エピソード

  • Les dernières écritures, d’Hélène Zimmer
    2025/10/24

    Professeure de français, Cassandre choisit de remplacer les classiques scolaires qu’elle a l’habitude de faire étudier à ses élèves, par un livre qui décrit l’état alarmant de la planète. Lorsqu’une de ses élèves tente de se suicider, Cassandre est alors accusée de harcèlement moral et traduite en justice. Son procès occupe le centre du récit. On y croise l’enseignante, ses avocats, ceux de la partie adverse, mais aussi un scientifique désabusé qui a participé à l’écriture du livre. Les vies de ces personnages, déjà fragiles, résonnent étrangement avec le chaos écologique qui les entoure. Ce roman choral mêle critique sociale, réflexion sur l’école et méditation sur la catastrophe climatique. L’écriture, vive et parfois ironique, met en parallèle l’effondrement intime des personnages et celui du monde tout en interrogeant la possibilité de transmettre et de continuer à vivre dans un contexte de fin annoncée.

    Les dernières écritures, Hélène Zimmer, P.O.L., 2025

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    16 分
  • La maison vide, de Laurent Mauvignier
    2025/10/10

    Le roman s’ouvre sur une demeure abandonnée pendant vingt ans, renfermant objets, photos mutilées et traces de plusieurs générations. À partir de cette maison, l’écrivain remonte le fil d’une histoire familiale marquée par deux guerres mondiales, la vie paysanne et les destins brisés de plusieurs femmes. On croise Marie-Ernestine, musicienne empêchée par un mariage imposé, Marguerite, figure rebelle et humiliée à la Libération, ou encore les hommes partis au front et revenus détruits. En ravivant ces existences oubliées, Mauvignier tente de comprendre l’ombre que ce passé a fait peser sur les siens, jusqu’au suicide de son père en 1983. Le roman est à la fois enquête intime, fresque historique et méditation sur la mémoire transmise par les silences autant que par les récits. Avec son écriture minutieuse et vibrante, l’auteur redonne chair à des vies effacées et fait de cette maison un lieu hanté où s’entrelacent drame familial et mémoire collective.

    La maison vide, Laurent Mauvignier, Les éditions de Minuit, 2025

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    16 分
  • La joie ennemie, de Kaouther Adimi
    2025/09/26

    Le livre de Kaouther Adimi est le récit d’une nuit passée à l’Institut du monde arabe face aux œuvres de la peintre algérienne Baya. Ce qui commence comme un dialogue avec l’art se transforme en plongée intime dans la mémoire de l’autrice. Baya, révélée très jeune par ses toiles éclatantes, incarne pour Adimi une force de vie et de résistance, miroir de son propre rapport à l’Algérie. Le récit mêle la trajectoire de l’artiste et l’enfance de l’écrivaine dans les années 1990, marquées par la décennie noire. Alors que sa famille choisit de rentrer au pays malgré la menace terroriste, la jeune Kaouther vit la peur au quotidien. Elle enquête aujourd’hui sur cette période, questionne ses proches et confronte souvenirs et images familiales. Ce texte explore ainsi les liens entre art, mémoire et histoire collective, montrant comment la création peut devenir refuge, éclairage et libération face aux ombres du passé.

    La joie ennemie, Kaouther Adimi, Stock, Collection Ma nuit au musée, 2025

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    16 分
  • Des obus, des fesses et des prothèses, d’Arno Bertina
    2025/09/12

    Dans un hôtel près de Tunis, quelques années après la révolution, des femmes en convalescence après des opérations de chirurgie esthétique, leurs corps et leurs visages recouverts d’hématomes et de bleus, côtoient des rescapés de la guerre en Libye, gravement blessés, mutilés, défigurés. Ces femmes augmentées (en guerre contre elle-même, l’acceptation de leur physique) se confrontent à ces hommes diminués. « La chirurgie n’est pas une façon d’éteindre le feu qu’allume en nous le regard des autres, c’est sans doute la trace de cette violence. » Le récit se forme autour de plusieurs personnages, dans la multiplicité des voix qui se font écho, dont le face-à-face souligne une même fragilité : celle d’exister dans le regard et le désir des autres. « Des grimaces, de la laideur, des corps qui se contorsionnent, qui hurlent en essayant de sourire ».

    Des obus, des fesses et des prothèses, Arno Bertina, Verticales, 2025

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    15 分
  • Colline, de Fanny Chiarello
    2025/08/29

    Fanny Chiarello dépeint Coline, une adolescente marginale, entre colère et lucidité, vivant dans une ancienne ville minière du Nord de la France, qui fuit un quotidien miné par la désindustrialisation et la condescendance des clichés de classe. Isolée, végane, lesbienne, elle trouve refuge sur les terrils, écoutant Jamila Woods et inventant un dialogue intérieur libérateur, dénonçant la domination, l’exploitation, la confusion des valeurs, et la perte de sens. Grâce à une écriture incisive, une langue inventive et drôle, Fanny Chiarello capte la révolte et la tendresse d’une jeunesse ultra-consciente de sa situation. Colline invente un langage de survie, un monde parallèle pour résister, révélant la puissance vitale de l’imaginaire face au mensonge collectif.

    Colline, Fanny Chiarello, Cambourakis, 2025

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    15 分
  • Le passé à venir : Repenser l’idée de génération, de Tim Ingold
    2025/08/15

    Dans Le passé à venir, l’anthropologue Tim Ingold nous invite à reconsidérer la notion de génération. Un processus continu au lieu d’une succession de strates temporelles. Il rejette par exemple la notion d’héritage qui ne peut pas être considérée comme un transfert statique de biens ou de connaissances, il lui préfère le concept de « perdurance ». Les vies humaines se tissent ensemble telles les torons d’une corde, garantissant ainsi la cohésion, la transmission et l’évolution. Tim Ingold ne soutient pas la conception moderne du progrès linéaire, il nous encourage plutôt à redonner de l’importance au vivant, à la coopération entre générations et à des formes de savoir qui perdurent dans le temps. Il prône une éducation axée sur le dialogue, et une nouvelle manière d’habiter le monde, plus sensible, plus humaine, plus durable.

    Le passé à venir : Repenser l’idée de génération, Tim Ingold, traduit de l’anglais par Cyril Le Roy), Seuil,Collection La Couleur des idées, 2025

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    16 分
  • À nos ardeurs, de Cécile Bartholomeeusen
    2025/08/01

    Cécile Bartholomeeusen revient, à travers le récit intime du deuil de son amie d’enfance, libre et intensément connectée à la nature, sur le lien profond qui les unissait. Face à l’effondrement écologique et à l’indifférence du monde, cette amie décide de se suicider. Entre hommage, méditation poétique et réflexion politique, l’autrice explore également la fragilité humaine, la mémoire et la puissance de l’écriture face à l’absence. À travers des fragments mêlant ses souvenirs à de nombreuses citations et références scientifiques ajoutées en marge du récit, l’autrice fait revivre dans les mots celle qui fut pour elle un repère. Ce roman bouleversant interroge ce qu’il reste à sauver, dans le monde comme en soi, quand l’irréversible s’impose.

    À nos ardeurs, Cécile Bartholomeeusen, Les Avrils, 2025

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    16 分
  • Nom d’un animal, d’Antoine Mouton
    2025/07/18

    Ce récit hybride mêle témoignages, expériences personnelles et fragments poétiques, dans une réflexion sensible et pleine d’humour sur l’absurdité du monde du travail. Antoine Mouton revient également sur sa relation à son père, s’interroge sur son nom comme sur son origine. « Quand on me demande d’où je viens, je réponds : d’enfance. » Il agence les mots entre eux, pointe leurs accords leurs écarts et leurs égarements. « Je porte le nom d’un animal commun, qui ne doit sa survie qu’à la domestication, et dont la seule qualité reconnue est de se laisser exploiter. » Et voilà le travail. Une œuvre critique, entre ironie douce et gravité contenue. Une parole libre et originale. « Un poème comme une cicatrice qui rétablirait le contact même fugace entre le monde et soi. »

    Nom d’un animal, Antoine Mouton, Éditions La Contre Allée, 2025

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    15 分