Et si l’anthropologie n’était pas une science qui explique, mais un art qui interprète ?
À Bali, en suivant Clifford Geertz dans un simple combat de coqs, nous découvrons une révolution intellectuelle : la culture n’est pas une mécanique, mais une toile de significations. Entre science et littérature, explication et interprétation, Geertz nous apprend à « lire » les sociétés comme des textes vivants – et à nous interroger sur le regard même de l’anthropologue.

Et si les sociétés dites “primitives” n’étaient pas des ébauches inachevées de notre propre organisation politique, mais au contraire des communautés qui avaient délibérément construit des mécanismes pour éviter l’apparition d’un pouvoir central ? Dans la forêt amazonienne, Pierre Clastres observe des chefs sans autorité et des guerres qui empêchent l’unification. Avec lui, l’anthropologie se fait manifeste politique : l’État n’est pas le destin naturel de l’humanité, mais peut-être son grand piège.

Claude Lévi-Strauss n’a pas seulement observé des sociétés lointaines : il a cherché à dévoiler la grammaire cachée qui organise toutes les cultures humaines. De ses voyages au Brésil racontés dans Tristes Tropiques à sa grande théorie de l’échange et de la parenté, de La Pensée sauvage à l’immensefresque des Mythologiques, il a transformé l’anthropologie en une science des structures universelles. Astronome des sociétés, il a montré que derrière la diversité infinie des mythes et des coutumes, se cache une logique commune. Cet épisode explore l’œuvre d’un penseur qui a marqué le XXe siècle et nous invite à regarder autrement ce que nous croyons familier.

Mots-clés:

• Claude Lévi-Strauss

• anthropologie

• structuralisme

• ethnologie

• Tristes Tropiques

• La Pensée sauvage

• parenté et inceste

• mythes et mythologie

• diversité culturelle

• nature et culture

• pensée française

• sciences humaines

Et si les véritables sociétés d’abondance n’étaient pas les nôtres, mais celles des chasseurs-cueilleurs ? Marshall Sahlins démonte le mythe du progrès et révèle comment l’anthropologie peut devenir une arme critique contre notre monde obsédé par la croissance.

Vaudou : entre dieux africains et saints catholiques

Plongée au cœur du vaudou haïtien avec Alfred Métraux : au-delà des clichés hollywoodiens, découvrez comment cette religion est née du syncrétisme, fusion créative de traditions africaines et catholiques, et comment elle a servi de ciment social et politique face à l’esclavage et à l’oppression. Une leçon d’histoire, de résilience et de créativité culturelle.

Pourquoi moi ? La sorcellerie selon les Azandé

Un grenier s’effondre dans un village africain. Les Azandé savent bien que ce sont les termites qui ont rongé le bois. Mais pour eux, ce n’est pas suffisant : pourquoi s’est-il effondré à ce moment-là, sur ces personnes-là ? La réponse tient en un mot : sorcellerie.
Avec Edward Evans-Pritchard, l’un des grands anthropologues britanniques, on découvre un système de pensée fascinant, aussi cohérent que le nôtre, qui ne cherche pas à expliquer le comment mais le pourquoi du malheur. Et si, au fond, nos statistiques et leurs oracles n’étaient que deux façons différentes de conjurer la même angoisse : le hasard.

Margaret Mead et le scandale des îlesSamoa

En 1928, une jeune anthropologue de 23 ans bouleverse l’Amérique puritaine : Margaret Mead publie Coming of Age in Samoa, où elle affirme que l’adolescence n’est pas une crise universelle, mais une construction culturelle.
Icône féministe et scientifique, Mead utilise l’anthropologie comme miroir critique de sa propre société. Mais cinquante ans plus tard, son travail est attaqué par Derek Freeman, déclenchant l’une des plus grandes controverses des sciences sociales.
Entre intuition géniale, idéalisation, et débats idéologiques, que reste-t-il aujourd’hui de l’héritage de Mead ? Et que nous apprend ce duel sur la manière dont les anthropologues produisent — et contestent — la vérité ?

De la Kula au Potlatch : comment un savant parisien a découvert la grammaire cachée de nos échanges.

Après Malinowski et ses explorations océaniques, cap sur Paris: dans un bureau encombré de fiches, Marcel Mauss mène une enquête hors du commun.
À travers les récits de la Kula mélanésienne, du Potlatch amérindien et d’innombrables traditions du monde, il découvre une loi universelle qui structure les sociétés : la triple obligation de donner, recevoir et rendre.

Son Essai sur le don (1925) n’est pas seulement un texte fondateur de l’anthropologie. C’est aussi une réflexion toujours actuelle sur ce que nous avons gagné avec l’économie de marché… et sur ce que nous avons perdu : la chaleur du lien, l’idée que nos échanges sont plus que de simples transactions.

Un épisode pour comprendre pourquoi les cadeaux, les pourboires ou même les invitations à dîner sont bien plus qu’une politesse — ils sont le cœur invisible du lien social.