エピソード

  • Comment informer sur la guerre civile au Soudan ?
    2025/11/01
    Depuis plus de deux ans et demi, la guerre civile fait rage au Souan, devenu un «trou noir de l'information». Alors que s’y rendre est très compliqué, comment informer sur ce qui se passe dans ce pays ? Le journaliste Eliott Brachet, ancien correspondant de RFI à Khartoum, est l'invité de L'atelier des médias pour en discuter. La guerre civile qui ravage le Soudan depuis le 15 avril 2023 oppose les forces armées soudanaises du général Burhan aux paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) du général Hemetti. L'ONU décrit la situation comme la « pire crise humanitaire au monde » : 150 000 morts, 13 millions de déplacés et 25 millions de personnes en proie à la famine. Dans ce contexte, le journaliste indépendant Eliott Brachet, ancien correspondant à Khartoum (2020-2023) désormais installé au Caire, décrypte les défis qu'il rencontre pour continuer d'informer sur le Soudan. Eliott Brachet rappelle que son arrivée en octobre 2020 visait à raconter « la fenêtre de liberté qui venait de s'entrouvrir avec la chute d'Omar el-Béchir ». La révolution soudanaise de décembre 2018 avait engendré une effervescence culturelle et une grande liberté de ton, favorisant la naissance d’un journalisme indépendant. Mais la nouvelle génération de journalistes a vu son travail prendre « un grand coup dans l'aile » depuis l'éclatement du conflit et a souvent été contrainte à l'exil. L'une des difficultés majeures pour la couverture médiatique est de faire franchir au Soudan le « plafond de verre dans les médias et dans l'espace public ». L'exposition Soudan, la guerre sur les cendre de la révolution, qu'Eliott Brachet a supervisée à Bayeux, en Normandie, visait d'ailleurs à recontextualiser cette guerre, en rappelant les avertissements des manifestants après le coup d'État de 2021 : la présence des deux généraux à la tête de l’État ne pouvait mener qu'au chaos. Difficulté d'accès et courage des journalistes soudanais Informer sur ce conflit est rendu extrêmement complexe par les difficultés d'accès pour la presse internationale. Les visas sont délivrés «au compte-goutte», et tout journaliste qui parvient à entrer dans les zones contrôlées par l'armée régulière est souvent suivi de près. C'est ce qu'Eliott Brachet a pu constater lors de son dernier reportage au Soudan, fin 2024. Les accès sont encore plus compliqués du côté des FSR, milice aux lignes de commandement floues, où le risque est de «servir la propagande des groupes en place». Le danger le plus grand pèse sur les journalistes soudanais : 32 ont été tués depuis le début de la guerre, indique Eliott Brachet qui insiste sur l'importance de ces regards locaux, souvent équipés d'un simple téléphone portable, qui documentent la guerre. Ces sources, issues de la génération révolutionnaire (activistes, bénévoles dans des réseaux d'entraide civils), sont essentielles pour obtenir des informations. Malgré les risques, la population reste désireuse de parler aux journalistes étrangers, explique Eliott Brachet pour qui ce conflit n'est pas une «guerre oubliée, c'est plutôt une guerre négligée ou une guerre ignorée», car les informations et les images existent, même si elles sont difficiles à obtenir. Guerre d'influence et enjeu technologique Au-delà de l'affrontement fratricide, le conflit est une « guerre d'influence » avec des ramifications régionales. Le Soudan, riche en ressources comme l'or et le pétrole, voit l'exportation de ses ressources doubler, alimentant cette « économie de guerre » qui permet aux belligérants de s'armer. Chaque camp est soutenu par un réseau d'influence : l'armée régulière reçoit l'appui de l'Égypte, du Qatar, de l'Iran et de la Turquie, tandis que les FSR bénéficient d'un soutien des Émirats arabes unis, qui fournissent notamment des drones chinois de dernière technologie. Un autre défi moderne réside dans le rôle de Starlink. Ces connexions internet, souvent amenées par les acteurs armés (notamment les FSR), créent «une dépendance énorme des populations civiles aux acteurs militaires». Les civils doivent payer «un forfait à la minute pour pouvoir se connecter», transformant la communication en une source de revenus et un moyen de contrôle pour les forces en présence. Le recours aux sources ouvertes (OSINT) Face aux restrictions d'accès sur le terrain, le croisement des informations est crucial en raison de l'énorme propagande diffusée par les deux belligérants. L'utilisation de l'OSINT (enquête en sources ouvertes) et des images satellites est un moyen essentiel de suivre le conflit à distance. Eliott Brachet s'est rapproché de réseaux de journalistes et chercheurs, comme le laboratoire de recherche humanitaire de l'université de Yale, dont le travail permet de « documenter le pillage et la mise à sac et l'incendie en fait de nombreux villages au Darfour ». ...
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    36 分
  • GDIY : Matthieu Stefani explique son approche du podcast (rediffusion)
    2025/10/25

    Depuis 2017, Matthieu Stefani reçoit des chefs d'entreprises, des sportifs, des artistes. Son podcast Génération Do It Yourself est un projet rentable qui cumule un million d’écoutes chaque mois. Au micro de L'atelier des médias, Matthieu Stefani partage sa conception du podcast et détaille son approche, notamment en matière de modèle économique.

    Cet épisode est une rediffusion (en version courte) de l'émission du 15 mars 2025.

    Matthieu Stefani est un chef d’entreprise et podcasteur français dont le podcast a pour nom Génération Do It Yourself. Il promet de « décortiquer le succès des personnes qui ont fait le grand saut ».

    À son micro ont défilé ces dernières années plus de 400 chefs d’entreprise, sportifs, artistes. Parmi les derniers : l’auteur Joël Dicker, le fondateur de LinkedIn Reid Hoffman, le skipper vainqueur du Vendée Globe Charlie Dalin ou encore le metteur en scène Thomas Jolly à qui l’on doit les cérémonies d’ouverture et de clôture des Jeux olympiques de Paris. Mi-2024, le président Emmanuel Macron avait aussi accepté de répondre à son invitation : tout un symbole.

    Dans L'atelier des médias, Matthieu Stefani raconte sa conception du podcast et explique comment il parvient à dégager des revenus avec cette activité de créateur.

    Cet entretien s'est notamment appuyé sur une interview de Matthieu Stefani publiée par Mind Media.

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    25 分
  • Maurine Mercier, l’immersion pour « raconter la vie » dans l'Ukraine en guerre
    2025/10/18

    Depuis 2022, Maurine Mercier est correspondante en Ukraine. Pour la RTS, radio publique suisse francophone, elle produit un podcast nommé Carnets d’Ukraine. Le 11 octobre 2025, un de ses reportages a été récompensé au prix Bayeux Calvados-Normandie des correspondants de guerre. Maurine Mercier est l'invitée de L’atelier des médias.

    Lauréate du 1er prix radio au Prix Bayeux Calvados-Normandie des correspondants de guerre 2025 pour son reportage « Pokrovsk de fleurs dans les ruines », Maurine Mercier a exprimé sa surprise. « Je ne pensais pas que le jury de Bayeux serait assez punk pour récompenser ce reportage » dans lequel deux Ukrainiennens racontent qu'elles « redécouvrent leur plaisir sexuel dans une ville qui se fait envahir », a-t-elle expliqué sur scène.

    Correspondante en Ukraine depuis 2022, Maurine Mercier explique que les récompenses comme celle-ci – c'est la 3e fois en quatre ans qu'elle reçoit le 1er prix à Bayeux – l'aident à défendre devant sa hiérarchie l'importance de couvrir les conflits qui durent, malgré la « news fatigue ». Elle met en garde contre le risque que l'Ukraine devienne un « trou noir » médiatique.

    De Salgado au rejet de l'envoyé spécial

    Née à Lausanne en 1981, Maurine Mercier se souvient avoit été marquée à l'âge de six ans par une exposition du photographe brésilien Sebastião Salgado : un « déclic » pour « aller voir le monde ». Elle se souvient de la leçon que Salgado lui a donnée lors d'une interview : « Tu ne regardes pas assez bien. »

    Après avoir appris son métier à la télévision locale TVRL, elle entre à la RTS en 2012. Mais le rôle d’envoyée spéciale ne luit convient pas. Elle préfère « rester des années dans un pays pour être sûre de dire le moins de bêtises possible ». Aussi, en 2016, elle part s'installer à Tunis pour couvrir l'Afrique du Nord, principalement la Libye. Elle y restera six ans.

    Carnets d’Ukraine : le format « note vocale »

    Lorsque l’invasion à grande échelle de l’Ukraine éclate en 2022, Maurine Mercier est en Tunisie. Sa première expérience de zone de guerre remonte à 2014, lorsqu'elle s'était « autoprojetée » à Donetsk. Elle livre un « bras de fer » pour convaincre la RTS de l’envoyer en Ukraine, où elle s’installe durablement en août 2022.

    En février 2024, elle lance Carnets d’Ukraine, diffusé d'abord en radio sur la RTS. Avec une « écriture podcast » basée sur des pastilles au format « note vocale », afin de créer de la proximité avec les auditeurs. Pour la première fois, elle s'autorise l'emploi du « je » pour décrire ses émotions, car « mon je, en fait, c'est vous ».

    Être une femme journaliste en zone de conflit

    Être une femme est « toujours un avantage » sur le terrain, affirme Maurine Mercier. Elle prend l'exemple de la Libye, où les reporters masculins, ne pouvant entrer dans les maisons, sont privés d'échange avec la moitié de la population. En Ukraine, cela permet des « dialogues » plus profonds avec les soldats, car elle leur rappelle leurs proches.

    Maurine Mercier mentionne aussi Artem, son ami et fixeur, et avec qui l'humour est leur « médicament antidouleur ».

    Honnêteté et nécessité d'être à la hauteur

    Sa frustration professionnelle est de ne couvrir la guerre russe en Ukraine que depuis un seul côté car elle n'obtient pas de réponse à ses demandes pour aller dans les territoires ukrainiens occupés. Elle soutient qu'une guerre « ça se couvre de toutes parts », car c’est une manière de rétablir le dialogue et de dénoncer l'absurdité de la propagande.

    L'honnêteté est fondamentale pour le pacte de confiance avec le public, rappelle Maurine Mercier pour qui il est essentiel de montrer que l'Ukraine est complexe, ne pas omettre la corruption et les divisions. Elle conclut son intervention en espérant que ses reportages « puissent permettre à des jeunes [...] de faire quelque chose pour bâtir la paix, la démocratie », soulignant que les Européens doivent être « à la hauteur de ce qu'[ils] prétend[ent] défendre ».

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    55 分
  • ZOA, un média numérique pensé par, pour et avec les jeunes Africains francophones
    2025/10/11

    Un nouveau média 100 % Afrique et 100 % numérique, baptisé ZOA, a été lancé le 1er octobre à Dakar, au Sénégal. Rattaché au groupe France Médias Monde, la maison mère de RFI, ZOA promet de véhiculer un regard jeune et positif, offrant ainsi une voix et un média aux jeunes du continent africain. Steven Jambot s’est entretenu avec l'équipe de rédaction en chef de ce nouveau média, une semaine après le lancement.

    Kaourou Magassa, journaliste franco-malien, est rédacteur en chef de ZOA, et Cécile Goudou, journaliste béninoise, est son adjointe. Ce duo encadre la rédaction de ZOA, située dans le hub de France Médias Monde à Dakar : dix journalistes venus de cinq pays, et 16 correspondants répartis dans onze pays africains, pour une moyenne d'âge de 28 ans.

    Une ligne éditoriale axée sur le quotidien et la société

    ZOA a fait le choix de se concentrer sur les sujets de société et en évitant la politique politicienne. Les sujets abordés touchent l’entrepreneuriat, les initiatives citoyennes, la culture ou encore le sport.

    ► Retrouvez ZOA sur WhatsApp, TikTok, Facebook, YouTube et Instagram

    Kaourou Magassa explique la conception du journalisme à Zoa : « Le journalisme pour nous, c'est raconter le présent. Quoi de mieux pour raconter le présent de tendre le micro aux personnes qui nous font face, aux personnes qu'on entend pas beaucoup ». Ce sont ces histoires du quotidien, comme celle d'une femme pêcheuse à Pointe-Noire, qui intéressent ZOA.

    Cécile Goudou détaille les rubriques qui nourrissent cette ligne éditoriale, axées sur l'échange et la transmission : « On a des rubriques comme Diaspora par exemple dans laquelle on raconte ces jeunes qui quittent leur pays pour 'se chercher', comme on dit dans notre jargon ». D'autres rubriques, comme Quand j'avais 20 ans, permettent aux aînés qui ont réussi de raconter leur parcours aux plus jeunes.

    Proximité, rigueur et lutte contre la désinformation

    ZOA diffuse ses contenus sur l'ensemble des réseaux sociaux (YouTube, Facebook, TikTok, Instagram, WhatsApp), adaptant ses formats : long format pour les grands reportages sur YouTube, et formats plus courts sur les autres réseaux. L'équipe vise une approche « horizontale » de l'information, adoptant une logique de communautés.

    La proximité est renforcée par l'incarnation des sujets à l'écran. De plus, le média a opté pour le tutoiement afin de s'adresser directement à son public : « Nous tutoyons ces jeunes-là pour leur dire : 'Nous sommes des jeunes comme vous' », explique Cécile Goudou.

    L'une des missions fondamentales de ZOA est la lutte contre la désinformation. Cécile Goudou souligne : « Nous donnons des outils, nous partageons des expériences et on se dit qu'on a également cette mission primordiale de donner les clés aux jeunes Africains [...] de pouvoir décellerer le vrai du faux ».

    Malgré les commentaires sur un potentiel « téléguidage » de ZOA par la France, Cécile Goudou réaffirme l'indépendance de la rédaction : « ZOA est une rédaction qui a une autonomie éditoriale incontestable, vérifiable ».

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    38 分
  • Journalisme d’impact : un guide pratique conçu par Disclose et Rembobine
    2025/10/04

    Deux médias indépendants français, Rembobine et Disclose, viennent de publier un guide du journalisme d’impact. Il montre que les productions éditoriales peuvent avoir des effets médiatiques, sociaux, judiciaires et institutionnels. Mais comment préparer, mesurer et prolonger cet impact ? Steven Jambot en discute avec Mathias Destal, cofondateur de Disclose, et Cécile Massin, cofondatrice de Rembobine, qui ont participé à la rédaction de ce document ressource pour les médias.

    « Le journalisme d’impact, c'est une approche qui vise à transformer positivement la société grâce à des enquêtes (...) permettre de passer de l'indignation à l'action », explique Mathias Destal, rédacteur en chef de Disclose.

    L'adoption du journalisme d'impact intervient dans un contexte de « multiples crises » pour les médias. Cécile Massin, cofondatrice de Rembobine, rappelle la défiance grandissante des citoyens envers les médias. Aussi, pour les citoyens, voir que les enquêtes ont des conséquences tangibles – qu'elles soient judiciaires, institutionnelles, sociales ou médiatiques – est une preuve d'utilité.

    Téléchargez le Guide du journalisme d'impact

    Selon Cécile Massin, ce travail est essentiel pour montrer « que le journalisme parfois peut réussir à faire bouger les lignes et que contrairement à ce que on entend parfois, [il] sert à quelque chose ».

    L'impact s'anticipe et se prépare

    La démarche d'impact est un processus qui se prépare rigoureusement. Cécile Massin insiste sur la pensée stratégique qui doit encadrer l'enquête : « Nous, la notion de l'impact, on l'a vraiment travaillée avant publication, au moment de la publication et après. C'est vraiment l'idée de penser l'impact de façon très globale. »

    Il est aussi crucial de choisir les bons formats pour toucher la cible visée, car « si on sort une enquête dans un format qui ne correspond pas à la cible, potentiellement elle peut passer complètement à côté de l'objectif ».

    Mathias Destal rappelle l'importance de cibler les « bonnes personnes » : l'objectif est de s'assurer que les informations atteignent « celles et ceux qui ont le pouvoir de changer les choses ». La collaboration (consortiums, partenariats médiatiques et multilinguisme) est désormais de plus en plus répandue dans le journalisme d'enquête pour multiplier la portée d'une production éditoriale.

    L'engagement des audiences et des communautés est également crucial. Mathias Destal conclut que l'impact est ce qui motive les lecteurs : « Le journalisme, selon nous, doit vraiment participer, voir provoquer le changement et en appelant en fait qu'il existe des impacts à nos productions journalistiques, les gens retrouvent de l'intérêt, de l'amour et de la compréhension dans la mission qui est la nôtre. »

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    30 分
  • Moldavie : des élections cruciales sur fond d’ingérences informationnelles
    2025/09/27

    L’atelier des médias est délocalisé à Bucarest, en Roumanie, alors que se tiennent dimanche des élections législatives cruciales en Moldavie voisine. Pour discuter des enjeux informationnels autour de ce scrutin, Steven Jambot reçoit Ovidio Nahoi, rédacteur en chef de RFI România, et Cristina Dobreanu, cheffe des environnements numériques de RFI România et coordinatrice du média ENTR en Roumanie. Aussi, par téléphone de Chișinău, la vice-présidente du Conseil de l’audiovisuel de Moldavie, instance de régulation des radios et télévisions moldaves, Aneta Gonța.

    Les enjeux de ce scrutin sont considérés comme « fondamentaux pour l'orientation politique de ce pays dans le contexte régional très tendu », explique Ovidio Nahoi. Il souligne qu’une victoire du camp pro-russe transformerait la République de Moldavie en point de fixation « pour la guerre hybride russe en Roumanie et dans la région ».

    Face à cette menace, RFI România adapte son dispositif, notamment via son émission quotidienne Moldova Zoom et des reportages sur le terrain, dont certains réalisés en collaboration avec Deutche Welle (DW). Ces reportages visent des zones « qui sont plutôt grises ou qui sont pourquoi pas prorusses », comme à proximité de la Transnistrie.

    Cristina Dobreanu insiste sur le fait que la désinformation prend la forme d'une « guerre idéologique », évoquant des faux discours d'une l'annexion de la Moldavie par la Roumanie ou une « colonisation économique » par l'UE. Les médias s'efforcent d'offrir une perspective de terrain, allant à la rencontre des citoyens habituels pour raconter leurs histoires.

    Du côté de la régulation, Aneta Gonța explique que le Conseil de l'audiovisuel veille à ce que les radios et télévisions respectent la loi et les normes déontologiques, notamment concernant les campagnes agressives de désinformation. Le CA est obligé de présenter des rapports hebdomadaires à la commission électorale centrale et distribue des amendes en cas de violation grave. Des sanctions ont été imposées récemment pour la diffusion d'émissions de promotion électorale contenant de la propagande anti-LGBT.

    Cependant, le pouvoir du régulateur moldave est limité. Aneta Gonța déplore que « malheureusement, le Conseil de l'audiovisuel moldave n'a pour l'instant pas les mêmes compétences que le Conseil national de l'audiovisuel roumain », notamment sur les services non linéaires (en ligne). Elle exprime également une frustration quant aux territoires sécessionnistes : si le CA n'a aucun pouvoir en Transnistrie, les distributeurs de la région de Gagaouzie refusent de respecter la loi moldave.

    Dans la sphère numérique, jugée « plus dangereux » à cause de plateformes comme TikTok et Telegram, RFI România s'associe à l'innovation, étant partenaire du projet ChatEurope. Ce robot conversationnel utilise l'intelligence artificielle pour fournir des réponses vérifiées par des journalistes, garantissant ainsi qu'il n'y aura pas « de fausses réponses ».

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    37 分
  • Comment bien traiter l'environnement dans les médias
    2025/09/20

    Bien traiter l’environnement dans les médias, c’est le titre d’un livre publié en France à destination des journalistes. Car si les enjeux écologiques prennent davantage de place dans l’actualité qu’il y a quelques années, il reste encore du travail. L'atelier des médias reçoit les deux auteurs de ce manuel pour faire le point et trouver des pistes pour mieux informer sur ces questions qui nous concernent toutes et tous.

    Béatrice Héraud et Valéry Laramée de Tannenberg, co-auteurs de Bien traiter l'environnement dans les médias, paru en juillet 2025 chez ÉdiSens, dressent un bilan mitigé du traitement de l’urgence écologique par les rédactions. Ce qu'ils qualifient de « défi principal du XXIe siècle » est largement « sous-traité et maltraité par les médias ».

    Un traitement « extrêmement inégal » et hors sol

    Pour Béatrice Héraud, journaliste spécialisée sur ces questions depuis quinze ans, le traitement de l'environnement est « extrêmement inégal selon les supports ». Elle observe que lors des débats politiques, en particulier durant les campagnes électorales, il y a « extrêmement peu de questions sur l'environnement ». Lorsque ces sujets sont abordés, c'est presque « quasiment exclusivement sous le prisme de l'énergie ».

    Valéry Laramée de Tannenberg, qui entre autres casquettes est président de l'Association des journalistes de l'environnement (AJE), note que, malgré une augmentation du nombre de sujets, « on a sacrifié la qualité ». Il insiste sur la nécessité que tous les journalistes se saisissent des enjeux écologiques, au-delà des rubriques spécialisées. Par exemple, il qualifie d' « hors sol » les journalistes économiques qui n’interrogent pas les patrons sur l'impact climatique de leurs activités.

    La peur d'être considéré comme militant et la complexité scientifique

    L’un des freins majeurs est le manque de formation. Valéry Laramée de Tannenberg rappelle que l'écologie « c'est de la biologie, c'est de la physique, c'est de la thermodynamique, c'est plein de choses très compliquées », ce qui nécessite de s'y plonger « pleinement et de façon ardue » afin de créer un socle de compétences commun.

    Béatrice Héraud confirme que la difficulté principale soulevée par les professionnels qu'elle rencontre lors des formations qu'elle dispense, c'est la crainte « d'apparaître comme militant ». Or, comme le rappelle Steven Jambot, le paradoxe est que l'« on se retrouve à être accusé d'être militant alors même que l'on est du côté de la science ».

    Face à l’écoanxiété – qui touche aussi les journalistes –, Béatrice Héraud suggère que les médias proposent des sujets « plus orientés solution », permettant aux journalistes de « sortir la tête de l'eau ».

    Valéry Laramée de Tannenberg cite en exemples deux quotidiens britanniques, le Financial Times et le Guardian, qui considèrent le climat comme un sujet transversal, devant « être traité par tout le monde ». Il conclut que la défense de l’environnement est « un projet de société » qui doit être porté par l’ensemble des composantes du débat public, dont les médias.

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    34 分
  • Quand médias et ONG sont entravés par le droit : entretien avec Sophie Lemaître
    2025/09/13

    La juriste française Sophie Lemaître publie Réduire au silence, un livre dans lequel elle décrit « comment le droit est perverti pour bâillonner médias et ONG » dans des régimes autoritaires… mais aussi dans des démocraties comme la France.

    Sophie Lemaître, docteure en droit, dépeint un phénomène mondial, le lawfare, qui menace gravement la liberté d'expression et l'espace civique. Si ce concept vient du domaine de la guerre, il « se transvase très bien pour tout ce qui est atteinte à la liberté de la presse, à la liberté d'expression et à la liberté d'association », explique-t-elle. Elle qualifie cette pratique d'« arme de dissuasion massive parce que le droit n'est plus à nos côtés, il est utilisé contre nous, contre la liberté d'informer et notre droit d'être informé ».

    Les cibles sont clairement identifiées : les journalistes et les défenseurs des droits humains. La stratégie est simple : « à partir du moment où vous travaillez sur des sujets qui dérangent des intérêts puissants, qu'ils soient politiques ou privés, on va utiliser le droit pour vous réduire au silence ». Les « poursuites bâillons » ou SLAPP (Strategic lawsuits against public participation) sont emblématiques de cette tactique. Leur objectif premier n'est pas de gagner le procès, mais d'« épuiser financièrement, émotionnellement, personnellement » la cible. Ainsi, dit-elle, « c'est la procédure qui vous étouffe ».

    La diffamation est la procédure la plus couramment travers le monde. Son danger réside dans le fait que « dans plein de pays, la diffamation est criminalisée. Donc, on peut avoir une une amende, mais on peut également aller en prison. » L'effet est « vraiment dissuasif. (...) Est-ce que vous allez continuer à écrire sur la corruption ou sur les atteintes dans l'environnement ? Vous allez peut-être vous poser deux fois la question avant de publier un article ou une enquête sur le sujet. » Sophoe Lemaître cite l'exemple du groupe français Bolloré qui a déposé « une vingtaine de plaintes en diffamation » dès qu'un article « pouvait déranger ».

    Les poursuites transfrontalières, où la plainte est déposée « non pas dans le pays dans lequel le journaliste vit mais à l'étranger », amplifient la difficulté : « Vous ne connaissez pas le pays, vous ne maîtrisez peut-être pas la langue. Clairement vous ne maîtrisez pas le système judiciaire. Donc ça va vous obliger à devoir trouver un avocat spécialisé et ça va vous coûter beaucoup plus cher. »

    Les États ne sont pas en reste. « Ils ont tout un arsenal disponible qu'ils peuvent utiliser contre les médias et les associations. » Les lois sur les « agents de l'étranger » en Russie, en Hongrie ou en Géorgie en sont un exemple typique. Les avocats qui défendent des journalistes deviennent eux aussi parfois des « cibles prioritaires ».

    Face à ces menaces, Sophie Lemaître souligne l'importance de la riposte et de l'union. Elle mentionne la « directive européenne contre les poursuites bâillons » comme un pas significatif. Pour les citoyens, l'action est cruciale : « une première chose que l'on peut faire, c'est de repartager quand vous voyez des enquêtes de journalistes, repartager leurs enquêtes. [...] alertez, parlez-en autour de vous. » Elle conclut sur le « sentiment d'urgence » qui l'a fait écrire ce livre : « On est à un point de bascule. On peut très facilement aller du côté d'une démocratie illibérale ou une autocratie. » Il est donc « essentiel de se mobiliser, de soutenir les associations, les journalistes, mais aussi les magistrats qui sont ciblés ».

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    28 分