エピソード

  • Gaza: le journalisme pris pour cible – L'alerte mondiale de RSF
    2025/09/06

    « Au rythme où les journalistes sont tués à Gaza par l'armée israélienne, il n'y aura bientôt plus personne pour vous informer. » Ce cri d'alarme mondial, lancé lundi 1er septembre par RSF et Avaaz, a rallié 250 médias de plus de 70 pays. Dans L'atelier des médias, Steven Jambot reçoit Thibaut Bruttin, secrétaire général de RSF, pour mettre des mots sur cette situation critique.

    Depuis le 7 octobre 2023 et l'invasion de la bande Gaza par l'armée israélienne, 220 journalistes ont été tués dans l'enclave palestinienne, un chiffre que RSF n'avait « jamais recensé » dans un « espace aussi resserré ». Plus grave encore, 56 d'entre eux auraient été « ciblés dans l'exercice de leur fonction », explique Thibaut Bruttin, qui souligne des « pratiques particulièrement criminelles de la part des forces armées israéliennes ».

    À écouter aussiRami El Meghari, correspondant de RFI: «On ne se sent en sécurité nulle part à Gaza»

    Des figures emblématiques comme Anas Al Sharif, collaborateur d'Al Jazeera et lauréat du prix Pulitzer, ont été « désigné[es] comme une cible » par l'armée israélienne, avant d'être tué lors d'une frappe qui a également coûté la vie à six autres journalistes. RSF dénonce une « spirale de l'impunité » alimentée par ces actions.

    Trois demandes urgentes face au « huis clos »

    Face à cette urgence, RSF a formulé trois demandes clés :

    • L'évacuation d'urgence des journalistes qui souhaitent quitter Gaza –environ 50 personnes avec leurs familles. Une quinzaine d'entre eux sont des collaborateurs de médias français.
    • La fin de l'impunité des crimes commis par Israël contre les reporters.
    • Un accès indépendant pour la presse internationale au territoire palestinien enclavé.

    Depuis 23 mois, Gaza est un « huis clos » sans journalistes étrangers. L'armée israélienne prétexte une incapacité à les protéger, mais RSF dénonce une volonté délibérée d'empêcher « d'établir la réalité de ce qui se passe », qu'il s'agisse de la famine, de potentiels crimes de guerre, voire d'un « génocide ».

    Protéger le journalisme indépendant face à la propagande

    Des campagnes de discrédit sont menées contre les journalistes palestiniens qui se trouvent à Gaza, les accusant parfois d'être soutiens du Hamas. Cependant, Thibaut Bruttin insiste sur une distinction essentielle : « On ne parle pas des reporters […] qui travaillent pour le Hamas », mais de « collaborateurs de médias historiquement établis, réputés pour leur fiabilité comme l'Associated Press, RFI ou The Guardian ». Il est crucial de ne pas « confondre la presse indépendante avec la communication du Hamas ». L'espace du journalisme indépendant, pris « entre deux feux » des propagandes israélienne et du Hamas, est gravement menacé, estime Thibaut Bruttin.

    Le secrétaire général de RSF voit en cette crise une « érosion de principes qui étaient consensuels il y a dix ans » concernant la protection des journalistes en zone de conflit, notamment ceux inscrits dans la résolution 2222 du Conseil de sécurité des Nations unies. RSF exhorte donc l'ONU à « réaffirmer la validité des postulats de cette résolution » lors de la 80e assemblée générale, qui doit s'ouvrir dans quelques jours.

    Thibaut Bruttin appelle aussi les citoyens à s'informer sur ce conflit pour ne pas « effacer la gravité de ce qui s'y passe » et à soutenir les journalistes palestiniens qui sont « l'honneur de la profession ».

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    24 分
  • Sélection de podcasts à ajouter dans votre application d'écoute, avec Matilde Meslin
    2025/07/26

    Pour ce dernier numéro avant une interruption estivale, L'atelier des médias accueille la journaliste Matilde Meslin, qui est spécialisée dans l'écoute et la critique de podcasts. Avec Steven Jambot, elle a sélectionné des podcasts originaux en français sortis ces derniers mois. Certains sont indépendants, d’autres produits par des studios (comme Louie Media), ou par des médias plus établis, comme Arte Radio et la Radio Télévision Suisse (RTS).

    Kashalal (Arte Radio), un documentaire de Mehdi Ahoudig et Thomas Pendzel. Réalisation Samuel Hirsch.

    Zoom info (RTS), la série sur le Tibet produite par Michael Peuker, diffusée initialement dans l'émission Tout un monde

    Passages : Une dernière chance de fuir (Louie Media), par Jeanne-Marie Desnos ; Louise Hemmerlé à la production. Réalisation Théo Boulenger.

    Chefs, par David Ordono.

    Adapte-moi si tu peux par Victoire Bocquillon, Pascale Charpenet, Marianne Hugo et Jeanne Liénard.

    Systémique, par Roman Facerias-Lacoste. Production : Orson Production & La fabrique des parallèles.

    Archives du crime (INA) sur Simone Weber, par Véronique Chalmet.

    Amour jungle, L'été de Ben Mazué

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    36 分
  • Éric Scherer, 40 ans de journalisme et de r/évolutions des médias
    2025/07/19

    Éric Scherer a longtemps eu des positions de vigie de l’écosystème médiatique et de ses évolutions. Il a notamment été directeur de la stratégie à l’Agence France-Presse (AFP) puis directeur du MédiaLab, chargé de l’innovation et de la prospective à France Télévisions. Il prend sa retraite et a accepté de revenir, au micro de L’atelier des médias, sur les révolutions des médias à l’ère numérique... et aux temps nouveaux de l’intelligence artificielle.

    Au début de cet entretien de plus d'une heure, Éric Scherer exprime son attachement à la profession de journaliste. « Je suis très très fier d'avoir cette carte de presse et de l'avoir eue sans discontinuité depuis depuis 40 ans, depuis juin 1985, quand je suis entré stagiaire à l'Agence France-Presse. »

    Puis il reprend la célèbre formule de Jacques Chirac : « Notre maison brûle et nous regardons ailleurs. » Pour lui, ce fut un « sentiment assez pénible » de voir ses collègues et supérieurs ne pas vouloir anticiper les bouleversements du secteur des médias.

    Il décrit la situation actuelle avec le développement rapide de l'intelligence artificielle qui bouleverse tout. « Le numérique était finalement peu de choses à côté de ce qui est en train de se passer », assure-t-il.

    Éric a été le témoin privilégié de tournants majeurs, de l'échec du Japon à saisir la vague dématérialisée – malgré son avance électronique – ou encore l'explosion du web 2.0 aux États-Unis au milieu des années 2000.

    En France, Éric Scherer a lancé en 2007 le blog AFP Media Watch sur lequel il alertait les patrons de presse de la révolution en cours. Ils « disaient une chose : "Ça tiendra bien jusqu'à ma retraite." Je trouvais ça fondamentalement criminel, égoïste », se souvient-il.

    Il rapporte aussi l'arrogance d'un dirigeant de Google venu dire aux patrons de journaux français : « Vos contenus ne valent rien. Ils ne valent rien et ce sont des atomes dans un univers. Donc ne demandez pas d'argent. »

    Pour Éric Scherer, le journaliste est « extraordinaire[ment] conservateur », souvent trop la tête dans le guidon pour s'intéresser à l'économie de son secteur. Il illustre ce déni en donnant l'exemple de l'échec de la télévision à comprendre la transition vers le streaming.

    Il se désole que les réseaux sociaux, initialement perçus comme une « ​​​​​​​démocratisation » des outils de production, soient devenus des « ​​​​​​​déversoires de haine, des déversoires de complotisme, des déversoires de fake news, sans contrôle ».

    Aujourd'hui, l'heure est à l'intelligence artificielle. « ​​​​​​​Le numérique était une blague à côté de ce qui est en train d'arriver », avertit Éric Scherer. Face au « ​​​​​​​pillage » des contenus par les entreprises d'IA – souvent sans compensation –, l'UER (Union européenne de radio-télévision, ou EBU), dont il a présidé le comité News, a formulé cinq grandes demandes aux plateformes : la permission (demander l'accord pour utiliser les contenus), la compensation (rémunération), l'intégrité (protection de la source et de la marque), le pluralisme (diversité des informations traitées) et l'aide à la lutte contre la désinformation.

    Il reste optimiste sur le rôle des journalistes, même si les défis sont immenses. « ​​​​​​​Pour le coup, je suis assez convaincu que l'IA ne va pas remplacer les journalistes. En revanche, un journaliste qui sait utiliser l'IA, qui en est familier, va remplacer un journaliste qui ne le sait pas et celui qui ne veut pas s'y mettre est cuit, à mon sens. »

    Fraîchement retraité, Éric Scherer poursuit une vie d'« ​​​​​​​explorateur », souhaitant voyager – à Taïwan, notamment – et mettre derrière lui la veille effrénée du secteur des médias.

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    1 時間 9 分
  • Ce que révèle le Digital News Report 2025 de l'Institut Reuters
    2025/07/12

    L'Institut Reuters, rattaché à l’université d’Oxford, mène chaque année une grande enquête sur l’état de l’information dans le monde. Pour discuter de son édition 2025, parue récemment, L'atelier des médias reçoit la directrice de l’école de journalisme de Sciences Po Paris, Alice Antheaume qui a supervisé la partie française de cette étude internationale.

    Le Reuters Institute publie chaque année son Digital News Report, rapport mondial sur l'état de l'information, une vaste enquête menée auprès de 100 000 personnes réparties dans 48 pays.

    Les données du rapport 2025 révèlent une poursuite de l'exode des audiences des médias traditionnels vers les plateformes comme YouTube et les réseaux sociaux. La télévision poursuit sa baisse continue comme source d'information. Les podcasts connaissent un dynamisme notable, offrant des « voix nouvelles dans des formats différents » et s'adressant davantage aux moins de 35 ans avec des formats « plus incarnés » et moins liés à l'actualité chaude.

    La confiance dans les médias demeure « très mitigée », la France se classant à une décevante 41e position sur 48 pays, avec seulement 29 % des sondés déclarant une confiance satisfaisante. Alice Antheaume explique ce faible score par un « mauvais esprit français », culturellement méfiant, et une « mauvaise compréhension de ce qu'est notre métier » de journaliste, le travail de vérification étant « sans doute mal saisi ». Cette défiance est fortement corrélée à une crise de confiance plus globale envers les institutions.

    Concernant le paiement pour l'information en ligne, la France affiche un faible taux de 11 %, un chiffre « stationnaire » depuis des années. Pour Alice Antheaime, une des explications réside dans une « mauvaise éducation » à la valeur de l'information, le public ayant été habitué à l'accès gratuit via internet. De fait, seuls 11% des Français déclarent avoir reçu une éducation à l'information, soit le plus mauvais score parmi les pays étudiés. Pour y remédier, Alice Antheaume insiste sur l'importance de « nommer les choses » et d'instaurer de la « récurrence » dans l'éducation aux médias et à l'information (EMI) dans les cursus scolaires.

    Face à l'« accablement » et l'« impuissance » ressentis face aux nouvelles, 36 % des Français disent éviter activement l'information. Dans ce paysage, de nouveaux acteurs tels que HugoDécrypte attirent les jeunes audiences, avec 22 % des moins de 35 ans en France qui consultent ses contenus. Ses formats sont qualifiés de « très pédagogique » et aident à une meilleure compréhension d'un monde complexe.

    Malgré une perception peu populaire et des conditions d'exercice difficiles, le métier de journaliste conserve une « attractivité folle » chez les jeunes, assure Alice Antheaume. Mais une école de journalisme comme celle de Sciences Po Paris doit s'attacher à former les étudiants pour qu'ils puissent « durer dans ce métier », assure la directrice. La formation insiste sur le fact-checking, le reportage de terrain, et la compréhension des grands enjeux mondiaux. L'intégration de l'intelligence artificielle (IA) est également primordiale, avec des ateliers où les étudiants « ont produit des prototypes pour des médias déjà installés en intégrant et de l'info et des outils d'intelligence artificielle tout en se questionnant sur l'éthique ».

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    35 分
  • La post-réalité à la une du cahier de tendances de Méta-Media : entretien avec Kati Bremme
    2025/07/05

    Kati Bremme, directrice de l'innovation à France Télévisions et rédactrice en chef de Méta-media.fr, est l'invitée de L'atelier des médias pour discuter du dernier numéro du cahier de tendances de France Télévisions. Son titre : Bienvenue en post-réalité, une époque marquée par l'IA générative et ses défis pour les médias.

    Kati Bremme définit la « post-réalité » : ce monde où l'IA générative produit des contenus « plus vrais que la réalité », où des images et des vidéos quasi indiscernables du réel inondent internet, créant une « hyperréalité » où « l'illusion est plus crédible ». Cela instaure un « doute numérique » constant : tout contenu en ligne est par défaut suspecté d'avoir été généré.

    Ce flux inclut le « slop », ce « nouveau spam » composé de contenus créés par IA et générés en masse. Les IA, basées sur des probabilités, « hallucinent » sans distinguer le vrai du faux. Elles facilitent la « propagande assistée par intelligence artificielle » et l'usurpation d'identité médiatique pour désinformer.

    Face au « doute numérique » généralisé – il concerne près d'un internaute sur deux –, les médias publics doivent affirmer leur rôle de « média de confiance ». Leur valeur réside non pas dans la génération de contenu IA, mais dans la vérification des faits et la « relation humaine avec nos publics », rappelle Kati Bremme.

    Le journaliste devient « créateur de sens », au-delà de la curation d'informations omniprésentes. Il doit « décrypter, mettre dans le contexte » et « incarner l'information ». Ceci exige un retour au « terrain comme seule épreuve tangible du réel », pour reprendre les mots de Fabrice Arfi, journaliste à Médiapart, pour une confrontation directe à la réalité et aux personnes, démarche différenciante.

    Les IA conversationnelles deviennent en quelque sorte un « nouveau public » pour les journalistes, remâchant leurs contenus. Cela ouvre la voie aux « formats liquides » qui s'adaptent aux utilisateurs. Dans ce contexte, l'IA offre un « dividende d'intimité » : les internautes se permettent de lui poser des questions bêtes, sachant qu'ils ne vont pas être jugés – tout l'inverse des réseaux sociaux.

    Cependant, l'hyperpersonnalisation menace de créer des « bulles solipsistes », enfermant l'individu dans son raisonnement, ce qui nuit au débat démocratique. Face à l'hégémonie des géants technologiques, les médias sont dans une situation « perdant-perdant ». Aussi, iI est crucial de comprendre les intérêts économiques, d'être transparent sur l'utilisation de l'IA... et de chercher des alternatives, explique Kati Bremme.

    📖 Pour télécharger le cahier de tendances Méta-Media, c’est par ici.

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    31 分
  • Un « petit livre » pour « sauver l’information de l’emprise des milliardaires »
    2025/06/28

    Olivier Legrain, un millionnaire français mécène de la presse indépendante, cosigne avec le journaliste Vincent Edin un livre intitulé Sauver l’information de l’emprise des milliardaires (Payot, 2025). Dans L’atelier des médias, tous deux détaillent la mainmise d’une dizaine d’oligarques, en France, sur les secteurs de la presse et de l’édition. Ils avancent aussi des pistes de solutions face au péril que cette situation fait peser sur la démocratie française.

    L'entretien débute par la présentation du livre Sauver l'information de l'emprise des milliardaires, publié par l'éditeur français Payot en mai 2025.

    Olivier Legrain, millionnaire français et mécène de la presse indépendante, et Vincent Edin, journaliste indépendant, y décrivent la « concentration inédite des médias français » aux mains de « 10 milliardaires qui accaparent à eux seuls 90 % des ventes de quotidien nationaux, 55 % de l'audience des télévisions et 40 % de celle des radios ». Olivier Legrain explique cette concentration par un « capitalisme d'influence » et une « guerre culturelle et idéologique ». Il affirme que pour ces milliardaires, « perdre de l'argent est complètement secondaire ».

    Les menaces sur la démocratie et la qualité de l'information

    Olivier Legrain exprime son inquiétude et sa révolte face à cette situation, prévenant d'un « risque très important » de « vrai basculement dans notre pays » lors de la présidentielle de 2027. Il dénonce une « information à bas coût » qui « bafoue » la Charte de Munich. Vincent Édin critique le manque de fermeté du régulateur français des médias (l'Arcom), soulignant que les chaînes de Vincent Bolloré ont été « sanctionnées 52 fois pour manquement à leurs obligations à la déontologie journalistique » sans interdiction temporaire d'émettre.

    Le projet d'une Maison des médias libres à Paris

    Olivier Legrain, multimillionnaire, affirme que l'achat de médias n'est « absolument pas [sa] philosophie ». Il se considère comme un citoyen engagé, utilisant son patrimoine pour « la liberté de la presse, le côté pluraliste » et l'accueil des réfugiés en France. Depuis une décennie, Olivier Legrain a accompagné financièrement plus de 50 médias indépendants.

    Son projet de la Maison des médias libres, situé au 70 boulevard Barbès à Paris, représente un investissement de 25 millions d'euros pour 4 500 m² et 350 postes. L'objectif est de « créer de l'émulation » et des « synergies » entre les médias indépendants, leur permettant de mutualiser des fonctions et de « créer une puissance de feu supplémentaire ». Vincent Edin perçoit ce lieu comme un « petit phalanstère qui protège les médias indépendants » et un moyen de « se rassembler pour pas se faire écraser ». L'ouverture est espérée durant l'année 2027.

    Pistes de solutions et réformes

    Les auteurs plaident pour « changer les lois » afin d'interdire à un milliardaire de posséder plus d'un média, souhaitant qu'ils « ne fasse plus système ». Ils proposent un renforcement des sanctions pour les manquements à la déontologie et une distribution plus proportionnelle des aides à la presse. Olivier Legrain souligne l'importance de « sanctuariser le service public de l'information » et milite pour un « droit d'agrément » des journalistes sur la nomination de leur directeur de la rédaction. Vincent Édin plaide pour généraliser l'éducation aux médias (EMI) à tous les âges, car l'information est un « bien commun » et non une marchandise.

    Un combat pour le pluralisme et la démocratie

    Olivier Legrain explique qu'ils se bat pour que « la science, les faits, les sources fiables soient débattues sans être considérés comme des opinions comme les autres », et pour « sauver le pluralisme de l'information ». Pour lui, l'information, la justice et la science sont « les trois combats fondamentaux pour une démocratie ». Il conclut en citant Jacques Kayser (1955) : « L'information, au lieu d'être un bien commun au service des peuples tend à devenir une marchandise livrée aux lois du profit. »

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    42 分
  • Informer à l'heure de la post-vérité: points de vue québécois
    2025/06/21
    « Informer à l’heure de la post-vérité » était le sujet d’une table ronde du 3e Festival international du journalisme de Carleton-sur-mer, au Québec, mi-mai 2025. L'atelier des médias propose un compte rendu des échanges qui réunissaient une universitaire et trois directeurs de médias francophones canadiens. Il a été question d’intelligence artificielle, de régulation des plateformes ou encore de la notion de confiance. Marie-Ève Carignan est professeure titulaire au Département de communication de l’Université de Sherbrooke et cotitulaire de la chaire Unesco en prévention de la radicalisation et de l’extrémisme violents. Elle a aussi aussi été responsable des communications et analyste au Conseil de presse du Québec.Marc Gendron est éditeur chez Le Soleil et directeur principal croissance numérique des Coops de l'informationLuce Julien est directrice générale de l’information à Radio-Canada depuis 2018.Brian Myles est le directeur du quotidien Le Devoir depuis 2016 mais il y travaille depuis trois décennies. Il a enseigné le journalisme à l’UQAM, de 2000 à 2016. Il a aussi été président de la Fédération professionnelle des journalistes du Québec (FPJQ) de 2009 à 2013. Marie-Ève Carignan commence par rappeler que la post-vérité est un concept qui, bien qu'il ait été le mot de l'année du dictionnaire Oxford en 2016, ne fait pas l'unanimité parmi les chercheurs. Ce terme est apparu pour décrire une ère où l'on accorde moins d'importance aux faits et à l'information factuelle, et davantage aux émotions et aux croyances personnelles. Une époque du « tout se vaut ». Les évolutions technologiques, notamment la démocratisation d'Internet, l'explosion des réseaux sociaux et l'intelligence artificielle (IA), ont eu un impact sur le secteur des médias, ces derniers ayant perdu leur « centralité » dans la diffusion de l'information. Aujourd'hui, « n'importe qui peut devenir un créateur et surtout un diffuseur de contenu », et sur l'espace numérique, « on est presque tous à armes égales », explique Marc Gendron, du quotidien Le Soleil. Les théories du complot, auparavant confinées à des cercles restreints, peuvent désormais être diffusées à grande échelle et atteindre des personnes sensibles à ce type de propos. L'IA a encore amplifié ce phénomène, permettant l'existence de « fermes à fausses nouvelles ». Cependant, Brian Myles, directeur du quotidien Le Devoir, rappelle que « le premier facteur de désinformation, c'est un être humain », soulignant que la désinformation précède largement la révolution numérique. Pour lui, l'enjeu de notre époque est le passage de l'insulte « fake news » appliquée aux médias traditionnels à « un empire de fausses nouvelles » qui a engendré une « communauté qui est dans la croyance pour ne pas dire dans la crédulité », menant à une ère où « ce n'est plus je pense donc je suis, c'est je le pense donc c'est vrai ». Il précise que des études montrent qu'une personne sur quatre s'informe désormais sur les réseaux sociaux, et la moitié des personnes interrogées dans ces études considèrent Facebook comme « très crédible », alors que la plateforme a été un puissant véhicule de désinformation. Le blocage des contenus d'actualité sur Facebook et Instagram au Canada depuis le 1er août 2023, riposte de Meta à une loi canadienne obligeant le géant américain à payer les médias pour reprendre leur contenus, a eu des impacts mitigés. Un tiers des Canadiens ne sauraient même pas que les contenus d'actualités sont bloqués sur ces plateformes, rappelle Marie-Ève Carignan. À l'inverse, Brian Myles qualifie ce blocage de « bénédiction », car cela a poussé les utilisateurs à chercher directement l'information, apportant plus de trafic direct et d'abonnements numériques pour son média. À écouter aussi«L’ère de la post-vérité»: le regard d’un économiste sur les effets du capitalisme numérique Face à ces défis, plusieurs pistes de solutions ont été proposées pour continuer d'informer à l'ère de la post-vérité : Rétablir la confiance : Brian Myles insiste sur le fait que la confiance est le bien le plus précieux des journalistes. La transparence est essentielle : sur les méthodes, la structure de propriété, la séparation entre faits et opinions, l'admission et la correction des erreurs. Il faut également des journalistes de terrain qui reflètent la réalité des gens, des médias capables de connecter avec leur public et des espaces de rétroaction intégrants le lecteur.Développer les communautés et la proximité : Marc Gendron souligne l'importance de réinvestir dans des espaces de commentaires modérés sur les environnements propres (sites et applications) des médias pour créer un engagement et une communauté autour des contenus. Il faut que les médias de proximité aillent sur le terrain, ...
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    33 分
  • Information et migrations : la Charte de Marseille, nouvel outil pour les médias
    2025/06/14

    Un collectif de journalistes et de chercheurs a publié fin avril une charte consacrée au traitement des migrations par les médias. Ce texte a été pensé comme un outil pour transformer en profondeur la manière dont les médias abordent les questions migratoires.​ Eric Nahon, journaliste et formateur, co-auteur de la charte, et Tania Racho, de l'association Désinfox-Migrations, sont venus présenter cette charte dans L'atelier des médias.

    Pour Éric Nahon, cette Charte de Marseille sur l'information et les migrations, présentée durant les Assises du journalisme de la Méditerranée, vise à « mettre une pause sur le traitement médiatique de la migration et de se demander si on peut faire autrement ». Elle répond à un sujet « extrêmement complexe, émotionnel, polarisant » et parfois instrumentalisé.

    La Charte de Marseille est née du constat d'un « écart important entre la production émanant de la recherche en matière de migration et la couverture médiatique », explique Tania Racho, chargée de projet pour Désinfox-Migrations. Une notion comme la « submersion migratoire » n'est par exemple pas étayée par les études scientifiques.

    La charte vient en complément des textes déontologiques existants dans le journalisme, rappelle Éric Nahon, qui voit ce texte comme un « bouclier invisible » pour les rédactions et un outil de réflexion invitant les journalistes à « prendre un peu de recul, penser contre soi-même ».

    Parmi ses 11 principes, la charte promeut un traitement « transversal » des migrations. Elle exhorte à « rectifier les informations fausses » et à « exposer les mécanismes de la désinformation ». Un principe fondamental est de « veiller à ne stigmatiser aucune population ». Tania Racho insiste sur la nécessité de « ne pas invisibiliser les personnes migrantes » en leur tendant le micro et d'être « vigilant sur les termes employés ». Elle note que le mot « migrant », bien que correct, « véhicule une image qui est aussi stéréotypée ». L'utilisation d'images variées, loin des clichés de bateaux, est également recommandée.

    La charte souligne l'importance de « mettre en avant les faits, les replacer dans leur contexte ». Elle insiste aussi sur la formation des journalistes sur ces sujets et l'évaluation continue des pratiques médiatiques.

    À lire aussiUne charte adoptée à Marseille pour repenser le traitement médiatique des migrations

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