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Chronique de Jean-Baptiste Placca

Chronique de Jean-Baptiste Placca

著者: RFI
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このコンテンツについて

Jean-Baptiste Placca, chroniqueur au quotidien La Croix et fondateur de L’Autre Afrique livre sa vision sur l’actualité africaine de la semaine écoulée. Entre analyse, réflexion et mise en contexte, cette chronique est l’occasion de donner du sens et de prendre du recul sur les événements de la semaine, mais également de revenir sur des sujets parfois traités trop rapidement dans le flot d’une actualité intense.

France Médias Monde
政治・政府
エピソード
  • Ce Bénin qui n'en finit pas d'étonner
    2025/09/06
    Au Cameroun, Paul Biya, 92 ans, s’apprête à rempiler pour un huitième mandat, le mois prochain, tandis qu’en Côte d’Ivoire, Alassane Ouattara, 83 ans, en briguera un quatrième. La vedette du moment est pourtant le Béninois Patrice Talon, qui vient de désigner son dauphin, confirmant son départ du pouvoir en avril prochain. L’admiration qu’il suscite est-elle justifiée ? Dresser des colonnes d’apothéoses à la gloire d’un chef d’État, simplement parce qu’il se conforme à une limitation de mandats prescrite par la Constitution de son pays, relève d’une certaine facilité intellectuelle. Si ne pas contourner une règle ou un interdit suscite autant d’effusions, c’est parce que la propension des dirigeants africains à rudoyer la loi fondamentale est telle que beaucoup sont émerveillés, lorsque certains s’abstiennent de tricher. En Afrique, les resquilleurs prospèrent surtout dans le microcosme francophone. Anglophones et lusophones sont d’ordinaire plus respectueux des textes. En Afrique de l’Ouest, en dehors de la Gambie, revenue depuis peu à la démocratie après deux décennies de despotisme, aucun chef d’Etat anglophone n’a effectué plus de deux mandats, depuis 1992, au Ghana ; 1996, en Sierra Leone ; 1999, au Nigeria ; et 2006, au Liberia. Au Cap-Vert, Aristides Pereira est le dernier à avoir assumé trois mandats, en 1991. Même la Guinée-Bissau, avec ses travers, s’efforce de respecter cette limitation. Par contre, sur huit pays francophones, seul le Bénin s’est régulièrement conformé, depuis 1991, à cette règle. Partout ailleurs, la Constitution a subi de malicieuses révisions. Au Sénégal, Abdoulaye Wade a ainsi pu briguer, en 2012, un troisième mandat, que les électeurs lui ont refusé. À lire aussiBénin: le principal parti d'opposition sécurise les parrainages pour son candidat à la présidentielle Le Bénin, l’unique bon élève francophone ? L’opinion et les quatre dirigeants de l’ère démocratique, au Bénin, ont su préférer leur patrie au piège du troisième mandat. Battu, en 1996, après son premier mandat, Nicéphore Soglo a cédé le pouvoir à Mathieu Kérékou, qui n’a pas plus succombé à la tentation, en 2006, que Thomas Boni Yayi, en 2016. Pour ce pays, qui passait jadis pour le champion continental des coups d’État, ce sursaut est salutaire. Cette constance a conforté la crédibilité du Bénin et facilité les remarquables progrès économiques relevés ces dix dernières années. Avec un peu de sérieux et de rigueur, la stabilité démocratique finit toujours par favoriser le développement économique. La fulgurante ascension de Romuald Wadagni inconnu au Bénin il y a dix ans Peu après son élection, Patrice Talon en avait agacé plus d’un, en déclarant que son pays manquait de cadres compétents. Dans l’absolu, il n’avait pas tort. Et il a dû embaucher, déployer des moyens, pour attirer les compétences, notamment de la diaspora. Il a su détecter, former, motiver et promouvoir, sans ostracisme, y compris dans des secteurs de pointe. Y compris pour prendre le gouvernail de la nation. Et ce dauphin, rallié seulement six mois avant son élection, est un pur produit de la boulimie de compétences de ce président-capitaine d’industrie. Le choix de Romuald Wadagni devrait faire réfléchir tous ceux qui, à Yaoundé, ne cessent de clamer que seul leur champion de 92 ans a l’envergure pour diriger le Cameroun. Cela vaut aussi matière à réflexion pour ceux qui, jusqu’à ces dernières semaines, suppliaient Alassane Ouattara de rempiler pour un quatrième mandat, parce que nul d’autre que lui ne pouvait bien diriger la Côte d’Ivoire. De telles obséquiosités peuvent certes les conforter dans les bonnes grâces d’un chef d’État. Mais, l’apologie de la présidence à vie finit toujours par jeter le discrédit sur la compétence même d'un entourage présidentiel. Si Patrice Talon a pu, en moins de dix ans, détecter et promouvoir des éléments capables de lui succéder, pourquoi donc, après 15 années aux côtés d’Alassane Ouattara, ou 43 dans l’ombre de Paul Biya, les maîtres de la flagornerie s’avouent-ils inaptes à prendre la relève ? Même du temps de la présidence à vie, certains dirigeants visionnaires savaient passer le relais : Senghor, Ahidjo, Nyerere… et Mandela lui-même, à qui l’ANC et l’Afrique du Sud auraient péniblement survécu, s’il avait attendu de mourir au pouvoir.
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  • Au Cameroun, quand le griot se fait détracteur…
    2025/07/05
    Naguère chantre zélé du régime Biya, un ancien ministre de la Communication (et porte-parole du gouvernement) alerte : ce système politique est à bout de souffle. En parler relève-t-il de la traîtrise ou de l'œuvre de salubrité publique ? Moralité : ne jamais désespérer de l'être humain… Deux défections majeures, dans la coalition au pouvoir au Cameroun, et une petite fronde au sein du parti majoritaire laissent craindre que la présidentielle d’octobre prochain puisse ne pas être, pour Paul Biya, une promenade de santé. La sérénité affichée par l’entourage présidentiel serait-elle donc feinte ? En ouverture du bal des défections, le ministre Issa Tchiroma Bakary a osé l’expression : fin de règne. La sérénité n’est qu’une posture quand, à l’approche d’une présidentielle, on accuse un tel déficit d’enthousiasme. Issa Tchiroma, naguère griot totalement dévoué au président, décline, avec une troublante liberté de ton, l’interminable liste des insuffisances, et conclut que ce n'est plus Paul Biya qui gouverne le pays, mais des intérêts occultes antagonistes. Le plus cruel, pour un système politique vieillissant, est de voir un de ceux qui le défendaient étaler sur la place publique les secrets de famille. À lire aussiCameroun: après la démission d'Issa Tchiroma Bakary, l'avenir de l'ex-ministre pose question Issa Tchiroma Bakary reproche poliment à Paul Biya de considérer le pouvoir comme sa propriété, et d’être incapable, après quarante-trois ans, de désigner quelqu'un qui puisse lui succéder. Il affirme que Biya n’exercer plus le pouvoir que par procuration. Par délégation. Que ce soit l’ancien griot servile qui le dise fait encore plus mal que ce qu’il dit. Ses anciens alliés au pouvoir ne pourraient-ils pas minimiser son poids réel ? Seuls les résultats d’un scrutin transparent pourraient indiquer ce que représentent effectivement les deux ministres qui font défection. En attendant, on aurait tort, du côté du pouvoir, de mépriser certaines réalités et certains chiffres, dans un pays où le suffrage universel a toujours une coloration régionale, parfois dangereusement ethnique. Chaque grand leader politique a son fief électoral, un ancrage qui détermine son importance. Bello Bouba et Issa Tchiroma comptent parmi les grands leaders de ce que l’on englobe, au Cameroun sous l’appellation de Grand-Nord, région septentrionale du pays, dont les populations n’ont pas que des compliments à faire au régime Biya. À lire aussiCameroun: ces ministres qui ont osé défier le président Biya Par ailleurs, dans ce pays de 30 millions d’habitants, Paul Biya avait remporté la présidentielle de 2018 avec 2 550 000 voix, dont 1 700 000 dans ce seul Grand-Nord. Et entre la présidentielle de 2011 et celle de 2018, son score avait connu une érosion de quelque 1 820 000 voix. Partout ailleurs, de tels chiffres auraient inquiété. Pourquoi la fronde interne au RDPC fait-elle ricaner certains dignitaires du régime ? Il est plus facile de feindre la suffisance, ou même l’arrogance, que de s’interroger sur le fond des griefs de cet élu local qui s’est déclaré candidat, en faisant valoir que Paul Biya n’était plus, de fait, président du RDPC, depuis l’expiration de son mandat, en 2016. Tous auraient oublié d’organiser un congrès. Pourquoi importuner Paul Biya avec d’aussi dérisoires préoccupations statutaires ? Avec ou sans congrès, il est président du RDPC. Le parti lui appartiendrait. Et c’est bien triste. Pour le reste, reprocher au chef de l'État l’absence de conseils des ministres, ces quatorze dernières années, semble vain. Car le sort des conseils des ministres, sous Paul Biya, est connu. Après tout, il n’y a pas non plus de conseil des ministres aux États-Unis. Un État bien organisé peut fonctionner sans ce rituel. Surtout avec un président comme Paul Biya, grand commis de l’État, qui connaît parfaitement l’administration et dont le cabinet a toujours été structuré pour avoir prise sur les attributions des ministères importants. Ses conseillers maitrisent certains dossiers, mieux que les ministres concernés, qui peuvent ne pas être indispensables... En privé, certains, dans l’entourage présidentiel, se vantaient naguère de ce que le Cameroun, même avec un tel fonctionnement, s’en sortait plutôt bien. Sauf que nul ne sait comment le Cameroun s’en serait sorti avec une organisation plus… classique. Exactement comme on ignore les exploits qu’auraient réussis, au plan continental et mondial, l’équipe nationale de football, les Lions Indomptables, si elle avait été dirigée de manière plus rigoureuse. Mais ici, on se contente des petits feux d’artifice, pour excuser l’improvisation et la désorganisation généralisée. Lorsqu’un système politique est à bout de souffle, en parler n’est pas manquer de respect à qui que ce ...
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  • Côte d'Ivoire: par le chemin des écoliers
    2025/06/28
    Pendant que le sortant se donne le temps de décider, quatre des challengers, disqualifiés sur le terrain judiciaire, voudraient des mesures politiques, pour se porter candidats. Que restera-t-il de l’État de droit et de la démocratie, lorsque, pour satisfaire les uns et les autres, on aura fini, à coups de petits arrangements politiciens, de contourner la loi et les règles ? Retraite définitive ou candidature à sa propre succession ? Le chef de l’État ivoirien a promis à ses partisans une décision imminente. Mais certains n’y voient qu’un stratagème, pour briguer un quatrième mandat. Se peut-il qu’il hésite vraiment, parce qu’il peine à trouver le successeur parfait, soutenu par ses partisans et acceptable pour toute la Côte d’Ivoire ? Sur la légalité d’un éventuel quatrième mandat, plus personne ne débat, en Côte d’Ivoire. Surtout dans cet environnement d’Afrique francophone, où le nombre de mandats n’émeut plus guère, tellement les mandats à foison, les mandats sans fin et autres pouvoirs sans mandat sont à la mode. Observez donc l’indifférence générale dans laquelle Paul Biya pourrait, en octobre prochain, décrocher un huitième mandat, au Cameroun, à 92 ans ! Oui, Alassane Ouattara hésite, moins, certainement, par crainte d’être décrié, que parce qu’il n’a pas trouvé l’oiseau rare, pour rassembler son camp. Un piège, classique, l’obsession du successeur parfait ! Car il n’existe pas. Même prometteur sur papier, un bon dauphin peut se révéler décevant. Une fois en place, il peut même, pour s’affirmer, devenir hostile. João Lourenço, l’homme de confiance choisi en septembre 2017 par José Eduardo Dos Santos pour diriger l’Angola, s’est mis à traquer la progéniture de son « bienfaiteur » pour prévarication, emprisonnant certains, contraignant d’autres à l’exil. S’épuiser à vouloir installer un successeur sûr dans le fauteuil n’est peut-être pas indispensable, lorsque l’on a bien travaillé pour son pays, ce qui est manifestement le cas d’Alassane Ouattara, en Côte d’Ivoire. Ce peut même être contre-productif, comme l’a expérimenté Macky Sall, au Sénégal. À force de tergiversations, son camp a fini par tout perdre, avec un bon candidat, pourtant. N'est-il tout de même pas légitime, pour les partisans du président Ouattara, de vouloir conserver le pouvoir ? Certes. Mais il faut prendre garde à ce que le président ne devienne l’otage de tous. Certains savent qu’ils perdraient tout, si celui-ci venait à s’en aller. Leurs motivations personnelles sont parfois très égoïstes. De manière intéressée, chacun le voudrait au pouvoir jusqu’à la fin des temps. Ou jusqu'à ce que coma s'en suive. Comme s’il était en servage, pour tous. À ce stade d’un parcours riche et bien rempli, ce sujet d’élite, qui a eu une belle et brillante carrière avant le pouvoir politique ne devrait plus avoir, pour unique aspiration, que d’entrer définitivement dans l’Histoire. Pour cela, il lui faut commencer par sortir de la mêlée, et laisser son œuvre grandir, après lui. Sans lui. Peu importe si les continuateurs immédiats ne sont pas ses partisans d’aujourd’hui. Toute la nation, à terme, chantera ses louanges. Le plus bel exemple est Jerry Rawlings, du Ghana voisin. Aujourd’hui célébré, non pas pour avoir sécurisé le pouvoir pour sa formation politique, mais pour avoir eu le courage de faire confiance aux électeurs. En l’an 2000, il a cédé le pouvoir à son principal opposant, John Kufuor, car son propre vice-président avait été battu. Huit ans plus tard, Kufuor passera le flambeau à John Atta Mills, l’ancien vice-président en question. Depuis un quart de siècle, le Ghana conforte ainsi son image de démocratie irréversible, et Jerry Rawlings est devenu une référence continentale, pour avoir compris qu'une nation n’appartient ni à un parti politique ni à une région. Pour Alassane Ouattara, une telle place dans l’Histoire de la Côte d’Ivoire et de l’Afrique serait bien plus valorisante – et plus durable – que la transmission, à tout prix, du flambeau à un des siens, qui pourrait le décevoir. Mais, en Côte d’Ivoire, certains candidats, disqualifiés, estiment le jeu faussé… On s’attendait à les voir démontrer l’illégalité de leur disqualification, mais ils ne font que revendiquer des mesures politiques. Or, tous ne sont pas disqualifiés pour les mêmes raisons. Il va donc peut-être falloir, pour réhabiliter chacun, contourner des décisions de justice, des dispositions du code électoral, ou même la Constitution. Lorsque l’on aura fini tous ces petits arrangements politiciens, que restera-t-il de l’État de droit et de la démocratie ? Le leadership clairvoyant dont rêvent les peuples africains est incompatible avec une certaine légèreté, l’improvisation et les maladresses rédhibitoires.
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