エピソード

  • Ruée vers l’or vert en RDC: quand les crédits carbone menacent forêts et communautés
    2025/10/31

    En RDC, c’est la ruée vers l’or vert : les projets de crédits carbone, censés compenser les émissions des grandes entreprises polluantes à travers la planète, se multiplient au point de recouvrir la plus grande part de l’immense forêt du pays. Mais le bénéfice environnemental est douteux et l’impact social souvent négatif, selon la Fondation Rainforest UK.

    Pas moins de 71 projets de crédits carbone ont été recensés sur 103 millions d’hectares, soit déjà plus des deux tiers de la superficie forestière de la RDC. Une véritable ruée d’aventuriers vers l'or vert, selon Rainforest Alliance UK.

    « C'est un Far-West, observe Vittoria Moretti, co-auteur du rapport. Il y a vraiment beaucoup d'initiatives qui sont, pour la majorité des cas, portées par des entreprises assez douteuses, qui n'ont pas forcément d’expertise dans la conservation, comme par exemple les entrepreneurs français derrière Socodev. » Derrière Socodev, dans la province de la Tshopo : un producteur de clips musicaux et un ex-footballeur.

    Droits des communautés bafoués

    Certains projets dépassent allègrement la limite légale de 500 000 hectares. Et le consentement libre et informé préalable des communautés locales est souvent bafoué, constate le rapport. « En Équateur, il y a eu le cas de cette compagnie indienne KMS, illustre Vittoria Moretti. Les témoignages parlent de représentants venus la nuit qui ont fait signer des contrats en anglais, qui bien sûr n'était pas compréhensible pour les communautés et qui les engageaient pour 100 ans. Dans d'autres cas, comme dans la Tshopo, il y a aussi eu des cas de violation des droits de l'homme, parce que quand les communautés ont refusé le projet Grin Biodev, il y a eu beaucoup de rétorsions des forces de sécurité ».

    Déforestation record

    Quinze projets ont été validés au niveau national, trois ont obtenu la certification Verra qui leur permet de vendre des crédits carbone forestiers aux entreprises polluantes étrangères. Mais ces crédits, censés vendre la déforestation évitée en RDC ont désormais mauvaise réputation. « Aujourd'hui, un acheteur qui pourrait se prévaloir d'avoir acheté des crédits du fameux projet WWC dans la province du Maï-Ndombe, il serait très facile de lui sortir immédiatement les statistiques de Global Forest Watch, explique Alain Karsenty, économiste du CIRAD (Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement), et de lui montrer que la déforestation dans cette province n'a jamais été aussi élevée et qu'elle augmente depuis 2019 de manière régulière. Ça poserait un problème de crédibilité pour ces acheteurs. »

    Défiance des acheteurs

    Parmi ces acheteurs, Nestlé et EasyJet ont jeté l’éponge et le prix des crédits carbone s’est effondré (à 7 dollars la tonne). Le rapport de Rainforest Alliance UK demande aux autorités congolaises un moratoire sur ce système de compensation carbone. Il appelle les partenaires étrangers et le secteur privé à réduire leurs propres émissions de CO2 et à canaliser leur financement vers les communautés locales, en échange de service forestiers.

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  • Sénégal: les PME se disent étouffées par le système des compteurs électriques prépayés
    2025/10/30

    Au Sénégal, le Premier ministre Ousmane Sonko a promis lundi 27 octobre une baisse prochaine des tarifs de l’électricité, face à la multiplication des plaintes sur la cherté de la vie. Au cœur des crispations : les compteurs d'électricité prépayés utilisés par 72% des clients de la Senelec, la société nationale d’électricité. Connus sous le nom de Woyofal, ils sont critiqués pour leur système de tarification opaque, jugé responsable de lourdes factures énergétiques. En première ligne, les petites et moyennes entreprises peinent à faire face.

    De notre correspondante à Dakar,

    Dans le quartier populaire de Ouest Foire, à Dakar, Talabiou Kanté jette, l’air écœuré, des poulets, yaourts et autres produits glacés à l’arrière de sa boutique. « J’ai éteint le frigo pour faire des économies et certains produits sont gâtés, se lamente-t-il. C’est une grosse perte pour nous ».

    Censé aider les clients à maîtriser leur consommation au Sénégal, le compteur prépayé utilisé par le commerçant est au contraire devenu un gouffre financier : en un an, avec les mêmes équipements, sa facture énergétique a doublé. En rayon, le prix de ses volailles vient de flamber de quelques centaines de francs CFA. « Le client ne comprend pas que ça n’est pas notre faute si certains prix ont augmenté. C’est à l’État de nous aider parce que la souffrance, n’est pas que pour nous. La population aussi souffre. »

    Dans ce café du quartier résidentiel de Mermoz, la climatisation tourne en continu. Cette entreprise de taille moyenne peut se le permettre. Par chance, elle utilise encore les anciens compteurs de la Senelec, préservés de toute instabilité des tarifs. « Pour l’entreprise ici, on est gagnant parce que c’est stable : 1,5 million [francs CFA] en août 2024 et 1,5 million en août 2025 », se félicite Tété Diallo, cheffe comptable de la société, en consultant les factures,

    « Ça freine l'économie des PME et des startups ! »

    Sur les compteurs prépayés mis en cause, à l’inverse, la consommation est incontrôlable. Les kilowattheures s’épuisent à toute vitesse. Les recharger coûte cher. Une situation intenable pour les entrepreneurs. « Aujourd’hui, le moindre bénéfice qu’ils font, ils en profitent pour couvrir leurs charges, souligne Mohamed Diallo, secrétaire général de Noo Lank, collectif engagé contre la cherté de l’électricité. Ça freine l'économie des PME et des startups, car aujourd'hui, ils ne peuvent plus le supporter ! »

    La Senelec dément toute hausse des tarifs de l’énergie. Elle explique les lourdes factures par la consommation propre des usagers, en hausse face à la période de chaleur. Une version rejetée par Mohamed Diallo, qui réclame une tarification plus juste et transparente. « Il y a de la tension partout : le pouvoir d'achat des Sénégalais est menacé, il y a la problématique des finances publiques. Si on y ajoute la problématique de l'électricité, les Sénégalais ne peuvent plus tenir ! »

    Face à la colère et à l’incompréhension, la Commission de régulation du secteur de l’énergie (CRSE) a annoncé début octobre l’ouverture d’une enquête indépendante sur ces compteurs prépayés. Ses conclusions doivent être publiées prochainement.

    À lire aussiSénégal: le gouvernement veut baisser les prix de l'électricité, du gaz et du carburant sans aggraver la dette

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  • Sénégal: une nouvelle taxe sur le mobile money qui ne passe pas
    2025/10/29
    Au Sénégal, une nouvelle taxe qui ne passe pas. Elle concerne les paiements par téléphone, le mobile money très utilisé dans le pays. Plombé par une dette souveraine record, l'État sénégalais cherche plus de recettes. Selon le gouvernement, cette nouvelle taxe doit permettre de faire entrer 350 millions d'euros par an dans les caisses. Mais les opérateurs économiques font bloc pour rediscuter la mesure. Adoptée en septembre dernier, la loi instaurant un prélèvement de 0,5% sur les transactions de mobile money, plafonné à 2 000 F CFA (environ 3 euros), n’est pas encore entrée en vigueur. Mais déjà, elle suscite de vives inquiétudes chez les acteurs du numérique et du commerce au Sénégal. Dans un pays où plus de 80% des adultes possèdent un compte de mobile money, cette mesure pourrait bouleverser les habitudes financières des Sénégalais, estime Joelle Sow, secrétaire générale de la coopérative Digital Senegal, qui regroupe les entreprises sénégalaises du numérique. « La croissance du mobile money profite beaucoup à l'économie. Donc une décroissance de cette industrie aura des répercussions collatérales un peu partout. Les commerçants reviendront au cash, le particulier lambda reviendra au cash. Tout le tissu économique informel va se poser la question : est-ce que je continue ou je ne continue pas ? », analyse Joelle Sow. Une manne fiscale pour l’État, mais un risque pour l’économie informelle Pour le gouvernement et les défenseurs de la loi, cette taxe doit permettre au secteur du mobile money de contribuer à l’effort national de mobilisation des ressources. Mais du côté des petits commerçants, l’inquiétude est palpable. Ces derniers ont adopté les transferts d’argent par téléphone parce qu’ils étaient simples, rapides et peu coûteux. Avec la nouvelle taxe, ils redoutent un manque à gagner significatif. Sidy Niang, cofondateur de la startup Maad, l’un des plus importants grossistes alimentaires de Dakar, alerte sur les conséquences concrètes pour son secteur : « Dans l'agroalimentaire, 0,5%, ce n'est pas du tout négligeable. Si je donne un exemple aujourd'hui, le sac de sucre qu'on va vendre à un boutiquier à 26 900 francs, après la taxe, il va se retrouver à 27 160. Ça va être surtout la population en boutique, une population avec un pouvoir d'achat limité. » « Il y a assez de taxes au Sénégal » Au-delà du surcoût pour les commerçants et consommateurs, les professionnels du numérique dénoncent une approche jugée injuste. Le secteur du mobile money, en forte croissance depuis la pandémie, s’est imposé comme un pilier du commerce sénégalais. Il facilite les paiements dans un pays où le secteur informel représente près de 46% de la richesse créée chaque année. Pour Sidy Niang, cette taxe risque d’alourdir encore la charge fiscale sur les acteurs déjà en règle : « Il y a assez de taxes au Sénégal. On le sait tous, mais sauf qu'en fait, il y a beaucoup d'acteurs qui sont informels, qui n'ont pas payé la taxe. Donc la solution, c'est justement d'élargir l'assiette fiscale, donc aller voir sur les taxes existantes comment faire pour qu'un plus grand nombre paie. Là, ce n'est pas élargir l'assiette fiscale, c'est taxer plus les acteurs qui paient déjà leur taxe. » Les professionnels du secteur réclament par conséquent une concertation nationale pour revoir la mesure, voire en différer l’application. Les détracteurs de cette taxe s’appuient sur un exemple régional : celui de la Tanzanie. En 2021, l’introduction d’une taxe de 1% sur les transactions mobile money avait provoqué une chute de 38% des transferts de personne à personne. Face à la grogne, le gouvernement tanzanien avait dû réduire puis réviser la mesure, reconnaissant ses effets contre-productifs sur l’économie. À lire aussiLe paiement mobile en Afrique de l'Ouest: validé et adopté
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  • Maroc: avec l’investissement de Safran, une nouvelle étape franchie dans l’aéronautique
    2025/10/28

    Le Maroc poursuit sa stratégie industrielle dans le secteur de l’aéronautique. L’entreprise Safran vient d’annoncer un nouvel accord d’investissement de 350 millions d’euros. L’entreprise, déjà présente depuis une vingtaine d’années sur le territoire marocain, va y ouvrir une nouvelle chaîne d’assemblage pour ces moteurs d’avion très demandés. Un choix stratégique pour l’entreprise, une nouvelle étape pour l’écosystème marocain.

    « C'est un investissement majeur et stratégique. Le Maroc entre aujourd'hui dans le club très fermé de l'assemblage de moteurs d'avions commerciaux », met en avant Ryad Mezzour, le ministre marocain de l’Industrie. Ce nouvel investissement vient logiquement compléter l’offre du complexe Midparc, « un complexe qui est dédié à l'aéronautique où il y a déjà une soixantaine d'opérateurs qui sont déjà installés, et notamment Airbus. C'est tout un écosystème qui a été mis en place », ajoute Ryad Mezzour.

    Le ministre détaille les facteurs qui ont décidé Safran à choisir le Maroc pour son nouvel investissement parmi d’autres : « La stabilité politique et économique dont jouit le pays, la disponibilité grâce à la vision royale d'un large réservoir de talents, et la disponibilité, d'énergies renouvelables, compétitives pour nos investisseurs. »

    Il s’agit pour Safran de produire le moteur qui équipe notamment les Boeing 737. L’un des plus vendus dans l’histoire de l’aéronautique. Onze mille six cents sont actuellement en commande. « C'est vraiment un pays où nous avons investi depuis de nombreuses années, explique Stéphane Cueille, le président de Safran Aircraft Engines. Nous avons une taille critique, nous connaissons les compétences, l'écosystème et nous savons que nous aurons le niveau de garantie de réussir dans ce pays. La proximité géographique est aussi importante. On veut aussi être suffisamment proche de nos clients principaux pour que les coûts de transport soient raisonnables. »

    « On cherche une robustesse de notre schéma »

    La création d’une nouvelle ligne de production au Maroc pour ce moteur qui jusqu’ici n’était produit qu’en France. « On investit en France et on continue à investir dans les usines que nous avons, qui sont des usines historiques, avec des milliers d'employés qui font de la production », veut rassurer le président de Safran Aircraft Engines.

    Il explique le choix de l’implantation hors de l’Hexagone : « On cherche une robustesse de notre schéma en étant dans un autre pays, mais à proximité. Le critère économique est là, mais ce n'est pas le critère déterminant. Le facteur déterminant, c'est que nous avons au Maroc un site en construction de maintenance de moteurs et nous allons pouvoir mettre en commun entre ce site et la ligne d'assemblage, un banc d'essai pour tester les moteurs avant de les livrer, qui est un équipement extrêmement coûteux. Si on avait dû faire une nouvelle ligne en France, il aurait fallu investir un banc en France qui n'aurait pas été rentabilisé par une seule ligne de production. »

    À la clé, la création de 2 000 emplois directs et indirects pour le Maroc dans un contexte de revendications sociales importantes. Le FMI notait qu’en 2024 « le chômage est resté élevé, à environ 13% ».

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  • «Tout le monde sort malade»: à Gabès, la colère des ouvriers du Groupe chimique tunisien
    2025/10/27

    En Tunisie, les manifestations anti-pollution se poursuivent dans la ville de Gabès. Depuis qu'une centaine de cas d'intoxication au gaz ont été recensés ces deux derniers mois, la colère gronde contre le Groupe chimique tunisien, un complexe industriel qui transforme le phosphate en engrais. Les travailleurs du site racontent un quotidien d’usure et de résignation.

    Dans un café à côté du Groupe chimique tunisien, Chawki et ses collègues, tous ouvriers au sein de l'entreprise publique, regardent de loin ce qu'ils surnomment « l’ogre », en arabe… Une usine qui, selon eux, leur mange la santé et la vie.

    Chawki, 41 ans, est manœuvre depuis quatorze ans au sein du groupe : « Moi, je travaille dans l'unité qui produit de l'acide phosphorique, en plein dans le gaz et la saleté si on peut dire. On manque sans arrêt de matériel de sécurité, parfois pendant 4 à 5 ans. ».

    Il est payé 1 000 dinars, soit environ 300 euros, le double d'un SMIG tunisien. « Quand j'ai commencé à travailler pour le groupe, je n'en croyais pas mes yeux, une usine qui travaille de jour comme de nuit. De loin, j'avais l'impression que c'était comme en Europe, poursuit Chawki, et puis je suis rentré à l'intérieur et j'ai vu l'envers du décor. Ici, quand quelqu'un prend sa retraite du groupe, on dit tous : "Espérons qu'il arrive à en profiter" car, la plupart du temps, tout le monde sort malade. »

    S’il perd son travail en cas de démantèlement de l'usine, il retournera en mer pêcher comme le veut la tradition familiale – même si cela ne rapporte pas un revenu fixe comme son emploi actuel. « Je retournerai en mer. Ici, à la base, on vient tous de familles de pêcheurs et d'agriculteurs. Moi, je pêche, j'ai encore le bateau familial, sauf que comme tout le monde, je dois aller pêcher à 100 kilomètres d'ici à Zarzis, parce qu'à Gabès, il n'y a plus aucun poisson à cause de la pollution, ce n'est donc pas assez stable comme emploi. »

    Une usine essentielle pour l'économie locale

    Zied travaille lui aussi depuis quinze ans comme magasinier à l'usine. Il espère que des mesures soient enfin prises : « Regardez, on parle tous de nos conditions de travail, nos chefs sont au courant, mais si seulement ils sortaient publiquement et reconnaissaient leur responsabilité dans cette affaire ou au moins montraient un peu de transparence, peut-être qu'il n'y aurait pas autant de ressentiment et de manifestations. »

    Le ministre de l'Équipement a promis une série de mesures pour relancer les projets de dépollution au sein du groupe chimique, en stand-by depuis des années.

    Une décision importante, selon Khémaïs Bahri, ancien ingénieur au sein de l'entreprise qui fait vivre tout un bassin d’activités. Il questionne toutefois l’impact qu’aurait une éventuelle fermeture de l’usine : « Il y a pas mal de petites industries aux alentours du groupe chimique, pas mal d'ateliers qui font de l'entretien, des ventes de tout ce qui est rechange consommable... Tout cela aussi, ça va être impacté, ce n'est pas seulement les ouvriers ou le personnel du groupe chimique. »

    Environ 4 000 personnes travaillent dans le complexe du groupe. Le secteur minier représente 3% du PIB de la Tunisie, dont 80% repose sur l'exploitation du phosphate.

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  • Tchad: la province du Lac toujours privée d’Internet, une économie locale à la peine
    2025/10/26

    Au Tchad, cela fait un an que la province du Lac est privée de connexion internet. Décidée le 28 octobre 2024 au moment de l’opération militaire « Haskanite » déclenchée en réponse à une attaque meurtrière de Boko Haram sur une position de l’armée, la coupure visait à entraver les communications du groupe terroriste. Aujourd’hui, elle continue de grever l’économie de la zone, entravant l’activité des commerçants et accentuant chez les habitants le sentiment d’être « coupés du monde ».

    De notre envoyé spécial de retour de Baga Sola,

    Au marché de Baga Sola, Mahamat Abakar Aguidi, 27 ans, importe du matériel informatique en provenance du Nigeria. Mais depuis la coupure internet, impossible de contacter directement ses fournisseurs sur WhatsApp par exemple. « Actuellement, quand tu veux envoyer, il faut envoyer à N’Djamena. Les gens vont prendre les taxes, explique-t-il. Ça coûte plus cher. Quand tu appelles au Nigeria, ça peut prendre 5 000 à 10 000 FCFA. Nous avons besoin urgemment de la connexion parce que toutes nos affaires sont déjà ralenties. On est même en train de perdre tous nos chiffres d'affaires. »

    La déconnexion de la province affecte aussi les services et le travail des humanitaires, principaux pourvoyeurs d'emplois. Certains disposent d'une connexion par satellite que Lol Tahir, un jeune chômeur, tente parfois d'utiliser pour chercher du travail. « On va plaider au niveau des organisations internationales ici. Parfois, on trouve [la connexion]. Mais, si on se connecte même plus de dix minutes, ils changent le mot de passe et, directement, ils coupent [la connexion] », témoigne ce jeune. Selon lui, la coupure de la connexion Internet contribue au chômage des jeunes à Baga Sola.

    À écouter aussiSur les rives du lac Tchad, une guerre sans fin contre Boko Haram et la montée des eaux

    « Le sentiment, c'est d'être coupé du monde »

    Et lorsque Lol Tahir parvient enfin à envoyer sa candidature, l’offre d’emploi est souvent déjà expirée. La frustration s'accumule donc, au sein d'une jeunesse privée de réseaux sociaux et d'accès à l'information, nous dit Ahmat Ali Mouta, 28 ans. « Le sentiment, c'est d'être coupé du monde, justement, et c'est d'être aussi empêché de saisir certaines opportunités. Il y a des gens, ils suivent leur cours en ligne et du coup, il n'y a pas la connexion. Qu'est-ce qu'il faut faire ? », interroge-t-il.

    Difficile également de faire valoir son mécontentement. « On ne peut pas protester puisqu’il y a certaines choses que les gens craignent. Mais ça n'empêche. Moi, j'ai cette opportunité de me prononcer auprès de votre micro. Donc, je dis haut et fort [qu’il faut que] le gouvernement essaie de lever ces mesures pour nous permettre vraiment de saisir certaines opportunités qui se présentent en ligne, en fait », plaide le jeune homme. Interrogé fin juin sur la question, le ministre des Télécoms, Michel Boukar affirmait qu'une solution serait trouvée très bientôt.

    À lire aussiLes raisons qui ont poussé Mahamat Idriss Déby à prendre la direction de l'opération militaire «Haskanite»

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  • Le Botswana veut prendre le contrôle majoritaire du De Beers
    2025/10/23

    Entre pandémie de Covid, sanctions russes, droits de douanes américains, préférence pour les pierres synthétiques, les prix du diamant sont en chute libre. Le Botswana, parmi les plus grands producteurs, est touché de plein fouet. Dans ce contexte, le gouvernement souhaite obtenir le contrôle majoritaire de De Beers, le géant du diamant, en augmentant ses parts de 15% aujourd'hui, à 50%. L’objectif : avoir une plus grande marge de manœuvre, notamment sur la chaîne de production et la fixation des prix.

    De notre correspondant à Johannesburg,

    Au Botswana, quand le marché du diamant va mal, alors l’économie aussi. 30% de son PIB dépend de ces pierres précieuses. Raison pour laquelle l'État veut plus de contrôle sur ses ressources. « En exerçant un contrôle majoritaire sur cette société, le Botswana aura également une plus grande influence sur la manière dont les prix du diamant sont fixés », estime Kevin Tutani économiste et analyste politique. Comme le président du Botswana Duma Boko, il considère qu’obtenir un contrôle majoritaire de De Beers, c’est tout simplement une question de souveraineté économique pour le pays : « Il peut y avoir des manipulations des prix, le Botswana a donc besoin de transparence. On parle de souveraineté nationale parce que 80% des exportations du Botswana proviennent du diamant, et ce secteur représente 30% de son PIB. L'influence des diamants sur l'économie est donc si grande qu'il s'agit d'une question de sécurité nationale. C’est un moment clé où le Botswana doit déterminer de son avenir. »

    Prendre la main sur la chaîne de valeurs

    Avec ce contrôle majoritaire, le Botswana y voit aussi une possibilité d’intégration verticale : en orientant par exemple plus de diamants vers des usines de polissage locales pour développer ses propres industries. « Ce que nous constatons, c'est que près de 95% des diamants sont taillés et polis en Inde, plus précisément dans la ville de Surat, où l’on estime qu’il y a une main d'œuvre d’un demi-million de personnes », réagit Hans Merket, spécialiste de l'exploitation des ressources naturelles dans les pays africains.

    « Ce n’est pas quelque chose que le Botswana peut remplacer en claquant des doigts », estime-t-il. « Le Botswana a un contrôle sur la vente, mais pas sur ce qu’il se passe ensuite, car la chaîne d'approvisionnement est très complexe. Mais le pays est conscient qu'une grande partie des revenus et de la valeur sont créés en aval, lorsque ces diamants sont transformés en bijoux. Donc, bien sûr, le Botswana souhaite jouer un rôle plus important à cet égard. De grands progrès ont déjà été faits, mais ce n'est pas quelque chose qui peut être réalisé rapidement. Cela nécessite des investissements à très long terme dans les infrastructures, la formation et l'emploi », analyse le chercheur.

    Si la plupart des observateurs considèrent que l’accord est déjà presque bouclé, parce que De Beers, en mauvaise position, cherche à vendre des parts, l’entreprise a jusqu’à fin octobre pour accepter ou non de signer.

    À lire aussiLe deuxième plus gros diamant au monde découvert au Botswana

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  • Côte d'Ivoire: à Abidjan, la difficile équation du logement
    2025/10/22

    En Côte d'Ivoire, alors que la présidentielle approche à grands pas, le coût du logement figure parmi les difficultés les plus pressantes pour de nombreux électeurs. À Abidjan, les loyers flambent, poussant les habitants à faibles revenus toujours plus loin des centres urbains. Un sujet sensible à l'heure où l'accès au logement décent reste un défi national.

    Avec notre correspondant à Abidjan,

    À Cocody Angré, quartier huppé d'Abidjan, Stéphane Koffi, agent immobilier, enchaîne les visites. Son téléphone ne cesse de crépiter, signe d'une demande qui explose. Ces dernières années, partout dans la capitale économique, les grues s'élèvent, les immeubles sortent de terre. Mais derrière ce décor de modernité, les loyers flambent. « Le salaire minimum interprofessionnel garanti (SMIG) en Côte d'Ivoire, c'est 75 000 francs CFA. Supposons que quelqu'un a un salaire de 75 000 francs CFA, il ne peut même pas se prendre un studio. Parce qu'il n'y a pas de ce studio à ce prix dans la zone où on est actuellement. Pour un appartement de deux pièces, c'est minimum 150 000 francs CFA. Ça peut aller au-delà », constate l'agent immobilier.

    Une hausse nourrie par une demande bien supérieure à l'offre. Selon la Banque mondiale, le déficit de logements à Abidjan est de plus de 400 000 logements. Pour l'économiste Alban Ahouré, cette situation est favorisée par l'émergence d'une classe moyenne qui représente plus de 30% des ménages. « Cette classe moyenne ne désire pas forcément habiter dans les zones périphériques. Et donc, cette concentration de la demande sur le centre entraîne une forte pression et une hausse des prix », explique-t-il.

    Logements sociaux, location-vente : à la recherche de solutions

    Résultat : beaucoup d'Abidjanais s'installent en périphérie. C'est le cas de Moustapha Dembélé. Il travaille dans la zone portuaire de Treichville mais vit à Abobo N'Dotré, à près de 20 kilomètres, dans un deux-pièces qu'il loue 50 000 francs CFA par mois. Il a fait les calculs : « Quand je fais une association de mon loyer et de mon transport minimum par mois, ça ne vaut même pas le loyer d'un immeuble dans lequel j'ai voulu habiter. » Même s'il passe parfois plusieurs heures dans les embouteillages, Moustapha relativise. « D'abord, en termes d'espace, je suis dans un 30m². Dans d'autres communes, ça serait très coûteux. Au-delà de cela, je suis juste derrière la clôture d'une école primaire, également à côté d'un centre de santé communautaire, et je suis à deux minutes de marche du marché », décrit le locataire.

    Pour soulager les ménages modestes, l'État ivoirien mise sur les logements sociaux. Mais treize ans après le lancement du programme, seuls 42 000 logements ont été livrés sur 150 000 prévus. L'idée aujourd'hui est de changer de paradigme face au faible taux de bancarisation des Ivoiriens, confie le directeur général du logement, Célestin Koalla. « Il faut qu'on fasse de la location-vente et de la location simple. À ce moment-là, ils ne seront plus concernés par le crédit hypothécaire », met-il en avant.

    « Le gouvernement vous remet simplement une clé. Chaque mois, vous payez un loyer et 25 ans plus tard, vous êtes propriétaire parce que nous, on dit, dans notre jargon, que tout le monde ne peut pas acheter une maison, mais tout le monde loue une maison », poursuit le directeur général. Des chantiers sont en cours à PK 24 et à Yopougon BAE, avec un objectif de plus de 1 000 nouveaux logements. Une commission nationale d'attribution a déjà été mise en place et les souscriptions doivent démarrer dans les prochains mois, promet le ministère du Logement.

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