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サマリー
あらすじ・解説
Le 30 avril 2025, elle cessera d'émettre sur les ondes du nord de l'Irak. Depuis dix ans, la radio Al-Salam était devenue le porte-voix des déplacés internes et réfugiés syriens, fuyant l'État Islamique pour trouver refuge au Kurdistan irakien.
Une antenne apolitique et multiconfessionnelle qui cessera définitivement d'émettre dans quelques jours, faute de financements. Avec la disparition de cette radio c'est aussi l'accès à une information neutre qui va disparaître.
Elle diffusait en deux langues : le kurde et l'arabe, et son jingle était connu dans tout le nord de l'Irak. Fondée en 2015 par la Guilde européenne du raid, Radio sans frontières, et l'Œuvre d'Orient, cette radio « de la paix » était financée à 50 % par de l'argent public, celui de l'Agence française de développement. « C'est une radio qui tourne à à peu près 200-250 000 euros par an. Le financement public s'élève à à peu près 50 % de ces financements-là. Pour la faire courte, les financements publics n'ont pas été renouvelés dû à des coupes budgétaires au niveau de l'État français » explique Marion Fontenille, directrice de la radio Al-Salam.
Avec le retrait du plus gros investisseur. C'est ensuite tout le château de cartes financier qui s'effondre. Impossible de continuer à payer les sept journalistes de différentes cultures qui faisaient tourner la radio. Ils laisseront un bassin de cinq millions d'habitants avec une source d'information neutre et vérifiée en moins. Une radio qui sensibilisait aussi à des thématiques peu ou pas traitées par les autres médias comme l'environnement, le genre ou la jeunesse.
Radio Al-Salam diffusait aussi certaines valeurs, notamment celle de la paixAlors que les guerres confessionnelles de ces dernières années ont déstabilisé en Irak la capacité des différentes communautés à vivre ensemble. Pour Marion Fontenille, cette radio créait du lien et un rempart contre les tensions communautaires. « Il n'y a pas de médias indépendants en Irak. Ils sont tous détenus soit par des businessmen qui ont des liens avec des partis politiques ou avec des groupes, encore une fois, les communautés et donc le risque, avec des médias comme le nôtre qui disparaissent dans ce paysage-là, c'est que, en fait, chacun se replie sur sa communauté ou de parti politique ».
Radio Al-Salam véhiculait aussi des valeurs prônées par la France et permettait de lutter contre la désinformation. Pourtant, dans quatre jours, la directrice coupera l'antenne. « Évidemment que ça me fend le cœur d'être celle qui va éteindre les lumières, baisser les potards et fermer les portes. Malgré tout, je pense sincèrement que ce qui a été fait pendant dix ans, c'est formidable. On reçoit beaucoup de messages de sympathie et je suis persuadée que tout ça n'a pas été fait pour rien et que ça va perdurer d'une manière ou d'une autre ».
Les journalistes de la radio, eux, sont en train d'envoyer des CV, même s'ils sont bien conscients des réalités des médias irakiens et que leur liberté d'informer ne sera certainement plus la même qu'à Radio Al-Salam.