
La loi cybersécurité en Jordanie, une disposition liberticide pour les journalistes
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Menace sur l'information ce matin et direction la Jordanie, où la loi sur la cybercriminalité est devenue un outil de répression des journalistes critiques. Un texte adopté en septembre 2023 et que l'association Reporters Sans Frontières qualifie de liberticide. Les journalistes Ahmad Hassan al Zoubi et Hiba Abu Taha en ont fait les frais pendant plusieurs mois derrière les barreaux.
Avec notre correspondante eu Jordanie, Alice Froussard
Le son qui ouvre ce reportage à l'écoute est celui d’une vidéo, sur laquelle des Jordaniens manifestent dans les rues de leur capitale, Amman, contre la loi relative à la cybercriminalité.
Nous sommes en août 2023, quelques mois à peine avant que la Jordanie promulgue cette nouvelle loi controversée : « Diffusion de fausses informations, atteinte à la réputation, menace à la paix sociale, ou encore mépris des religions ». Toutes ces infractions — en ligne — ont désormais de nouvelles définitions, extrêmement larges, et sont passibles de lourdes sanctions pouvant aller jusqu’à trois ans de prison.
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Si la loi ne cible pas directement les journalistes, ils sont les premiers à en faire le frais.
C’est le cas d’Ahmad Hassan al-Zoubi, commentateur satirique de 50 ans, fondateur du site d’information Sawalif, et longtemps, chroniqueur dans le quotidien d’État Al Rai. Il ne mâche pas ses mots dans ses vidéos comme en témoigne cet extrait qui date d’avant son arrestation : « Il y a des gens qui tentent d’en finir avec l’injustice de notre pays. Mais ils sont toujours remplacés par des pantins qui ne font que 'oui' de la tête. Qui ne valent que ce que leurs mains peuvent prendre. Car ce sont des esclaves de leurs intérêts personnels. »
Le 2 juillet 2024, le journaliste est arrêté. Placé dans la prison de Marka, à Amman, condamné un an plus tôt après avoir posté un message sur les réseaux sociaux, critiquant la gestion par les autorités jordaniennes de la grève des chauffeurs routiers à Maan, au sud du pays. Il n’est relâché que six mois plus tard… en janvier dernier après des conditions de détention atroces. Pour la justice du royaume hachémite, Ahmad Hassan al-Zoubi était coupable d’avoir « incité à la discorde entre les membres de la communauté ».
Un crime selon l’article 17 de cette loi sur la cybercriminalité. Une loi qui donne un très mauvais signal pour la liberté d’expression du pays, estime Marwa Fatafta, de l’organisation Access Now : « Ce sont des sanctions très disproportionnées… Et cela implique aussi qu’en tant que journaliste, vous ne pouvez plus non plus demander à un gouvernement ou à des forces de l’ordre de rendre des comptes. Imaginez un scénario, et c'est déjà arrivé en Jordanie précédemment, où les manifestants ou les journalistes documentent des violences policières. Je pense qu’avec cette loi, un tel acte pourrait vous mettre en danger alors que vous ne faites que filmer ou relater une ou des violations des droits de l’homme ».
Le 13 mai 2024, la journaliste Hiba Abu Taha a, quant à elle, été arrêtée et détenue à la suite d’un article d’opinion sur les liens entre la Jordanie et Israël depuis le début de la guerre à Gaza. Elle n’est sortie de prison qu’en février dernier.
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