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East London: en Afrique du Sud, une ville face aux taxes Trump

East London: en Afrique du Sud, une ville face aux taxes Trump

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Depuis plusieurs mois, Donald Trump cible directement l’Afrique du Sud. Dans ses discours, le président américain accuse Pretoria de ne pas protéger les fermiers afrikaners blancs, qu’il prétend victimes d’un « génocide ». De notre envoyé spécial de retour de Johannesburg Les démentis sud-africains n’y changent rien. Washington sanctionne : boycott du G20 organisé à Johannesburg, exclusion de l’Afrique du Sud du prochain sommet États-Unis/Afrique et, surtout, décisions économiques lourdes, notamment des droits de douane de 30% sur les exportations sud-africaines. Pour East London, ville du Cap-Oriental dont l’économie dépend largement de l’usine Mercedes-Benz, la punition américaine est un séisme. Sur le port d’East London, la scène est pourtant immuable : rangées de berlines alignées sous les projecteurs, grues immobiles dans l’air salin, ouvriers qui s’affairent en attendant les navires. Dirk Botes, responsable clientèle, détaille l’organisation du terminal automobile : « Cette zone peut préstocker environ 1 400 voitures. Dans le hangar là-bas, un peu moins de 4 000, et sur l’esplanade ouverte environ 1 500. » Ce soir, un navire doit pourtant accoster avec plusieurs heures de retard, perturbé par le mauvais temps. « Il va charger ces véhicules, décharger ceux qui arrivent d’Europe, puis on recommencera avec le bateau suivant », explique-t-il. Ce ballet, autrefois parfaitement réglé, s’est ralenti au fil des mois. Le port exporte de moins en moins de voitures, essentiellement des Mercedes Classe C dont les ventes déclinent depuis plusieurs années. Sphiwe Mthembu, le directeur du port, ne masque pas son inquiétude : « La situation nous touche directement. Quand un constructeur présent depuis soixante-cinq ans commence soudain à souffrir d’une baisse de volumes, cela nous affecte immédiatement. Nous recevons des conteneurs destinés à l’usine : si l’usine tourne moins bien, le port en subit l’impact. Nous devons absolument garder Mercedes-Benz ici et attirer un deuxième grand constructeur. C’est vital pour l’économie locale. » En ville, la chambre de commerce suit de près la situation. Sa directrice, Lizelle Maurice, femme d’affaires respectée et ardente défenseure de l’économie locale, résume l’impact en quelques mots : « Le marché américain était notre plus gros marché, environ 30% de toutes les commandes. Quand les volumes ont commencé à baisser, les fournisseurs de Mercedes-Benz ont immédiatement réduit leurs effectifs. Et cela, c’était avant même les tarifs de Trump. La pandémie avait déjà mis notre économie à genoux. L’an dernier, l’usine est passée de trois à deux équipes, puis 700 départs volontaires ont été annoncés. Les décisions de Washington n’ont fait qu’aggraver une situation déjà très tendue. » Pour comprendre la centralité de Mercedes-Benz dans la région, Ted Keenan, journaliste du Daily Dispatch, déroule une liste : Auria Africa, Valeo International, AIH, et bien d’autres. Tous ont licencié ces derniers mois. «Certaines estimations parlent de 160 000 personnes potentiellement touchées dans la région si Mercedes s’en allait », glisse-t-il, avant de nuancer : « Je ne crois pas que ce soit réaliste. Ce serait la pire chose qui puisse arriver. Mais, il y a des rumeurs persistantes venues de Chine : Mercedes-Benz serait prêt à partager son usine. Aujourd’hui, beaucoup de constructeurs partagent leurs installations. Ce n’est pas impensable. » Pour les employés, c’est jour de fête. Plusieurs centaines d’entre eux sont rassemblés sur un terrain de rugby pour la traditionnelle célébration de fin d'année. Brochettes, musique, danses. Thabile Bevu, délégué du syndicat Numsa, explique pourtant que cette année a été rude : « La production s’est arrêtée plus tôt que d’habitude, quatre semaines en avance. C’est une combinaison de facteurs. Les taxes américaines ont forcé l’usine à réduire. En juillet, on a aussi été en chômage technique pendant six semaines. Beaucoup d’employés embauchés l’an dernier ont déjà perdu leur travail. Alors, tout le monde se demande : est-ce que je serai le prochain ? Mais Mercedes a toujours réussi à faire face, en travaillant avec nous. » Le lendemain, l’un des ouvriers, Phiwe Qaba, arborant un maillot bleu clair des Orlando Pirates, confirme que la crainte est constante : « On parle toujours du même sujet. Parce que dès que les États-Unis arrêtent de commander, notre vie quotidienne change. » Si lui bénéficie d’accords garantissant un revenu minimum même en cas de chômage technique, il pense aux autres, à ceux qui gravitent autour de l’usine : « La dame qui vend des fruits à l’entrée, le gars qui fait le ménage, celle qui prépare la nourriture… eux rentrent chez eux sans un sou. C’est une catastrophe. » À quelques ...
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