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サマリー
あらすじ・解説
Il l'adressait aux Américains, en septembre 2015. « Traitez les autres avec la même passion et la même compassion avec lesquelles vous souhaitez être traités ». Ainsi parlait le pape François aux élus américains, réunis pour l'acclamer en 2015. Dix ans plus tard, cette exhortation s'impose plus que jamais, et tous devraient la méditer, au moment où la planète fait ses adieux au pape argentin. Quelque 130 délégations étrangères, dont une bonne cinquantaine de chefs d’État assistent, ce samedi 26 avril, aux obsèques du pape François, en plus des milliards de téléspectateurs et des centaines de milliers de fidèles qui lui rendent hommage, depuis le 21 avril. Comment comprendre cet intérêt planétaire pour ce pape réputé simple ?Au-delà de l’affliction, compréhensible, des catholiques, la disparition du souverain pontife émeut, car la plupart lui reconnaissaient des valeurs, une grande sincérité, beaucoup de simplicité et d’empathie. Autant d’atouts qui, aux yeux des peuples du monde, manquent à nombre de ceux qui tiennent aujourd’hui le gouvernail de la planète. Pour frapper l’imagination et les consciences, François savait trouver les bons termes et, au nom de ce qui est juste, il assumait de déplaire.Dans un monde régi par la brutalité, la raison du plus fort et la capacité à intimider, sinon à agresser, ce pape savait, sans haine ni malice, exprimer des convictions fortes sur les dysfonctionnements qui affectent l’humanité. Maintenant qu’il n’est plus, notre monde semble privé de l’essentiel du peu de conscience qui lui restait. Et, en attendant que le prochain pape devienne suffisamment audible, pour imposer son style et sa voix, François manquera cruellement à la terre entière.Puisqu’il demeure populaire, même dans la mort, pourquoi ne pas ressusciter, pour les valoriser, ses idées les plus percutantes ?Cela supposerait des disciples organisés, que François, pape bien trop humble, n’a pas imaginé mobiliser de son vivant. Mais certaines de ses idées infusaient déjà, qui sauront prospérer toutes seules. Ainsi de la protection de la planète, qu’il définissait, dans une encyclique, en 2015, comme « un bien fondamental », « la maison commune à sauvegarder », de « la culture du déchet ». « La protection de la planète, rappelait-il, est la tâche la plus urgente de notre temps. Nous en sommes tous responsables. Nul ne pourra dire : je n’y suis pour rien ».De même, pour protéger les faibles et les démunis, François prônait moins de disparité dans une économie mondiale où 20% de l’humanité détient environ 80% des richesses. Ce déséquilibre marginalise, exclut, laisse à l’écart. « Notre époque nous parle de tant de pauvreté, disait-il, et la pauvreté est un cri. Dans un monde avec autant de richesses, c’est un scandale que tant d’enfants soient affamés et privés d’éducation ; que tant de gens meurent de faim ! ».Pour le défunt pape, les migrants sont une boussole que les pouvoirs ne peuvent ignorer durablement, sans risquer d’en être eux-mêmes victimes. Aussi, mettait-il en garde, à Lampedusa, contre « la mondialisation de l’indifférence », qui vous habitue insidieusement à la souffrance des autres. Comme si c’était quelque chose de normal. « Ces gens sont victimes d’une injustice mondiale. Pourquoi doivent-ils, à cause de la guerre ou de la faim, quitter leurs terres ? »À lire aussiItalie: le pape François sur l'île de Lampedusa pour attirer l'attention sur le drame de l'immigrationNe faut-il pas, au regard de la situation actuelle, convenir que lui-même n’a pas été entendu ?Peut-être. Mais il avait prévenu. Cette surdité feinte ne sera pas sans conséquences : « Plus vous êtes puissant, plus vos actes ont des effets sur les gens, plus vous serez amené à être humble. Sinon, le pouvoir vous détruira, et vous détruirez les autres ». En bon pasteur, François avait, en septembre 2015, livré l’antidote au Congrès des États-Unis. La règle d’or : Traiter les autres avec la même passion et la même compassion avec lesquelles on souhaite être traité. Rechercher pour les autres les mêmes opportunités que l’on cherche pour soi-même. Aider les autres à grandir, comme on aimerait être aidé. Si on veut la sécurité, il faut donner la sécurité. Offrir des opportunités, si on veut des opportunités. « La mesure que nous utilisons pour les autres sera celle que le temps utilisera pour nous », avait insisté le pape. Feindre d’être sourd aux cris de détresse des autres, c’est prendre le risque que Dieu ne vous entende pas, lorsque vous l’invoquerez, pour lui rappeler qu’il a toujours été de votre côté.À lire aussiLe pape François, un bâtisseur de ponts et de réformes