Le Décret 2025-585 acte une minoration du financement à hauteur de 20% pour les formations en apprentissage quand elles sont organisées pour 80% et plus en distanciel. Pourtant la modalité distancielle est présente depuis 2018 dans la définition légale de l’action de formation.

En cette période de statuquo, Ludovic ne va pas vous présenter la parution du décret ni vous aider à l’appliquer. Ludovic partage avec vous ses interrogations et étonnements:

"Pour le Ministère, la production et la diffusion de formation à distance coûterait moins cher que le présentiel !

C’est écrit sur le site du ministère du travail dans son explication des mesures mises en œuvre dans le cadre de la réforme de l’apprentissage. Je cite: « Le recours au distanciel permet des réductions des coûts pédagogiques pour les centres de formation. Ainsi, à partir de plus de 80 % de formation en distanciel dans le cursus des apprentis, une minoration de 20 % sera appliquée aux niveaux de prise en charge. »

Je comprends la volonté ministérielle de lutter contre des pratiques qui m’étonnent ! Ces offres comme le CAP cuisine, le CAP fleuriste ou le bac PRO métiers de l’électricité et des environnements connectés en 100% distanciel pour la partie « théorique ». Mais passé mon étonnement, en quoi construire un parcours pédagogique à distance qui permet d’atteindre un objectif professionnel lié à ces métiers serait-il moins onéreux?

Construire une formation en distanciel ce n’est pas transposer son présentiel sur une plateforme avec des vidéos expositive et des quiz. Si comme moi vous avez déjà essayé l’exercice, c’est:

• repenser ses modalités pédagogiques
• augmenter les interactions de l’apprenant
• maintenir son engagement grâce à un accompagnement individualisé et renforcé
• rechercher des activités adaptées
• modérer des forums de discussion
• porter une attention accrue à la mise en forme des contenus.

C’est un temps de conception beaucoup plus long que le présentiel.

Avec une vision du distanciel en mode "regarde la vidéo, lis le cours et réponds aux quiz", une promo de 10 alternants sur un LMS est très (trop) rentable.

Pour celles et ceux qui développent une ingénierie pédagogique adaptée à la modalité, la réforme n’aurait-elle pas dû majorer et non minorer les formations à distance ?

• Favoriser les investissements vers des outils immersifs, (souvenez-vous du buz metavers en formation),
• Soutenir les bonnes pratiques
• Accompagner le développement d’une modalité citée dans la définition de l’action de formation : “Un parcours pédagogique qui permet d’atteindre un objectif professionnel. Elle peut être réalisée à distance…”

Espérons que le décret 2025-585 qui ne concerne que les formations en apprentissage ne soit pas une porte ouverte vers un plus large choix de minoration des financements par d’autres acteurs (les OPCOS, par exemple) de toutes les formations à distance.

Je veille pour vous et vous donne rendez-vous dans quelques temps, quand les instances nécessaires seront en place pour suivre la publication des textes attendus, comme l’éventuelle V10 du guide de lecture Qualiopi ou l’obligation de détention d’une formation certifiante pour les auditeurs ou auditrices. Les chats pitres sont aux aguets, restez connectés pour ne rien rater.”

Par Ludovic Simonin, Chat pitre en veille législative et réglementaire

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