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En Éthiopie, les journalistes réduits au silence à l’approche des élections

En Éthiopie, les journalistes réduits au silence à l’approche des élections

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Qu’est-il arrivé à Yonas Amare, journaliste chevronné en Éthiopie ? Le rédacteur en chef du quotidien The Reporter a été enlevé par des hommes masqués le 13 août 2025. Dix jours plus tard, toujours aucune nouvelle. Deux autres journalistes ont, eux aussi, disparu, dans le silence total des autorités. Une omerta inédite, qui inquiète à l’approche des élections générales de 2026. Reporters sans frontières (RSF) confirme ce durcissement : l’Éthiopie a perdu quatre places dans son dernier classement mondial de la liberté de la presse. Un contraste spectaculaire avec les promesses d’ouverture du Premier ministre Abiy Ahmed.

Le 5 août, Khadar Mohammed Ismael, journaliste à la Somali Regional Television, est arrêté pour un simple post sur facebook, sans chef d’accusation. Six jours plus tard, Abdulsemed Mohammed, animateur radio, disparaît et ne réapparaît que trois jours après, accompagné des policiers. Le 13 août enfin, Yonas Amare, rédacteur en chef du quotidien The Reporter, est enlevé devant son domicile par des hommes masqués. Depuis, plus aucune nouvelle.

La répression contre la presse n’est pas nouvelle en Éthiopie, mais elle a franchi un nouveau cap ces derniers mois, explique Muthoki Mumo, coordinatrice Afrique au Comité pour la protection des journalistes (CPJ). « Les journalistes étaient souvent arrêtés en Éthiopie, mais en général, au bout de quelques jours, on savait où ils se trouvaient, dans quel commissariat. Ou bien, ils étaient présentés devant un juge. Même pendant la guerre civile, lorsque certains disparaissaient, il y avait au moins une information sur le lieu de détention. Dans le cas de Yonas, on ne sait ni qui l’a enlevé, ni où il est. Que cela dure aussi longtemps, sans aucune nouvelle, est profondément inhabituel et extrêmement inquiétant », alerte-t-elle.

Pour le CPJ, ce vide d’information installe la peur dans les rédactions et menace la qualité de l’information. « Cela envoie un message de peur très fort. On ne sait pas qui l’a enlevé ni pourquoi. Alors chacun se dit : "est-ce que ça pourrait m’arriver demain ?" C’est un très mauvais signe, car en période électorale, la population a plus que jamais besoin de journalistes au meilleur de leur forme, capables d’informer sur ce qui se passe », estime sa coordinatrice.

Pour l'ONG Reporters sans frontières (RSF), ces disparitions reflètent une tendance plus large, l’Éthiopie ayant en effet perdu quatre places dans son classement mondial et figure désormais parmi les pays les plus répressifs. « S’ils ne sont pas enlevés, ils sont détenus sur la base de motifs fallacieux : accusations de terrorisme, d’incitation à la violence, de menaces contre l’ordre constitutionnel… Certains ont même été accusés de vouloir renverser le régime, notamment dans la région d’Amhara », détaille Sadibou Marong, directeur Afrique subsaharienne de RSF.

Une autre stratégie d'intimidation, selon RSF : contrôler le narratif politique, à l’approche des élections législatives : « On est dans une phase où les autorités veulent verrouiller le récit autour des enjeux cruciaux du scrutin. Pour cela, elles arrêtent et emprisonnent des journalistes qui ne font que leur travail. »

Une dérive d’autant plus paradoxale que l’arrivée d’Abiy Ahmed en 2018 avait suscité de grands espoirs d’ouverture démocratique. « Il y avait beaucoup d’espoir à son arrivée. Mais tout cela s’est effondré : arrestations arbitraires, enlèvements, surveillance inouïe. Les journalistes ne peuvent plus se sentir en sécurité dans le pays », regrette Sadibou Marong.

Pour les ONG, si les journalistes sont réduits au silence, c’est la crédibilité même du scrutin de 2026 qui sera menacée.

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