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サマリー
あらすじ・解説
Au Pakistan, les autorités expulsent par la force des centaines de milliers d’Afghans, au prétexte de liens avec le terrorisme et le narcotrafic. Il est vrai qu’une vague de violences submerge le pays. Tard mardi, 15 avril, le groupe État islamique a encore revendiqué une attaque qui a tué trois policiers au Baloutchistan, dans le sud-ouest du pays.
Les violences se multiplient aussi dans l’ouest du Pakistan, à la frontière avec l’Afghanistan. Depuis le début de l’année, pas moins de 200 personnes ont été tuées par des groupes armés qui veulent renverser l’État et imposer la charia. Que ce soit l’État islamique ou bien les talibans pakistanais du Tehreek-e-Taliban (TTP), ces mouvements s’attaquent en priorité aux forces de l’ordre, symboles de l’État. L’année dernière a été la plus meurtrière en dix ans, avec plus de 1 600 morts.
Une recrudescence des violences qui s’explique par le retour des talibans en Afghanistan. À peine arrivés au pouvoir à Kaboul, à l’été 2021, les nouveaux maîtres du pays ont libéré des prisons les membres du groupe TTP, les talibans pakistanais. Dans un rapport du Conseil de sécurité des Nations unies, on peut lire que les autorités afghanes ont fourni aux terroristes des armes laissées sur place par les Américains et l’Otan. Le groupe TTP compterait autour de 6 000 combattants, entraînés sur le sol afghan, et c’est de là qu’ils attaqueraient le Pakistan voisin, ce que Kaboul dément.
800 000 Afghans ont vu leur carte de résidence annulée ce mois-ciLes victimes collatérales de cette vague de violence sont les Afghans, qui avaient trouvé refuge au Pakistan. Islamabad a lancé une campagne massive d’expulsions, les accusant de narcotrafic et de liens avec le terrorisme. Aujourd’hui, environ trois millions d’Afghans vivent au Pakistan. Parmi eux, 800 000 ont vu leur carte de résidence purement et simplement annulée ce mois-ci, crée pourtant en 2017 afin de régulariser la situation des Afghans.
Depuis, l’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM) a recensé une forte hausse des retours. Ces deux dernières semaines, près de 60 000 Afghans ont traversé la frontière aux deux seuls points de passage, Torkham et Spin Boldak. L’OIM accueille ces revenants dans huit centres, ils y reçoivent de la nourriture, des soins et un abri temporaire – mais l’organisation onusienne s’inquiète du fait que ces Afghans « reviennent vers un pays, où ils ont peu, voire rien, à retrouver ».
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Le Pakistan accusé d’utiliser les migrants « à des fins politiques »Les talibans afghans accusent le Pakistan d’utiliser ces migrants « à des fins politiques » et dénoncent des « violences » infligées à ces Afghans. Ces expulsions de masse ressemblent en effet fort à une opération de punition. Harcèlements, rackets et brimades se multiplient, selon plusieurs organisations des droits humains. Souvent, les policiers ne laissent même pas le temps aux Afghans de ramasser leurs affaires, ou bien des familles sont séparées.
Pourtant, ces Afghans vivent parfois depuis des générations au Pakistan. Mais il est quasiment impossible d’y obtenir la nationalité. Les autorités ont donc les mains libres pour les pousser au départ. Cette année, jusqu’à 1,6 million d’Afghans pourraient être expulsés. Un retour à la case de départ dans des conditions très difficiles. L’ONG Human Rights Watch redoute qu’ils soient persécutés par les talibans et rappelle qu’en Afghanistan, l’économie et le système de santé sont à genoux et l’aide internationale en chute libre.