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Allemagne: à Wolfsburg, les perspectives sombres pour Volkswagen inquiètent ses salariés
- 2025/04/19
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サマリー
あらすじ・解説
Le marché intérieur est atone, les ventes reculent en Chine et l’entreprise a traversé, à l’automne dernier, une des plus graves crises de son histoire. Volkswagen, le géant automobile allemand, fort de ses dix marques, va réduire ses effectifs de 35 000 personnes d'ici à 2030. Autant dire que l’annonce par l’administration Trump de droits de douane de 25 % sur les voitures importées tombe au pire moment pour Volkswagen qui vend un million de véhicules aux États-Unis. RFI s'est rendu au siège du groupe à Wolfsburg pour savoir comment la population et les salariés perçoivent cette mauvaise nouvelle.
De notre envoyé spécial à Wolfsburg,
À l’arrivée à la gare de Wolfsburg, au centre de l'Allemagne, la vue est imprenable sur le gigantesque site de Volkswagen (VW), l’équivalent de 650 stades de foot. De l’autre côté, la ville avec son charme d’après-guerre très discret. En cette journée printanière, de nombreux retraités prennent le soleil sur des bancs de la zone piétonnière. Ils ne sont pas menacés par les droits de douane, mais concernés. Volkswagen fait partie de leur ADN, comme pour cet Italien d’origine, Nicola Motta, qui a fait toute sa carrière dans l’entreprise. « Volkswagen, c’est tout pour moi. Regardez le dos de mon téléphone. Là, c'est mon village en Calabre et en dessous l’usine de Wolfsburg », montre-t-il.
Le retraité est fier de ses deux fils, tous les deux ingénieurs chez Volkswagen, à Wolfsburg même et en Chine. Mais aussi inquiet pour eux. « Si ça va mal pour Volkswagen, ça nous concerne aussi. On s’inquiète avec ce président américain. Nous n’avons pas confiance en lui. Le matin, il dit blanc, à midi noir et le soir autre chose », explique-t-il.
L’ingénieur Torsten Bleibaum travaille depuis trente ans chez Volkswagen. Pour lui, la crise sociale de l’automne dernier était bien plus grave que les actuels droits de douane américains. « Je ne peux pas confirmer dans mon entourage le pessimisme ambiant dans les médias actuellement, même s’il est peut-être justifié, estime-t-il. Pour beaucoup, ces droits de douane, c’est beaucoup trop abstrait. Je ne crois pas que ça soit si dramatique. »
Au café Pinocchio, Silvestro Gurrieri sirote un espresso. Ce Sicilien est arrivé dans les années 1970 à Wolfsburg où il a fait toute sa carrière. Membre du parti social-démocrate et du puissant syndicat IG Metall, Volkswagen est sa deuxième famille. « Ces droits de douane de Donald Trump sont une catastrophe totale. Ça nous frappe fortement et on s’inquiète. Volkswagen a surmonté la crise de l’an dernier et maintenant ces problèmes surgissent sur lesquels nous avons peu d’influence », regrette-t-il.
Alexander Jordan est le nouveau député de la circonscription. Ce chrétien-démocrate a fait carrière chez un sous-traitant de l’industrie automobile et connaît bien le secteur. « Les inquiétudes sont palpables même si la situation reste calme. Il n’y a pas de conséquences directes pour l’instant après l’introduction de ces droits de douane, mais elles se profilent à l’horizon », redoute-t-il.
Les droits de douane de 25 % en vigueur depuis le début du mois pour les voitures exportées aux États-Unis s’appliqueront en mai à 150 produits fabriqués par les sous-traitants du secteur automobile. VW a entamé des négociations directes avec les États-Unis pour obtenir des taxes douanières plus avantageuses en échange d’une production plus importante de l’entreprise sur le sol américain, notamment pour Audi.
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