エピソード

  • Cameroun: contre la surexploitation de la forêt, une fiscalité différenciée à la portée encore limitée
    2025/09/11

    Au Cameroun, si l’industrie du bois a perdu en valeur, son exploitation informelle et illégale grignote aussi la forêt, ce qui a conduit l'Union européenne à rompre son Accord de partenariat volontaire (APV) avec Yaoundé à la fin de l'année dernière. Pour tenter d’inverser la tendance et encourager les compagnies forestières à de meilleures pratiques, les autorités ont instauré en début d'année une fiscalité différenciée, sorte de bonus-malus écologique dont la portée reste toutefois limitée.

    Depuis le mois de janvier dernier, le Cameroun impose aux compagnies forestières une taxe d’abattage de seulement 2,5% si la concession est certifiée durable, de 3% si elle est certifiée légale et de 5% si elle n'est pas du tout certifiée. Une certification implique plusieurs obligations pour la compagnie : « Élaborer et mettre en œuvre un plan d'aménagement qui définit les objectifs d'exploitation sur une période de 25 ou 30 ans, mais aussi faire en sorte de respecter l'ensemble des lois et règlements encadrant le secteur d'activité, respecter les droits des communautés locales et autochtones ainsi que les exigences en matière de protection de l'environnement », détaille Guy Sam Belouné, expert en gestion durable des forêts.

    Bonus-malus sans coût pour l’État

    Ce système de fiscalité différenciée n’a aucun coût pour l’État puisque le malus finance le bonus, explique de son côté l’expert en bois tropical Alain Karsenty. Ainsi au Gabon, où ce bonus-malus a été instauré il y a cinq ans, les entreprises les plus réticentes jouent le jeu. « Ce qui est en train de se passer au Gabon, c’est que l’on voit apparaître une dynamique de certification », se félicite le chercheur au Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad). « C'est même le cas d'une entreprise chinoise que j'ai rencontrée récemment et qui affirme que si, pour elle, la certification n'avait pas d'intérêt parce qu’elle vendait son bois en Chine, il en était tout autrement dès lors qu'elle permettait de payer beaucoup moins de taxes et que le gouvernement augmentait le malus année après année. »

    Fiscalité moins incitative qu’au Gabon

    Mais pour l’instant, au Cameroun, cette fiscalité forestière n’est pas très incitative, constate Alain Karsenty. Basé sur la valeur du bois abattu - et non sur la superficie, comme c'est le cas au Gabon -, le bonus-malus forestier fait l’objet de tiraillements au sein du gouvernement. « Il y a une opposition entre le ministère des Finances, qui y est assez favorable parce qu'il pense que cela améliorera l'image du pays, et le ministère des Forêts, qui est lui très opposé à cette mesure parce qu'il considère qu'elle va surtout profiter aux entreprises étrangères qui ont plus de moyens, la certification ayant un certain coût. »

    Vers un fonds pour les entreprises locales

    Soutenue par la Banque mondiale, l’idée de créer un fonds destiné à aider les entreprises forestières locales à payer leur audit est sur la table. Pour l’heure, seules deux entreprises sont certifiées durables dans le pays : Palisco et Alpicam.

    Au Cameroun, le secteur forestier s’est fragmenté avec d'un côté de nombreux petits opérateurs camerounais ou vietnamiens, de l'autre des commerçants de bois qui n’ont aucune superficie forestière, ce qui ne facilite pas la traçabilité du produit.

    En dix ans, les surfaces d'exploitation forestière certifiées durables y ont par ailleurs reculé à moins d'un million d'hectares contre près de trois millions au Congo-Brazzaville ou au Gabon, selon les données de l'Association technique internationale des bois tropicaux (ATIBT) pour l'année 2024.

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  • Les taxes américaines poussent l'Afrique du Sud à revoir ses règles sur la concurrence
    2025/09/10

    L’Afrique du Sud n’a toujours pas obtenu d’accord avec Washington, et ses exportateurs subissent les 30% de droits de douane américains. Pour limiter l’impact, le gouvernement mise sur la diversification des marchés et propose d’assouplir les règles de concurrence afin de permettre aux entreprises de collaborer à l’export.

    Les 30 % de droits de douane américains poussent l’Afrique du Sud à diversifier ses exportations. Le département du commerce a mis en place un bureau d'assistance pour aider les entreprises à regarder vers de nouveaux marchés, en Asie ou au Moyen-Orient, explique Willem Van Der Spuy, directeur général des exportations. « Il y a un dicton qui dit : "Ne laissez jamais une bonne crise se perdre". Le gouvernement sud-africain travaille déjà depuis un certain temps à la diversification. Notre préoccupation aujourd’hui, c’est de l’accélérer. Cela veut dire se pencher sur des solutions qui, jusque-là, étaient en arrière-plan. Prendre des décisions que nous aurions peut-être dû prendre plus tôt… »

    À la conquête de nouveaux marchés

    Parmi ces décisions, le département du Commerce propose une exemption sur les exportations – un amendement qui permettrait aux entreprises sud-africaines de collaborer sans enfreindre les lois sur la concurrence. « Nous avons des règles très strictes en matière de coopération entre entreprises, détaille Willem Van Der Spuy. Nous avons donc décidé que, pour aider réellement les entreprises à pénétrer les marchés internationaux – en particulier si elles doivent pénétrer de nouveaux marchés, il serait plus facile de les laisser collaborer. Pour partager les informations, réfléchir à des infrastructures communes pour les exportations, expédier certains produits ensemble. Cela nous permettra d’être plus compétitifs. De réaliser des économies d'échelle aussi, parce qu’il pourrait y avoir une commande importante qui ne pourrait être honorée par une seule entreprise, mais plutôt par deux ou trois. »

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    Pour comprendre l’impact de cette exemption, direction la fédération des entreprises de la sidérurgie. Un secteur qui emploie des centaines de milliers de personnes, moteur de l’économie sud-africaine, particulièrement touché par ces nouvelles taxes. « Sur les 1 300 entreprises que l’on représente, la moitié a répondu à notre enquête. Voici le résultat : 50 % de ces entreprises sont affectées par les droits de douanes, directement ou indirectement », explique Tafadzwa Chibanguza est le président de la fédération SEIFSA.

    Alléger les règles pour renforcer la compétitivité

    Ce projet d’exemption est une bonne initiative, selon elle, même si « ça aurait déjà dû être la norme – notre façon de faire du commerce. Le problème de l’Afrique du Sud, c'est que nous sommes toujours guidés par des événements, on réagit à des urgences. Et on voit que notre droit de la concurrence a tendance à trop privilégier la législation, plutôt que de s’intéresser vraiment à notre compétitivité. Je sais que la frontière est très floue. Parce que pour créer de la concurrence dans l'économie, oui, il faut sûrement empêcher les monopoles, avec des lois. Mais l'accent devrait être mis sur notre compétitivité réelle plus que sur une législation stricte. Donc oui, il faut laisser les concurrents collaborer ! »

    Mais le processus législatif risque d’être long. En attendant, le gouvernement travaille à un paquet d’aides économiques pour les petites entreprises. Et espère toujours conclure un accord avec Washington.

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  • Grand barrage de la Renaissance: des revenus d'un milliard de dollars par an pour l’Éthiopie?
    2025/09/08

    L’Éthiopie inaugure aujourd’hui son mégabarrage avec plusieurs années de retard. Le barrage de la Renaissance qui a coûté plusieurs milliards de dollars, auto-financé, a une capacité de production de 5 000 mégawatts. C’est le plus puissant du continent, ce qui fait espérer un développement de l’électrification dans le pays, mais également des revenus importants pour l’État. Abiy Ahmed, dans une interview télévisée la semaine dernière, a déclaré qu’il pourrait rapporter 1 milliard de dollars annuel à l’économie du pays.

    Une déclaration qui a attiré l’attention des observateurs. Biruk Heregu est enseignant-chercheur spécialiste des questions politiques et économiques éthiopiennes : « Savoir combien ces exportations vont permettre de rapporter de devises étrangères est incertain. Par exemple, l'autorité en charge de l'électricité en Éthiopie a établi des prévisions selon lesquelles, pour la dernière année fiscale, les exportations d'électricité ont rapporté environ 100 millions de dollars. Pour l'année fiscale en cours, les estimations sont d'environ 118 millions, et pour celle à venir, elles prévoient des revenus d'environ 300 millions de dollars. »

    Selon la communication officielle, seul le surplus de production devrait être exporté. Mais pour Tsegay Tekleselassie, économiste au Wellesley College à Boston, il est probable que les autorités se concentrent sur les exportations. Du courant éthiopien part déjà vers le Kenya, Djibouti, le Soudan et depuis peu la Tanzanie. Addis-Abeba affiche d’ailleurs sa volonté de faire de l’Éthiopie un hub énergétique en Afrique.

    « L'Éthiopie présente un très grand déficit en offre d'électricité. Environ 40 % des Éthiopiens n'ont pas accès au courant, et ceux connectés ont des problèmes de coupures », analyse l’économiste. Il y a donc une forte demande non satisfaite. « Malgré cela, l'Éthiopie aspire à exporter vers les pays voisins parce qu'elle a vraiment besoin de devises étrangères. De plus, en fournissant ses voisins, cela donne à l'Éthiopie un certain pouvoir de négociation politique », poursuit Tsegay Tekleselassie.

    Fiabilité des données ?

    1 milliard de dollars, un montant sans doute surévalué qui pose une nouvelle fois la question de la fiabilité des statistiques en Éthiopie met en exergue Biruk Heregu : « L'un des défis auxquels le régime d'Abiy Ahmed a été confronté ces dernières années concerne les questions relatives aux données économiques. Les statistiques économiques ont fait l'objet d'un examen minutieux et d'une remise en question, non seulement de la part d'experts éthiopiens et étrangers, mais aussi des institutions comme la Banque mondiale qui ont commencé à remettre en question les données économiques émanant de ce régime. »

    Si Addis-Abeba se dote ainsi d’une importante capacité de production, les experts s’accordent pour dire que la situation ne devrait pas changer de manière radicale pour les Éthiopiens dans l’immédiat. Le réseau national vétuste nécessite de gros investissements afin de distribuer le courant produit.

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  • Décollage de l’énergie solaire en Afrique, la preuve par la hausse des importations
    2025/09/07
    L’Afrique a importé l'équivalent de 15 000 mégawatts de panneaux solaires entre juillet 2024 et juin 2025, soit la puissance de dix réacteurs nucléaires. C'est une augmentation de 60 % en un an. Si l'on exclut l'Afrique du Sud, les importations africaines de panneaux photovoltaïques ont même doublé en deux ans. La preuve, selon le groupe d’études Ember, d’un décollage de l’énergie solaire sur tout le continent. L’étude est basée sur les chiffres des douanes chinoises – la Chine étant le principal fournisseur de panneaux solaires à l’Afrique. Et la hausse est spectaculaire. « L'Algérie a multiplié par 33 ses importations de panneaux solaires en un an, observe Dave Jones, analyste en chef chez Ember. C'est le troisième pays à en importer le plus, après l'Afrique du Sud et le Nigeria. Les importations de panneaux solaires de la Zambie ont été multipliées par huit en douze mois, celles du Botswana par sept, celles du Soudan par six et celles du Nigeria, de la RDC et du Bénin ont plus que triplé. » La moitié des besoins en électricité du Tchad Les panneaux solaires importés par exemple au Tchad en un an permettraient, une fois installés, de produire la moitié de l'électricité totale du pays. Une augmentation de l'offre de courant en perspective en Afrique, mais aussi une baisse potentielle des prix. « Maintenant que le prix d'un panneau solaire n'est plus que d'environ 60 dollars au Nigeria, de l'électricité, souligne Dave Jones, les économies réalisées en évitant le diesel peuvent rembourser le coût d'un panneau solaire en six mois, et même moins dans d'autres pays. » La grande majorité des panneaux, 16 000 gigawatts, est jusqu'à présent destinée à des centrales solaires reliées au réseau, d'après les images satellites consultées par Ember. Mais l'usage décentralisé, 6 000 gigawatts pour l'instant, grandit aussi. « Ce sont des entreprises ou des industries, en site isolé ou pas, qui vont être le client unique privé de l'installation, explique Gilles Parmentier, PDG d'Africa REN, un opérateur du secteur. Ça peut être des panneaux solaires installés sur la toiture de supermarchés ou d'usines, ça peut être une centrale solaire installée pour une mine. La dernière catégorie, ce sont des villages isolés sur lesquels certains opérateurs proposent des kits solaires à l'échelle domestique. » Développer le stockage Le solaire se déploie en Afrique, ce qui imposera de relever le défi de l'intermittence de cette énergie. « Le prochain enjeu, estime Gilles Parmentier, c'est d'arriver à développer des projets de stockage, comme celui qu'on a fait au Sénégal, Walo Storage, pour permettre aux sociétés d'électricité de stabiliser leurs réseaux et également de pouvoir différer la production solaire, de la journée vers la soirée. Sinon, on va se retrouver avec des pays qui vont être en surproduction solaire la journée et en déficit le soir, alors que c'est le moment où il y a le plus de consommation. » L'autre défi pour accompagner les besoins en centrales solaires en Afrique, sera le développement des réseaux électriques. À lire aussiBénin: lancement de la construction de quatre centrales photovoltaïques
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  • En Tunisie, les touristes européens sont de retour
    2025/09/04

    En Tunisie, les professionnels du tourisme sont satisfaits de la saison qui s'achève. Selon les chiffres de fin juillet, la progression des arrivées est en hausse de 10%, le nombre de nuités hôtelières de 7% avec une augmentation des recettes touristiques de 8%. Mais le secteur fait face à de nombreux défis, notamment dans l'hôtellerie, alors que d'autres types d'offres touristiques émergent.

    De notre correspondante à Tunis,

    Dans la médina de Tunis, le brouhaha des souks témoigne de l'activité constante cet été. Non loin des commerces, l'entrepreneur Lotfi Hamadi a lancé plusieurs projets locatifs dans une partie plus calme de la Médina. Il mise sur la montée en gamme du logement dans la vieille ville, classée au patrimoine mondial de l’Unesco. « J'ai commencé par prendre des logements que je mets en location sur des plateformes de location en courte, moyenne et longue durée. Cela permet aussi d'avoir cette vitrine pour attirer d'autres personnes dans la Médina », explique-t-il. Une stratégie qui « marche » car de plus en plus en plus contacté par des personnes « qui me proposent maintenant de les accompagner dans leurs projets » ou bien qui souhaitaient investir mais « qui ne savaient pas trop où et qui seraient [désormais] intéressés à venir dans la médina. »

    Alors que parallèlement, plusieurs hôtels de charme et de luxe ouvrent leurs portes dans la Médina, Lotfi Hamadi explique ce regain d'intérêt par le désir d'un tourisme différent. « C'est un autre tourisme, c'est un tourisme qui est curieux », analyse-t-il. « Beaucoup de ceux qui viennent là étaient avant à Hammamet ou bien à la Marsa, etc. C'est-à-dire qu’ils sont en demande de plages, mais ils voudraient aussi avoir une petite touche d'authenticité », détaille l’entrepreneur.

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    Des besoins en personnel

    Dorra Milad, présidente de la fédération de l'hôtellerie, annonce de son côté une saison correcte dans un secteur hôtelier qui a du mal à se remettre sur pied depuis la pandémie. « Les marchés européens confirment en 2025 le retour vers la Tunisie avec une progression assez importante, en particulier pour le marché britannique avec, sur les six premiers mois de l'année, une hausse de 48% au niveau des entrées et des arrivées. Le marché italien aussi, on a observé une hausse de 22% », présente-t-elle.

    Le secteur fait pourtant face à plusieurs défis, le départ massif de la main d'œuvre à l'étranger par exemple ou encore un manque d'attrait pour les métiers du tertiaire. « Pour faire face à ces défis, nous avons créé récemment l'unité d'appui à la formation et à l'employabilité. En collaboration avec le ministère de la formation professionnelle, de l'emploi et de la coopération internationale, nous avons mis en place des programmes de formation courte adaptés aux besoins urgents de l'hôtellerie, surtout dans les métiers de base qui sont aujourd'hui moins attractifs pour les nouvelles générations », explique Dorra Milad.

    Pour l'arrière-saison qui démarre en automne, l'hôtellerie recherche toujours du personnel et propose même des programmes de reconversion pour les jeunes chômeurs.

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  • Comores: Moroni veut accélérer le développement de son secteur privé
    2025/09/03

    Alors que le secteur productif est à la peine aux Comores, comment faire en sorte de développer « l’État investisseur » dans l’archipel ? Face à ce problème, acteurs publics, banques et régulateurs s'accordent sur un même constat : sans financements adaptés ni infrastructures de base, le secteur privé restera fragile. Pour tenter de le renforcer, un certain nombres d'initiatives commencent donc à voir le jour. Objectif : créer dans le pays un climat d’affaires plus favorable.

    Avec notre correspondant à Moroni,

    Alors que de nombreux entrepreneurs comoriens déplorent la fuite de capitaux hors de l'archipel en raison de l’obtention de marchés publics nationaux par des entreprises étrangères, Saadi Maoulida, qui est membre de l’Autorité de régulation des marchés publics, affirme être à la recherche de solutions : « Nous avons entrepris des échanges avec la chambre de commerce ainsi qu'avec le gouvernement pour intégrer de nouvelles directives qui vont encourager les petites et moyennes entreprises à se regrouper. Objectif : concurrencer les expertises étrangères pour que la gestion des contrats publics soit effective au niveau national ».

    « Beaucoup d'entrepreneurs n'ont pas connaissance des règlements en matière de passation des marchés publics. C'est pour cette raison qu'aujourd’hui, ils n’arrivent pas à être compétitifs sur le créneau », ajoute-t-il. Lors du dernier dialogue en date entre le secteur public et le secteur privé, « le gouvernement a appelé au respect des règlementations nationales […]. Nous avons lancé des mesures de sensibilisation aux acteurs de la commande publique pour qu'ils s'y conforment. »

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    « Là où on rencontre le plus d’obstacles, c’est au niveau de l’acheminement de nos matériaux »

    À ce problème s'ajoute celui de l’insularité des Comores ainsi que toute une série d'autres difficultés comme le manque d’infrastructures de transports dans le pays. « Là où on a le plus d’obstacles, c’est au niveau de l’acheminement de nos matériaux, comme quand on a passé une commande et qu'on nous dit que le bateau arrivera à telle date mais que finalement, il n'arrive pas... », illustre ainsi Moinahadidja Hachim, le responsable de Locakom qui s’apprête à ouvrir une société familiale de location d’outils de bricolage et de jardinage.

    Face à ces défis, de nouvelles initiatives sont mises en place pour tenter de soutenir les jeunes entrepreneurs. « Actuellement, nous avons par exemple le réseau Komsae dont la mise en place va permettre à ces derniers de se rapprocher de différentes structures en fonction de leurs besoins », explique ainsi Nadjwa Saïd Mohamed Djalim, assistante de direction chez Innov’Lab, le premier incubateur comorien qui est à l’origine de Komsae. « Ces initiatives doivent permettre de promouvoir une culture entrepreneuriale et l'entrepreneuriat collectif » aux Comores, poursuit celle-ci. Objectif : « Faire travailler ensemble ces jeunes entrepreneurs, créer entre eux un esprit d'équipe et de collaboration ».

    En dépit du tarif des stands jugé trop cher, le dernier Salon des entreprises comoriennes a toutefois permis des rencontres pour tenter de rapprocher les acteurs du secteur public et du secteur privé.

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  • Sécurité alimentaire: la stratégie agricole de l'Éthiopie face au défi climatique
    2025/09/02

    Ces dernières années, l'Éthiopie a investi massivement dans son secteur agricole, via divers programmes dédiés. Son but est d'assurer la sécurité alimentaire de ses 130 millions d’habitants. Mais à l'aune du changement climatique qui bouleverse le pays, la stratégie des autorités est-elle adaptée ?

    D'après le Programme alimentaire mondial, en 2024, plus de 10 millions de personnes en Éthiopie étaient en situation d'insécurité alimentaire. Ces dernières années pourtant, le pays a multiplié les investissements dans le secteur agricole, pour augmenter la production et garantir à tous l'accès à l'alimentation. Degefie Tebebe, chercheur au sein du Centre international d'agriculture tropicale (CIAT), explique :

    « Les groupements de fermes sont un système récemment utilisé par le gouvernement pour étendre et mieux commercialiser les produits agricoles. Ce système permet de regrouper les fermiers et leurs terres, afin de conjuguer leurs pratiques et d'accéder aux crédits. C'est une façon de passer de l'agriculture de subsistance à une agriculture commerciale. »

    L'élevage peu adapté au changement climatique

    Autre programme défendu par les autorités, le projet « Yelemat Tirufat », soit « Le généreux panier » en français. Lancé en 2022, son objectif est d'accroître la production dans le secteur de l'élevage. Et avec 10 milliards de litres de lait produits en 2023, soit le double de l'année précédente, le programme est un succès pour les autorités. Mais selon Ivica Petrikova, chercheuse au Royal Holloway de l'université de Londres, cette stratégie est loin d'être idéale :

    « L'initiative, qui promeut plus de ressources animales, cela peut être bien en termes de nutrition, alors que le taux de malnutrition en Éthiopie est très élevé. Mais cela n'est pas très adapté au changement climatique. Encourager l'élevage bovin notamment n'est pas vraiment durable, car le bétail n'est pas résistant face à la chaleur et à la sécheresse. »

    Le pari du blé dans les régions désertiques

    Depuis 2019 aussi, l'État consacre des millions de birrs au développement du blé. Avec sept millions et demi de tonnes récoltées pour la saison 2023-2024 selon la Banque africaine de développement, l'Éthiopie en est aujourd'hui le plus grand producteur d'Afrique subsaharienne. Mais là encore, alors que les températures augmentent, cette politique pose question.

    Jérémy Denieulle, chercheur en géopolitique spécialisé dans les céréales, souligne que « les investissements sont vraiment localisés dans la région Somali, à l'extrême-est du pays, une région plus plate, désertique, où on peut faire du blé sous irrigation en utilisant la nappe phréatique. L'objectif, c'est de créer des grandes exploitations de blé dans cette région-là. Mais ce n'est vraiment pas durable comme solution, surtout dans une perspective de réchauffement du climat ». Aujourd'hui, en Éthiopie, seul 5% du blé est produit via l'irrigation.

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  • Cameroun: l'envolée des prix du cacao attire les jeunes dans la culture
    2025/09/01

    Le cacao camerounais connaît un essor remarquable, porté par une hausse exponentielle des prix. Ils sont passés du simple au quintuple en l'espace de deux saisons. Une envolée principalement due à la diminution des récoltes des grands pays producteurs, la Côte d'Ivoire et le Ghana. Mieux payé au Cameroun que dans ces deux derniers pays, « l’or brun » attire désormais de nombreux jeunes Camerounais, qui se lancent dans cette culture.

    De notre correspondant à Yaoundé,

    Une foire dédiée au cacao est organisée dans la cour du Musée national à Yaoundé. Henry est venu se renseigner : motivé par le prix du kilo de fèves, en moyenne 5 000 francs CFA (soit 7,62 euros), au cours de la dernière campagne, ce jeune Camerounais va se lancer dans la culture.

    « Autour de nous, nous avons vu les prix grimper, observe-t-il. Les prix sont partis de 1 500 à 5 000 et poussière. Désormais, nous pourrons faire une vie avec le cacao, ce qui fait notre source de motivation. Je voudrais développer cinq hectares et voir par la suite comment continuer parce que des espaces, nous en avons assez », explique-t-il.

    Demande de semences de cacao décuplée

    Comme lui, des centaines de jeunes acquièrent des terres dans les villages et achètent des plants de cacao par milliers. Dans les pépinières, la demande a grimpé en flèche. « Nous faisons dix fois plus de semences de cacao qu’avant, dix fois plus ! La demande est extrêmement forte, constate Rostand, qui possède une pépinière près de Yaoundé. Est-ce qu’on peut dire que pour les pépiniéristes il y a aussi une embellie ? La demande en plants de cacao a grimpé, il est vrai, mais c’est au détriment aussi d’autres semences. Sinon, on se fait du chiffre, nous sommes contents, mais ça ne suffit pas. »

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    Une tendance durable, selon la Sodecao

    Le système libéral pratiqué au Cameroun a favorisé plus qu'ailleurs la flambée des prix du cacao dans le pays et l’opérateur étatique encadrant les producteurs, la Société de développement du cacao, est optimiste pour la suite.

    « Je ne peux pas prédire l’avenir, mais je pense qu’il s’agit de quelque chose de durable et de sérieux, juge Jean-Claude Eko’o Akouafane, directeur général de la Sodecao. Les prix ne sont pas près de baisser. De toute façon, depuis que ce phénomène s’est déclenché, nous avons observé sa vigueur et que cette embellie ne pourra que s’améliorer par la suite. Le cacao continue à aider le pays à développer ses campagnes de plus en plus. »

    La nouvelle campagne cacaoyère a débuté au début du mois d'août. Le Cameroun a produit 309 000 tonnes de cacao en 2023-2024, encore loin des 640 000 tonnes visées par l'État.

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