcer la défense ukrainienne, mais aussi montrer aux États-Unis que nous ne sommes pas des profiteurs, que nous sommes des acteurs, que nous sommes également prêts à mettre ce qu'il faut sur la table. » Pour ce faire, en 2024 et pour la première fois, une majorité des pays européens a consacré au moins 2 % de son PIB à la défense, conformément à l'objectif fixé par l'Otan. « Il y a des gros efforts européens », poursuit l’ancienne ministre des Affaires étrangères du gouvernement socialiste de Pedro Sánchez, qui est à la traîne dans les dépenses de défense. À lire aussiUkraine : l’Europe pèse-t-elle encore ? « L'Europe ne peut pas tolérer des violations des droits humains » En ce qui concerne la guerre à Gaza, « les Européens se rendent compte de la situation insupportable dans laquelle nous nous trouvons », s’émeut Arancha González Laya. « Si nous sommes sérieux en Europe et si nous sommes responsables vis-à-vis des engagements que nous avons pris avec nos citoyens concernant la protection des droits et des valeurs, nous ne pouvons pas rester sans agir », considère-t-elle. « L’Espagne, avec l’Irlande et la Slovénie, ont reconnu la Palestine il y a un an et demi. Maintenant, c'est la France qui se joint à cet effort et en entraîne d’autres. Je crois que c'est important de montrer que l'Europe ne peut pas tolérer des violations des droits humains. » « C'est un bon accord pour l'UE » Après 25 années de négociations, la Commission européenne a validé cette semaine un accord de libre-échange entre l'UE et les pays du Mercosur, éliminant ainsi la quasi-totalité des droits de douane industriels entre les deux blocs. Selon Bruxelles, ...
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  • Le meilleur d'Ici l'Europe saison 2024-2025
    2025/07/25

    Tout au long de la saison, nous avons reçu des personnalités européennes de haut rang : présidents du conseil européen, commissaires, présidents, Premiers ministres ou ministres, venant de toute l'Union européenne, pour une saison marquée par la guerre en Ukraine qui s'éternise, le conflit à Gaza, alors que les 27 s'interrogent sur une défense commune. Nous vous proposons de revenir ici sur les temps forts de ces interviews.

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  • Valérie Hayer: «Donald Trump réalise enfin quel est le vrai visage de Vladimir Poutine»
    2025/07/18
    Motion de défiance contre la présidente de la Commission européenne, immigration, droits de douane et guerre en Ukraine, l’eurodéputée et présidente du groupe Renew Europe au Parlement européen, Valérie Hayer nous livre ses attentes pour la rentrée. Le 10 juillet, Ursula von der Leyen a échappé à une motion de défiance. Si Valérie Hayer ne l’a pas votée, elle regrette fortement «un dysfonctionnement majeur aujourd'hui, tant au Parlement européen qu'à la Commission européenne, avec une tentation de la droite de faire des deals de plus en plus souvent avec l'extrême droite». Cette non-censure n’est donc pas un chèque en blanc à la présidente de la Commission pour la suite : «J'ai demandé des engagements tant à Ursula von der Leyen qu'à Manfred Weber - le président du groupe de la droite - sur deux choses : meilleure coopération et liste de priorités politiques que nous partageons». Au sujet de l’affaire de détournement de fonds au Parlement européen d’un montant de 4,3 millions d’euros par le Rassemblement national et ses anciens alliés d'extrême droite, la présidente du groupe Renew Europe estime que chacun doit prendre ses responsabilités : «Jordan Bardella tente une nouvelle fois de se victimiser, mais chaque groupe politique est censé être soumis et se soumettre à des audits. Chacun devra assumer ses responsabilités». Alors que la guerre en Ukraine s’intensifie avec l’utilisation de drones par la Russie, Donald Trump lors d’une rencontre avec le secrétaire général de l’OTAN Mark Rutte, annonce que les États-Unis enverront de nouvelles armes à l’Ukraine via l’OTAN. L'Eurodéputée salue le revirement du président américain en faveur des Ukrainiens : «Donald Trump réalise enfin quel est le vrai visage de Vladimir Poutine», avant d’émettre une certaine réserve : «on est habitué à des revirements avec Donald Trump». À écouter aussiÉtats-Unis: Donald Trump donne 50 jours à la Russie pour mettre fin à la guerre en Ukraine Face à l’échéance du 1er août et au 30% de droits de douane annoncés par le président américain, l’Europe prévoit une série de représailles commerciales à hauteur de 72 milliards d’euros. Mais pour Valérie Hayer, «personne n’a intérêt à une guerre commerciale». La présidente du groupe Renew se dit en faveur de négociation mais pas prête à céder sur tout : «S'il n'y a pas d'atterrissage possible, il faut mettre en place ces mesures de rétorsion. Je crois que Donald Trump ne comprend que le rapport de force». Elle rappelle aussi la force et le dynamisme du marché européen : «Donald Trump doit comprendre qu’on ne va pas se laisser marcher dessus, qu'on a des outils. On a un marché de 450 millions de consommateurs très intéressant pour les entreprises américaines». À lire aussiQuelle stratégie de l'UE face aux droits de douane imposés par Donald Trump? Face à une escalade du conflit au Moyen-Orient, Valérie Hayer souhaite que l’Union européenne prenne pleinement part aux négociations : «Il faut que la voix de l’Union européenne pèse. Il faut qu’on puisse avancer sur cette solution à deux États pour qu’on ait une reconnaissance de l’État palestinien et aussi pour faire pression sur le gouvernement de Benyamin Netanyahu». Mais pour elle «l'important, c'est d'assurer la sécurité des Israéliens, des Palestiniens et la stabilité dans cette région.» À lire aussiÉtat palestinien: seule une minorité de pays occidentaux ne le reconnaissent toujours pas Sur la question migratoire, la présidente du groupe Renew adopte une position nette : «La première chose, c’est d’appliquer le pacte asile et migration». Elle souhaite que les Vingt-Sept se mettent autour de la table et travaillent à des «solutions crédibles car il faut aussi, je crois, pouvoir avoir un débat apaisé sur la migration légale de travail parce qu'on a aussi un enjeu démographique en Europe». Elle n’est, par ailleurs, pas convaincue par la liste de «pays sûrs» où l’UE pourrait renvoyer les migrants illégaux, établie par la Commission européenne et entend «renforcer les partenariats avec les pays d’origine, avec l’Afrique : plus on s’engagera politiquement, plus on accompagnera financièrement le développement de ces pays d'origine, mieux on régulera les flux migratoires». Elle regrette d’autant plus que ce dossier ait été bloqué «de façon tout à fait démagogique» par une alliance de la droite et de l’extrême droite.
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  • Michel Barnier: pour l’UE, alliance ne veut pas dire allégeance… à Trump
    2025/07/11

    L’ancien Premier ministre Michel Barnier, ex-commissaire européen, négociateur du Brexit, plusieurs fois ministre, nous livre sa vision d’une Europe sous tension. Il revient sur les grands moments et dossiers à l’occasion de la sortie de son livre « Ce que j’ai appris de vous » (Calmann-Lévy).

    La date butoir du 9 juillet pour de nouveaux droits de douane américains sur les produits européens a été repoussée au 1er août, laissant un sursis à la Commission européenne pour négocier un accord. Pour Michel Barnier, face à un Donald Trump « agressif » il faut la plus grande fermeté des Européens : « S'il nous attaque, nous répondrons. Ce sera perdant perdant (...) L’unité ne tombe pas du ciel. Il faut la construire au Conseil des ministres, à la Commission. L’importance du marché unique est la seule raison pour laquelle, et Monsieur Trump et d'ailleurs le président chinois nous respectent ».

    Michel Barnier considère que les États-Unis sont toujours nos alliés. Mais alliance ne veut pas dire allégeance : « voilà un président américain qui nous agresse commercialement et qui menace de laisser tomber l’Ukraine, un pays non membre de l’UE mais européen qui défend son intégrité. (Mais) M. Trump et l’administration actuelle ne seront pas toujours là », et les USA ont à long terme, avec l’UE, des intérêts stratégiques partagés comme la lutte contre le terrorisme ou le réchauffement climatique. Face aux mesures de rétorsion économiques de la Chine, Michel Barnier refuse l’appellation de guerre commerciale, mais appel à la plus grandes des vigilances : « ça ne peut pas être non plus la naïveté ».

    Alors que Londres et Bruxelles renouent un dialogue plus chaleureux, Michel Barnier, ancien négociateur du Brexit appelle à de nouvelles avancées, mais dans un cadre clair: « il n’y aura pas de beurre et l'argent du beurre en même temps » .

    Les institutions sous pression

    La présidente de la Commission européenne vient d’échapper à une motion de censure, et il pointe l’évolution de son institution : « il y a de moins en moins de collégialité et de plus en plus de gestion présidentielle ». Concernant la nouvelle enquête ouverte contre le Rassemblement national son ancien groupe ID au Parlement, l’ex-Premier ministre ironise : « l’extrême droite européenne, qui donne parfois des leçons de morale à tout le monde, doit respecter la loi ».

    L’ancien Premier Ministre juge que « la France pèse moins qu’avant en Europe ». Il l’attribue à sa dette, son manque de compétitivité, mais aussi à une surrèglementation nationale et européenne, notamment concernant le Pacte vert : « On ne résout pas la pollution contre les agriculteurs, les entreprises ou les citoyens. Il faut une écologie concrète, pas idéologique.» Malgré la chute de son gouvernement au bout de trois mois, après une motion de censure en décembre 2024, Michel Barnier participe « au débat dans ma famille politique dirigée par Bruno Retailleau, et j’en suis heureux. Je vais rester présent dans le débat politique. »

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  • Odile Renaud-Basso: «C’est notre rôle de prendre des risques en Ukraine et Cisjordanie»
    2025/07/04

    Cette semaine, nous recevons Odile Renaud-Basso, présidente de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD). L’institution bancaire a investi plus de 16 milliards en 2024, une année record.

    7 milliards pour reconstruire l’Ukraine

    La BERD est le principal investisseur institutionnel en Ukraine avec plus de 7 milliards prêtés depuis l’invasion du pays. « La France nous a apporté des garanties importantes pour nos activités en Ukraine qui permettent de réduire le risque pour la banque en tant que telle », explique-t-elle, « mais ça fait aussi partie d'un des mandats d'une banque publique de développement de soutenir des pays et le secteur privé dans des situations particulièrement difficiles ». Ces investissements « visent vraiment à financer l'économie réelle » et notamment le secteur de l’énergie où 2,5 milliards ont été investis. Ils contribuent également à l’effort de reconstruction des infrastructures détruites par les bombardements russes et au transport ferroviaire « parce que la logistique et le fonctionnement des chemins de fer est extrêmement important dans un pays en guerre ».

    En février 2025, une frappe russe a endommagé la structure enveloppant le réacteur accidenté de Tchernobyl, où se trouvent des débris radioactifs. Sa construction avait coûté plus d’un milliard et demi d’euros et avait été financé par la BERD et la communauté internationale. Les réparations du site sont estimées à plusieurs dizaines, voire centaines de millions d’euros. « L'attaque du drone pose des questions de sécurité à long terme », alerte Odile Renaud-Basso, « avec des risques d'infiltration d'eau qui peuvent qui peuvent porter atteinte à la sécurisation de l'infrastructure ». La BERD est « très reconnaissante » à la France d’avoir apporté en mai une première aide de 10 millions d’euros pour « pouvoir commencer à prendre des mesures immédiates de court terme ». Odile Renaud-Basso prévient cependant que « ça va être un projet de longue haleine et on va avoir besoin de financements additionnels (…) Ça reste un sujet de préoccupation pour nous, de même que, d'une façon générale, la sécurité des infrastructures nucléaires en Ukraine, pour lequel on a apporté des financements importants dans le passé », souligne-t-elle.

    L’avenir est en Afrique…

    Depuis la création de la BERD, la banque a élargi ses activités à l’Afrique du Nord et au Moyen-Orient. Ainsi, elle finance des projets en Cisjordanie « pour soutenir le secteur privé et l'activité des opérateurs économiques ». Elle estime que « ça fait partie de notre mission » de prendre des risques. « Évidemment, on mesure toujours le risque », ajoute-t-elle, mais « on bénéficie parfois de garanties », notamment de l'Union européenne ou des actionnaires bilatéraux de la BERD, pour continuer à travailler « dans des situations particulièrement difficiles ».

    En Afrique subsaharienne, où la BERD lance ses activités cette année, Odile Renaud-Basso insiste sur l’importance du secteur privé dans les stratégies de développement. Si le renforcement du secteur privé faisait partie du mandat historique de la BERD, elle constate que le succès de cette stratégie fait des émules et qu’« on voit, aujourd'hui de plus en plus de banques multilatérales d'ailleurs se tourner vers ce modèle et mesurer l'importance du secteur privé ». Selon elle, « compte tenu des enjeux démographiques, compte tenu du besoin de croissance économique et du besoin de transition économique, le rôle du secteur privé va être absolument essentiel ».

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  • Gunther Krichbaum: «Nous avons, comme Européens, une responsabilité» au Moyen-Orient
    2025/06/27
    Cette semaine, nous recevons Gunther Krichbaum, ministre allemand délégué aux Affaires européennes. Alors que le Moyen-Orient s’embrase, les Européens semblent faire figure de spectateurs et ne réussissent pas à faire entendre leur voix en faveur d’une résolution diplomatique. Il rappelle cependant les efforts de l’Europe pour «créer plus de stabilité» car «c'est toute la région où nous avons, comme Européens, une responsabilité». Gunther Krichbaum «pense que personne ne peut vivre en paix» si le régime iranien se dote de l’arme nucléaire. Il rappelle les liens historiques d’amitié entre Allemagne et Israël. Le ministre fait part de son « empathie » envers la population de Gaza, mais «peut comprendre la position d’Israël», un pays entouré de voisins qui lui sont hostiles et qui veulent le voir «disparaître de la carte». Après les frappes israéliennes et américaines sur l’Iran, les dirigeants européens ont affiché leurs divergences. Alors que le chancelier allemand Friedrich Merz a salué ces bombardements, Emmanuel Macron a déclaré que Washington avait agi hors du cadre de la légalité. Gunther Krichbaum estime cependant que l’objectif de la France et l’Allemagne reste le même. «Nous avons une volonté ensemble, la France et l'Allemagne, de créer la paix maintenant», par la voie de la diplomatie. «C'est indispensable de commencer maintenant avec des négociations, parce que la guerre, ce n'est pas le futur», affirme-t-il. Les alliés de l’Otan viennent de s’engager à investir 5% de leur PIB dans leur défense. «Il est nécessaire d'investir plus dans notre propre sécurité, parce que cette sécurité est menacée par la Russie», réagit Gunther Krichbaum, et «il est nécessaire de soutenir l’Ukraine». Or, il considère que les investissements actuels ne permettent pas d’assurer ce soutien. Cette augmentation des dépenses de défense arrive dans un contexte économique difficile pour de nombreux pays européens, dont la France et l’Allemagne. Le ministre insiste cependant sur leur importance «parce que sans sécurité, je ne peux rien réaliser en Europe», ni croissance économique, ni «garantir la liberté des gens». Les Européens sont également obligés de pallier le désengagement américain en Ukraine. «Nous voulons que les États-Unis restent dans le bateau» mais «c'est aussi la vérité qu'ils veulent se concentrer plus sur la région de la Chine», constate-t-il. Alors que la Commission européenne a commencé à introduire une ébauche de préférence européenne pour les dépenses de défense, Berlin reste très dépendante des achats d’armements américains. Gunther Krichbaum aimerait que son pays puisse à terme acheter plus d’armes européennes mais, actuellement, «ce n’est pas possible et c’est la réalité». Il rappelle qu’Emmanuel Macron est un partisan de longue date d’une «autonomie stratégique» européenne et le ministre allemand partage cette vision. «Il est nécessaire d'augmenter l'indépendance de l'Europe concernant l'armement, concernant aussi l'infrastructure», insiste-t-il. Il faut s’attacher à «devenir plus efficace en Europe». En effet, les Européens ne peuvent plus compter sur le soutien américain car Donald Trump «change très vite d’opinion» et «c'est quelquefois difficile de créer une politique où on peut vraiment calculer ce qu'il veut faire» d’un jour à l’autre. L’UE ainsi que l’Angleterre, qui doit être étroitement associée aux discussions sur la sécurité du continent, doivent assumer le soutien à l’Ukraine. Gunther Krichbaum appelle à apporter à Kiev toute l’aide nécessaire afin que l’Ukraine puisse arriver en position de force lors des négociations de paix. «Autrement, la Russie va dicter les conditions et il est nécessaire d'éviter ça», met-il en garde.
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  • Philippe Etienne: «L’Iran est une menace pour l’Europe»
    2025/06/20
    « Les Européens ont toujours été très fermes » face à l’Iran Alors que l’escalade militaire se poursuit entre Israël, nous recevons l’ambassadeur de France Philippe Etienne qui a été en poste à Washington, Moscou, Berlin et auprès de l'UE. Israël a frappé l'Iran afin d’éradiquer le programme nucléaire du pays qui représente une menace pour sa survie, selon le gouvernement israélien. De nombreux hauts gradés iraniens ont été également tués dans ces premières attaques. Depuis, les bombardements israéliens se poursuivent, tout comme les tirs de réplique de l’Iran. Philippe Etienne souligne la dangerosité de l’Iran qui représente une « menace pour l'environnement régional, notamment pour Israël » et « même en balistique, une menace pour l'Europe ». Il rappelle que si « les Européens ont toujours été très fermes, notamment la France » face à l’Iran, ils sont également « à l'origine du traitement diplomatique » du nucléaire iranien sous l’impulsion du groupe E3 (Allemagne, France et Royaume-Uni) dès le début des années 2000. L’ambassadeur estime que les Européens ne sont pas à blâmer après l’échec de la voie diplomatique. « Ce n'est pas nous qui avons échoué, c'est l'Iran et aussi les États-Unis qui sont sortis de l’accord », affirme-t-il. Lors du premier mandat de Donald Trump, les États-Unis s’étaient retirés de l’accord de Vienne sur le nucléaire iranien, concrétisant ainsi une promesse de campagne du président américain. « Toutes les forces de Vladimir Poutine sont concentrées » sur l’Ukraine Moscou qui n’avait déjà pas réussi à éviter l’effondrement du régime de Bachar al-Assad en Syrie, échoue une nouvelle fois à soutenir un de ses alliés, l’Iran, dans le conflit qui l’oppose à Israël. « C’est un affaiblissement incontestablement de la Russie dans cette grande région stratégique », selon Philippe Etienne, qui y voit un recentrage des priorités de Vladimir Poutine. « L'essentiel aujourd'hui et toutes ses forces sont concentrées sur cet essentiel, c'est l'Ukraine », estime-t-il. Le président russe profite du fait que l’attention des Occidentaux se tourne vers le Moyen-Orient « donc, il faut convaincre cette administration américaine de maintenir malgré tout, sur certains plans, une attitude qui nous aide, nous les Européens, à soutenir l'Ukraine, qu'il s'agisse de soutien financier, mais surtout de soutien militaire, de soutien en équipement militaire, de force de réassurance comme la coalition des volontaires européens y travaille ». « Il faut une préférence européenne » pour les achats d’armements Les Européens augmentent leur soutien à l’Ukraine pour pallier le désengagement de Washington et « peuvent dans une certaine mesure, se substituer aux Américains », selon Philippe Etienne. Cependant, en termes de capacité de production d’armes, « nous sommes dans une phase de transition qui va d'ailleurs, dans un terme plus ou moins rapproché, permettre à l'Europe, dans les cas comme celui de l'Ukraine aujourd'hui, d'être plus autonome mais ça, ça ne va pas se passer du jour au lendemain ». La Commission européenne vient de présenter son cinquième paquet Omnibus de simplification et consacre celui-ci spécifiquement à la défense européenne. Il permettrait de mobiliser près de 650 milliards d’euros, en autorisant les pays membres à augmenter leurs dépenses de défense sans déclencher de procédure de déficit excessif. La Commission va également mettre 150 milliards à disposition des États membres sous forme de prêts pour investir dans leur défense, avec des conditions limitant l’achat d’armements extérieurs à l'UE, à ses partenaires européens de l'EEE-AELE et à l'Ukraine. Philippe Etienne se déclare en faveur de cette règle car « il faut une préférence européenne, parce que sinon l'industrie européenne ne va pas réussir à se développer quand les Européens sont capables de produire à coût raisonnable des matériels ». « C'est cela qu'il faut que les armées européennes achètent », ajoute-t-il.
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