Dans L’Indéfinie – Le roman de Vassilis, Basile Panurgias déploie une architecture narrative d’une rare intelligence, mêlant le destin personnel d’un homme en ruine à celui d’un pays en pleine marchandisation. Le narrateur, Vassilis, architecte exilé à Athènes après un drame conjugal resté trouble, tente de reconstruire une forme de vie, de dignité, voire d'innocence, dans la maison délabrée de sa mère. Mais ce retour est tout sauf tranquille. Satire acide du tourisme de masse, chronique douce-amère des exils modernes, réflexion sur la vérité et le faux (jusqu’au cœur de l’histoire de l’art), ce roman dense regorge de métaphores brillantes et de dialogues savoureux. Entre les mains du narrateur, un simple orteil de marbre devient symbole de beauté perdue, d'identité mutilée, d'espoir fragile. À la fois roman d’idées, drame intime et comédie du réel, L’Indéfinie nous prend par la main, par le cœur, et parfois par le pied, pour mieux questionner ce qui fait de nous des êtres debout. Une réussite littéraire totale, où l’architecture devient l’écho de l’âme.

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Dans Grand Poisson, Fabrice Sanchez orchestre une descente aux enfers dans les couloirs d’un lycée sinistré. Le narrateur, jeune professeur fraîchement nommé, croyait entrer dans l’arène pour enseigner la littérature ; il découvre un monde parallèle, kafkaïen et grotesque, où la pédagogie se heurte à l’absurde bureaucratie, aux élèves furibards et à une administration fantomatique.

Le roman, écrit à la deuxième personne, place le lecteur dans la peau du professeur. Rarement l’expérience de l’enseignement n’aura été aussi viscéralement restituée, entre satire grinçante et tragédie intérieure. Le style, virtuose et baroque, évoque une odyssée dans un huis clos étouffant, où l’ironie se heurte au désespoir.

Mais c’est aussi un roman de transformation : l’homme se mue en autorité froide, dans une spirale à la fois jouissive et effrayante.

Sanchez signe un texte fort, inclassable, à mi-chemin entre roman d’apprentissage, comédie noire et conte fantastique. Un cri, un miroir, un exorcisme.

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Dans L’Homme sous l’orage, Gaëlle Nohant signe une fresque à la fois intime et tragique, où les battements du cœur rivalisent avec ceux du canon. 1917, Rosalie, 19 ans, découvre l’amour et la transgression en cachant un déserteur dans le grenier familial. La guerre, désormais à sa porte, n’est plus une abstraction : elle fracture les familles, les cœurs et les certitudes. La langue de Nohant, à la fois ciselée et incarnée, embrasse le trouble des corps, les remords des mères et l’héritage du silence. La peinture, motif récurrent, devient un exutoire, un acte de foi autant qu’une tentative de réparation. Le roman est traversé par l’ombre des morts, mais aussi par la pulsation de la vie, tênue, insensée, mais tenace. Rosalie, à la frontière de l’enfance et de la femme, porte en elle une passion qui pourrait la perdre ou la sauver. Un roman bouleversant, sans pathos mais avec une intensité rare.

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