エピソード

  • Côte d’Ivoire: les producteurs de coton dans la déprime [1/2]
    2025/06/16

    Depuis l’invasion des champs par des insectes ravageurs, les jassides, il y a trois ans, les producteurs ivoiriens de coton ont été découragés. Leur nombre a chuté de 139 000 à quelque 100 000. La production de coton graine, 559 000 tonnes en 2020-2021, a plongé de 50 % selon Intercoton, l’interprofession cotonnière. Des solutions ont bien été trouvées avec l’appui du Centre national de recherche agronomique (CNRA). Mais la déprime des cotonculteurs est toujours palpable alors qu’ils s’engagent dans une nouvelle campagne. Reportage dans la région de Korhogo.

    Mamadou Silué est producteur de coton. Son neveu l’aide à préparer les sols : à cette étape, il utilise la force d’une charrette tractée par deux bœufs. Depuis la crise des jassides, dans le nord de la Côte d'Ivoire, ce producteur a décidé de réduire les surfaces dédiées au coton. « Avant l’arrivée des jassides, je faisais 23 ha de coton et 2 ha de riz. Mais compte tenu de l’arrivée des jassides, j’ai essayé de diminuer le champ, en faisant 15 ha de coton. Le reste est réparti sur le vivrier : une partie pour le riz et une partie pour le maïs. Il faut avoir quelque chose sous la main pour pouvoir manger. Concernant le maïs, on utilise une partie et le reste, on le vend ».

    Ces producteurs sont confrontés à un problème : la baisse des rendements. « Avant, si vous faisiez bien le travail, vous pouviez obtenir 2 tonnes par hectare, explique Salia Coulibaly, un autre cotonculteur. Mais l’an passé, on n’a pas eu 1,2 tonne. Ça a diminué ».

    Épuisement des sols

    Selon des scientifiques, cette baisse de rendements est en partie liée aux changements climatiques. Mais aussi à la baisse de fertilité des sols. « À force d’utiliser les mêmes parcelles, au fil des années, on a un épuisement des réserves, des éléments dont la plante a besoin pour pouvoir véritablement se développer, constate Jérôme Kouassi, assistant chercheur au Centre international de recherche en agroforesterie. Il y a aussi le fait que les applications d’engrais ne sont pas faites sur la base de l’analyse des sols : on peut apporter des éléments en trop, qui ne sont pas nécessaires, qui au fil du temps, au lieu de contribuer à la productivité, vont contribuer à la baisse de cette productivité ».

    Producteurs endettés

    Les sociétés cotonnières, qui encadrent les producteurs, ressentent fortement cette baisse des rendements et s’interrogent sur l’avenir de leur activité. « Je travaille avec près de 30 000 producteurs. Et comme ça fait deux ans que les rendements ne sont pas bons, ils sont très endettés, constate Adama Tchelibé Silué, directeur général de la Compagnie ivoirienne de coton. Ne pouvant pas rembourser sa dette, le producteur est découragé pour les campagnes à venir… En temps normal, on égrainait de novembre jusqu’en avril. Mais aujourd’hui, quand vous démarrez en novembre, en février, le coton est fini. Nos usines, nos investissements… on commence à s’inquiéter. Qu’est-ce que vont devenir nos investissements. Les bilans (financiers) commencent à être négatifs pour les sociétés cotonnières ». Autre source d’inquiétude selon ce responsable : la présence d’une autre forme de jassides, détectée dans plusieurs parcelles.

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  • «Tchad Connexion 2030» : le nouveau plan national de développement pour moderniser le pays
    2025/06/15

    Au Tchad, le plan national de développement vient d’être adopté en Conseil des ministres. Baptisé Tchad Connexion 2030, ce plan entend mobiliser 30 milliards de dollars publics et privés pour désenclaver le pays et diversifier l’économie tchadienne, encore très agricole et pétrolière. Il s’agit d’atteindre 8% de croissance dans cinq ans, alors que l’extrême pauvreté, qui atteint plus de 40% de la population tchadienne, s’est encore aggravée cette année.

    Le plan, baptisé Tchad Connexion 2030, souhaite mettre en valeur la position centrale du Tchad en Afrique, en faire un nœud logistique. « Tous les grands corridors africains, du nord au sud, de l'est à l'ouest, transitent par le Tchad, souligne le ministre tchadien des Finances, Tahir Hamid Nguilin, qui a participé à la définition de ce plan. Le terme connexion ici marque la volonté de nous positionner comme un hub logistique, mettre en place l'ensemble des moyens nécessaires à ce que la navigabilité sur le lac Tchad soit effective avec des ferries, des ports, des débarcadères… »

    Faciliter la transformation des produits agricoles et miniers

    Électrifier à 90% les zones urbaines et à 60% l'ensemble du pays, fournir de l’eau à 11 millions de personnes supplémentaires…, le plan prévoit aussi de doubler la scolarisation en primaire grâce à l’ouverture de l’enseignement au secteur privé, qui est également attendu, souligne le ministre, dans le secteur de l’or et de la transformation industrielle des produits de base. « Nous voulons que le secteur privé, avec des licences, avec des conditions financières, des facilités fiscales et douanières sans pareil, puisse investir et connecter à l'énergie notre population et passer à l'industrialisation et à une transformation plus poussée de nos matières qui sont les mines, les produits agricoles, les produits d'élevage, l'arachide, le sésame, la gomme arabique et des produits de niche comme la spiruline. »

    Un atout, le faible endettement du Tchad

    Ce plan de 30 milliards de dollars élaboré par les autorités de Ndjamena, en collaboration avec la banque Rothschild et le cabinet Roland Berger, est très ambitieux, mais le Tchad a un atout : son très faible endettement. « C'est ambitieux et on voit malheureusement souvent de ce genre de plans publiés par les ministères sans que ce soit vraiment suivi d'effet, observe Charles Bouessel, analyste Afrique centrale chez International Crisis Group. Mais un des rares points positifs pour le Tchad, c'est qu'il a des capacités de financement bien supérieures aux autres pays de la CEMAC parce que sa dette équivaut à seulement 30% de son PIB, ce qui est trois fois plus faible que le Congo par exemple. »

    Le Tchad est sorti de la période compliquée du remboursement de prêt contre des barils à Glencore, ce qui lui permet de profiter davantage de ses revenus pétroliers. Le FMI soutient son plan avec sa facilité élargie de crédit. Mais le défi du développement est gigantesque, avec un demi-million de Tchadiens supplémentaires plongés dans l’extrême pauvreté, depuis les inondations.

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  • Au salon VivaTech, les start-up africaines se cherchent une place dans la compétition mondiale
    2025/06/12

    Les start-up africaines sont de plus en plus nombreuses à VivaTech, le salon des nouvelles technologies à Paris. Venant du Sénégal, du Nigeria, de Côte d'Ivoire, elles témoignent de la difficulté à trouver des financements.

    Comment être certain que ses enfants sont bien arrivés à l'école ? L'idée de Magatte Sylla est simple. Au sein de sa start-up Quitus, il a créé un dispositif de pointage biométrique. « Quand l’enfant se présente au niveau de l’établissement, il pose son doigt sur le dispositif et le parent reçoit un SMS instantanément », explique-t-il. Il le teste d'ailleurs dans plusieurs établissements dakarois.

    Quitus cherche un million de dollars

    Ce pitch, Magatte Sylla le répète toute la journée au salon VivaTech, en France, auprès d'autres startupeurs et auprès de potentiels investisseurs qui font ce qu'on appelle le « due diligence » : une analyse poussée du projet avant de signer le chèque. « Aujourd’hui, on ne peut pas avoir un contact avec un investisseur et avoir les financements tout de suite, ça prend beaucoup de temps. C’est l’ordre normal des choses, mais ce qui est sûr, c’est que l’on toquera un jour à la bonne porte qui nous permettra de lever ce million de dollars qu’on est en train de rechercher », assure-t-il. Mais les grosses levées de fonds se font plus rare. Les investissements ont baissé mondialement dans l’écosystème tech et l'Afrique a bien du mal à les attirer.

    Trop peu de licornes africaines

    Yaya Koné en est à sa seconde start-up en Côte d'Ivoire. Il témoigne de la difficulté à trouver des financements pour les jeunes pousses du continent. « Les investisseurs recherchent des retours sur investissement par trois ou par quatre et qui arriveraient après quatre à cinq ans de développement. Ça, c’est le "classique" mais ça ne marche pas en Afrique. Il nous manque un cadre réglementaire, il y a encore plein de choses à faire. Il y a quand même quelques licornes au Nigeria, en Égypte, au Kenya, mais c’est une goutte d’eau par rapport à ce qu’il se fait au niveau mondial. Pour que cela soit massif, il faut travailleur sur l’approche de l’investissement de nos start-up », estime-t-il. Des investisseurs frileux au risque. Certains États africains profitent des trois jours de VivaTech pour mettre en avant leurs startups et donner confiance aux financeurs, très nombreux à Paris pour cet évènement tech.

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  • Dans le nord de la Côte d'Ivoire, le ramassage du karité a débuté
    2025/06/11

    En Côte d’Ivoire, la campagne de ramassage du karité a démarré, dont le pays est le cinquième producteur mondial. Cette filière est désormais régulée par le Conseil du Coton et de l'Anacarde. Avec le tout début de la saison des pluies, dans le nord du pays, les femmes activent dans ce domaine sont en plein ramassage.

    Avec notre envoyée spéciale à Bouna,

    Dans cet espace communautaire en périphérie de Bouna, plusieurs femmes sont accroupies et ramassent des amandes de karité. Il faut aller vite, car un troupeau de bœufs dévorent les fruits mûrs tombés au pied des arbres de karité. « Je viens ici tôt, vers 5h30, puisque ce fruit est prisé par tous les animaux, à cause de sa pulpe qui est très sucrée. Il faut être rapide pour le récolter avant eux », explique Béninguiéla Hien.

    Cette activité attire plus de monde, car la précédente campagne a été favorable. En effet, les amandes de Côte d’Ivoire étaient montées en flèche l’an dernier, après que le Mali et le Burkina Faso ont pris des mesures pour suspendre l’exportation de leurs amandes de karité. Cette hausse a attiré plus de femmes dans la collecte des amandes. En période de récolte, ces travailleuses peuvent gagner jusqu’à 2 500 francs CFA par jour.

    Des prix sur les marchés à la hausse

    Cette activité permet d’améliorer la qualité de vie de ces femmes. « L’activité se porte bien : avant, je ramassais beaucoup d’amandes de karité, mais les prix étaient faibles. Depuis l’an dernier, cela a changé : je fais des bénéfices. Par exemple, cet argent me sert à scolariser mes enfants », témoigne Kamou Sambéna.

    Une fois récoltées, ces amandes sont ensuite vendues à des coopératives. À l’image de Scoop Prokobab, qui regroupe 600 femmes à Bouna. Cette coopérative transforme ce fruit en beurre de karité. La hausse des prix sur les marchés internationaux a été répercutée sur les prix des produits revendus par cette coopérative. Ce qu’explique Siatta Ouattara, la présidente de cette organisation : « Aujourd’hui, la concurrence est rude. On va vendre cher notre amande que nous allons produire. Le kilo qui était à 200 francs CFA est passé à 700. Donc le kilo [d’amandes] a triplé. Le beurre [de karité] que nous vendions à 1 000 francs CFA est passé à 2 000. Et le kilo de beurre de karité que l’on vendait à 1 500-2 000 francs CFA, on est obligé de le vendre à 3 000. »

    Cette coopérative réalise l’essentiel de ses bénéfices sur les dérivés du karité. Notamment les produits cosmétiques fabriqués à partir des résidus de coques de karité, ou encore les briques de tourteaux, utilisés comme combustible. Le prix du karité sera fixé d'ici à la fin du mois de juin, en concertation avec le Conseil du coton et de l'anacarde.

    À lire aussiSans le Mali et le Burkina Faso, le prix des amandes de karité explose

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  • Congo-B: le gouvernement annonce la fin des contrats de cession des terres au Rwanda
    2025/06/10

    Au Congo-Brazzaville, le gouvernement a annoncé la fin d'une mesure controversée : la mise à disposition de terres notamment pour des projets agricoles à des entreprises rwandaises. Des accords avaient été signés en 2022, mais ils avaient provoqué un tollé dans une partie de l’opinion. Aujourd'hui, les conventions sont déclarées caduques.

    C'est une déclaration qui a fait grand bruit jeudi dernier lors de la conférence de presse de la « quinzaine du gouvernement » congolais. « Vous vous rappelez la polémique sur la fameuse histoire des terres rwandaises, la salive, l'encre que tout cela a fait couler, interroge le porte-parole du gouvernement Thierry Moungalla s’adressant aux journalistes. Mais pourquoi vous ne vous êtes pas demandés quelle a été la suite ? Pourquoi on n'en parle plus ? Parce que tout simplement, le dossier est terminé. »

    Dossier terminé même si aucun document officiel sur cette résiliation n'a été fourni. Les entreprises titulaires d'un bail sur ces terres auraient été notifiées.

    Le conglomérat rwandais Crystal Ventures au cœur du dossier

    Ce que rapporte le porte-parole du gouvernement congolais, Thierry Moungalla, c'est qu'une clause dans les contrats initiaux prévoyait que si aucun projet n'avait été réalisé 8 décembre 2024 sur les zones, l'accord devenait caduc. « Figurez-vous que le 8 décembre, n'ayant pas eu de retour positif eu en tout cas, pas de retour cohérent des entreprises concernées, le ministre d'État Mabiala, ministre des Affaires foncières, qui avait délivré au nom du gouvernement les autorisations, a informé les partenaires que c'était annulé », explique Thierry Moungalla.

    Pourtant, les zones d'ombre restent immenses dans ce dossier. On trouve trace dans le Journal officiel congolais du 18 mai 2022 de la mise à disposition de 12 000 hectares à la société Eleveco Congo pour une durée de 20 ans dans le département de la Bouenza. Il s'agit d'une filiale du conglomérat Crystal Ventures, propriété du FPR, le parti au pouvoir au Rwanda.

    Des accords critiqués au Congo-B

    Ce qui inquiétait Kinshasa, c'étaient surtout les accords concernant la zone économique spéciale (ZES) de Maloukou. Des terres à 70 km de Brazzaville, au bord du fleuve Congo, juste en face de la RDC, dont la gestion avait été confiée à la holding rwandaise.

    Le Congo-Brazzaville s'est toujours justifié sur ce rapprochement avec Kigali. « Dans un premier temps, les autorités congolaises ont fait prévaloir le principe de coopération Sud-Sud à travers ces accords. Ce que nous constatons, c'est qu’il y a comme une espèce de reculade du côté de Brazzaville. Par conséquent, est-ce qu’elles n’ont pas cédé à la pression populaire ? », se demande le journaliste économique indépendant Alphonse Ndongo. « Ces accords ont été critiqués par l'essentiel du peuple congolais, qu'il s'agisse des hommes politiques de l'opposition et même parfois de manière confidentielle, par ceux qui sont au pouvoir ». Ce dossier est-il vraiment clos ? Le ministre rwandais des Affaires étrangères assurait ce mardi n'avoir reçu aucune information n'allant dans le sens d'une résiliation des contrats.

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  • Face au dérèglement climatique, les cotonculteurs africains obligés de s'adapter
    2025/06/09

    La production du coton est comme la majorité des productions agricoles touchées négativement par le dérèglement climatique. Une situation sur laquelle alerte l’Association des producteurs de coton africain et pour laquelle les différents acteurs cherchent des solutions pour préserver leurs rendements.

    Dans le bassin cotonnier du Cameroun, Wagaye Amadou, petit cotonculteur, témoigne des conséquences sur ses cultures du changement climatique. « Il y a la sécheresse qui nous dérange donc le coton ne se produit pas comme auparavant. Quand il fait trop chaud, le coton ne donne pas parce que ça ne grandit pas. Ça fait déjà 2 ans ou 3 ans environ. C'est trop de perte, plus d’un tiers de la production. Qu'est-ce qu'on peut faire contre ça ? Quand il ne pleut pas abondamment, comment on peut avoir la solution ? »

    Alternance de fortes pluies et sécheresse

    Les cotonculteurs du continent expérimentent des épisodes pluvieux intenses qui noient les cultures et les font pourrir, ou des épisodes de sécheresse prolongée qui empêche la fleur de coton de se développer.

    « Les aléas climatiques, c’est ça qui fait que la production cotonnière est en train d'évoluer en dents de scie, explique Moussa Sabaly, président de la Fédération nationale des producteurs de coton du Sénégal, président d'honneur de l’AProCA, l'appel que je lance aux producteurs, c'est que comme on ne connaît pas si la pluie va s’installer précocement, on ne sait pas à quel moment ça va s'arrêter, il faut semer très tôt. Puisqu'il y a un moment où quand tu sèmes le coton des semis tardives, tu risques de ne pas avoir de bons rendements. Il faut adapter les périodes de plantation ».

    Indispensable adaptation des techniques

    Le changement climatique contribue à l’appauvrissement des sols, aux phénomènes d’érosion. Un sujet de préoccupation depuis plusieurs années qui mobilise la recherche et les sociétés cotonnières. Adaptation des pratiques agricoles et recherche de semences résistantes.

    Au Cameroun, la Sodecoton travaille notamment avec l’Institut de recherche agricole pour le développement, l’IRAD. « Il y a des actions qui sont menées, notamment les actions agroécologiques qu'on appelle techniques agroécologiques, pour limiter l'impact de ce dérèglement sur la production agricole et donc maintenir un certain niveau de productivité », détaille le Dr Hinimbio Taïda Pierre agronome spécialisé en agro-écologie à la société cotonnière du Cameroun. « Donc, parmi cet ensemble de techniques, il y a par exemple la mise en place de l'arbre dans le système agraire qu'on appelle l'agroforesterie. Il y a également la lutte contre, par exemple, l'érosion pluviale et éolienne par la mise en place par exemple, (...) des bandes arbustives ou enherbées et même des plantations d'arbres. Voilà donc il y a beaucoup de techniques comme ça qui sont mises en place pour contrôler l'effet du dérèglement climatique », explique-t-il.

    Ces adaptations sont confrontées également à un certain nombre de pratiques persistantes telles que le pâturage, la culture sur brulis ou encore l’usage pas toujours approprié de certains produits phytosanitaires.

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  • À Bangui, la pénurie de poulets profite aux éleveurs de canards
    2025/06/08

    Ces derniers mois, la pénurie de poulets motive de plus en plus d'exploitants à se tourner vers l'élevage de canards. C'est le cas de Rosya Natacha Epelaki, dont l’entreprise ROFPAL, lancée il y a trois ans, est devenue incontournable dans le contexte actuel de crise.

    Dans cette concession d’un hectare, les canards sont élevés en liberté dans des cabanes en bois. L'endroit est bien aménagé, et clôturé. Née dans une famille d'éleveurs et d'agriculteurs, Natacha Rosya Epelaki s'est lancée dans l'élevage des canards, il y a trois ans. Ce matin, elle tient une vieille boîte de conserve en main et lance à la volée des graines de maïs aux canetons.

    « Les canards sont rares sur les marchés en République centrafricaine. Pendant les fêtes, les commerçants ne vendaient que des poulets de chair. Ce sont nos voisins congolais de Zongo qui ravitaillent les marchés de Bangui et ils repartent avec l'argent chez eux. C'est ce qui m'a révolté à faire l'élevage des canards. Les canards sont faciles à élever et donnent moins de travail que les poulets. Ils sont forts et robustes. Ils tombent difficilement malades ».

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    Sur les marchés, des canards à la place des poulets

    Dans sa combinaison bleue, Djiéssi Mabada, l'un des employés de l'entreprise ROFPAL, prépare son pousse-pousse pour aller à la conquête des clients potentiels. « À 5h30, on doit être là pour nous occuper des canards. Il y a beaucoup de clients à Bangui. Je sors toujours avec une vingtaine de canards, mais le soir, je rentre avec le pousse-pousse vide ».

    Certains canards sont vendus aux restaurateurs, mais la plupart sont commercialisés sur les marchés de la capitale. Natacha possède actuellement quatre-vingts canards et une centaine de canetons. « Au début, j'ai démarré avec trois femelles et un mâle pour en arriver là aujourd'hui. Le prix d'un canard chez nous dépend de la grosseur de l'animal. Mais le prix minimum est de 5 000 francs CFA. Annuellement, je peux gagner 500 000 francs CFA ».

    Un revenu qui dépasse le salaire minimum de 29 000 francs CFA par mois. Et si le prix du canard est plus élevé d’environ 1 500 francs CFA qu’un poulet traditionnel, les canards ont cependant plus de chairs, ce qu'apprécient les consommateurs. « Sur les marchés, les canards ont remplacé les poulets de chair parce que les éleveurs de poulets ont du mal à s'approvisionner en poussins, explique Gaëtan, ces derniers jours, je n'achète que des canards pour mon restaurant ».

    Une production limitée par un manque de produits et d'énergie

    Aujourd'hui, Natacha ambitionne de vendre ses canards sur tous les marchés du pays et ceux de la sous-région. Mais dans ce travail, les difficultés ne manquent pas. « Les tourteaux de soja et coton sont difficiles à trouver. Les produits vétérinaires sont chers parce qu'ils sont importés de l'étranger. Présentement, je n'ai pas de couveuse, ni d'électricité photovoltaïque pour produire assez de canetons ».

    Avec son projet d'élevage de canards, l'entreprise ROFPAL a remporté en avril dernier le prix du championnat des start-up au salon de l'entrepreneuriat féminin à Bangui. Malgré les nombreux défis, elle compte créer cette année une unité de vente d’œufs de canards en palettes, une première en Centrafrique.

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  • Tunisie: pour l’Aïd les clients renoncent à l’achat d’un mouton entier
    2025/06/05

    En Tunisie, le mouton de l'Aïd a atteint des sommes astronomiques cette année, même si l'État a fixé le prix à moins de 22 dinars le kilo dans les points de vente règlementés. Mais malgré la crise économique, beaucoup de Tunisiens ne veulent pas se passer de cette tradition du sacrifice. D'autres se tournent vers l'achat de la viande au kilo, moins coûteuse.

    Dans un point de vente informel en bord de route de la banlieue de Tunis, les clients se pressaient hier pour acheter le mouton. L'acheter la veille est une technique pour s'assurer que les prix ont baissé, liquidation des stocks oblige, mais cette année ce n'est pas le cas. « Je suis venu avec l'intention d'acheter et là franchement les prix, c'est n'importe quoi, s’agace Wassim, 30 ans, employé dans un centre d'appel. Ça fait deux semaines que je vais d'un endroit à un autre et les moutons sont tous hors de prix. En plus, ici, ce n’est pas un endroit officiel pour acheter, ce sont juste quelques personnes qui se sont mises en bord de route pour vendre et on a l'impression qu'ils donnent des prix au pif. »

    Pas le budget

    Les prix varient entre 800 et 2 000 dinars par bête, soit entre 230 et 590 euros. Leur prix en Tunisie a connu une augmentation de près de 90 euros par rapport à l'année passée. « Honnêtement, je ne sais pas ce que je vais faire, hésite Monia Ben Moussa, retraitée. L'un m'a dit 1 000 dinars, l'autre 2 000, je n'ai pas le budget. En plus, ils n'ont pas l'air très en forme ces moutons. Je pense que je vais essayer d’en trouver ailleurs. »

    Certains dénoncent les arnaques comme le fait de gaver le mouton avec du pain salé pour augmenter son poids au moment de la vente, d'autres ont donné un acompte et le vendeur a disparu avec le mouton. « Son collègue m’a assuré qu’il allait me rembourser, mais du coup, je ne sais pas si je vais trouver un mouton comme il faut avant l'Aïd, s’impatiente Rajaa, mère de deux enfants. Je pensais avoir fait une affaire avec celui-là, mais non. Chaque année, c'est le même problème, les prix augmentent donc on se tourne vers les moins chers et, parfois, ce n'est pas toujours très réglo. C'est notre lot quotidien pour nous qui avons des revenus modestes. »

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    Vente à la coupe

    Du côté des bouchers, c'est le rush de la dernière heure. Le jour de l'Aïd, beaucoup sont mobilisés pour l'égorgement du mouton, mais la veille, ils vendent la viande à une clientèle de plus en plus nombreuse. « C'est encore plus visible cette année, observe Walid Tabelsi, qui enchaîne les coupes de viande… Regardez la file d'attente rien qu'aujourd'hui… Les gens achètent entre un et trois kilos de viande faute de pouvoir acheter un mouton. »

    Marges faibles selon les bouchers

    Adel un autre boucher se résigne à cette augmentation des prix qui l’affecte aussi et n’est pas près selon lui de s’arrêter. « Même nous, en tant que boucher, on fait très difficilement une marge sur la vente au kilo. À peine de quoi maintenir la boutique et s'acheter des cigarettes ».

    La flambée des prix a créé une forme de boycott, selon la Chambre nationale des bouchers. Au 31 mai, un client sur cinquante était reparti sans acheter de mouton.

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