
The Dissident Club, un café littéraire né de l’exil
カートのアイテムが多すぎます
カートに追加できませんでした。
ウィッシュリストに追加できませんでした。
ほしい物リストの削除に失敗しました。
ポッドキャストのフォローに失敗しました
ポッドキャストのフォロー解除に失敗しました
-
ナレーター:
-
著者:
このコンテンツについて
Les cafés littéraires ont longtemps été une tradition française. Au XVIIIe siècle, on s’y retrouvait pour élaborer des idées. Menaces sur l’information nous emmène aujourd’hui dans une sorte de café littéraire... Un établissement très original. The Dissident Club a été lancé il y a cinq ans par un journaliste pakistanais exilé politique. On y parle français et anglais. On peut débattre de l’actualité internationale ou de religion. Aucun sujet n’est interdit.
C’est dans le centre de Paris que The Dissident Club accueille militants, journalistes ou anonymes, que ce soit pour débattre, écouter du jazz ou assister à une projection… « On est venu parce qu’on travaille dans le quartier et qu’on était intrigué par le thème et la devanture. Maintenant, notre curiosité est aiguisée. On ne sait pas encore de quoi parle le film, mais en tout cas, je vais aller chercher sur internet et probablement acheter la BD à terme ».
La BD, qui, elle aussi s’appelle Dissident Club, c’est l’histoire de la jeunesse du patron. Taha Siddiqui est un journaliste pakistanais, prix Albert-Londres en 2014. Il a survécu à un enlèvement des services secrets de son pays en 2018. Son réseau d’amis journalistes l’aide à venir en France. Chapeau sur la tête malgré la chaleur, Taha Siddiqui raconte qu’à son arrivée, il était un peu perdu. « On est très seul dans l’exil. Vous perdez tout : votre maison, votre travail, votre famille et vos amis ».
Un endroit uniqueAu début Taha Siddiqui pense rester quelques mois et rentrer au pays. Mais les autorités françaises le préviennent. Son nom figure sur une liste noire. Il est en danger de mort au Pakistan et va devoir vivre en France. Il décide alors de créer ce bar ouvert aux dissidents du monde entier. C’est sa nouvelle famille. « Pour moi c’est un endroit unique. Et beaucoup de gens m’ont dit la même chose. Aujourd’hui, un bar qui organise des évènements intellectuels avec des dissidents en exil, c’est très exceptionnel ».
Être réfugié politique ne signifie pas être totalement protégé, dit-il notamment à cause de ce que l’on appelle la répression transnationale – autrement dit la surveillance par certains gouvernements de leurs opposants politiques à l’étranger. « Ici, en France, j’ai reçu des menaces sur mon portable. Il y a quelqu’un qui surveille mon bar, et qui est connecté avec l’ambassade du Pakistan et l’ambassade de Chine. Mes amis chinois ont reçu de nombreuses menaces. Mes amis russes et iraniens m’ont dit la même chose. La répression transnationale nous inquiète beaucoup. Plusieurs exilés pakistanais sont morts dans des conditions suspectes. Il y en a eu un en Suède en 2020. Un autre, au Canada. Aux Pays-Bas, un homme a été arrêté alors qu'il se préparait à tuer un militant actif sur les réseaux sociaux ».
Transformer la colère en énergie positiveTaha Siddiqui ne fait plus de reportages. Il écrit des analyses, et défend la liberté de la presse. Il s’est aussi occupé de sa santé mentale. Il avait une grande colère en lui, parce qu’il n’avait plus le droit de retourner dans son pays. Il était puni, pas pour avoir fait quelque chose de mal, mais pour avoir fait son travail. Pour avoir essayé d’améliorer les choses dans son pays. « Je reste en colère. Mais j’ai canalisé ma colère dans une énergie positive ».
Cette énergie positive c’est l’établissement The Dissident Club et la bande dessinée Dissident Club sur sa vie qui est sortie en 2023 et a été déjà traduite en quatre langues. Taha Siddiqui vient d’assurer la promotion de la sortie au Royaume-Uni. Le journaliste apprend actuellement la langue française. C’est l’une des conditions à remplir pour pouvoir demander la nationalité française.