エピソード

  • Lutte contre la mafia en Italie: témoignage de l'ex-boss de la 'Ndrangheta
    2025/06/17

    En Italie, la Sicile emboîte le pas à la Calabre dans sa lutte contre la criminalité organisée. Le Parlement régional de la plus grande île italienne, berceau de Cosa Nostra, a voté à la fin du mois de mai une loi intitulée « Libres de choisir » qui étend le programme à toute la région après une expérience pilote à Catane. Ce programme a été mis sur pied par le juge pour enfants Roberto Di Bella et permet aux mineurs issus de familles mafieuses de faire l’expérience d’une nouvelle vie loin de leur famille et/ou de leur région d’origine. Car le destin des enfants qui grandissent avec les règles de la criminalité organisée comme seuls repères est souvent scellé d’avance. Le collaborateur de justice Luigi Bonaventura le sait. Ancien chef de clan de la 'Ndrangheta, la mafia calabraise, il s’engage aujourd’hui auprès des jeunes pour leur éviter une vie écrite d’avance par leurs parents. Cécile Debarge l’a rencontré.

    Un reportage à retrouver en intégralité dans Accents d'Europe.

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  • En Inde, la livraison ultra-rapide des objets du quotidien et des repas explose
    2025/06/16

    En quatre ans, le chiffre d’affaires des géants de la livraison explose. Il est passé de cent millions à six milliards de dollars. Et ce n’est qu’un début : il pourrait grimper jusqu’à quarante milliards d'ici à 2030. Mais derrière cette croissance fulgurante, des coulisses moins reluisantes du secteur : livreurs précaires, petits commerçants fragilisés.

    Ils filent à toute allure dans le chaos des routes encombrées de New Delhi. T-shirts rouges, oranges, assortis aux scooters. Dans leurs gros sacs : des fruits, un ordinateur, une robe… n’importe quoi peut être livré en moins de dix minutes. Naveen, lui, brave les 45 degrés sans s’arrêter. Il enchaîne les courses, infatigable. Une cinquantaine déjà, rien que cet après-midi.

    « C’est très difficile. Je n’ai pas vraiment de revenus. Les primes sont très faibles, par exemple 24 livraisons me rapportent seulement quatre ou dix euros. Ce n'est rien du tout. Si une meilleure opportunité se présente à l’avenir, je laisse tomber ce travail de livraison. Je veux trouver un emploi plus stable, moins fatigant. Parce qu’avec la chaleur, la pollution… c’est vraiment difficile ».

    Le succès des livraisons rapides a aussi ses revers. Les petits commerçants de rue, comme Navratan, qui tient un stand de fruits et légumes en bord de route, en ressentent les effets : « C’est vrai qu’on subit des pertes à cause des ventes en ligne. Et en ce moment, c’est surtout la chaleur qui nous pose problème : les produits s’abîment plus vite. La vente en ligne nous impacte déjà beaucoup, mais avec cette chaleur, les marchandises se détériorent encore plus. On perd beaucoup de ventes à cause de tout ça. Et qu’est-ce qu’on peut faire ? Ça nous affecte énormément. On n’arrive même plus à travailler correctement ».

    Pour Satish Meena, spécialiste des questions de consommation, le boom économique de ces plateformes de livraisons rapides s’explique principalement par l'implantation de « dark store », ces magasins fermés au public, utilisés exclusivement pour préparer des commandes en ligne : « Les clients sont désormais prêts à mettre le prix pour ce service. Les consommateurs sont passés des commerçants de quartier aux "dark stores". Ces "dark stores" permettent de mieux contrôler les stocks, de préparer les commandes plus rapidement, et d'avoir une visibilité en temps réel sur les produits disponibles. Le taux de satisfaction de la commande chez Zomato est aujourd’hui de 99,9 %. Les clients reçoivent presque toujours ce qu’ils commandent ».

    En Inde, la Confédération des commerçants, qui représente près de 90 millions de petites entreprises, appelle à un mouvement de protestation nationale contre la prolifération des « dark stores ».

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  • Ann, le bébé de Gaza sauvé par Hanna, Américaine juive de New York
    2025/06/15

    Dans le chaos de Gaza, il y a des histoires humaines fortes qui passent complètement sous silence. C’est l’une de ces histoires que nous souhaitons vous raconter aujourd’hui. Celle d’une famille gazaouie sauvée - sans le savoir - par des Américains de confession juive. Un scénario digne d’un film rendu possible par la magie des réseaux sociaux et par la bonté discrète, mais puissante, d’une jeune trentenaire nommée Hannah. Une histoire qui nous emmène à Gaza, au Caire et à Brooklyn.

    De notre correspondante à Ramallah,

    Dans le tourbillon du Caire, une amie me présente Marwan. Un Palestinien d’une trentaine d’années. Le jeune homme a l’air un peu ailleurs. À 300 km de là, certains de ses amis vivent sous les bombes. Il tente de les aider comme il peut : « J’ai posté un message sur mon compte Instagram. J’ai expliqué que j’essayais de fournir des tentes à des gens à Gaza et que ceux qui voulaient participer pouvaient me contacter. C’est comme cela que tout a commencé. Je ne me souviens pas avec précision du montant que l’on a réussi à lever, mais je crois que c’était entre 80 et 90 000 dollars en tout. »

    La magie des réseaux sociaux opère. Parmi ceux qui répondent à son appel, il y a Hanna, trentenaire de Brooklyn. C’est elle qui va contribuer à lever le gros de la somme : « Je descends d’Ukrainiens juifs qui ont subi des pogroms en Ukraine au début du XXᵉ siècle. Ils ont dû fuir leur village, certains ont été assassinés. Je sais que si nous sommes vivants, nous, c’est parce que des personnes ont été bons avec mes ancêtres. Comme j’ai bénéficié de cette gentillesse, j’estime que c’est à mon tour d’agir de la sorte avec les autres. »

    Hanna a été élevée dans une famille juive pratiquante. En hébreu, « Tikkun Olam » signifie « Réparer le monde ». Un précepte du judaïsme qu’elle tente d’appliquer à son échelle. Grâce aux fonds levés par Hanna auprès de la communauté juive de Boston, neuf Gazaouis ont pu quitter l’enclave.

    À l’époque, chaque passage se monnaie aux alentours de 5 000 euros par tête. À payer cash à une agence de voyage égyptienne. Nous décidons de joindre l’un des Gazaouis exfiltrés. Sofiane est ingénieur en informatique. Il est établi à Boston désormais : « On a décidé de quitter Gaza quand le cessez-le-feu a pris fin et que les Israéliens ont menacé d’entrer à Rafah. On s’est donc dit que la seule solution était finalement de quitter Gaza, d’autant que ma femme était enceinte. »

    « C'est fou que j'aie choisi ce prénom-là »

    Le 7 février 2024, jour de son départ de Gaza, restera gravé dans sa mémoire à jamais. Quelques heures seulement avant le passage de la frontière, son épouse donne naissance à sa deuxième petite fille. « J’ai appelé ma fille Ann. »

    - « Et quand tu l’as prénommée ainsi, tu ne savais rien de Hanna, tu ne connaissais pas son prénom », lui demande notre correspondante.

    - « Non, et d’ailleurs, j’en ris là… Wow… C’est fou que j’aie choisi ce prénom-là. Je viens d’apprendre son prénom grâce à toi », répond Sofiane, très ému.

    - « C’est beau ! Ann et Hanna. J’espère que vous vous rencontrerez un jour… »

    - « Ann et Hanna... Oui, j’espère, répond Sofiane. Je veux lui présenter Ann. La petite Ann ! Ce bébé miraculé né à 3 heures du matin et qui à 7 heures était à la frontière pour quitter Gaza. »

    Hanna souhaitait rester discrète. Car elle estime que la vraie générosité n’attend rien en retour. Sofiane a demandé son contact. Loin du fracas des bombes, Ann et Hanna vont enfin pouvoir faire connaissance.

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  • Corée du Sud: semi-conducteurs et cancer
    2025/06/14

    En Corée du Sud, les semi-conducteurs font la richesse du pays, mais aussi la souffrance de nombreux travailleurs. Exposés à des produits chimiques, les ouvriers des usines de semi-conducteurs dénoncent un manque de protection qui provoque de nombreux cancers. Un problème sur lequel de nombreuses entreprises ferment les yeux.

    Après 20 ans de carrière passée à Samsung, Jeong Hyang-suk porte un constat amer sur son travail qui l'a poussée à démissionner en 2015 : « J’étais fière de travailler pour Samsung, mais cela a failli me tuer. Quand je suis arrivée dans l'entreprise après le lycée, je n'avais pas eu de formation sur les dangers de ce métier. On ne savait pas les risques, on allait dans l'inconnu ».

    Sur les chaînes de production des semi-conducteurs, elle et ses collègues ont été exposés pendant des années à des produits chimiques dangereux entraînant notamment des cancers. Des maladies dont souffrent encore Jeong Hyang-suk et ses anciens collègues : « J’ai fait deux fausses couches, eu des problèmes d’infertilité et deux tumeurs, l’une à l’utérus et l’autre à la tête. Je suis encore aujourd'hui sous traitement. Autour de moi aussi, les gens tombaient malades. Mes deux supérieurs, l’un a eu un cancer de la peau, l’autre un cancer du poumon, ils en sont morts. J’ai aussi vu une collègue accoucher d’un enfant mort-né. Une cheffe d’équipe est décédée très vite, sans que l’on sache de quelle maladie il s’agissait. Avec le recul, on pense que c’était peut-être une leucémie. À l’époque, on ne connaissait pas cette maladie. Elle n’avait que 24 ou 25 ans. Ça m’a choquée ».

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    Plusieurs centaines de produits chimiques différents sont utilisés dans les usines de semi-conducteurs de n'importe quelle entreprise du secteur. Seulement, en Corée du Sud, la législation autorise les sociétés à garder secrète la liste exacte des composants utilisés. Une mesure pour se protéger de la concurrence mais qui ne permet pas de demander des mesures de protection adéquates.

    Lee Jong-ran, de l'association Sharps, qui regroupe d'anciens employés du secteur, témoigne de la difficulté à mieux protéger les ouvriers : « Samsung par exemple, après avoir été condamné en justice en 2018, s'est excusé pour le manque de protection et a promis des améliorations. Mais dans le même temps, l'entreprise a décidé de sous-traiter une grande partie de sa production à des sociétés externes qui sont moins regardantes et ne peuvent tenir Samsung pour responsable. Le problème s'est déplacé ».

    Aujourd'hui encore, les travailleurs des usines de semi-conducteurs ont deux à trois fois plus de chance de développer un cancer à cause des produits chimiques. Les syndicats et la communauté scientifique appellent à lever le secret industriel autour des composants de fabrication.

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  • En Inde, l'essor de la mode nationaliste, portée par l'affrontement avec le Pakistan
    2025/06/13

    Quelques heures après les premières frappes indiennes contre le Pakistan, en réponse à l’attaque au Cachemire le 22 avril dernier, la machine commerciale s’est mise en marche en Inde. Des entrepreneurs ont rapidement lancé des t-shirts, casquettes et produits dérivés aux couleurs de l’opération militaire indienne baptisée Sindoor – du nom de la poudre rouge dont les épouses hindoues parent la racine de leurs cheveux. Une vague de consommation nationaliste hindou qui gagne du terrain, portée par le souffle du conflit.

    De notre correspondante à New Delhi,

    Gourdes, enceintes et surtout vêtements aux messages bien tranchés. En Inde, le nationalisme s’affiche en grand. En tête des ventes en ce moment : un tee-shirt blanc barré d’un rouge éclatant, avec l’inscription « Opération Sindoor ». Pour le créateur de la marque, ce n’est pas qu’un effet de mode, c’est une façon assumée de revendiquer son patriotisme. « Ce design ne relève pas seulement de la mode. Il rend hommage au courage et au sacrifice de nos soldats, tout en sensibilisant aux réalités auxquelles ils sont confrontés. L’opération Sindoor symbolise le courage, le patriotisme et l’esprit de l’Inde », estime-t-il.

    Dans ce quartier riche du sud de New Delhi, même les écrans publicitaires diffusent des visuels glorifiant l’opération militaire indienne. Un élan patriotique que Kashish assume pleinement : « Un jour, c’est sûr, je voudrais porter ce t-shirt. L’opération Sindoor est l’une des plus grandes opérations que l’Inde ait menées jusqu’à présent. Ou même dans toute une vie, on peut le dire. »

    Sur Internet comme dans les rayons des librairies, le nationalisme indien est omniprésent. Ramesh, libraire, constate une hausse des ventes de livres sur les conflits passés. « Après Sindoor, les livres sur les guerres de 1965 et 1971 sont très demandés », confirme-t-il. C'est en fait le gouvernement indien qui est à l'origine de cette communication minutieuse pour susciter un fort sentiment nationaliste.

    « Je pense que c’est à ce moment-là que le gouvernement indien a très habilement pris la décision de rendre cette opération militaire "vendable", de la présenter de manière compréhensible et accessible pour le public national – en l’appelant, tout d’abord, l’opération Sindoor. Ce nom vise, encore une fois, à toucher une corde sensible émotionnelle chez le public indien, en disant que l’opération a été lancée pour venger la perte des maris de ces femmes qui se trouvaient au Cachemire au moment de l’attentat. Construire une narration autour de cette opération de contre-terrorisme a donc été crucial pour le gouvernement indien », explique Kunal Puro-hit, auteur et journaliste indien.

    Depuis son arrivée au pouvoir en 2014, Narendra Modi s’est emparé des codes de la culture populaire pour imprimer sa vision. Clips musicaux, films patriotiques, slogans viraux : tout est bon pour ancrer sa vision dans l’imaginaire collectif indien.

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  • En Irlande, le chamanisme séduit de plus en plus d'adeptes
    2025/06/12

    Longtemps terre catholique, l’Irlande voit sa foi vaciller, ébranlée par les scandales d’abus à répétition. Les Irlandais tournent donc le dos à l’Église et sont de plus en plus nombreux à embrasser le chamanisme, une autre forme plus ancestrale de spiritualité.

    De notre correspondante à Dublin,

    Un dimanche soir, baigné par la pleine lune. Sur la plage de Killiney, à une heure au sud de Dublin, un feu crépite, la sauge embaume l’air, et plus d’une centaine de personnes prennent place pour un rituel de guérison. Une méditation guidée, portée par le battement hypnotique des tambours.

    « Nous allons entreprendre un voyage, un voyage vers l'île de nos ancêtres. Nous allons laisser les tambours nous y conduire, comme un cheval au galop », lance Christine Higgins, chamane. Elle est suivie par 18 000 personnes sur Instagram où elle fait la promotion de ses cercles de guérison spirituelle. Et elle est loin d’être la seule sur les réseaux sociaux ! Une simple recherche en ligne révèle plus d’une centaine de chamans en activité en Irlande.

    « Il y a des milliers d’années, c’est ainsi que nous vivions. Nous étions connectés à la Terre Mère, nous vénérions le soleil, et en Irlande en particulier, nous étions très liés à la vie païenne, beaucoup d'entre nous suivaient les rythmes de la nature. Nous avons un riche folklore, nous avions des druides, nous étions profondément liés au côté mystique de l’Irlande », explique-t-elle.

    Ainsi, le chamanisme, fondé sur la nature, est perçu aujourd’hui comme une renaissance de ces anciens rituels. « Avec l’arrivée du catholicisme en Irlande, un effort concerté a été déployé pour éradiquer ces pratiques, considérées comme primitives. Mais le monde a évolué. Nous observons, en Irlande notamment, un déclin marqué de la fréquentation des églises et de la foi catholique. C’est, je pense, l’une des raisons pour lesquelles le chamanisme refait surface aujourd’hui. Les gens restent en quête de sens, d’une vie authentique, de quelque chose de plus grand qu’eux-mêmes. Et je crois que le chamanisme répond à cet appel », estime Leisha Redmond McGrath, guérisseuse chamanique celtique.

    Leisha, également psychologue et coach auprès de dirigeants de grandes entreprises de Dublin, insiste : être chaman ne signifie pas forcément vivre reclus dans la montagne. « Quand les gens apprennent que je suis chamane, parfois ils s’imaginent que je vais débarquer en plumes. Tu vois le tableau ! Mais non, en réalité, beaucoup de mes clients viennent du monde de l’entreprise ! Au début, dès qu’ils voient que je ne suis pas une illuminée perchée, ils me le demandent presque en chuchotant : "Est-ce qu’on pourrait faire un peu de travail chamanique… ?" »

    Mais l’engouement actuel autour des pratiques chamaniques peut aussi ouvrir la porte aux dérives et arnaques. Sur la plage de galets de Killiney, les tambours ont cédé la place à la musique. Et les plus audacieux s’offrent un dernier rituel : un plongeon rafraîchissant dans la mer, histoire de revenir à ses esprits.

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  • En Russie, le pouvoir accentue la reprise en main «patriotique» dans le secteur de la culture
    2025/06/11
    En ce mois de juin, les théâtres russes commencent à envoyer leurs programmes de rentrée avec des pièces mettant en valeur ce que Vladimir Poutine continue à appeler « l’opération spéciale ». Jeux vidéo, films, séries télé, toute l’industrie du loisir et de la culture est mise à contribution. Objectif : toucher le grand public. Avec, à ce stade, un succès encore mitigé chez les spectateurs. De notre correspondante à Moscou, En septembre, Irkoutsk accueillera la 15e édition de son festival national biennal de théâtre. Notamment sponsorisée par Gazprom, la compétition accueillera aussi en parallèle un laboratoire dont le thème est cette année « l’Opération militaire spéciale dans l'art théâtral moderne ». Vingt-huit candidatures de pièces originales écrites en russe, jamais mises en scène ni publiées auparavant ont été acceptées. Trois seront ensuite sélectionnées pour être jouées en public. Ce n’est qu’une des nombreuses illustrations de l’effort des autorités pour pousser une culture grand public toute tournée vers le soutien à son « opération spéciale ». Souci prononcé d’être proche des combattants De la capitale russe à Saint-Pétersbourg, de Kaliningrad à Vladivostok en passant par Kazan et Novossibirsk, cette année encore plus que les précédentes, chaque grande ville ou moyenne de Russie a vu se jouer dans ses théâtres au moins une pièce dite « patriotique », illustrant ou vantant l’effort de guerre de l’armée russe, héroïsant ses soldats, avec un souci prononcé d’être aussi proche des combattants que possible. À Moscou cette année, sur la scène du célèbre « Sovremennik », se jouait une pièce intitulée Call Sign Silence : l’histoire du nouveau départ dans la vie civile d’un vétéran handicapé revenu à la vie civile, « renforçant le moral des citoyens de Russie » selon certaines critiques. Dans les journaux de petites villes comme Yoshkar-Ola, à un peu plus de 800 km de la capitale, on peut aussi lire à propos de la présentation d’une pièce ce type de description : « Des témoins des événements ont aidé les artistes à recréer des actions militaires réalistes sur scène (..) Ils ont enseigné comment tenir correctement une mitrailleuse et exprimer la douleur d’une blessure pour que le spectateur vous croie ». Ces « témoins des événements » sont bien sûr les soldats. Même le théâtre amateur ou les troupes des écoles s’y sont mis. « Des films et des poèmes écrits parfois trop rapidement » Sur le grand et le petit écran, on peut aussi aujourd’hui voir des films et des séries dans la même veine que le premier modèle du genre : une série intitulée 20/22, soit une histoire d’amour contrariée qui se déroule pendant le siège de Marioupol, présentant, dans le droit fil du narratif du Kremlin, les soldats russes comme libérant la ville d’un fascisme destructeur. Malgré tous les efforts des institutions, disposant souvent d’un budget généreux pour subventionner toute proposition, le public n’est pourtant pas toujours au rendez-vous. La faute à une qualité qui laisserait à encore à désirer, juge une critique d’art qui fait autorité en Russie : « Aujourd’hui, le point de vue très patriotique trouve un débouché artistique, mais je ne vois pas encore une véritable forme d’art, juge-t-elle. Pour l'instant, et ce n’est que mon opinion personnelle, ce ne sont que des tentatives. Et elles ne sont pas toutes professionnelles. Il y a des films souvent réalisés à toute vitesse, ou bien des poèmes écrits très rapidement. On voit bien aussi ce qu'on appelle la poésie « Z ». Mais dans ce domaine, il n'y a tout simplement pas de bons poètes. Enfin, peut-être un. Il y a Igor Karaulov, qui est généralement considéré comme un vrai écrivain. Mais à bien des égards, ce sont des poèmes aux formes très simples, sans véritable élaboration. » À lire aussiSoutenir, critiquer ou se taire, les artistes russes face à un choix lourd de conséquences Difficile d’échapper à la production « patriotique » La qualité insuffisante est souvent invoquée par les spectateurs qui revendiquent ne pas être intéressés. « Si vous êtes en vacances, vous n'irez pas au cinéma voir ce type de film, même si on vous donne une réduction de 95%. Personne n’en a envie, car c'est mal fait, ça n'a rien à voir avec l'art », explique un jeune étudiant. Ils sont aussi encore nombreux ceux qui cherchent à fuir le plus possible dans leur vie privée, sur leur temps libre, tout ce qui peut leur rappeler la guerre. Comme cette psychologue moscovite, la quarantaine, qui explique : « Je ne regarde pas ce genre de cinéma et je ne l'ai jamais fait, car il provoque des émotions que je n'aime pas vraiment ressentir. Je suis assez sensible et j'essaie de me concentrer sur le positif. Dans ce genre de films, il y ...
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  • Suisse: effet d'aubaine pour les fonderies d'or suite aux incertitudes financières américaines
    2025/06/10

    La Suisse n'a pas de pétrole, mais elle a de l'or et des fonderies. Cinq des sept plus grandes raffineries de métaux précieux se trouvent en Suisse et elles tournent à plein régime depuis le début de l'année et que Donald Trump a déclenché une panique généralisée sur les marchés avec ses droits de douane. Le cours de l’or, valeur refuge par excellence, a explosé, en même temps que les exportations vers les États-Unis.

    De notre envoyé spécial à Mendrisio,

    Nous sommes à Mendrisio, petite localité du canton italophone du Tessin, en Suisse. L'entreprise Argor Heraeus est l'un des leaders de ce secteur pas comme les autres. « Ce sont les fourneaux. On fait fondre l'or dans ces sortes de casseroles en carbone à plus de mille degrés. On obtient un or brut liquide qu'on verse dans des moules. On peut alors le travailler », explique le directeur, Robin Kolvenbach, incollable sur tout le processus industriel.

    Deux types de lingots existent : les lingots moulés, à l'aspect plus brut, et les lingots frappés, plus lisses et plus chers aussi. Pour les tailles, cela va d'un gramme pour les petits investisseurs jusqu'au plus gros lingot, popularisé par les westerns, dont la valeur peut atteindre les 1 300 000 dollars, tel ce lingot présenté lors de la visite. Pourtant, cet ouvrier le jure, il n'y fait même plus attention. « Pour moi, c'est comme si c'était une tablette de chocolat. Je vous assure, je ne pense pas à sa valeur. Bien sûr, je le manipule avec tout le soin requis pour un métal précieux. Mais ce serait du bois ou du fer, ce serait pareil », raconte-t-il.

    Chaque année, 1 380 tonnes d'or sortent de la fonderie, un peu plus cette année. Même si les exportations ont sensiblement baissé depuis quelques semaines, assure Robin Kolvenbach, les coffres des investisseurs américains sont désormais pleins à craquer. « À mon avis, cette ruée vers l'or américaine est terminée. Mais les investisseurs vont continuer à acheter de l'or pour s'affranchir du dollar tant qu'il y a cette insécurité à propos de la dette américaine. »

    Avant Donald Trump, la Suisse exportait une dizaine de tonnes d'or chaque mois aux États-Unis. Après son élection, elle exporte dorénavant plutôt 100, voire 195 tonnes. Au plus fort de la crise, le patron d'Argor Heraeus assure que le marché Nord-Américain ne représente que 10 à 20% maximum de ses ventes. Si Donald Trump décidait de taxer les métaux précieux au même titre que le fer et l'aluminium, les fonderies suisses seraient affectées. Mais, avec un prix qui flirte avec les 3 000 euros l'once d'or – 31 g à peu près – et qui pourrait encore grimper, le secteur a encore de quoi voir venir.

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